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Index de l'article

Comme vous le savez, ou peut-être vous ne le savez pas :

Il s’agit de la première guerre mondiale que l’on connaisse.

Cette guerre fut pour la France, nation la plus touchée, la plus meurtrière qu’elle ait jamais connue (1.353.000 morts, 252.900 disparus plus de 10 morts pour 100 hommes actifs de l’époque).

Il y a eu, entre février et septembre 1916, 400.000 morts à Verdun, c’est-à-dire plus de 2.000 morts par jours … ce fut la bataille la plus sanglante que les hommes aient jamais livrée. (4)

Cette guerre qui éclate au cœur de l’été 1914 surprendra l’opinion et les états-majors qui croyaient qu’elle serait courte. Mais après la bataille de la Marne un frein à la redoutable offensive allemande, après la couse à la mer, la guerre s’enterre et s’installe dans la durée avec une cruelle incertitude sur son issue. Les offensives seront terriblement meurtrières. Quatre ans durant, dans chaque canton, dans chaque ville et village, la liste des victimes s’allonge et touche toutes les familles. Les autorités militaires adressent aux maires des avis de décès avec la mention « mort pour la France » c’est aux maires que revient l’ingrate mission d’annoncer, avec tous les ménagements qui s’imposent en pareille circonstance, les décès d’un père, d’un fils ou d’un frère, de présenter les condoléances du ministre de la Guerre. On apprend alors à vivre quotidiennement avec la mort massive, celle que l’on croyait appartenir au passé. 1 400 000 morts en France 2 500 000 blessés dont 1 500 000 mutilés qui recevront une pension.

Sur les 7 900 000 de soldats mobilisés

(8 millions de morts, 20 millions de blessés en Europe). Tel est le prix de la paix…

(vivre en Val d’Oise de novembre 1998)

Repères chronologiques :

(En noir : événements locaux, en bleu : événements internationaux)

1914

Louis Bousquet, adjoint au maire de Taverny et premier maire de Beauchamp composa avec C. Robert la chanson « Quand Madelon », créée peu avant la guerre de 1914, et qui eut une grande vogue dans l’armée française pendant toute la durée des hostilités.

La Madelon. D'abord héroïne de chanson, elle devint rapidement la patronne des poilus. L'image réconfortante et fantasmée que chaque soldat gardait en lui au fond des tranchées.

« Elle prit un peu la place de l'hymne national »
Louis Bousquet compose Quand  Madelon (mai 1914), mais aussi :

Avec Bidasse, musique d'Henri Mailfait, Bach, 1914

La caissière du Grand Café, musique de Louis Izoird, Bach, 1914

Vive le pinard !, musique de Georges Piquet, Bach, 1916

Sarajevo et les déclarations de guerre

28 juin 1914 assassinat de l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand à Sarajevo, au sud de l'empire austro-hongrois,

Le 28 juin 1914, la presse du soir nous apporta la nouvelle de la tragédie de Sarajevo. L’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, et l’archiduchesse venaient d’être assassinés par un patriote serbe Gravrilo Princip. A table, notre père nous dit : « Nous n’avons jamais été aussi près de la guerre. » (Edouard Bled) 


 

Le premier juillet un voyageur de commerce vint me faire ses offres de service. Je lui fis part de ma surprise. « Comment me dit-il, vous êtes assez simple de croire  à la guerre. Vous ne voyez donc pas que c’est tout simplement un coup de bourse …. ».

21/23 juillet Entretiens franco-russes en Russie. Poincaré déclare son intention d'exécuter « toutes les obligations » imposées par l'alliance.

23 juillet L'ultimatum de l'Autriche-Hongrie est remis à la Serbie.

26 juillet 1914, arrivée du Tour de France au Parc des Princes (vainqueur le cycliste belge Philippe THYS) 

28 juillet L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.

La Serbie, compromise dans l'attentat est attaquée par l'Autriche,

En France, depuis le 28 juillet 1914 les voies et tout ce qui a une importance militaire, sont gardés militairement par endroit. (7)

28 juillet 1914

Note de service du commandant de gendarmerie Bremond

Toutes les routes formant bordure des zones sont libres pour la circulation, mais il est interdit de stationner.
Toutes les routes pénétrant dans l’intérieur des zones sont interdites sauf aux personnes habitants dans ces zones ou y  ayant des établissements et aux fournisseurs habituels à la condition d’être muni d’une autorisation de circuler délivrée par la Mairie de la commune où se trouve le domicile, où est l’établissement et visé par le commandant du Fort de Cormeilles.
Pour toute la forêt de Montmorency par le commandant de la 166ème brigade à Bessancourt.

Les autorisations sont renouvelée les 10 et 25 de chaque mois.

Interdire port et usage de photographies prises, les notes et dessins topographiques, les renseignements militaires.

Etrangers aux zones : interdiction d’y pénétrer sous prétexte d’aller voir des amis.

Aux abords des forts et des ouvrages, batterie …,  des poteaux indiquent la limite des zones interdites.

Infraction : immédiatement sous escorte au quartier général à Montmorency.

Prévenir Messieurs les Maires qu’ils ne doivent pas délivrer d’autorisations de complaisance à des personnes qu’ils ne connaissent pas. Ils seront responsables. (10)

29 juillet 1914 Hommage de Jean Jaurès à Constantin Pecqueur à Taverny.

Le 29 juillet 1914 un sous-officier de réserve vint me faire réparer son étui à révolver ; je lui pose cette question « Croyez-vous la guerre inévitable ? » ce monsieur me répond « La guerre n’aura pas lieu. Je ne crois pas aucun chef d’Etat capable de déchaîner un fléau pareil. Je prends mes précautions comme tout le monde, mais j’ai la conviction que cela sera inutile ». (8)

Constantin Pecqueur (Arleux, 26 octobre 1801 (4 brumaire an X) – Taverny, 17 décembre 1887) est un économiste et théoricien socialiste français. Un des personnages tabernaciens importants au XIXe, c’est l’économiste socialiste Constantin PECQUEUR, qui participa au phalanstère et inspira ENGELS. Son hommage valut à Taverny la visite de Jean JAURES en 1914, deux jours avant son assassinat.

30 juillet Le tsar signe l'ordre de mobilisation générale de la Russie.

Jean Jaurès rentre à Paris, le 30 juillet dans l’après-midi, il apprend que la Russie mobilise. À la tête d’une délégation socialiste, il obtient vers 20 heures une audience avec Viviani, président du Conseil, qui lui révèle l’état d’avancement de la préparation des troupes aux frontières. Jaurès l’implore d’éviter tout incident avec l’Allemagne. Viviani lui répond qu’il a ordonné aux troupes françaises de reculer de dix kilomètres par rapport à la frontière afin d’éviter tout risque d’incident avec l’Allemagne.

31 juillet Ordre de mobilisation générale en Autriche-Hongrie.

Le vendredi soir 31 juillet les gendarmes passent, un lieutenant de réserve les interpelle : «  Est-ce pour ce soir, je sais que les affiches sont préparées ? ». Des rassemblements ont lieu un peu partout. (8)


 

Vendredi 31 juillet 1914, 21 h 40 : l’assassinat de Jaurès

En fin de journée, il se rend au siège de son journal pour préparer un article de mobilisation anti guerre pour l’édition du 1er août. Auparavant, il sort dîner au café du Croissant, rue Montmartre, avec ses collaborateurs du journal dont Pierre Renaudel, Jean Longuet, Landrieu, Ernest Poisson. Il est assis dos à la fenêtre ouverte, séparé de la rue par un simple rideau. Observant depuis la rue la salle du café où il avait repéré que Jaurès dînait habituellement, caché par le rideau, l’assassin tire. Jaurès est tué sur le coup.

L’assassin est Raoul Villain, un Rémois de 29 ans, étudiant en archéologie à l’École du Louvre, et surtout adhérent de la Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine, groupement d’étudiants nationalistes, partisans de la guerre et proche de l’Action française. Il est arrêté et déclare avoir agi en solitaire pour « supprimer un ennemi de son pays ». Cette thèse de l’acte isolé est reprise telle quelle dans l’acte d’accusation dressé le 22 octobre 1915. Il est décrit comme un personnage falot, calme et pieux, blond, les yeux bleus, d’apparence juvénile. Sans avoir jamais vu Jaurès, il s’est peu à peu mis en tête de tuer le traître, l’Allemand. Sans doute convaincu de la nécessité de son geste depuis le mois de décembre précédent, il mûrit son acte tout au long du mois de juillet, achète un revolver Smith & Wesson, s’exerce au tir, écrit quelques lettres incohérentes, repérant le domicile du leader socialiste, son journal, le café où il avait ses habitudes.

Depuis de longs mois, voire des années, la presse nationaliste et les représentants des Ligues « patriotes » (comme Léon Daudet ou Charles Maurras) s’étaient déchaînés contre les déclarations pacifistes de Jaurès, son internationalisme, et le désignaient comme l’homme à abattre, en raison de son engagement passé en faveur d’Alfred Dreyfus. Les déclarations de ce type abondent dans les semaines précédentes.

« Dites-moi, à la veille d’une guerre, le général qui commanderait […] de coller au mur le citoyen Jaurès et de lui mettre à bout portant le plomb qui lui manque dans la cervelle, pensez-vous que ce général n’aurait pas fait son plus élémentaire devoir ? »

Maurice de Waleffre dans L’Écho de Paris du 17 juillet 1914.

(Raoul Villain sera incarcéré en attente de son procès durant toute la Première Guerre mondiale.)

Samedi 1er août  Mobilisation générale en Allemagne.

Le 1er août 1914, tout le monde s’attend à l’ordre de mobilisation. A quatre heures l’appariteur David annonce dans tout le pays la mobilisation générale à partir du dimanche 2 août 1914. (8)

Le 1er août 1914, à cinq heures du soir, la mobilisation est annoncée par le tocsin. Les gens, tous dans les champs, abandonnent le travail et reviennent s’assembler devant la mairie. A l’animation des jours précédents succèdent un calme émouvant. Les enfants eux-mêmes sentent qu’une grande chose s’est accomplie. Ils se serrent près du père qui a déjà annoncé le jour de son départ. Le 2 août, ces hommes, atterrés la veille, rient. Ils s’en vont pour deux mois, disent-ils, et ils reviendront pour faire les vendanges. Les femmes aussi sont plus courageuses, elles croient ce que disent les hommes. (Récit de l’instituteur)

Le 1 er août, un avis téléphonique et un télégramme du ministre de la Guerre me prescrivaient de rentrer à Paris d'extrême Urgence. Je prenais le train le soir même. L'ordre de mobilisation venait d'arriver au chef de gare qui l'affichait sur les murs de la station. Déjà, d'ailleurs, dans cette petite localité, les gendarmes avaient commencé à distribuer les ordres d'appel. (3)


Dimanche 2 août 1914 mobilisation générale de la France

Attroupés devant la façade de la mairie, les habitants de saint-leu-Taverny regardent une affiche blanche décorée de deux drapeaux tricolores. Ils peuvent lire en gros caractères : « Ordre de mobilisation générale … la grande guerre commence. Tous pensent qu'elle sera courte, elle va durée 4 ans et 3 mois. Devant les affiches de mobilisations, les femmes pleuraient, certains hommes étaient atterrés, d’autres au contraire, paraissaient prendre héroïquement les choses ; d’autres enfin proclamaient que la mobilisation ne signifiait pas la guerre. Chacun d’ailleurs, quoi qu’il lui en coutât, acceptait de faire son devoir […]. La mobilisation s’effectua d’une façon normale, les parents pressant une dernière fois les mains amies tandis que les femmes se détournaient pour essuyer leurs larmes et que les enfants assistaient sans comprendre à ce spectacle impressionnant. (Récit de l’instituteur) 

Bien que les nouvelles des derniers jours de juillet fussent alarmantes. La population pacifiste de la campagne ne croyait pas à la guerre ; aussi est-ce avec une véritable stupeur que fut connu l’ordre de mobilisation. Tout le monde se précipita vers la mairie  […]

Les événements actuels imposent la nécessité de la réunion immédiate de l’assemblée municipale. La liste des familles de mobilisés sera dressée au fur et à mesure des déclarations de départ des militaires quittant leur foyer. Il sera établi, pour chaque famille nécessiteuse, une demande d’allocation accompagnée des renseignements susceptibles d’éclairer la commission cantonale chargée de « statuer sur les demandes » une commission de quatre membres du conseil municipal est chargée d’examiner les demandes de secours immédiats et de surveiller la vente des denrées alimentaires, dont les prix ne devront pas être majorés ni l’accaparement permis. A cet effet, le maire prendra un arrêté qui sera affiché sans retard dans toutes les maisons de commerce, à l’endroit le plus apparent. Une souscription sera ouverte dans la commune pour parer aux nécessités du moment. Les docteurs étant mobilisés, le docteur de Sarcelles, fait savoir qu’il est disposé à assurer le service médical de la commune. (4).

