Vote utilisateur: 5 / 5

Etoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles actives
 

Index de l'article

 

Avec les Marocains de Poeymirau et de Juin, le 2 septembre 1914

Quittant Senlis, la 12e compagnie de chasseurs indigènes du régiment Poeymirau cantonne, le 2 septembre au soir, au Mesnil-Amelot, Q. G. du 5e groupe de division de réserve, commandé par le général de Lamaze. Le lendemain, le peloton du lieutenant Juin s'établit en grande-garde à l'est de Dammartin : " La grande plaine débouchant de Crépy-en-Valois et de Nanteuil-le-Haudoin, note le futur maréchal dans ses souvenirs, est recouverte d'un nuage de poussière se déplaçant vers le sud-est, indice d'un vaste mouvement de troupes dans cette direction. Il apparaissait nettement que, cette fois, l'aile droite allemande délaissait visiblement Paris (….). Je contemplais le spectacle qui se déroulait devant mes yeux quand arrivèrent des autos d'où sortirent quelques généraux. Je reconnus l'un d'eux, c'était Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Je le vis discuter longuement, puis, silencieusement, examiner l'horizon, cartes en main, toujours froid et concentré derrière soit binocle. J'eus l'impression qu'une grave décision s'élaborait. " (Le lieutenant Juin sera blessé le 6 septembre, près du bois de Penchard.)

Lorsqu’éclate la guerre de 1914, le maire de Saint-Leu M. Emile AIMOND, Sénateur depuis 1910, suit le Gouvernement et les Chambres à Bordeaux. Bientôt un grand nombre d’habitants, fuyant l’invasion, s’éloignent de Saint-Leu, M. Joseph LEBLOND, adjoint au maire reste cependant au poste. (1).

La nouvelle du départ du Gouvernement pour Bordeaux n’était rien de moins que rassurante, et on apprenait que, comme le Maire qui avait suivi le Sénat, dont il était membre, certains conseillers municipaux avaient quitté Saint-Leu avec leur famille, sans qu’il ait été jamais précisé s’il était parvenu, ou non, des instructions officielles pour l’évacuation de la population. (2)

La VIe Armée, dont le quartier général est maintenant à Ecouen, passe sous les ordres de Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Ses avant-postes s’établissent de Survilliers à Luzarches ; des territoriaux s’échelonnent entre Gonesse et Vaudherland; la  cavalerie s’arrête à Marines. (4)

Dans les premiers jours de septembre, le VIIe corps d’armée, commandé par le général PAU, ramené d’Alsace, débarquait à proximité de Beaumont-sur-Oise. Suivant une marche parallèle à celle de l’armée allemande qui avait atteint Senlis, il traversa Saint-Leu. Commencé avant le lever du jour, le défilé dura toute la matinée, terminé par le train des équipages, dont les conducteurs brandissaient fièrement quelques casques à pointe, par les voitures des pontonniers et par les autobus parisiens dont les vitres avaient été remplacées par de la toile métallique les transformant en d’immenses garde-manger roulants utilisés pour le ravitaillement en viande fraîche. (2)

Le mercredi 2 septembre 1914 l’armée fait sauter le pont de Boran-sur-Oise. (4)

« Le 2 septembre, je m'installe au nord d'Écouen, près du P. C. de l'armée. Mes reconnaissances montrent de façon évidente que le gros des Allemands a franchi l'Oise à Verberie et en amont, en direction du sud-est, mais, en fin de marche, leurs têtes de colonne sont orientées au sud, vers Paris. Le commandant D., qui connaît par le G. Q. G. la directive du 27 août dirigeant Kluck vers la basse Seine, refuse de me croire et m'ordonne d'explorer la zone à l'ouest de l'Oise (Mantes-Beauvais), où il est sûr que se trouvent les Allemands ... Le 3 au matin, en dépit de cette affirmation, renouvelée par le 2e bureau, je persiste à doubler les reconnaissances demandées par d'autres lancées vers l'est. La REP 15 me rend compte qu'une colonne allemande, venant de Senlis, arrive à Orry-la-Ville, mais la MF 16 me confirme que les colonnes de Kluck filent vers le sud-est et que les routes allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudoin et à l'est sont encombrées de troupes et de parcs. Il ne peut plus être question d'une attaque sérieuse sur Paris. Je saute en auto avec mes équipages chez D., qui, une fois de plus, se refuse à accorder foi à leurs témoignages. Même attitude du chef d'état-major ... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Mercredi 2 septembre 1914 une reconnaissance de l’aviation du camp Retranché de Paris sur avion Bréguet (équipage lieutenant Observateur WATTEAU et le pilote sergent Louis BREGUET) permet de distinguer une forte colonne d’infanterie allemande au nord de la forêt d’Ermenonville, les villages de Montlognon, Pont-l’Evêque, Fontaine sont en feu.

