LE FORT DE      

          DOMONT 

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DOMONT 

Après la dernière glaciation, 5000 ans avant J.C., les Montmorenciens (campigniens forestiers), venant de l 'est, par la vallé de l'oise, s'installent sur les hauteurs de Domont pour exploiter la forêt. Cette civilisation Montmorencienne constitue notre premier peuplement.
Elle laisse des vestiges aux Vinciennes, à la Croix Blanche et à la Chancellerie.

Des millénaires s'écoulent avant qu'une tribu gauloise, les Rémolléens, occupe le vallon du château de la Chasse et marque de son empreinte le n°1 de la rue Alphonse Provost par une pierre tombale. Au moyen-âge, les immenses étendues forestières locales deviennent la propriété des seigneurs de Montmorency, premiers barons chrétiens de France. Domont n'est encore qu'un lieu-dit qui appartient au seigneur Landri. Trois hypothèses subsistent quant à l'hypothèse de nom : d'abord le "Dos du Mont", ensuite Dal Mund "la porte de la vallée", enfin Dool Monte "la montagne de la pierre sacrée". En 1908, il fait une donation aux Bénédictins de l'ordre de Cluny. Les moines défrichent le site actuel du presbytère et fondent un Prieuré. Autour de la communauté religieuse, un village de bûcherons se développe.
Cette année là, Domont entre dans l'histoire.

 

Les habitants de Domont vont vivre les siècles de la période médiévale dans un cadre uniquement agricole. Les coteaux de Domont bordés par la forêt se couvrent de vigne et à leurs pieds, la plaine de France fertile pourvoie en céréales la capitale. Les deux premiers siècles sont magnifiques, les suivants sont terribles, la guerre et les épidémies épuisent la région.

Entre temps, les chevaliers de Villiers sont devenus les seigneurs de Domont. Deux d'entre eux vont particulièrement marquer l'histoire de France. Jean de Villiers participe en 1203 à la prise de Constantinople, lors de la quatrième croisade. Pierre de Villiers, compagnon d'arme de Du Guesclin, sert deux rois de France, Jean Le Bon et Charles V, aux plus hautes charges du pays. Il achète, en 1364, le domaine de l'Isle Adam et fonde une des plus illustres familles de France : les Villiers Adam. Leurs successeurs, les Billy, périssent sur le champ de bataille d'Azincourt au service du roi fou, Charles VI. De la fin du Moyen-Age au siècle des lumières, deux familles, les Champluisant et les Gallarbois, sont les maîtres de la seigneurie de Domont et de Manine. En achetant les seigneuries de Cepoy, ils prolongent au sud, de Piscop à Pigale, en passant par le pré de Génichalote, les limites de la paroisse de Domont. Grâce à son exposition au nord et à la belle forêt qui l'entoure, les épidémies sévissent peu sur les habitants. Les guerres de religion, puis la fronde, qui dévastent les villages voisins épargnent son territoire. 

 

Après avoir enchanté l'Europe avec son opéra biblique "Jephté", Pignolet de Monteclair s'éteint à Domont en 1737. La vigne fait place peu à peu aux arbres fruitiers. Madame de Sévigné élève à la postérité la cerise de Montmorency qu'elle déguste sur le bord du chemin qui relie Domont à Andilly. Madame de la Massais prend possession de Domont en 1771 : c'est une femme d'esprit, son salon à Paris fait le bonheur des philosophes. Madame de Genlis qui le fréquente assidûment séjourne à Domont à la belle saison. Les élèves de Jussieu, sur les traces de Rousseau, herborisent près du château de la Chasse ; Bosc et Manon Roland sont en admiration devant la flore de la région.

 

Au seuil de la révolution, les Domontois rédigent déjà leurs cahiers de doléances. Les dégâts causés par le gibier y voisinent avec l'impôt le plus détesté, "la taille". Les vieilles familles domontoises (Tiphaine, Meslin, Collet, Richard, Mauduit, etc.) élisent en 1790 leur premier Maire, Jean-Pierre Dccorde. La révolution se radicalise et un étrange curé, Tache, veut transformer l'église, laissée à l'abandon, en temple de raison. Les Domontois le chassent après thermidor et font acte de solidarité pour restaurer l'édifice. Dans la forêt, les girondins proscrits, sous la conduite de Bosc, se terrent près du château de la Chasse. L'un d'entre eux, La Reveillière Lepeaux, dirige la France sous le Directoire et devient Domontois en 1811. David d'Angers épouse sa petite fille et s'installe à son tour dans la commune. 