L'invasion de la Belgique et de la France

Dimanche 2 août 1914 les troupes allemandes pénètrent en Belgique

Les hommes quittent leur travail et se rassemblent. Les femmes pleurent. Un fluide inexplicable s’abat sur la population. Quelque chose de lourd, d’irrespirable, semble être tombé sur le pays. Les visages sont consternés. Quelques hommes sourient en disant : « Cette fois, ça y est ». (8)

Ce n’est que le lendemain, ou le surlendemain, que la guerre a commencé à montrer son vrai visage. Quand les ordres de mobilisation générale et les feuilles de route sont arrivés dans les familles, les gens ont commencé à se rendre compte que la guerre était bien réelle. Tous les hommes valides recevaient leur feuille, la guerre c’était d’abord ça, la séparation. (Emilie Carles)

Les automobiles défilent en tous sens nuit et jour chargées de nombreuses personnes et de bagages. (8)

Le Général Michel, Gouverneur du camp retranché de Paris, met en sursis d’appel les Patrons et les Ouvriers Boulangers 

L’état de siège est prononcé

Le dimanche 2 août 1914, l’état de siège est proclamé. Les affiches sont posées. Dans toutes les rues, on ne voit que des rassemblements. Les hommes discutent et se renseignent. Tous sont confiants et ont la certitude de la victoire. (8)

Avis à la population. En raison de l’état de siège, le Préfet de Police a ordonné qu’à l’avenir les débits de boissons de Paris et de sa banlieue soient fermés à 8 heures du soir. Les stations du Métropolitain seront fermées à la même heure.

Demande de transfert à St-Leu Taverny de l'hôpital auxiliaire des femmes de France N°104 classé en 1ère série (CM du 2 août 1914) :

« Le Président expose au Conseil la demande exprimée d'une part par Madame Boudinot Dorr, infirmière major de l'hôpital auxiliaire des femmes de France n°104, classée en 1ère série et reconnu par le service de santé et d'autre part, par MM les docteurs Barau et Oppenot domiciliés à Saint Leu Taverny, lesquels ont fait ressortir que l'emplacement qui avait été choisi pour l'installation de ce service de santé dans les locaux de l'ancienne école de filles de la commune de Taverny soit remplacé et transféré sans délai dans les locaux de l'école privée de jeunes filles située St-Leu Taverny 40 Grande rue.

Les motifs exposés sont les suivants :

1/ Les locaux de l'ancienne école de filles de Taverny ne sont pas dans un état de salubrité permettant de les affecter à l'usage auxquels ils étaient destinés, une partie même doit-être occupée par des employés de la Commune de Taverny.

2/Mme l'Infirmière major et les 4 infirmières ont leur domicile à St-Leu Taverny.

3/ Le service médical ne peut être assuré par les médecins de Taverny, la mobilisation les ayant atteints ; ce service ne pourra être assuré que par MM les docteurs Barau et Oppenot domiciliés à St-Leu.

4/ Qu’il reste un seul pharmacien pour les deux communes et que son officine se trouve à St-Leu Taverny.

Les motifs qui, avant tout, doivent faire prévaloir et faire prendre en considération le changement demandé s'appuient sur l'état de l'immeuble proposé et qui remplit toutes les conditions que l'on est en droit de demander pour un service hospitalier.

Il existe d'abord un corps de bâtiment où l'on pourrait établir des salles d'isolement, ensuite un corps de bâtiment détaché se composant au rez-de-chaussée et trois salles parfaitement aérées au premier, un grand dortoir remplissant toutes les mesures d'hygiène. Un parc parfaitement ombragé permet et complète l'installation.

Il existe une canalisation pour les eaux potables et une canalisation pour l'écoulement des eaux résiduaires. Une salle de bains et de douches peut-être installée.

Toutes ces ressources ne pourraient se trouver dans les locaux de la commune de Taverny.

Le Conseil, à l'unanimité, sollicite de la direction du service de santé aux armées de bien vouloir prendre d'urgence la décision transférant à St-Leu-Taverny l'hôpital auxiliaire des femmes de France n°104, classé en 1ère série ».

Près de la frontière allemande, le caporal Jules-André Peugeot du 44e régiment d’infanterie est le premier soldat français tué le 2 août 1914 dans le village de Joncherey, situé au sud du Territoire de Belfort.

Lundi 3 août 1914 l'Allemagne déclare la guerre à la France

Pour mener la guerre déclarée le 3 août 1914, Joffre est le commandant en chef de la première armée de masse, issue de la conscription. Pour la première fois de notre histoire militaire, nos soldats savent lire et écrire. Ils ont aussi reçu une formation civique et militaire. Le peuple belge résiste, l'armée belge repliée 


Séance extraordinaire du 3 août 1914

(Pour mobilisation et menaces de guerre)

Le conseil municipal s’est réuni d’urgence le trois août 1914 à 8 heures du soir sous la présidence de Mr le Maire.

Le conseil nomme une commission d’approvisionnement de vivres et d’alimentation :
 Mr Morin, président ; M M  Emile Langlois,  Petit Paul et Vermont , membres.

Mr le Maire propose de nommer une commission chargée du recrutement d’une garde civique dans la commune.

Cette commission aura tous les pouvoirs pour sa direction,, son administration et son fonctionnement.
Le conseil accepte et sont nommées membres de cette commission :
Mr Donon, président ; MM Banneville, Petit Paul, Langlois Emile, membres.

Le Maire propose de nommer une commission de moisson qui aura pour attributions de former un groupe de cultivateurs chargé d’en assurer l’exécution, après l’assentiment du propriétaire ou de son représentant qui fournira  son personnel.
Le conseil accepte et nomme Mr Langlois Désiré, président ; MM Emile Hennetin, Fromont Auguste, Donon Victor, membres.

En même temps il ouvre à la mairie un bureau pour les demandes et offres de travail.

Le conseil approuve la réunion d’urgence du bureau de bienfaisance pour demain à une heure et demie.

Il lui sera adjoint la commission d’approvisionnement de vivres et d’alimentation et des mesures seront prises pour secourir les familles nécessiteuses. (10)

Le mardi 4 août 1914, LA GUERRE EST DECLAREE

Séance du 4 août

En conséquence des délibérations précédentes, la commission du bureau de bienfaisance et la commission  d’approvisionnement de vivres et d’alimentation se sont réunies le 4 août à une heure et demi du soir.

La commission décide que Mr le Maire informe ses administrés que le Conseil Municipal et le bureau de bienfaisance ont décidé d’ouvrir à la Mairie une souscription publique pour accorder des secours aux familles nécessiteuses par suite des circonstances actuelles. La commission n’accordera que le strict nécessaire aux familles reconnues les plus nécessiteuses. Les secours ne seront fait qu’en nature. Une seconde annonce fixera le commencement de la distribution de ces secours. A partir de demain, les personnes susceptibles d’obtenir ces secours viendront se faire inscrire à la Mairie. Ces demandes seront examinées par la commission spéciale (10)

Pendant les jours qui suivent, le départ des mobilisés s’effectue en bon ordre. Tous partent avec confiance en criant « En route pour Berlin ». (7)

A Paris, on vit courir de tous côtés ceux que l’appel aux armes réclamait le premier jour, qui commençait à minuit ; on vit aussi les larmes couler sur les visages des femmes, mères, épouses ou sœurs qui avaient un ou plusieurs membres de leur famille appelés sous les drapeaux, les gares furent encombrées le soir même par la foule des hommes de la réserve qui rejoignaient déjà leur corps et des soldats de l’active en tenue de campagne se dirigeaient vers les quais d’embarquement. Cette heure tragique se passa à Paris  sans cris, sans troubles, avec une dignité et un recueillement qui impressionna l’étranger mal renseigné sur le patriotisme de la population. La mobilisation s’accomplit de façon parfaite et elle inspira à la France entière un sentiment de confiance qui devait la rendre invincible. (7)

Durant cette période, Paris fut sous pression. […] Des détachements passaient, et chaque fusil avait droit à une fleur, et chaque soldat avait droit à un baiser. Les femmes devenaient molles à vue d’œil. Leurs robes ne pouvaient plus contenir leurs cœurs. Elles se sentaient mille devoirs d’amour. Elles distribuaient leurs bouches à ces jeunes gens en armes avec la fierté des prêtresses. Une sorte de fraternité de fleur, une blanche amitié sentimentale, une innocence universelle s’épandait sur toutes les créatures. (Joseph DELTEIL)

Les 3 & 4 août, alors que les mobilisés quittent le village, le maire M. Octave DUBOIS fait placarder les affiches organisant la police civile ! (l’état de siège est proclamé) Les ressortissants étrangers – allemands et autrichiens – résidant dans la commune se font immatriculer à la mairie. La population manifeste son hostilité à leur égard et la police doit faire évacuer la place. (6)

Les non-mobilisés voudraient être incorporés de suite. (7)

Il y eut une spontanément organisée par des non-mobilisés, - les gardes civiques,- ayant (ou s'arrogeant) le droit de réclamer des papiers à quiconque circulait sur les routes. Cette surveillance existait également à l'entrée et à la sortie des communes ; rue de Paris, des poteaux avaient été disposés en chicane, à plat, à 1 mètre du sol, pour obliger les automobilistes à s'arrêter, mais piétons et cyclistes étaient soumis au même contrôle. Aussi était-il bon d'avoir un laissez-passer délivré par la Mairie pour satisfaire ces contrôles répétés. (2)

Au début des critiques se font entendre. Il n’y a aucun contrôle et le poste est vide pendant deux heures de garde. Au bout de quelque temps le contrôle du poste sera assuré par deux hommes parmi les plus âgés et chaque garde civique devra donner sa signature, sur un registre spécial. Le service ressemblait plutôt à une promenade car nous n’avons jamais rien vu d’anormal. Chacun était armé à sa façon. Certains portaient des fusils, des carabines, des révolvers. D’autres avaient tout simplement une canne. (7)


 

CM de Bessancourt du 7 août 1914

Formation d’un groupe cycliste

Sur la proposition de Mr le Maire, les commissions présentes décident de former un groupe cycliste  de six,  huit ou dix cyclistes de bonne volonté, non payés que les trois jeunes gens ayant passé leur brevet d’aptitude au service militaire, MM Robert Petit, Villiter et Jourdain fils recruteront. Le groupe cycliste se gouvernera lui-même.

Deux cyclistes munis de leur brassard et de leur sauf conduit se tiendront toujours en permanence à la Mairie.
Les autres se promèneront dans le pays, surveilleront et s’ils rencontrent des figures suspectes préviendront aussitôt la garde civique.

Permanence de la garde civique :
une permanence de deux hommes de la garde civique  se tiendra à son local à la Mairie (classe de garçons) Pour cela on nommera de service six hommes au lieu de quatre, s’il est besoin.

Transport de foin :
on préviendra les transporteurs de foin que leur voiture ne sera déchargée à Saint-Leu et qu’on les enverra à La Villette.

Ravitaillement des habitants :
une réunion aura lieu dans l’après midi avec les commissions et MM Quignon, Lamarre et Letellier, anciens bouchers.
La commission reçoit d’un gendarme de Franconville l’ordre de mobilisation des territoriaux du génie et de l’artillerie, classe 1892, 1891, 1890 et1889.