Quand la guerre éclate en août 1914, Jacques Bréguet est mobilisé comme lieutenant d’artillerie et Louis se retrouve seul avec vingt ouvriers. Il se rend au ministère de la Guerre pour demander ce qui est prévu pour les fabrications aéronautiques. Un colonel lui répond : « Nous n’avons pas besoin d’avions. Cette guerre ne durera pas plus de 6 mois ! »

Conscient des menaces d’invasion qui pèsent sur le nord du pays, Louis replie sa société sur Villacoublay dans trois hangars en bois. En même temps, il installe Nelly et ses trois enfants 25 boulevard Jules Sandeau à Paris.

Comme sergent pilote il est affecté à la défense du camp retranché de Paris, son escadrille est basée à Saint-Cyr et placée sous les ordres du général Gallieni.

La Marne, une victoire de l’aviation ?

La retraite puis l’offensive sur les positions de la Marne (septembre 1914) a permis d’arrêter l’invasion allemande.

On connaît les fameux « taxis de la Marne », mais le rôle de l’aviation dans l’arrêt de l’invasion allemande est tout aussi décisif.

Dans cet arrêt l’aviation a joué sa carte en signalant à plusieurs reprises les mouvements des troupes allemandes.

Le 2 septembre 1914, le caporal Breguet, sur un prototype de sa marque, a offert ses services au général Gallieni (Gouverneur de Paris), qui s'inquiète de l'avance des Allemands vers Paris; de ses missions (équipage Lieutenant observateur Watteau, pilote sergent Bréguet), il rapportera le 2 septembre des renseignements sur le changement de direction de l'armée de Von Kluck qui devait contourner Paris par le nord pour l'encercler, selon le fameux plan Schlieffen;une forte colonne d'infanterie allemande est repérée au Nord de la forêt d'Ermenonville, les villages de Montlognon, Mont-l'Evêque, Fontaine sont en feu. Voilà que Von Kluck oblique vers le sud-est, à l'est de Paris et défile ainsi présentant son flanc mal protégé aux troupes françaises; manœuvres audacieuses visant à éliminer le corps expéditionnaire britannique et à surprendre les Français en retraite. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

En même temps, le capitaine Bellenger, commandant l'aviation de la VIème armée du général Maunoury et qui dispose de deux escadrilles (REP 15 et MF 16) décèle, dès le 2 septembre, le changement de direction de l'armée de Von Kluck. Mais le commandant du 2ème bureau, qui possède, depuis le 27 août grâce à nos services secrets, les ordres donnés à Von Kluck, ne veut pas croire les rapports qu'on lui fait. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914, le Génie fait sauter tous les ponts sur l'Oise. Les trains sont supprimés. A Pontoise, il ne reste que 150 personnes. (6)

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914 le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. La panique s'installe.

L’arrivée des allemands s’annonce de bouche en bouche. Pendant la nuit du 2 au 3 septembre, il défile de l’infanterie qui prend la direction de Paris. (7)

La retraite après Guise.

Donc, nos armées reculent et, après un moment d'étonnement, les Allemands entament la folle poursuite.

Tout de même, le Corps de cavalerie de Von Richthoffen, qui a reçu l'ordre de se porter sur les derrières de la 5e armée, hésite à s'engager au milieu de nos colonnes. Il marche mollement et la 5e armée, à la tête de laquelle le général Franchet d'Espérey va succéder au général Lanrezac, se dégage et gagner du champ.

Dans la matinée du 3 septembre, la situation, encore si peu claire, va se modifier d'une manière si profonde dans le courant de cette journée que la décision jaillira. Paris est dans la fièvre. Le Gouvernement a quitté la capitale, la veille au soir, se rendant à Bordeaux, et Gallieni y est demeuré seul, avec l'ordre de la défendre. Du lycée Victor-Duruy, où il a installé son Quartier Général, le Gouverneur lance son ordre du jour laconique. C'est court, mais tout y est. Paris a frémi. Une âme forte a parlé. Des actes vont suivre. On les attend. Nos avions, dont le vrombissement remplit l'air, surveillent attentivement la marche de l'ennemi dont les avant-gardes étaient en vue du fort de Domont dans la matinée. Les portes de la capitale se hérissent de barricades contre les autos blindées, de réseaux de fil de fer, de mitrailleuses. C'est le branle bas de combat.

Cependant, l'attaque attendue de minute en minute ne se produit pas, et le 3 septembre 1914, au soir le doute n'est plus permis. Creil et Senlis sont en feu, mais il n'y a plus, dès 15 heures, aucune force importante au nord de Paris. A la tombée de la nuit, une colonne longue de 16 kilomètres a été vue entre Nanteuil-le-Haudouin et Lizy sur Ourcq, se hâtant vers le sud-est.