 

En 1850 Domont compte 936 habitants. Tous les ans au printemps, les herboristes sur les traces de Bosc se répandent dans la commune. Ils empruntent le chemin de la flore qui part de l'auberge de la croix Blanche à l'auberge du Bouquet de la Vallée en passant par le Trou du Tonnerre. Des écoles entières, professeurs en tête, parcourent la forêt en tous sens à la recherche de quelques plantes inconnues.

 

Ces années-là, la majorité de la population masculine travaille le bois comme bûcherons, cercliers et treillageurs. La plupart des femmes sont brodeuses, dentellières et passementières. On note à cette époque le début de la culture des légumes exercée par une main d'oeuvre les "trimardeurs". L'hiver, ils vivent dans les bois, cueillant des cèpes, coupant des branches. L'été, ils font la culture des petits pois et la moisson. L'annuaire de Seine et Oise de l'année 1868 décrit la commune ainsi : "Domont 1152 habitants, poste de Moisselles, commerce de bois et de graineterie, pépinière, broderie et passementerie".

La guerre éclate avec la Prusse en 1870. Le 16 septembre, les Uhlans pénètrent dans Domont. Le siège de Paris commence et l'ennemi utilise notre village comme camp retranché. L'occupation se poursuit pendant un an.

 

Lorsque la paix est retrouvée, l'armée française choisit à Domont la plus haute butte pour édifier un "fort de première classe". Les pierres de Champeaux servent de matériaux et deux jeunes officiers, Delanne et Joffre, promus à un bel avenir, dirigent les travaux. En 1878, la tourelle cuirassée domine au sud la capitale entière et couvre au nord une partie immense de la plaine de France. Lors de la grande guerre, le canon tonne sur les troupes allemandes et Dubout orne d'une fresque le mess des officiers.

 

Avec l'arrivée du chemin de fer à l'aube du deuxième millénaire, l'activité économique se développe d'une façon intensive. La brique de Domont est créée en 1895. L'exposition universelle de 1890 lui donne un essor exceptionnelle et les briqueteries se multiplient dans la plaine. Les poires font la richesse des petits cultivateurs. La William, la Doyenne de Comice et la poire de Curé sont expédiées vers l'Angleterre par la coopérative fruitière. L'industrie agricole se transforme, monsieur Moutardier, surnommé "bat-blé", est le dernier homme à battre le blé au fléau, dans une grange, rue d'Ombreval.

 

A la veille de la guerre de 1914, Domont est un lieu de villégiature. A l'écart de la route des Flandres et en bordure de la belle forêt de Montmorency, les châteaux, les grands parcs et les somptueuses villas s'espacent autour de l'église. Le Baron Brincard réside au château de Domont et le général Delanne à la Chancellerie.

 

L'ancienne propriété de la famille des De Bussy à Ombreval, le château de la Prieuré du juriste Glandaz, et le pavillon du château de Longpré, propriété de Monsieur Laguionie, directeur du Printemps, témoignent de ce passé.
La tribune locale du 7 juillet 1917 écrit : "Notre jolie commune ne s'aperçoit point de la guerre : grâce à nos prairies ombragées de pommiers et de poiriers comme les pâturages normands, nous avons du foin en abondance et du lait exquis, on fait des confitures que c'en est une bénédiction".
Et pourtant la commune, comme toutes celles de France, paye un lourd tribut sur les champs de bataille. En 1921, le maréchal Joffre, inaugure un monument en l'honneur de ses enfants disparus. Tandis qu'Eugène Houdry invente le craquage catalytique et fait ainsi bondir la qualité de l'essence, son village descend de la colline pour gagner la plaine et la route de Calais. En 1931, Domont compte 3 572 habitants. Le village est devenu une agglomération.

 

La guerre frappe à nouveau. En 1940, notre commune est une fois de plus occupée. En septembre 1943, plusieurs Domontois sont conduits à Drancy et disparaissent à jamais dans les camps de concentration. Près de la Belle Rachée où s'est installée la Kommandantur, le jeune Robert Meunier tombe sous les balles allemandes avec ses compagnons de la Résistance. Le premier char américain pénètre dans la ville le 30 août 1944 et délivre enfin Domont. Les épreuves rencontrées et la joie retrouvée cimentent le vieux et le nouveau Domont à la libération. Les années d'après-guerre accentuent la poussée urbaine. En 1960, Domont compte 5 000 habitants, puis 11 000 en 1975 et plus de 15 000 en 1997. La commune devient une ville-centre dont le dynamisme et l'attraction s'étendent sur les villages avoisinants. Malgré l'évolution trop rapide de leur environnement, les Domontois ont su conserver, grâce à leur sagesse, leur qualité de vie. Celle-là même qui fit venir les Bénédictins de Cluny, pour faire un lieu-dit notre ville, il y a 900 ans en 1998.

 

 

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