Des mesures sont prises contre les étrangers, non naturalisés français. Tout allemand ou autrichien n’ayant pu passer la frontière est immédiatement expédié dans un camp de concentration. Les personnes qui ont un accent germain, sont en butte avec la population (8)

Avant la mobilisation, deux habitants de Taverny partent précipitamment. (…). L’un était soi-disant officier de cavalerie dans l’armée allemande. L’autre un soi-disant officier dans l’armée autrichienne. Il va sans dire que le bien de ces deux personnages fut mis sous séquestre. Dans les premiers jours de la mobilisation, plusieurs hommes pénétrèrent de force dans leur propriété et firent une perquisition en règle. Les personnes qui ont un accent germain, sont en butte avec la population civile. Un autre boche, habitant rue de Paris, vint en mairie pour se faire délivrer un laissez-passer, sur une question posée, il prit les jambes à son cou et fut arrêté par des hommes qui le poursuivaient. Il fut un peu malmené. J’assistai à l’arrestation. Je me suis laissé dire que sa femme était française. Quant à lui, les gendarmes l’emmenèrent en automobile. Plusieurs domestiques allemandes furent expédiées dans un camp de concentration. (8) 

Les automobiles défilent en tout sens nuit et jour chargées de nombreuses personnes et de bagages. (7)

La France qui ne la voulait pas, n'était pas prête. Il fallut donc improviser … Si les ponts et autres ouvrages d'art «étaient gardés militairement par les Gardes des Voies et Communications, les G.V.C. Comme l'indiquait leur brassard qui, avec un képi, un ceinturon et un fusil périmé, en faisait des soldats, les passages à niveau ne bénéficiaient pas de la surveillance officielle. (2)

Le départ de Taverny de presque tous les hommes mobilisables avait laissé le territoire de la commune presque sans protection contre la maraude et le pillage, beaucoup de propriétés ayant été abandonnées par leurs occupants ; aussi une milice fut-elle créée et Alphonse Bellamy qui en faisait partie alla participer chaque semaine, à son tour aux rondes organisées. (7)

Depuis quelques jours les commerçants se plaignent de ne plus voir de monnaie. La banque de France met en circulation des coupures de vingt francs et cinq francs. Beaucoup de personnes retirent leur argent de la caisse d’épargne. (8)

Partout on réquisitionne, non seulement du sel pour les boulangers, mais aussi du fourrage, du bétail et surtout des chevaux qui sont dirigés sur les unités de transport. (6)

Les hommes valides étant partis pour la plupart, la municipalité organise un comité de secours. Celui-ci reçoit argent et nourriture qui sont redistribués aux plus démunis. La solidarité se porte bien (6)

Pendant la mobilisation des hommes, nous verrons la mobilisation des chevaux. Nous voyons défiler les chevaux mobilisables de Frépillon, Bessancourt et Taverny que l’on conduit à Montmorency. Dans la quantité, un certain nombre ne seront pas pris la première fois et feront la route de Montmorency plusieurs fois. (7)

Presque chaque jour défilent des troupeaux de bœufs et de vaches. Certaines bêtes seront parquées à Saint-Leu au château de la Chaumette, les autres au champ de courses d’Enghien. Un grand nombre de voitures de fourrages passent tous les jours. Le tableau jette plutôt une note triste sur la population. (8)

Mort le 20 août 1914 à Rome, du pape PIE X. Il sera béatifié le 3 juin 1951, puis canonisé le 29 mai 1954 : il est donc saint Pie X pour les catholiques.

 


 

 

La Brigade des Fusiliers Marins (1914-1915)

Lorsque la guerre éclate, la Marine dispose d'un surplus d'effectif de plusieurs milliers d'hommes qu'elle ne peut pas utiliser à bord de ses bâtiments.

La brigade des fusiliers marins est une unité de la marine française. Á la déclaration de guerre, la marine a des fusiliers marins qui restent inemployés dans les bâtiments de la marine, car les principaux combats sont terrestres. Il est donc décidé le 7 août 1914 de la création de la brigade des fusiliers marins, forte de 6000 hommes en deux régiments et une section de mitrailleuses, et confiée au commandement de l'amiral Ronarc'h.

L'organisation est calquée sur celle des régiments d'infanterie avec trois bataillons par régiment.  Parmi eux on trouve des apprentis fusiliers-marins d'à peine 16 ans et des réservistes.

Première mission: les fusiliers marins sont d’abord envoyés à Paris pour la défense de la capitale, sous les ordres du général Gallieni, et constituent d'ailleurs la seule troupe de valeur dont il dispose.

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Le 7 août, les 1er et 2ème régiments de fusiliers marins sont créés, dans le but de combattre à terre. Réunis en une brigade forte de 6 000 hommes, sous le commandement du jeune contre-amiral Ronarc'h, leur mission initiale est la défense de la Capitale et de sa banlieue.

La structuration des régiments de la Brigade des marins est donc voisine de celle des régiments d'infanterie de 1914, à l'exception des sections de mitrailleuses qui semblent plus nombreuses, et regroupées en une compagnie au niveau de la Brigade.

Après lecture du document « La Brigade des Fusiliers Marins sur l'Yser, par l'Amiral Ronarc'h », on peut en déduire l'organisation suivante pour la Brigade des Fusiliers Marins en 1915 :

La brigade est constituée de l'Etat-major de la Brigade et de deux régiments. Elle dispose d'une compagnie de mitrailleuses de 15 sections.

Chaque régiment est composé d'un état-major, de 3 bataillons, et d'une ambulance. Un régiment est commandé par un Capitaine de Vaisseau.

Chaque bataillon est commandé par un Capitaine de Frégate et est divisé en quatre compagnies.

L'effectif d'une compagnie est de l'ordre de 200 hommes.

Le 8 août 1914, la « colonie anglaise » vient offrir les drapeaux alliés à la mairie. (6)

 Ravitaillement de la population (CM du 8 août 1914) :

« Le Conseil décide, pour faire face aux nécessités du moment, résultant de l'état de guerre, d'assurer directement par voie de régie simple, le ravitaillement de la population. Laisse aux soins du maire la nomination du régisseur.

Dit que les premières avances seront faîtes sur les crédits votés par la délibération du 2 août courant, approuvé le 7 du même mois ».

Un hôpital militaire est installé dans le pensionnat Saint-Joseph, c’est-à-dire dans le vieux bâtiment à l’angle de la Grand-rue et la rue Emile Bonnet. (1)

Dès le 8 août 1914, l'hôpital 104 ouvrait ses portes à St-Leu-Taverny

Le Pensionnat saint-Joseph devint l’Hôpital temporaire militaire N°104, créé par le Comité de la Croix-Rouge de Taverny, Saint-Leu Bessancourt, présidé par Mme AIMOND, femme du Sénateur-Maire, assistée de Mme DELEAU, Vice-présidente. Les services étaient répartis entre les docteurs OPPENOT et BARRAU. L’hôpital, ne disposant pas de chirurgiens, était réservé aux malades et eut néanmoins à enregistrer des décès : 19 « poilus » ont été inhumés au cimetière de Saint-Leu. (2)

Le 9 août 1914 malgré la prise de Liège par les Allemands, les habitants sont dans un enthousiasme indescriptible en apprenant que nos troupes se sont emparées d'Altkirch et de Mulhouse, (8)

De nombreux drapeaux de plusieurs nationalités viennent renforcer ceux qui sont déjà aux fenêtres. A la mairie les emblèmes de tous les états en guerre avec les empires du centre forment un faisceau au-dessus de l'horloge. A cette époque le Monténégro, la Serbie, la Belgique, l'Angleterre, la Russie et la France sont en guerre avec l'Allemagne et l’Autriche. Les commerçants affichent les journaux dans leur vitrine, Les camelots vendent les quotidiens matin, midi et soir. (8)

Le dimanche 9 août 1914, le maire fait préparer la salle du gymnase et la salle paroissiale pour recevoir les soldats qui vont qui vont faire de Taverny une place forte. (6)

Moisson :

L’an mille neuf cent quatorze, le 11 août à 6 heures du matin,

Le maire donne lecture au conseil municipal, d’instructions de M le Sous-Préfet de Pontoise, relatives aux mesures à prendre pour assurer la rentrée et le battage des moissons et sauvegarder les récoltes futures.

Le conseil

après un examen minutieux et un inventaire de la main d’œuvre  existant dans la commune et susceptible d’être employée aux travaux agricoles,
considérant que le nombre de personnel est suffisant pour sauvegarder toutes les récoltes, en faire la rentrée et le battage.

Délibère :

qu’aucun français, kabyle ou étranger n’ont pas besoin  d’être dirigés sur notre territoire et que la commission des moissons désignée par le Conseil Municipale est apte à faire le nécessaire.(10)

Les Britanniques sont battus à Mons, les Français sont battus sur la Sambre et à Charleroi. A partir du 12 août 1914, les Russes ouvrent un front en Prusse orientale, ce qui entraîne l'envoi vers l'Est de l'Europe, de troupes allemandes qui se dirigeaient sur Paris.

Le jeudi 13 août 1914, arrivée les soldats territoriaux dits les « pépères » utilisés à des travaux de transport ou de défense de seconde ligne,

(…) Dès le lendemain, la troupe entreprend la construction de redoutes en forêt, à l'emplacement du « Camp César » au chalet des gardes, une ligne télégraphique est établie entre les postes de Saint-Jacques (le haras), Béthemont et Bouffémont (6).

Les soldats arrivent le jeudi 13 août. Ce sont des territoriaux, soldats de 2ème réserve utilisés à des travaux de transport ou de défense de seconde ligne. Ceux-là appartiennent à une unité du 4ème R.A.T. (Réserve d’Armée Territoriale). Trois officiers et 36 sous-officiers les encadrent. Deux mess sont ouverts dans le centre, ainsi que le bureau militaire dans les locaux de l’ancienne poste, rue de Paris. (6)

Les premiers soldats arrivent en civil et par groupe. Nous remarquons un prêtre en soutane. La plupart de ces hommes chantent des chansons patriotiques. Quelques-uns portent des drapeaux. Un superbe bouquet tricolore est porté par un territorial qui marche devant ses camarades. Taverny deviendra pour la durée de la guerre, une ville garnison. Ces hommes sont employés immédiatement dans la forêt pour construire des batteries d’artillerie lourde. J’ai pu voir les travaux de terrassement, mais une fois les pièces arrivées, il fut complètement impossible d’approcher. Ces détachements sont logés dans la salle des fêtes et la salle paroissiale. (8)

Des lits très simples fabriqués avec des rondins de châtaignier, entourent les salles. Le milieu des pièces est garni de grandes tables. Des clous plantés un peu partout, servent à accrocher musettes, fusils, bidons etc. … Des gravures représentant les chefs d’Etat et les principaux généraux sont clouées de place en place. (7) 

Vendredi 14 août, la troupe entreprend la construction de redoutes en forêt, à l’emplacement du « camp des Anglais » (camp César – oppidum gaulois du Haut-tertre). Une ligne télégraphique est établie entre les postes de Saint-Jacques (le haras), Béthemont et Bouffémont. (6)

Le 14 août 1914 nous apprenons que les troupes françaises sont entrées en Belgique, (8)

En août et septembre 1914, les autorités militaires organisèrent la défense de l’ensemble du camp retranché de Paris. Cette défense s’appuyait dans notre région sur les forts de Cormeilles, de Montlignon, de Domont, de Montmorency, d’Ecouen, de Stains et de leurs ouvrages annexes, tous construits vers 1875-1880. On compléta alors ces fortifications par la construction de batteries d’artillerie en terre dans la forêt de Montmorency et dans le voisinage. Dans notre secteur nord de paris, il y est ainsi cent trente-sept batteries installées. On en retrouve des vestiges dans les talus sous les taillis de la forêt sur au moins sept emplacements. Cela explique la présence d’unités d’artillerie et du génie, de campements, d’ouvriers forestiers chargés des déboisements, et la présence à Taverny même d’une garnison. (7) 

Le samedi 15 août, les journaux ne donnent plus aucune nouvelle du front. On comprend pourquoi … (6)


 

Le samedi 15 août 1914, les journaux ne donnent plus aucune nouvelle du front,

L’Etat-major refuse de croire que l'ennemi puisse envahir la Belgique... Lorsque cette dernière est traversée. La première armée allemande commandé par Von Klück déborde les alliés anglais et français par leur flanc gauche et fonce droit au sud, vers Paris. (6)

Le 17 août 1914, peloton de liaison cycliste en tête, les fusiliers marins de Lorient défilent sur le cours de Chazelles avant de prendre le train pour Paris. Il s’agit notamment des 700 apprentis fusiliers marins (les plus jeunes ont à peine seize ans et demi), de leurs instructeurs et des réservistes du dépôt de Lorient, anciens chauffeurs ou mécaniciens de la flotte. L’extrême jeunesse de ces soldats surprend les Parisiens qui leur donnent le surnom de « Demoiselles de la Marine ». Pour les Allemands, aussi surpris, ce seront les « Demoiselles au pompon rouge ». Ils sont bientôt rejoints à Paris par des renforts arrivant des autres ports de mer : Rochefort, Brest, Cherbourg et Toulon. Ces nouveaux contingents intègrent de nouvelles recrues qui étaient il y a encore peu des marins au long cours, pêcheurs ou caboteurs, et qui se transforment peu à peu en soldats, remplaçant par la capote le col ou la vareuse, accrochant des cartouchières au ceinturon.