Tout de suite, Gallieni, qui n'a encore reçu aucune instruction de Joffre, a l'intuition de la manœuvre à réaliser. Sans perdre une minute, il informe le généralissime de ce qu'ont vu ses aviateurs et lui demande l'autorisation de lancer l'armée Maunoury dans le flanc de cette armée allemande qui défile si imprudemment devant lui. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le 3 septembre 1914 une partie du 7ème corps d’armée passe. (7)

Nous voyons des fantassins du génie avec le matériel des pontonniers, de l’artillerie, des chasseurs alpins avec des mulets, le service de ravitaillement avec les autobus. Nous remarquons des charrettes alsaciennes et du jura. Les habitants se mettent sur leur porte et donne du vin et des fruits. Pour que tous les hommes puissent se desaltérer, car il fait très chaud, les habitants versent du vin et de l’eau dans des seaux, chaque soldat en passant n’a qu’à plonger son quart dans les récipients. (8)

Je me renseigne auprès des soldats. Ces troupiers viennent de faire la campagne d’Alsace jusqu’à Mulhouse. Puis ces troupes reçurent l’ordre de se diriger vers le nord de la France. Mais à Creil arrive un nouvel ordre et ces soldats se replient sur Paris. Quelques troupiers me font voir des balles prussiennes, un livre de messe rapporté de Mulhouse, un fusil allemand et un casque d’officier qu’ils me chargent de réparer. (8)

Cette fois les habitants voyant passer l’armée en retraite, sont de plus en plus pessimiste. Les départs se multiplient ; la poste déménage sa caisse et sa comptabilité. La gare va fermer : le dernier convoi est annoncé pour l’après-midi. Nous apprenons que les ponts de Mériel et d’Auvers ont sauté. Creil est occupé par les Allemands. Les Uhlans sont signalés dans la forêt de Montmorency et dans la région d’Auvers. La situation est alarmante. (7)

Beaucoup d’habitants profitent du dernier train pour partir. Toutes ces personnes donnent leurs légumes, leurs fruits et leurs volailles aux soldats cantonnés à Taverny. Les territoriaux ne sont pas rassurés, car ils ne sont pas nombreux et mal armés. Le bruit court que les Allemands franchissent l’Oise dans la nuit et que les batteries installées dans la forêt ont l’ordre de tirer. Quelques batteries du 45ème d’artillerie de campagne et quelques sections de mitrailleuses se dirigent dans le bois. (8)

Il va sans dire que la garde civique n’existe plus, beaucoup de ses organisateurs sont partis. La mairie qui était assiégée depuis la guerre par les membres des commissions est déserte, car presque tous ont abandonné leur poste. Jusqu’aux Femmes de France qui paradaient avec leur médaille et qui maintenant ont disparu pour la plupart. Tant pis s’il y a des engagements dans la contrée et s’il arrive des blessés à l’hôpital de Saint-Leu. (7)

Le jeudi 3 septembre 1914, à l'issue du dixième tour de scrutin, le cardinal Giacomo Della Chiesa est élu pape. Il prit le nom de pape Benoît XV dans la plus totale indifférence. Du côté des puissances alliées, l'opinion est particulièrement choquée par la non-condamnation, par ce nouveau pape de l’invasion de la Belgique suite au plan Schlieffen, et des « atrocités allemandes » qui s’ensuivirent. En France, la déception est grande.  Le catholique et anticlérical Léon Bloy le rebaptise « Pilate XV » et Clemenceau « le pape boche »

Le 3 septembre 1914, mort du compositeur Albéric Magnard, surnommé le « Bruckner français » il fut tué après avoir tenté de repousser des Allemands de son manoir de Baron, dans l'Oise. (Dès le 1er août Magnard court de Senlis à Compiègne pour s'engager mais sans succès. Il conclut : " On reprendra l'Alsace et la Lorraine sans moi. " Le 29 août les Allemands sont à Compiègne et Baron va se trouver au centre des combats. Le même jour il envoie à Pantin, sa femme Julia et ses filles. Malgré leurs supplications, Magnard reste à Baron avec son beaufils René. Il a précisé à son entourage qu'il défendrait le Manoir s'il était attaqué, disant en montrant son pistolet : " Ici il y a six balles, cinq pour les Allemands, une pour moi. "Le 2 septembre, les Allemands occupent Baron et le 3 septembre le drame éclate. Sans doute à la suite d'une dénonciation, les Uhlans se présentent au manoir vers 8 heures 30. Heureusement René est à la pêche. Au moment des sommations, un coup de feu part de la troupe. Magnard dissimulé derrière les persiennes du cabinet de toilette riposte, tuant un soldat et en blessant un autre. Des tirs de salve sont immédiatement dirigés contre la maison. Des officiers se rendent alors chez le seul notable du village, le notaire et il est décidé que le village sera brûlé et ses habitants fusillées. Heureusement le notaire est assez éloquent et le "jugement" est modifié : seul le manoir sera incendié et son propriétaire fusillé. A 12 heures 45 le feu est mis au manoir où aucun signe de vie n'a été décelé durant la matinée. Vers 15 heures alors que le feu fait rage, un coup de feu est entendu. Un officier dit au notaire : " II a choisi la meilleure part. " En réalité, l'examen du pistolet retrouvé dans les ruines va montrer qu'il contenait six douilles sans balle, cinq étaient percutées, la sixième, non, et le chien était à l'armé. La dernière balle est donc partie sous l'effet de la chaleur. Il est probable que Magnard a été tué ou blessé mortellement lors des échanges du matin. Sa mort ne sera annoncée que le 21 septembre.)

Aller au haut