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Index de l'article

 

Le jeudi 27 août 1914 les allemands approchent, (il y a des troupes anglaises à Senlis),

A noter pendant le séjour des troupes, la débauche de femme et de jeunes filles. La conversation des habitants roulera pendant de longs mois sur ce sujet. Une circulaire du Général Gallieni, annoncée par le garde champêtre, interdit la vente de toutes les boissons alcoolisées aux troupes du camp retranché de Paris. L’absinthe avait été supprimée au début de la guerre. (7)

Le 27 août 1914, le trafic ferroviaire est interrompu sur la ligne de Valmondois; le dernier train quitte Saint-Leu le soir, au milieu d’une foule affolée.

Le dernier train qui arriva à Saint-leu avec quatre heures de retard : « Perdu au milieu d’une foule très dense, qui attendait sur le quai encombré de colis à main de toutes sortes, emportaient ce qu’ils avaient de précieux, laissant derrière eux leur maison  et tout ce qu’ils aimaient. Un train composé de fourgons fut envahi par la foule, accrue à chaque station : le spectacle était lamentable. Ce voyage dura plus d’une heure. (7).

(Par la suite c’est par la ligne de Pontoise, station de Beauchamp, qu’il était possible de communiquer avec Saint-Leu).

Le jeudi 27 août 1914, le service des trains est supprimé, la Compagnie des chemins de fer du nord prit alors une mesure qui exerça sur le moral de la population de cette partie de la banlieue une influence déprimante : le personnel de la compagnie fut licencié ; les chefs de gare reçurent l'ordre de déménager leurs archives et d'enlever leur appareils télégraphiques. (7)

L'hôpital auxiliaire N°104 de Saint-Leu est sur le point de fermer. (7)

Le vendredi 28 août 1914, les journaux publièrent le fameux communiqué annonçant que le front s'étendait « de la Somme aux Vosges » ... optimistes, d’aucuns voulaient croire à une coquille et lisaient « au sommet des Vosges » !! …Il fallut se rendre à l’évidence …(2) 

Etonnement général. Commencement de la panique. Il arrive à Taverny quelques réfugiés de la région de Péronne. Un bruit fantaisiste circule : les allemands auraient pillé Lille et l’auraient incendié. (8)

Vendredi 28 août 1914 passent à Senlis deux régiments de tirailleurs marocains,

Samedi 29 août 1914 une patrouille d’Uhlans est venue jusqu'à Pont-Ste-Maxence

Le 29 août, je suis chez le Ministre à 8 h. 1/2. Il m'informe que la brigade de marins, malgré l'opposition de M. Hennion, est mise à ma disposition. J'écris au général Joffre pour lui exposer la situation du Camp retranché de Paris et ma manière de voir sur le rôle et sur la défense de la Place. J'insiste sur ce fait que, Paris n'étant nullement organisé au point de vue de sa défense, je ne puis espérer résister aux entreprises de l'ennemi qu'au moyen d'une armée active d'opération, dont je demande l'envoi d'urgence. (3)

J'avais convoqué pour 10 heures à mon Cabinet le général Désaleux, commandant l'artillerie du Camp retranché et l'intendant général Ducuing, directeur des ravitaillements.

Le premier ne me cache pas que la situation de son service est des plus précaires : les batteries ne sont point terminées, les pièces sont encore dans les forts, les munitions également, les moyens de transport manquent pour les amener dans les batteries, celles-ci sont généralement construites sur des emplacements mal défendus par les ouvrages d'infanterie, et, par suite, très exposées. Enfin, notre matériel d'artillerie de place, composé de pièces de 155, 120, 95 et 90, est suranné et porte à des distances bien inférieures à celles des pièces allemandes des parcs de corps d'armée. Si nous ne pouvons remédier à ce dernier et grave inconvénient, il est possible, au moins, de hâter la construction des ouvrages, la mise en place dos pièces et le transport des munitions. Je donne des ordres précis à ce sujet au général Désaleux et je prescris d'utiliser tous les moyens de transport disponibles, en réquisitionnant les autos et taxi-autos de la capitale. (3)

Mêmes instructions à l'intendant général Ducuing au sujet du ravitaillement de Paris ; les lignes de communication étant encore libres, il faut en profiter pour faire diriger sur la capitale le plus d'approvisionnements possible en vivres, charbon, etc. ; et à l'intendant général Burguet pour l'habillement, l'équipement, etc. En somme, au point de vue des vivres, avec la situation actuelle, Paris, s'il était investi, pourrait tenir trois mois. (3)

Dimanche 30 août 1914 on entend le canon, les troupes anglaises quittent Senlis et se dirigent sur Compiègne

Paris, le 30 août 1914. A Monsieur le Ministre de la Guerre,

« Monsieur le Ministre,

« Ayant été nommé, par décret de Monsieur le Président de la République du 26 août 1914, Gouverneur militaire de Paris et commandant des armées de Paris, j'ai pris mes fonctions le jour même.