Le 17 août 1914, le gouvernement belge quitte Bruxelles pour Anvers. (8)

Le 20 août 1914 nous apprenons avec tristesse que les allemands occupent Bruxelles et que nous reculons en Loraine. (8)

Mort d’André Ruplinger, né à Lyon le 14 juillet 1889 et mort au front à Brouderdorff (Lorraine) le 20 août 1914, est un homme de lettres français À l'issue de sa deuxième année de service militaire (dont la durée a été portée à trois ans), il se présente de nouveau à l'agrégation en 1914. Admissible, il est à Paris en juillet pour l'oral lorsqu'il est rappelé en garnison au 92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand. Dès la déclaration de guerre, son régiment est envoyé au front dans une zone réputée dangereuse. Le 20 août, près de Bruderdorff, au cours d'un affrontement violent, le sous-lieutenant Ruplinger est tué d'une balle dans la tête alors qu'il franchissait une crête pour aller prendre les ordres de son chef de corps. Il est cité à l'ordre du régiment. En 1917, sa qualité de « mort pour la France » sera officiellement reconnue.

Si les nouvelles ne parviennent plus officiellement, de grands mouvements de troupes laissent à penser que le front se rapproche. Le dimanche 23 août 1914, des unités de chasseurs alpins et d'artilleurs traversent le village. (6)

23 août 1914, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne.

Dès le lundi 24 août 1914 des hôpitaux militaires se créent à Beaumont sur Oise. (4)

Le 24 août 1914 en lisant entre les lignes les articles des journaux, les personnes intelligentes constatent que la bataille de Charleroi est perdue par nous. On nous annonce que nos troupes se replient sur notre ligne de couverture. Les communiqués sont pour ainsi dire muets. Les drapeaux qui ornaient beaucoup de fenêtres commencent à disparaître. (7)

Du 24 au 28 août 1914, la population apprend par l’afflux des réfugiés et par un communiqué du Grand quartier général, que l’armée allemande se rapproche de Paris, en progressant en Picardie. (7)

Des réfugiés apparaissent à Saint-Leu, ils sont suivis de troupes.

26 août 1914, le général Gallieni est nommé gouverneur militaire de Paris en remplacement du général Michel.

Mercredi 26 et jeudi 27 août 1914 « exode de la population de la banlieue nord de Paris – les habitants affolés devant la rapide avance allemande fuient la région par les trains. ».

Le 26 août 1914 la voiture à cheval partit de Vaucelles vers neuf heures, le temps était splendide comme au reste il le fut pendant toute cette période du commencement de la guerre, et le voyage aurait été délicieux s'il n'avait été troublé par les arrêts fréquents des postes militaires établis à l'entrée et à la sortie de chaque localité traversée et auxquels il fallait montrer un laissez-passer en règle. Aux approches de Saint-Denis, je constatai une animation plus grande : des voitures de cultivateurs chargées de meubles s'éloignaient de la capitale ; leurs conducteurs et leurs familles faisaient des gestes désolés et les nombreux habitants qui, en curieux, constataient ces allées et venues, montraient des visages effarés. Que se passait-il ? Quelques instants plus tard, j’eus l’explication de cette énigme. Une marchande de Saint-Leu, que j’avais remarquée vendant sa marchandise dans les rues de Taverny, croisait notre véhicule. Sur sa voiture attelée d’un cheval, cette femme, juchée au milieu de ses meubles pleurait à chaudes larmes et poussait de grands cris : « Que vais-je devenir ? Ils ne veulent pas me laisser passer§ ». D’autres voitures de cultivateurs, chargées de meubles, continuaient également de refluer. J’eus alors l’impression qu’il se passait quelque chose d’insolite et que peut-être l’accès de Paris était interdit aux habitants de la banlieue .../… j’appris par la suite que, la veille, l’autorité militaire avait fermé la plupart des portes de la capitale (7)

Le 27 août aucun communiqué. Le 28 août nous apprenons que notre ligne de défense va de la Somme aux Vosges. (8)

Au cours du mois d’août 1914 le gouverneur militaire de Paris, qui avait le commandement du camp retranché, avait fait construire de nombreuses batteries d’artillerie autour des forts de Cormeilles, Montlignon, Domont, Montmorency et Ecouen et plusieurs ouvrages annexes, notamment en forêt de Montmorency et dans la plaine de France. Le commandant du camp retranché avait été au début du mois d’août le Général Michel qui fut remplacé à la fin du mois par le Général Gallieni chef prestigieux. Mais malgré son prestige et ses déclarations rassurantes, celui-ci ne pouvait se faire d’illusions ni dissimuler au gouvernement que le camp retranché n’aurait pu résister sérieusement : les forts n’avaient pas été modernisés, les troupes territoriales de défense n’étaient pas fiables, non aguerries et trop âgées, et l’artillerie rassemblée autour de Paris était vétuste et peu performante. (7)

Troupes du Camp Retranché de Paris en Zone Nord

83e division d’infanterie territoriale — mobilisée en la 4e région

165e (ou 21ème) brigade d’infanterie — 29e  (Dreux) et 30e (Chartres) régiments d’infanterie territoriale.

166e brigade d’infanterie — 31e (Alençon) et 32e (Argentan) régiments d’infanterie territoriale

2 escadrons du 1er régiment de chasseurs à cheval de Châteaudun.

1 groupe territorial du 45e régiment d’artillerie de campagne provenant d’Orléans

Brigade  réunissant 1er et 2e régiment de fusiliers marins (1914-1915)

2e compagnie auxiliaire du Génie (RAT-Réserve d’Armée Territoriale)

Autres unités non endivisionnées :

-1ère & 7e division de cavalerie (une partie)

-19e brigade d'artillerie (une partie)

-4e régiment d'artillerie à pied (une partie)

-brigade du 1er régiment du génie

-brigades des 5e & 8e régiments du génie

-1er groupe d'aérostation

-19e escadron du train des équipages militaires

-20e section de secrétaires d'état-major  et  du recrutement

-22e et 24e section de commis et d'ouvriers militaires d'administration

-légion de gendarmerie de Paris

-légion de la garde républicaine de Paris

-régiment des sapeurs de Paris

-22e et 24 e section d'infirmiers militaires

Le 26 août 1914, le maréchal Gallieni est nommé gouverneur militaire de Paris : «  La veille, M. Messimy, ministre de la Guerre, m'avait convoqué dans son Cabinet et mis au courant de la situation militaire telle qu'elle résultait des télégrammes reçus du Grand Quartier Général. Les Anglais occupaient le front Cambrai-Cateau; la 5 e armée, général Lanrezac, tenait la Meuse vers Maubeuge et au delà ; la 4 e armée, général de Langle de Cary, s'étendait le long de la Meuse, mais n'avait pu prendre l'offensive, pas plus que la 3 e armée, général Rufïey, qui était également sur la Meuse, vers Montmédy ; le général Maunoury, avec son groupe de 3 divisions de réserve, avait essayé de déboucher sur le front Longuyon-Spincourt, mais sans résultat ; l'armée de Castelnau, 2 e armée, fortifiait le Grand-Couronné et couvrait Nancy dans de bonnes conditions ; quant à l'armée Dubail, elle avait dû abandonner l'Alsace. Le trait essentiel de la situation était la menace d'enveloppement de notre aile gauche par des forces considérables, dont le mouvement divergent de grande envergure semblait avoir surpris notre Grand Etat-major. Celui-ci, un peu trop dominé encore par les idées napoléoniennes, avait pensé pouvoir conjurer le danger et même profiter de ce qu'il croyait être une faute de l'ennemi ; il avait ordonné son offensive du 22 contre le centre de l'adversaire, mais il avait négligé l'expérience des dernières guerres de Mandchourie et des Balkans et lancé nos 5 e et 4 e armées contre les positions formidablement organisées avec tranchées, réseaux de fils de fer barbelés, abris de mitrailleuses, artillerie lourde, préparées par les Allemands entre la Sambre et la Moselle. Il en était résulté des pertes énormes et le rejet de nos forces sur la Meuse. Le général commandant en chef était donc justement préoccupé pour son aile gauche. Il marquait, dans ses télégrammes, son intention d'amener des renforts vers l'Ouest, au moyen de prélèvements faits sur nos troupes des Vosges et dû l'Alsace et d'ordonner un mouvement de recul vers le Sud.

Ce mouvement de retraite, qui nous faisait perdre la ligne de la Meuse et ouvrait à l'ennemi toute la région Nord de la France, était masqué par nos 'communiqués qui, depuis le commencement de la guerre, dissimulaient habilement nos insuccès et n'avaient nullement préparé le public à recevoir de fâcheuses nouvelles. Pour ne pas l'effrayer, on crut nécessaire de continuer dans la même voie, et les bulletins des derniers jours d'août ne pouvaient guère faire prévoir la retraite continue de nos armées et l'avance rapide des Allemands vers Paris

Le Ministre me fit connaître en même temps la situation défavorable du Camp retranché de Paris; on avait perdu un temps précieux depuis le premier jour de la mobilisation ; les forts et ouvrages n'étaient pas armés, les batteries extérieures des intervalles étaient à peine commencées et dans aucune les pièces n'étaient en place ; les abris à munitions n'existaient pas et les munitions elles-mêmes étaient toujours dans les magasins de secteurs, ne pouvant être transportées par la voie étroite en construction, à peine ébauchée ; les ouvrages d'infanterie, destinés à garnir les intervalles entre les forts et à couvrir les batteries, venaient à peine d'être piquetés sur le terrain.

De plus, les approvisionnements prévus par le journal de mobilisation de la place étaient insuffisants et il fallait encore plusieurs semaines pour les porter au complet ; enfin, et surtout, les 4 divisions et les 2 brigades territoriales, — une centaine de mille hommes — qui formaient la garnison du camp retranché, étaient des troupes sans cohésion, sans instruction militaire, insuffisamment encadrées et sur la valeur desquelles on ne pouvait guère compter si l'ennemi se présentait en force devant Paris ». (3)

 


 

Le jeudi 27 août 1914 les allemands approchent, (il y a des troupes anglaises à Senlis),

A noter pendant le séjour des troupes, la débauche de femme et de jeunes filles. La conversation des habitants roulera pendant de longs mois sur ce sujet. Une circulaire du Général Gallieni, annoncée par le garde champêtre, interdit la vente de toutes les boissons alcoolisées aux troupes du camp retranché de Paris. L’absinthe avait été supprimée au début de la guerre. (7)

Le 27 août 1914, le trafic ferroviaire est interrompu sur la ligne de Valmondois; le dernier train quitte Saint-Leu le soir, au milieu d’une foule affolée.

Le dernier train qui arriva à Saint-leu avec quatre heures de retard : « Perdu au milieu d’une foule très dense, qui attendait sur le quai encombré de colis à main de toutes sortes, emportaient ce qu’ils avaient de précieux, laissant derrière eux leur maison  et tout ce qu’ils aimaient. Un train composé de fourgons fut envahi par la foule, accrue à chaque station : le spectacle était lamentable. Ce voyage dura plus d’une heure. (7).

(Par la suite c’est par la ligne de Pontoise, station de Beauchamp, qu’il était possible de communiquer avec Saint-Leu).