«Vu que les événements paraissent vouloir se précipiter et que la situation pourrait devenir critique avant peu, je me dois à moi-même de vous faire connaître les conditions exactes du Camp retranché au moment de ma prise de pouvoir il y a 3 jours. J'ajoute immédiatement que, par là, je n'entends nullement me soustraire à ma responsabilité que je sais très lourde. Je ferai mon devoir, tout mon devoir, jusqu'au bout, mais il était nécessaire que cette situation fût précisée maintenant ; la voici :

« Garnison. — A ce moment-là, la garnison comportait :

« 1°

Quatre divisions et une brigade territoriales ;

« La 83 e occupe Paris intra-muros (enceinte des anciens forts) ; f]

« La 86 e occupe la région Nord (Q. G. Pierrefitte);

« La 85 e occupe la région Est (Q. G. Villiers-sur- Marne) ;

« La 89 e occupe la région Sud (Q. G. Versailles);

« La 185 e brigade occupe l'intervalle S. 0. (Q. G. Choisy-le-Roi).

« Chaque division dispose de deux escadrons de cavalerie et d'un groupe de batteries.

« Toutes ces troupes, employées surtout jusqu'à ce jour comme travailleurs, sont à peu près sans instruction. La plupart des unités n'ont pas encore tiré à la cible. |g

 «2°

10 escadrons de cavalerie en dehors des divisions.

«3°

6 groupes de batteries de sortie. Plusieurs batteries manquent encore des harnachements nécessaires pour les attelages. Ces troupes occupent des cantonnements relativement étendus, choisis surtout en vue des conditions hygiéniques et de manière à faciliter l'instruction des unités. Le service de garde y est réduit au cerclage des cantonnements.

« Il y a en outre, à Paris, les dépôts des régiments de cavalerie et d'artillerie qui se mobilisent dans le gouvernement militaire de Paris, et les dépôts du train des zouaves.

« Enfin 5.000 fusiliers marins ont été amenés pour renforcer les forces de police. Ils ne comptent pas jusqu'à présent pour la défense de Paris.

« Armement. — Le nombre de pièces est de 2.924 dont :

« 148 affectées aux équipages de siège;

« 72 aux batteries de sortie ;

« 908 à l'armement disponible.

« Les mitrailleuses sont au nombre de 276, dont 240 dans les corps et 36 en réserve d'armement. 144 sont en outre affectées à la défense fixe.

« Il existe un déficit de 77 mitrailleuses.

« Les armes portatives comportent :

« 50.553 fusils modèle. 1886 ;

« 36.059 fusils modèle. 1874 ;

« 6.582 carabines ou mousquetons ;

« 1.456 revolvers.

« Les munitions sont à peu près au complet comme nombre. Une dotation au titre des équipages de siège pourra venir en renforcement.

« Il y a quelques déficits sur les poudres et sur les fusées de diverses espèces. Les batteries, magasins à projectiles, etc. sont en construction. Mais leur état d'avancement est en retard sur les prévisions du journal de mobilisation.

« L'armement des batteries est rendu très difficile en raison de la pénurie presque complète des voies de 0,60. On s'occupe d'en réquisitionner les éléments disponibles dans divers endroits et d'en faire fabriquer de neufs ; mais il existe un gros déficit de ce côté. Beaucoup de batteries sont mal placées et insuffisamment protégées. Les communications téléphoniques n'existent pas.

« Travaux du génie. — Les travaux du génie sont en retard sur les prévisions du journal de mobilisation. On a opéré par marches conclus selon les formes du temps de paix ; les ouvriers manquent, quittent les chantiers pour aller ailleurs, etc., le travail n'avance pas. Le retard est surtout marqué dans le secteur Est.

 « Approvisionnement. — Les approvisionnements de siège se rassemblent à peu près suivant les prévisions du journal de mobilisation. Mais les transports de ces approvisionnements sont assez difficiles par suite des difficultés de se procurer du matériel roulant par les moyens ordinaires ou la réquisition. Il serait nécessaire de constituer des équipages de transport. De ce chef, certaines gares sont encombrées.

« L'approvisionnement des troupes en vivres est satisfaisant. Mais les ressources en habillement manquent. Des commandes importantes ont été faites. Les livraisons ont commencé. Elles deviendront abondantes vers le 31 août, où 30.000 collections environ seront disponibles.

« En résumé, les seules troupes dont nous disposons sont des troupes territoriales, elles n'ont encore ni instruction, ni cohésion. De plus, elles sont insuffisantes. On peut donc dire qu'à l'heure qu'il est les secteurs ne sont pas défendus et ne peuvent pas l'être.

« Les ouvrages de fortification sont loin d'être achevés. De plus, un bon nombre sont mal placés et en avant des centres de résistance. Il est trop tard pour remédier à cette situation. Les pièces ne seront prêtes à tirer que dans 5 ou 6 jours, et encore dans de très mauvaises conditions, puisqu'il n'existe ni planchettes de tir, ni les communications téléphoniques nécessaires. Enfin le matériel est ancien, démodé et les projectiles, pour la très grande majorité, en poudre noire. Les canonniers territoriaux sont sans instruction et peu préparés à leur rôle.