Le jeudi 27 août 1914, le service des trains est supprimé, la Compagnie des chemins de fer du nord prit alors une mesure qui exerça sur le moral de la population de cette partie de la banlieue une influence déprimante : le personnel de la compagnie fut licencié ; les chefs de gare reçurent l'ordre de déménager leurs archives et d'enlever leur appareils télégraphiques. (7)

L'hôpital auxiliaire N°104 de Saint-Leu est sur le point de fermer. (7)

Le vendredi 28 août 1914, les journaux publièrent le fameux communiqué annonçant que le front s'étendait « de la Somme aux Vosges » ... optimistes, d’aucuns voulaient croire à une coquille et lisaient « au sommet des Vosges » !! …Il fallut se rendre à l’évidence …(2) 

Etonnement général. Commencement de la panique. Il arrive à Taverny quelques réfugiés de la région de Péronne. Un bruit fantaisiste circule : les allemands auraient pillé Lille et l’auraient incendié. (8)

Vendredi 28 août 1914 passent à Senlis deux régiments de tirailleurs marocains,

Samedi 29 août 1914 une patrouille d’Uhlans est venue jusqu'à Pont-Ste-Maxence

Le 29 août, je suis chez le Ministre à 8 h. 1/2. Il m'informe que la brigade de marins, malgré l'opposition de M. Hennion, est mise à ma disposition. J'écris au général Joffre pour lui exposer la situation du Camp retranché de Paris et ma manière de voir sur le rôle et sur la défense de la Place. J'insiste sur ce fait que, Paris n'étant nullement organisé au point de vue de sa défense, je ne puis espérer résister aux entreprises de l'ennemi qu'au moyen d'une armée active d'opération, dont je demande l'envoi d'urgence. (3)

J'avais convoqué pour 10 heures à mon Cabinet le général Désaleux, commandant l'artillerie du Camp retranché et l'intendant général Ducuing, directeur des ravitaillements.

Le premier ne me cache pas que la situation de son service est des plus précaires : les batteries ne sont point terminées, les pièces sont encore dans les forts, les munitions également, les moyens de transport manquent pour les amener dans les batteries, celles-ci sont généralement construites sur des emplacements mal défendus par les ouvrages d'infanterie, et, par suite, très exposées. Enfin, notre matériel d'artillerie de place, composé de pièces de 155, 120, 95 et 90, est suranné et porte à des distances bien inférieures à celles des pièces allemandes des parcs de corps d'armée. Si nous ne pouvons remédier à ce dernier et grave inconvénient, il est possible, au moins, de hâter la construction des ouvrages, la mise en place dos pièces et le transport des munitions. Je donne des ordres précis à ce sujet au général Désaleux et je prescris d'utiliser tous les moyens de transport disponibles, en réquisitionnant les autos et taxi-autos de la capitale. (3)

Mêmes instructions à l'intendant général Ducuing au sujet du ravitaillement de Paris ; les lignes de communication étant encore libres, il faut en profiter pour faire diriger sur la capitale le plus d'approvisionnements possible en vivres, charbon, etc. ; et à l'intendant général Burguet pour l'habillement, l'équipement, etc. En somme, au point de vue des vivres, avec la situation actuelle, Paris, s'il était investi, pourrait tenir trois mois. (3)

Dimanche 30 août 1914 on entend le canon, les troupes anglaises quittent Senlis et se dirigent sur Compiègne

Paris, le 30 août 1914. A Monsieur le Ministre de la Guerre,

« Monsieur le Ministre,

« Ayant été nommé, par décret de Monsieur le Président de la République du 26 août 1914, Gouverneur militaire de Paris et commandant des armées de Paris, j'ai pris mes fonctions le jour même.

«Vu que les événements paraissent vouloir se précipiter et que la situation pourrait devenir critique avant peu, je me dois à moi-même de vous faire connaître les conditions exactes du Camp retranché au moment de ma prise de pouvoir il y a 3 jours. J'ajoute immédiatement que, par là, je n'entends nullement me soustraire à ma responsabilité que je sais très lourde. Je ferai mon devoir, tout mon devoir, jusqu'au bout, mais il était nécessaire que cette situation fût précisée maintenant ; la voici :

« Garnison. — A ce moment-là, la garnison comportait :

« 1°

Quatre divisions et une brigade territoriales ;

« La 83 e occupe Paris intra-muros (enceinte des anciens forts) ; f]

« La 86 e occupe la région Nord (Q. G. Pierrefitte);

« La 85 e occupe la région Est (Q. G. Villiers-sur- Marne) ;

« La 89 e occupe la région Sud (Q. G. Versailles);

« La 185 e brigade occupe l'intervalle S. 0. (Q. G. Choisy-le-Roi).

« Chaque division dispose de deux escadrons de cavalerie et d'un groupe de batteries.

« Toutes ces troupes, employées surtout jusqu'à ce jour comme travailleurs, sont à peu près sans instruction. La plupart des unités n'ont pas encore tiré à la cible. |g

 «2°

10 escadrons de cavalerie en dehors des divisions.

«3°

6 groupes de batteries de sortie. Plusieurs batteries manquent encore des harnachements nécessaires pour les attelages. Ces troupes occupent des cantonnements relativement étendus, choisis surtout en vue des conditions hygiéniques et de manière à faciliter l'instruction des unités. Le service de garde y est réduit au cerclage des cantonnements.

« Il y a en outre, à Paris, les dépôts des régiments de cavalerie et d'artillerie qui se mobilisent dans le gouvernement militaire de Paris, et les dépôts du train des zouaves.

« Enfin 5.000 fusiliers marins ont été amenés pour renforcer les forces de police. Ils ne comptent pas jusqu'à présent pour la défense de Paris.

« Armement. — Le nombre de pièces est de 2.924 dont :

« 148 affectées aux équipages de siège;

« 72 aux batteries de sortie ;

« 908 à l'armement disponible.

« Les mitrailleuses sont au nombre de 276, dont 240 dans les corps et 36 en réserve d'armement. 144 sont en outre affectées à la défense fixe.

« Il existe un déficit de 77 mitrailleuses.

« Les armes portatives comportent :

« 50.553 fusils modèle. 1886 ;

« 36.059 fusils modèle. 1874 ;

« 6.582 carabines ou mousquetons ;

« 1.456 revolvers.

« Les munitions sont à peu près au complet comme nombre. Une dotation au titre des équipages de siège pourra venir en renforcement.

« Il y a quelques déficits sur les poudres et sur les fusées de diverses espèces. Les batteries, magasins à projectiles, etc. sont en construction. Mais leur état d'avancement est en retard sur les prévisions du journal de mobilisation.

« L'armement des batteries est rendu très difficile en raison de la pénurie presque complète des voies de 0,60. On s'occupe d'en réquisitionner les éléments disponibles dans divers endroits et d'en faire fabriquer de neufs ; mais il existe un gros déficit de ce côté. Beaucoup de batteries sont mal placées et insuffisamment protégées. Les communications téléphoniques n'existent pas.

« Travaux du génie. — Les travaux du génie sont en retard sur les prévisions du journal de mobilisation. On a opéré par marches conclus selon les formes du temps de paix ; les ouvriers manquent, quittent les chantiers pour aller ailleurs, etc., le travail n'avance pas. Le retard est surtout marqué dans le secteur Est.

 « Approvisionnement. — Les approvisionnements de siège se rassemblent à peu près suivant les prévisions du journal de mobilisation. Mais les transports de ces approvisionnements sont assez difficiles par suite des difficultés de se procurer du matériel roulant par les moyens ordinaires ou la réquisition. Il serait nécessaire de constituer des équipages de transport. De ce chef, certaines gares sont encombrées.

« L'approvisionnement des troupes en vivres est satisfaisant. Mais les ressources en habillement manquent. Des commandes importantes ont été faites. Les livraisons ont commencé. Elles deviendront abondantes vers le 31 août, où 30.000 collections environ seront disponibles.

« En résumé, les seules troupes dont nous disposons sont des troupes territoriales, elles n'ont encore ni instruction, ni cohésion. De plus, elles sont insuffisantes. On peut donc dire qu'à l'heure qu'il est les secteurs ne sont pas défendus et ne peuvent pas l'être.

« Les ouvrages de fortification sont loin d'être achevés. De plus, un bon nombre sont mal placés et en avant des centres de résistance. Il est trop tard pour remédier à cette situation. Les pièces ne seront prêtes à tirer que dans 5 ou 6 jours, et encore dans de très mauvaises conditions, puisqu'il n'existe ni planchettes de tir, ni les communications téléphoniques nécessaires. Enfin le matériel est ancien, démodé et les projectiles, pour la très grande majorité, en poudre noire. Les canonniers territoriaux sont sans instruction et peu préparés à leur rôle.

« J'ajouterai que toutes les mesures ont été prises pour remédier dans la mesure du possible à cette situation précaire qui ne pourra que s'améliorer si nous avons du temps devant nous, temps que j'évalue, pour les ouvrages et les batteries, à une quinzaine de jours au moins.

« En résumé, ce serait s'illusionner gravement que de croire que le Camp retranché de Paris serait capable actuellement de présenter une résistance sérieuse si l'ennemi se présentait d'ici peu de jours devant la ligne de nos forts extérieurs. J'ajoute d'ailleurs qu'il faudrait au moins 3 ou 4 corps d'armée de l'active pour faire une défense efficace qui pourrait être de grand secours pour le gros de notre armée.

« Signé : Gallieni. » (3)

La journée du 30 août fut une journée grave. Le matin, je suis convoqué de bonne heure par M. Millerand qui m'annonce que la situation devient mauvaise et que les Allemands s'approchent rapidement de Paris. Il me demande mon avis sur le moment auquel le gouvernement devra quitter Paris. Je lui demande à téléphoner avant tout au général Joffre. Celui-ci me dit que la situation, en effet, n'est pas bonne, que la 5 e armée a progressé hier, après avoir attaqué vigoureusement l'ennemi, mais que les Anglais n'ont pas bougé. Aujourd'hui, au contraire, ils attaquent à leur tour, mais ces actions décousues ne peuvent ralentir la poursuite de l'aile droite allemande. Je lui rends compte de la situation du Camp retranché qui n'est pas préparé à recevoir une attaque d'une certaine importance et de la nécessité de constituer une armée suffisamment forte pour pouvoir livrer bataille en avant de Paris, en même temps qu'on poussera avec la dernière urgence les travaux de défense sur tous les fronts. Il me répond qu'il ne peut me donner que 3 corps d'armée, et encore pas complets, et composés en grande partie de divisions de réserve. J'ai l'impression qu'il considère Paris comme sacrifié et qu'il ne veut pas se démunir des forces composant ses armées, poursuivies depuis la Belgique et la Meuse. (3)

Dans l'après-midi, je commence mes inspections dans le Camp retranché, accompagné du général Mercier-Milon, commandant la région Nord, aujourd'hui la plus menacée par l'ennemi ; je m'arrête d'abord à Pierrefitte, quartier général du général Meynial, commandant la division territoriale, auquel je donne mes instructions au sujet des travaux, de l'instruction intensive de tous et des mesures de surveillance à prendre contre l'ennemi. Je visite ensuite les forts de Saint-Denis et d'Ecouen. Partout, on travaille activement : on retire les pièces des casemates pour les diriger vers les batteries extérieures, on dégage les abords des ouvrages, on transporte les munitions. Tous les habitants des localités voisines, même les plus âgés et les moins aptes à ces travaux, sont réquisitionnés et manient la pioche et la hache- Mais nous sommes bien en retard. (3)

Je réunis à nouveau les chefs de services du Camp retranché pour les mettre au courant de la situation de plus en plus grave, et leur demander de hâter encore, en prenant les mesures les plus énergiques, les travaux dont ils sont chargés. Je suis convoqué à 3 heures à l'Elysée. Je suis reçu de suite par le Président. Il est toujours aussi froid et aussi réservé, mais il semble très préoccupé, inquiet même. Il me demande combien de temps Paris peut tenir et, à mon avis, à quel moment le gouvernement doit quitter la capitale. Je réponds, comme au ministre de la Guerre, que ]e Camp retranché, ayant été complètement négligé depuis le premier jour de la mobilisation, n'est nullement préparé à recevoir le choc d'un ennemi entreprenant, que les batteries ne sont pas armées, que les munitions ne sont pas en place, que les ouvrages d'infanterie sont à peine commencés, que le ravitaillement et les approvisionnements ne sont pas au taux fixé par le journal de mobilisation, que les troupes territoriales composant la garnison sont en nombre insuffisant et sans instruction militaire sérieuse; bref, que Paris n'est nullement préparé à soutenir un siège et qu'il est indispensable, ainsi que je l'ai déjà demandé plusieurs fois, de mettre à ma disposition une armée composée de troupes actives, peur livrer bataille en dehors des limites du camp retranché. De toute manière, le Gouvernement devait se tenir prêt à quitter Paris le plus tôt possible. (4)