« J'ajouterai que toutes les mesures ont été prises pour remédier dans la mesure du possible à cette situation précaire qui ne pourra que s'améliorer si nous avons du temps devant nous, temps que j'évalue, pour les ouvrages et les batteries, à une quinzaine de jours au moins.

« En résumé, ce serait s'illusionner gravement que de croire que le Camp retranché de Paris serait capable actuellement de présenter une résistance sérieuse si l'ennemi se présentait d'ici peu de jours devant la ligne de nos forts extérieurs. J'ajoute d'ailleurs qu'il faudrait au moins 3 ou 4 corps d'armée de l'active pour faire une défense efficace qui pourrait être de grand secours pour le gros de notre armée.

« Signé : Gallieni. » (3)

La journée du 30 août fut une journée grave. Le matin, je suis convoqué de bonne heure par M. Millerand qui m'annonce que la situation devient mauvaise et que les Allemands s'approchent rapidement de Paris. Il me demande mon avis sur le moment auquel le gouvernement devra quitter Paris. Je lui demande à téléphoner avant tout au général Joffre. Celui-ci me dit que la situation, en effet, n'est pas bonne, que la 5 e armée a progressé hier, après avoir attaqué vigoureusement l'ennemi, mais que les Anglais n'ont pas bougé. Aujourd'hui, au contraire, ils attaquent à leur tour, mais ces actions décousues ne peuvent ralentir la poursuite de l'aile droite allemande. Je lui rends compte de la situation du Camp retranché qui n'est pas préparé à recevoir une attaque d'une certaine importance et de la nécessité de constituer une armée suffisamment forte pour pouvoir livrer bataille en avant de Paris, en même temps qu'on poussera avec la dernière urgence les travaux de défense sur tous les fronts. Il me répond qu'il ne peut me donner que 3 corps d'armée, et encore pas complets, et composés en grande partie de divisions de réserve. J'ai l'impression qu'il considère Paris comme sacrifié et qu'il ne veut pas se démunir des forces composant ses armées, poursuivies depuis la Belgique et la Meuse. (3)

Dans l'après-midi, je commence mes inspections dans le Camp retranché, accompagné du général Mercier-Milon, commandant la région Nord, aujourd'hui la plus menacée par l'ennemi ; je m'arrête d'abord à Pierrefitte, quartier général du général Meynial, commandant la division territoriale, auquel je donne mes instructions au sujet des travaux, de l'instruction intensive de tous et des mesures de surveillance à prendre contre l'ennemi. Je visite ensuite les forts de Saint-Denis et d'Ecouen. Partout, on travaille activement : on retire les pièces des casemates pour les diriger vers les batteries extérieures, on dégage les abords des ouvrages, on transporte les munitions. Tous les habitants des localités voisines, même les plus âgés et les moins aptes à ces travaux, sont réquisitionnés et manient la pioche et la hache- Mais nous sommes bien en retard. (3)

Je réunis à nouveau les chefs de services du Camp retranché pour les mettre au courant de la situation de plus en plus grave, et leur demander de hâter encore, en prenant les mesures les plus énergiques, les travaux dont ils sont chargés. Je suis convoqué à 3 heures à l'Elysée. Je suis reçu de suite par le Président. Il est toujours aussi froid et aussi réservé, mais il semble très préoccupé, inquiet même. Il me demande combien de temps Paris peut tenir et, à mon avis, à quel moment le gouvernement doit quitter la capitale. Je réponds, comme au ministre de la Guerre, que ]e Camp retranché, ayant été complètement négligé depuis le premier jour de la mobilisation, n'est nullement préparé à recevoir le choc d'un ennemi entreprenant, que les batteries ne sont pas armées, que les munitions ne sont pas en place, que les ouvrages d'infanterie sont à peine commencés, que le ravitaillement et les approvisionnements ne sont pas au taux fixé par le journal de mobilisation, que les troupes territoriales composant la garnison sont en nombre insuffisant et sans instruction militaire sérieuse; bref, que Paris n'est nullement préparé à soutenir un siège et qu'il est indispensable, ainsi que je l'ai déjà demandé plusieurs fois, de mettre à ma disposition une armée composée de troupes actives, peur livrer bataille en dehors des limites du camp retranché. De toute manière, le Gouvernement devait se tenir prêt à quitter Paris le plus tôt possible. (4)

Dans Paris, malgré le ton des communiqués toujours si optimistes, l'émotion commençait à se répandre. Les Invalides étaient assiégés par une foule de personnes demandant des laissez-passer pour partir. De longues queues de voyageurs se pressaient aux guichets des gares pour retenir leurs places. Les Compagnies, afin de pouvoir satisfaire aux demandes des voyageurs, se contentaient de faire des trains militaires avec une seule classe. C'est ainsi qu'il partit près de cinq cent mille personnes en moins d'une semaine. Ce qui contribua encore à augmenter le malaise dans la capitale, ce fut la venue des avions allemands. Le Grand Quartier Général avait jugé à propos d'enlever au Camp retranché les 2 escadrilles d'avions militaires qui y avaient été constituées, de sorte que les « tauben » avaient le champ libre pour leurs entreprises. Plusieurs bombes? furent lancées, tuant deux personnes. (3)

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