Dans Paris, malgré le ton des communiqués toujours si optimistes, l'émotion commençait à se répandre. Les Invalides étaient assiégés par une foule de personnes demandant des laissez-passer pour partir. De longues queues de voyageurs se pressaient aux guichets des gares pour retenir leurs places. Les Compagnies, afin de pouvoir satisfaire aux demandes des voyageurs, se contentaient de faire des trains militaires avec une seule classe. C'est ainsi qu'il partit près de cinq cent mille personnes en moins d'une semaine. Ce qui contribua encore à augmenter le malaise dans la capitale, ce fut la venue des avions allemands. Le Grand Quartier Général avait jugé à propos d'enlever au Camp retranché les 2 escadrilles d'avions militaires qui y avaient été constituées, de sorte que les « tauben » avaient le champ libre pour leurs entreprises. Plusieurs bombes? furent lancées, tuant deux personnes. (3)


Le 30 août 1914 dans la journée un avion allemand « Taube » passe et va jeter des bombes sur Paris. Le soir nous apprenons le combat de Guise, ce qui donne beaucoup de lueur d’espoir, mais de courte durée. Il est facile de constater que les allemands avancent rapidement. (8)

Dès le 30 août 1914, un Taube (avion monoplan allemand) survole Paris, largue quatre bombes – qui ne feront ni mort ni blessé -, déverse de nombreux tracts et une oriflamme aux couleurs allemandes. (9)

La nuit, Paris a déjà pris l'aspect d'une ville en état de guerre. L'éclairage est réduit partout et, seuls, les projecteurs de la Tour Eiffel et des postes de l'enceinte percent l'obscurité au-dessus de la ville. (3)

Le lundi 31 août 1914 les allemands sont signalés à Roye et Noyon

Le 31 août 1914, les allemands sont du côté de Beauvais, Clermont, Compiègne et Villers-Cotterêts. La défense française s’organise autour de Creil et Pontoise. L’armée commandée par le général Maunoury se concentre sur cette position et les batteries d’artillerie de la zone fortifiée de Paris s’apprêtent à entrer en action. (7)

Le 31 août, à 7 heures du matin, je vais prendre le ministre de la Guerre et, accompagnés par les commandants du génie et de l'artillerie du Camp retranché et par les commandants des régions et de divisions territoriales qui les occupent, nous allons visiter la région nord, la plus menacée, les forts de Vaujours et d'Ecouen ainsi que les nombreux ouvrages, batteries, tranchées d'infanterie, qui garnissent les intervalles. On travaille partout avec la plus grande activité, mais ce n'est pas suffisant. Il faut se hâter encore, et c'est ce que tout le monde comprend, officiers, soldats et même les travailleurs civils réquisitionnés qui creusent la terre, abattent les arbres qui gênent la vue, posent les fils de fer, etc. Je donne sur place toutes les instructions pour augmenter encore le nombre des travailleurs et utiliser toutes les ressources comme moyens de transport, y compris les taxi-autos réquisitionnés. Il faut que nos batteries soient prêtes à tirer dans deux jours et qu'elles possèdent déjà un approvisionnement de munitions suffisant pour faire face à un tir d'une centaine de coups par pièce. On ne se doutera jamais de l'énorme effort qui aura été donné pendant ces quelques jours par tous sous la menace de l'approche des Allemands. (3)

Les convois de l'armée anglaise commençaient à se montrer sur la Basse Seine et le général Maunoury, avec la 6e armée, tenait le front Chaumont-en-Vexin-Compiègne. Et déjà, on commence à voir refluer vers Paris de nombreux convois de réfugiés ! (3)

L’avancée allemande

Le coup de boutoir de Guise paraît avoir désorienté le Haut Commandement allemand.

L'extrême droite, l'armée von Klück qui, jusqu'au 30 août 1914, marchait à grandes journées vers le sud-est, vers Paris, et était arrivée sur la ligne Amiens-Moreuil-Hangest en Santerre-Roye, fait un crochet, le 31 août 1914, et se dirige sur Compiègne et Meaux.

javascript:;L'affaire de Guise a prouvé qu'il ne saurait encore être question d'enlever Paris, mais qu'il faut, à tout prix, mettre hors de cause cette 5e armée française qui a eu assez de vigueur pour faire reculer la Garde. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914).

Le 31 août, les Allemands sont signalés à Roye et Noyon. (Bataille de Senlis)

lundi 31 août 1914 l'affolement grandit, le soir le 13e territorial vient cantonner à Senlis en provenance de Compiègne,

Le lundi 31 août 1914, je vais à la mairie me faire délivrer deux sauf-conduits pour ma mère et moi. Nous nous rendons à Pontoise à l’enterrement d’un oncle. Il y a foule à la mairie pour demander des laissez-passer. Le public commence à quitter Taverny. A Pontoise, je remarque que la population est encore plus affolée ; tous les visages sont graves et tristes. Des chaines sont tendues rue de Gisors, pour arrêter les automobilistes, on trouve des espions partout. Dans la rue Basse nous voyons des Anglais qui se replient. Les Pontoisiens leur donnent des provisions et de l’argent. La gare de Pontoise est pleine de malles et de paquets. Une foule affolée part précipitamment. Des trains de fortune sont formés, nous assistons à l’embarquement de ces pauvres gens dans des fourgons à bestiaux. Des réfugiés belges sont réexpédiés plus loin. Un officier voyant l’aspect de la gare s’écrie : « On se sauve ici, tas d’idiots ». (8)

Le 31 août 1914 en fin de journée un avion « Taube » passe et va jeter des bombes sur Paris

Le but de ce raid n’est pas de faire des victimes (les bombes ne font que deux kilos), mais participe de ce qu’on appelle la « guerre psychologique ». (9)

Le conclave est réuni à Rome dans la Chapelle Sixtine à partir du 31 août 1914 pour l’élection d’un nouveau pape.

Le 1er septembre, après avoir bousculé les forces anglaises à Compiègne, les allemands sont aux portes de Senlis occupant Pont-Sainte-Maxence, Verberie, Béthisy, et Crépy en Valois.

La 56e Division d'Infanterie en position aux alentours de Senlis est menacée d’encerclement. Elle se replie alors sur Pontarmé-Mortefontaine, laissant la défense de Senlis à la seule 112e brigade positionnée sur une ligne Chamant-Mont l’Évêque.

Lorsque la présence de l’ennemi fut signalée à une dizaine de kilomètres de Taverny, beaucoup d’habitants de cette commune et des localités avoisinantes quittèrent la région pour aller soit à Paris, soit ailleurs afin de fuir l’envahisseur et d’éviter les conséquences d’une invasion possible. Au début de septembre, à Taverny, rue de Vaucelles, il restait cinq hommes seulement non mobilisables. Le grand nombre d’habitations abandonnées, les propriétés et les cultures sans surveillance avaient besoin d’être protégées. La municipalité fit appel à la bonne volonté des hommes que l’âge ou les infirmités tenaient éloignés des champs de bataille et chaque nuit, d’après un roulement établi, ils allaient, pour la plupart armés, faire des rondes à travers le pays afin de s’assurer que les malfaiteurs ne mettaient pas à profit l’absence des habitants pour s’emparer des choses ou des biens laissés à leur discrétion. Il convient de dire que jamais les miliciens n’eurent l’occasion de faire respecter les propriétés. Plus tard, quelques régiments territoriaux vinrent cantonner à Taverny et Saint-Leu ; des postes furent placés aux croisements des routes et aux passages à niveau des voies ferrées. Les nuits furent alors troublées par des appels des sentinelles : « halte-là - Qui vive ? ». Piétons et voitures étaient arrêtés et devaient, avant de poursuivre leur route, donner des explications satisfaisantes. On était en guerre ; la crainte des espions échauffait le cerveau de quelques exaltés qui en voyaient partout ; des précautions indispensables étaient nécessaires. L’état de siège était alors appliqué dans toute sa rigueur. (7)   

Le 1er septembre, je prends contact avec les troupes qui se rabattent sur Paris et qui, placées sous mes ordres directs, sont destinées à en former la garnison. Avant tout, il fallait étudier le terrain qui, au nord de Paris, pouvait servir de champ de bataille éventuel contre l'armée du général von Kluck, la 1ère armée, qui s'avançait, à marches forcées, vers la capitale. Accompagné du général Clergerie, mon chef d'Etat-major, du commandant Moreigne, chef de mon 3 e bureau, je me rends sur le massif de l'Hautil, longue croupe qui s'étend entre l'Oise et la Seine et constitue le réduit de la défense dans cette région. Après avoir exploré tout le massif, je me rends à Pontoise, déjà encombré par des détachements de toutes armes, circulant en désordre sur les routes, souvent sans chefs et sans liens tactiques. J'arrête ainsi un groupe d'hommes et je les interroge. Ils étaient dans les environs d'Arras, d'où, pour échapper à la poursuite de l'ennemi, ils s'étaient dirigés vers Paris, sans savoir où étaient leurs régiments et la division de réserve à laquelle ils appartenaient. Ce n'est qu'en approchant de Beauvais qu'ils avaient appris qu'il fallait se diriger sur Pontoise. (3)

Notre automobile s'engage d'abord sur la rive droite de l'Oise, mais, les uhlans étant signalés de ce côté, nous repassons sur la rive gauche. La plus grande émotion règne dans le pays. Nous rencontrons de nombreuses voitures portant des hommes, surtout des enfants et des femmes, avec des objets mobiliers, matelas, berceaux; des groupes de paysans poussent devant eux quelques bestiaux, tous portent sur le visage les signes de la terreur et du désespoir. On fuit devant l'invasion, devant les colonnes allemandes qui ont donné à la guerre ce caractère d'horreur et de cruauté que la postérité reprochera toujours à nos ennemis. (3)

Je trouve le général Maunoury à son quartier général, à la mairie de Creil. La ville est encombrée et tous les locaux de la mairie sont, comme à Pontoise, envahis par une foule de militaires et d'habitants qui gênent la circulation et nuisent au bon fonctionnement du service d'Etat-major.  Le désordre le plus complet règne partout : les escaliers sont encombrés, non seulement par les soldats de toutes armes, venus aux renseignements, mais encore par un nombreux public, que l'affolement a saisi et qui se prépare déjà à fuir Pontoise et l'ennemi qui approche. C'est moi qui dois donner l'ordre aux gendarmes de faire évacuer les escaliers et les locaux où se sont installés les bureaux de l’Etat-major. (3)

Je rentre rapidement à Paris, et me rends de suite chez le ministre de la Guerre. Celui-ci m'informe que le Gouvernement a décidé de quitter Paris le 2 septembre, me laissant tous les pouvoirs civils et militaires. Je lui demande s'il ne reste pas au moins un membre du Gouvernement. Je resterai seul, ayant pour collaborateurs le préfet de la Seine et le préfet de police, M. Laurent, qui venait de remplacer M. Hennion, démissionnaire pour raisons de santé. (3)

De suite après, je me mets en relations téléphoniques avec le général Joffre : il me confirme que nos armées battent en retraite devant les Allemands et que son aile gauche, 5 e armée, est menacée d'être débordée par suite de l'inaction des Anglais qui a ne veulent pas marcher ». Je lui rends compte encore une fois de l'état précaire du Camp retranché, qui va être découvert par suite du mouvement de retraite des Anglais. Il me dit qu'il met à ma disposition la 6 e armée (4 divisions de réserve, 1 division du 7 e corps et une brigade marocaine), plus, sur la demande du Conseil des Ministres, la 45 e division algérienne et le 4 e corps qui vient de Verdun et commencera à débarquer le 3 septembre dans le sud du Camp retranché. J'insiste encore sur la nécessité de nous donner les forces suffisantes pour couvrir défendre Paris. Le général Joffre me répond que, très pressé lui-même sur tout son front, il ne peut faire plus. (3)

Le mardi 1er septembre 1914, la moisson est faite pratiquement sans chevaux (réquisitionnés)

Le 1er septembre, après avoir bousculé les forces anglaises à Compiègne, ils sont aux portes de Senlis occupant Pont-Sainte-Maxence, Verberie, Béthisy, et Crépy en Valois.

La 56e Division d'Infanterie en position aux alentours de Senlis est menacée d’encerclement. Elle se replie alors sur Pontarmé-Mortefontaine, laissant la défense de Senlis à la seule 112e brigade positionnée sur une ligne Chamant -Mont l’Évêque. (Bataille de Senlis)

Mardi 1er septembre 1914 une patrouille d’Uhlans a été vue à Fleurines, le canon fait rage jour et nuit,

Mardi 1er septembre 1914 après avoir bousculé les forces anglaises à Compiègne, ils sont aux portes de Senlis occupant Pont-Sainte-Maxence, Verberie, Béthisy et Crépy en Valois,

La 56e division d'infanterie en position aux alentours de Senlis est menacée d'encerclement, elle se replie alors sur Pontarmé-Mortefontaine, laissant la défense de Senlis à la 112e brigade positionnée sur la ligne Chamant-Mont l'évêque.

Le mardi 1er septembre 1914 la VIe Armée Française prend position entre l’Oise et la Nonette. Pour couvrir le nœud ferroviaire de Pontoise, les 61e et 62e division de réserve s’y établissent et la ville connaît bientôt une confusion étonnante. Les Pontoisiens partent en exode. (4)

En passant devant la gare, je constate que le quai est noir de monde. Tous ces fugitifs sont chargés de paquets. (8)

Le 1er septembre 1914 en fin de journée encore un « Taube » passe et va jeter des bombes sur Paris

D’autres rares incursions aériennes auront lieu au-dessus de la capitale jusqu’en juillet 1915, elles ne feront pas de gros dégâts (les avions ne disposent pas encore d’appareil de visée), leur objectif consiste avant tout à démoraliser « l’arrière ». (9)

Joffre, dès le 1e septembre 1914, dans son Instruction générale, il dessine le cadre de la situation stratégique dans laquelle il compte, bon gré malgré, et quoi qu'il arrive, enfermer l'adversaire.

Avant tout, un cruel sacrifice s'impose : l'abandon délibéré à l'invasion d'une large zone du territoire national. Il faut, en effet, soustraire l'aile gauche de la 5e armée à l'enveloppement dont Klück la menace et reconquérir sa liberté de manœuvre en gagnant du champ.

On reculera donc on pivotera à droite sur le point fixe de Verdun et, par une vaste conversion, nos armées seront amenées, s'il le faut, jusque sur la ligne Pont sur Yonne-Nogent sur Seine-Arcis sur Aube-Bar le Duc, ligne sur laquelle les envois des dépôts et des arsenaux permettront la préparation d'une offensive décisive.

Qui ne voit le piège ?

Tout pas en avant va mettre l'ennemi dans une situation stratégique défavorable. S'il veut attaquer les grands camps retranchés de Paris et de Verdun qui appuient les ailes de la ligne française, il affaiblit son centre et l'expose à une attaque de rupture. S'il néglige ces camps retranchés pour attaquer la ligne française, il expose ses flancs à une double manœuvre enveloppante préparée à l'abri des forteresses

Trois dispositions rendent possible l'exécution de ce plan

1*  Verdun reçoit une garnison qui lui permettra de soutenir un siège;

2* Une 9e armée est créée, formée d'éléments puisés dans la 4e armée (9e et 11e Corps, 52e et 60e divisions réserve, 9e division de cavalerie) et dans la 3e armée (42e division)

Le général Foch la commandera et viendra l'intercaler entre les 4e et 5e armées, pour fortifier notre centre

3* Joffre demande et obtient que le camp retranché de Paris soit placé sous son commandement afin que l'unité de direction soit assurée sur ce point décisif.

Paris n'est pas encore en état de se défendre, mais on y travaille avec ardeur. Des milliers de travailleurs s'emploient à creuser des tranchées, à construire des épaulements, à créneler des murs. La garnison, nombreuse, est à pied d’œuvre ou va y être.

Ce sont les 83e, 85e, 86e, 89e, 92e divisions territoriales,  la 185e brigade territoriale, la brigade de cavalerie Gillet, les fusiliers marins venus des ports, la 45e division arrivée d'Algérie.

La 6e armée du général Maunoury y est appelée d'Amiens et doit être renforcée. Cette armée comprend pour le moment le 7e Corps et le groupe de Lamaze (une division active et trois divisions de réserve) et le Corps de cavalerie Sordet. Le groupe Ébener (61e, 62e divisions, de réserve) se reconstitue près de Pontoise. Mais, il y a homme à Paris un homme, une énergie, une flamme : c'est Gallieni (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)


 

Le 2 septembre 1914, les allemands occupent Chantilly, Senlis et Ermenonville ; une patrouille allemande se présente devant le pont de Creil. (7)

mercredi 2 septembre 1914 le canon fait rage, les allemands sont proches, à 14heures, arrivée des allemands dans Senlis par la route en provenance de Compiègne, premiers morts (obus) Accrochage dans Senlis avec la brigade Marocaine qui couvre l’arrière de l’Armée Française (55eDI & 56eDI + 361e RI) INCENDIE de la moitié de la ville de Senlis et prise en otage de 6 personnes ainsi que le maire monsieur Odent, ils seront exécutés dans la soirée à Chamant, (les pieds du maire sortent de la tombe creusée rapidement)

Le 2 septembre, les Allemands investissent Senlis après trois jours de combats acharnés et se livrent à des incendies et à des exécutions d’otages. Ils sont désormais à 40 kilomètres du centre de Paris (5)

Le 2 septembre 1914 un long convoi d’automobiles d »file. Nous voyons des autos de commerce, des camions et des autobus à étage. D’après les inscriptions, nous constatons que ces automobiles viennent du nord de la France. Le soir des Dragons font boire leurs chevaux à la fontaine en face de chez moi et sont heureux de nous faire voir des balles prussiennes. Un cheval est blessé d’un coup de lance à la tête. Ces cavaliers reviennent de Belgique. (7)

Nord de Paris, 2 septembre 1914 :

 « …Tous les habitants quittent leur pays pour échapper aux troupes allemandes. C’est un spectacle vraiment touchant de voir tous ces pauvres gens, vieillards se traînant péniblement, jeunes mères portant leurs enfants dans les bras ou les traînant dans une voiture sous une chaleur caniculaire.

Les vieux territoriaux organisent la défense de Paris ; des champs de poiriers tout entiers sont abattus pour faire un bouclier à nos fantassins.

On devine qu’on a l’intention d’arrêter l’invasion par là. »

Le 2 septembre 1914 l’affolement est à son comble à Taverny. La population diminue à vue d’œil. Il est vrai que  depuis quelques jours des émigrés défilent sans cesse. Toute la journée la journée la rue est pleine de voitures chargées de meubles et d’effets. Des femmes poussent des voitures d’enfant, non seulement chargées de leur progéniture, mais d’objets de première nécessité. Des hommes portent de lourds paquets. Des pauvres petits enfants pleurent et traînent la jambe. Je remarque que parmi ces voitures, camions, brouettes etc., il y avait beaucoup d’oiseaux dans les cages, des chiens, des chats et même des fleurs. Le spectacle est vraiment triste. La plupart de ses malheureux sont du département de l’Oise. Des semeurs  de panique passent et racontent des choses invraisemblables. Ces gens ont vu des prussiens partout à Creil, à Beaumont, à l’Isle-Adam et Auvers. Un commerçant de l’Isle-Adam vient en automobile annoncer que les Uhlans sont à Beaumont. (7)

Pour la quatrième fois, Paris est bombardé par un taube. (8)

La bataille de Senlis, dans l'Oise, qui eut lieu le 2 septembre 1914, est une bataille charnière entre la Grande Retraite et la première bataille de la Marne. Cette bataille, qui eu lieu aux portes de l’Île-de-France est indicatrice de la sauvagerie et des crimes de guerre qui eurent cours lors de cette Première Guerre mondiale et qui est très peu connue

Le 2 septembre au matin un combat d’artillerie a lieu entre les batteries françaises, placées sur les hauteurs au nord-est de Senlis, et les batteries du IVe corps allemand positionnées sur les hauteurs de Montépilloy, évacuées par les troupes anglaises.

En fin de matinée, sous le feu de l’ennemi, une partie de la 112e brigade se replie sur une ligne de défense comprenant 2 lignes de tranchées située au Sud de Senlis de part et d’autre de la Route nationale, un peu au Sud de l'hôpital.

En fin d’après-midi les dernières troupes françaises, qui ont repoussées plusieurs assauts, quittent Senlis en combattant suivies de près par l’avant-garde allemande. Celle-ci est accueillit par un feu nourrit du 350e Régiment d'Infanterie qui tient les tranchées au Sud de l'hôpital et est obligée de se retirer précipitamment.

Les Allemands surpris et enragés d’avoir eu affaire à forte partie, prennent des otages dont le maire.

Après avoir réuni une forte troupe, les envahisseurs sortent de Senlis, poussant devant eux un groupe d’otages civils français. Plusieurs otages ayant été touchés, les troupes françaises cessent alors de tirer, avant qu’un combat acharné commence. Les Français résistent courageusement, repoussent l’assaut et commencent un mouvement de repli faute de munitions.

Toutefois ce sont les Allemands qui sont obligés de reculer dans la ville après une contre-attaque du 350e Régiment d'Infanterie laissé en couverture.

Le 350e Régiment d'Infanterie, ayant accompli sa mission de couverture, se retire du front Senlis -Borest et s’installe dans la région de Dammartin en Goele.

Le 2 septembre 1914, en début d’après-midi, une mission de reconnaissance est réclamée d’urgence par le général Gallieni, Louis est abordé par le lieutenant Watteau qui cherche un pilote pour l’accompagner. Son avion est prêt ; il fait démonter la mitrailleuse trop lourde et embarque son observateur avec un fusil mousqueton pour toute arme. Louis fixe une carte sur son genou et trace l’itinéraire à suivre : forêt de Compiègne par Dammartin, Crépy-en-Valois, et retour par Villers-Cotterets et Meaux.

Décollage de Villacoublay et montée à 1200 mètres pour éviter le tir des mitrailleuses ennemies.

Louis raconte cette journée dans une lettre à son frère: « … En approchant de Meaux, nous apercevons se profilant dans le ciel, un biplan qui se dirige sur nous à notre hauteur. Est-ce un ennemi ? Je pique sur lui ; lorsqu’il est plus près, je constate qu’il s’agit d’un biplan à moteur avant. Les anglais en possèdent et je suppose que c’est un Bristol de l’armée britannique.

Arrivé à proximité, son équipage nous fait de grands signes de bras auxquels nous nous disposons à répondre également ; nous nous croisons de très près. Soudain, nous distinguons la croix noire peinte sur le flanc du fuselage.

Watteau saisit son mousqueton, l’épaule ; j’amorce un virage pour me lancer à la poursuite de l’ennemi ; mais il est déjà loin et fuit vers le Nord sans aucune velléité de combat.

C’était un Albatros qui venait de jeter deux bombes sur Paris.

Conformément aux ordres formels reçus au départ, nous n’engageons pas la poursuite, et nous rejoignons Villacoublay où un officier d’ordonnance du Général Gallieni, le capitaine Magnin, nous attend avec impatience…

Au sud de la forêt de Compiègne ils aperçoivent un nuage de poussière provoqué par les troupes allemandes qui font route vers l’Est, et semblent contourner Paris.

Cette reconnaissance historique qui provoque la réaction géniale de Gallieni : il réquisitionne les taxis parisiens qui, durant la nuit, transportent toutes les troupes disponibles pour attaquer par surprise le flanc de l’armée Von Klück et gagner la victoire de la Marne.

Louis reçoit les félicitations du gouverneur militaire de Paris et sera ultérieurement décoré de la Croix de Guerre.

La bataille de Senlis, dans l'Oise, qui eut lieu le 2 septembre 1914, est une bataille charnière entre la Grande Retraite et la première bataille de la Marne. Cette bataille, qui eu lieu aux portes de l’Île-de-France est indicatrice de la sauvagerie et des crimes de guerre qui eurent cours lors de cette Première Guerre mondiale et qui est très peu connue.

Lors de la bataille des Frontières, les troupes allemandes bousculent et désorganisent les troupes franco-anglaises qui sont contraintes de reculer. La Grande Retraite commence. Les troupes allemandes qui poursuivent les troupes alliées arrivent aux abords de Paris. (Bataille de Senlis)

Le 2 septembre au matin un combat d’artillerie a lieu entre les batteries françaises, placées sur les hauteurs au nord-est de Senlis, et les batteries du IVe corps allemand positionnées sur les hauteurs de Montépilloy, évacuées par les troupes anglaises.

En fin de matinée, sous le feu de l’ennemi, une partie de la 112e brigade se replie sur une ligne de défense comprenant 2 lignes de tranchées située au Sud de Senlis de part et d’autre de la Route nationale, un peu au Sud de l'hôpital.

En fin d’après-midi les dernières troupes françaises, qui ont repoussées plusieurs assauts, quittent Senlis en combattant suivies de près par l’avant-garde allemande. Celle-ci est accueillit par un feu nourrit du 350e Régiment d'Infanterie qui tient les tranchées au Sud de l'hôpital et est obligée de se retirer précipitamment.

Les Allemands surpris et enragés d’avoir eu affaire à forte partie, prennent des otages dont le maire.

Après avoir réuni une forte troupe, les envahisseurs sortent de Senlis, poussant devant eux un groupe d’otages civils français. Plusieurs otages ayant été touchés, les troupes françaises cessent alors de tirer, avant qu’un combat acharné commence. Les Français résistent courageusement, repoussent l’assaut et commencent un mouvement de repli faute de munitions.

Toutefois ce sont les Allemands qui sont obligés de reculer dans la ville après une contre-attaque du 350e Régiment d'Infanterie laissé en couverture.

Le 350e Régiment d'Infanterie, ayant accompli sa mission de couverture, se retire du front Senlis -Borest et s’installe dans la région de Dammartin-en-Goële. (Bataille de Senlis)

Le 2 septembre au soir, Senlis est aux mains de l’ennemi qui l’incendie. (Bataille de Senlis)

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Les crimes de guerre et les boucliers humains

Les Boucliers de la Nationale 17 Messieurs Minouflet, Léon Audibert (chaudronnier), Georges Leymarie (19ans mécanicien dentiste), Jules Levasseur (22 ans, manouvrier) furent pris comme otage.

Les allemands arrivés à la limite de la ville, donnent l’ordre aux 4 otages de prendre le « pas de gymnastique » jusqu'à l'hôpital au milieu de la route.

Georges Leymarie tomba mortellement frappé par une balle française dans l’aine et Monsieur Minouflet, recevait une balle française dans le genou. Jules Levasseur aidé de Monsieur Minouflet, blessé, tirèrent le cadavre de Georges Leymarie afin qu’il ne soit pas piétiné sur la route par les troupes ennemies. Jules Levasseur atteint d’une balle française expira près du corps de Georges Leymarie. Léon Audibert s’était couché sur le trottoir pour échapper aux balles. Après une demi-heure de combat, celui-ci cessa. Un officier allemand s’avança et tira dans l’épaule de Léon Audibert, qui ne poussa pas une plainte. L’assassin le croyant mort, il se dirigea sur Monsieur Minouflet et lui tira un coup de revolver à bout portant, également dans l’épaule puis s'en alla froidement.

Les Boucliers humains de l’hôpital

Messieurs V.Painchaux (rentier), Maurice (employé de la Sous-Préfecture), Dupuy (caissier), Chastaing (membre de la Croix Rouge), Mesdames Painchaux (femme de Monsieur V Painchaux), la Concierge de Saint-Vincent avec sa petite fille âgée de 5 ans sont également pris comme otages après les précédents.

Un officier allemand déclara à ce groupe de sept personnes qu'on ne les fusillerait pas, mais que se seraient les français qui s’en chargeront. Il fit aligner les otages sur un rang et leur ordonna de marcher devant sa troupe.

Les allemands arrivés à la limite de la ville, se trouvent exposés au feu français. Ils rasent les maisons tout en ordonnant aux otages de garder le milieu de la chaussée et de continuer d'avancer. Après 400 mètres à découvert, la petite fille qui est légèrement blessée à la jambe trouve refuge à l’hôpital.

Les soldats français s’apercevant que les allemands s'étaient fait précéder des habitants, arrêtent le feu. Les 5 autres otages marchèrent alors sur l'accotement à l'abri des peupliers. Monsieur Painchaux fut atteint dans les reins par une balle allemande mais réussi comme les autres otages à gagner les lignes françaises ou il fut soigné.

Les incendies volontaires

Plus d’une centaine de maisons ont été incendiées volontairement par les allemands, en particulier après les durs combats autour de l’hôpital, ensevelissant sous leur maison incendiée Jules Barblu, 52 ans, charretier, et Mme Barblu, née Louise Maquin, 46 ans.

Les exécutions sommaires

Après s’être servi de civils comme bouclier humain, le 2 septembre, les Allemands exécutèrent 7 otages prétendant que des civils avaient tiré sur leurs troupes :

Romuald-Emile Aubert, 52 ans, ouvrier mégissier.

Jean-Stanislas Barbier, 66 ans, charretier

Arthur-Lucien Cottereau, 17 ans, plongeur.

Pierre Dewert, 45 ans, chauffeur.

Gabriel Mégret, 52 ans, exploitant d’un établissement de bains, est fusillé sans motif et sans jugement dans l'escalier de sa maison rue Vieille-de-Paris, en du Petit Quartier de cavalerie.

Eugène Odent, 59 ans, maire de Senlis

Jean-Baptiste Pommier, 67 ans, mitron.

Arthur Rigault, 61 ans, tailleur de pierres

Louis Simon, 36 ans, cafetier, est fusillé sans motif et sans jugement contre le mur en face de son débit situé place Saint-Martin, à l'angle des rues de la République et Vieille-de-Paris.

Suite et conséquences

Les forces françaises, inférieures en nombre et en matériel, ont démontré leur ténacité. Sur le plan militaire, l’armée française reflue toujours en bon ordre mais n’arrive pas à endiguer le flot de l’invasion de l’armée allemande, qui poursuit inlassablement sa route vers Paris.

Environ quatre semaines après avoir éclaté, la Première Guerre mondiale atteint le nord de l'Île-de-France le 1er septembre 1914. Au soir du 2 septembre, tout le monde s'attend à ce que l'armée allemande s'empare de Paris dès le lendemain. Le 3 septembre, l'avant-garde des colonnes s'étant dirigé vers Chantilly arrive à Luzarches; heureusement, il n'y a point d'actions de combat ; l'ennemi ayant apparemment changé de stratégie et ne continue pas sa marche sur Paris. C'est le point le plus avancé vers le sud que l'armée allemande atteint, avec Survilliers.

Une stèle commémore cet événement Le début de la Guerre de 1914 est marqué par la mort de De Saint-Genys, maréchal des logis, en reconnaissance, abattu par une patrouille allemande. Luzarches marque le point d’arrêt des troupes allemandes, le 3 septembre 1914. (LUZARCHES De la Première Guerre mondiale à aujourd'hui)

Le 2 septembre au soir, Senlis est aux mains de l’ennemi qui l’incendie 


 

Avec les Marocains de Poeymirau et de Juin, le 2 septembre 1914

Quittant Senlis, la 12e compagnie de chasseurs indigènes du régiment Poeymirau cantonne, le 2 septembre au soir, au Mesnil-Amelot, Q. G. du 5e groupe de division de réserve, commandé par le général de Lamaze. Le lendemain, le peloton du lieutenant Juin s'établit en grande-garde à l'est de Dammartin : " La grande plaine débouchant de Crépy-en-Valois et de Nanteuil-le-Haudoin, note le futur maréchal dans ses souvenirs, est recouverte d'un nuage de poussière se déplaçant vers le sud-est, indice d'un vaste mouvement de troupes dans cette direction. Il apparaissait nettement que, cette fois, l'aile droite allemande délaissait visiblement Paris (….). Je contemplais le spectacle qui se déroulait devant mes yeux quand arrivèrent des autos d'où sortirent quelques généraux. Je reconnus l'un d'eux, c'était Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Je le vis discuter longuement, puis, silencieusement, examiner l'horizon, cartes en main, toujours froid et concentré derrière soit binocle. J'eus l'impression qu'une grave décision s'élaborait. " (Le lieutenant Juin sera blessé le 6 septembre, près du bois de Penchard.)

Lorsqu’éclate la guerre de 1914, le maire de Saint-Leu M. Emile AIMOND, Sénateur depuis 1910, suit le Gouvernement et les Chambres à Bordeaux. Bientôt un grand nombre d’habitants, fuyant l’invasion, s’éloignent de Saint-Leu, M. Joseph LEBLOND, adjoint au maire reste cependant au poste. (1).

La nouvelle du départ du Gouvernement pour Bordeaux n’était rien de moins que rassurante, et on apprenait que, comme le Maire qui avait suivi le Sénat, dont il était membre, certains conseillers municipaux avaient quitté Saint-Leu avec leur famille, sans qu’il ait été jamais précisé s’il était parvenu, ou non, des instructions officielles pour l’évacuation de la population. (2)

La VIe Armée, dont le quartier général est maintenant à Ecouen, passe sous les ordres de Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Ses avant-postes s’établissent de Survilliers à Luzarches ; des territoriaux s’échelonnent entre Gonesse et Vaudherland; la  cavalerie s’arrête à Marines. (4)

Dans les premiers jours de septembre, le VIIe corps d’armée, commandé par le général PAU, ramené d’Alsace, débarquait à proximité de Beaumont-sur-Oise. Suivant une marche parallèle à celle de l’armée allemande qui avait atteint Senlis, il traversa Saint-Leu. Commencé avant le lever du jour, le défilé dura toute la matinée, terminé par le train des équipages, dont les conducteurs brandissaient fièrement quelques casques à pointe, par les voitures des pontonniers et par les autobus parisiens dont les vitres avaient été remplacées par de la toile métallique les transformant en d’immenses garde-manger roulants utilisés pour le ravitaillement en viande fraîche. (2)

Le mercredi 2 septembre 1914 l’armée fait sauter le pont de Boran-sur-Oise. (4)

« Le 2 septembre, je m'installe au nord d'Écouen, près du P. C. de l'armée. Mes reconnaissances montrent de façon évidente que le gros des Allemands a franchi l'Oise à Verberie et en amont, en direction du sud-est, mais, en fin de marche, leurs têtes de colonne sont orientées au sud, vers Paris. Le commandant D., qui connaît par le G. Q. G. la directive du 27 août dirigeant Kluck vers la basse Seine, refuse de me croire et m'ordonne d'explorer la zone à l'ouest de l'Oise (Mantes-Beauvais), où il est sûr que se trouvent les Allemands ... Le 3 au matin, en dépit de cette affirmation, renouvelée par le 2e bureau, je persiste à doubler les reconnaissances demandées par d'autres lancées vers l'est. La REP 15 me rend compte qu'une colonne allemande, venant de Senlis, arrive à Orry-la-Ville, mais la MF 16 me confirme que les colonnes de Kluck filent vers le sud-est et que les routes allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudoin et à l'est sont encombrées de troupes et de parcs. Il ne peut plus être question d'une attaque sérieuse sur Paris. Je saute en auto avec mes équipages chez D., qui, une fois de plus, se refuse à accorder foi à leurs témoignages. Même attitude du chef d'état-major ... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Mercredi 2 septembre 1914 une reconnaissance de l’aviation du camp Retranché de Paris sur avion Bréguet (équipage lieutenant Observateur WATTEAU et le pilote sergent Louis BREGUET) permet de distinguer une forte colonne d’infanterie allemande au nord de la forêt d’Ermenonville, les villages de Montlognon, Pont-l’Evêque, Fontaine sont en feu.

Quand la guerre éclate en août 1914, Jacques Bréguet est mobilisé comme lieutenant d’artillerie et Louis se retrouve seul avec vingt ouvriers. Il se rend au ministère de la Guerre pour demander ce qui est prévu pour les fabrications aéronautiques. Un colonel lui répond : « Nous n’avons pas besoin d’avions. Cette guerre ne durera pas plus de 6 mois ! »

Conscient des menaces d’invasion qui pèsent sur le nord du pays, Louis replie sa société sur Villacoublay dans trois hangars en bois. En même temps, il installe Nelly et ses trois enfants 25 boulevard Jules Sandeau à Paris.

Comme sergent pilote il est affecté à la défense du camp retranché de Paris, son escadrille est basée à Saint-Cyr et placée sous les ordres du général Gallieni.

La Marne, une victoire de l’aviation ?

La retraite puis l’offensive sur les positions de la Marne (septembre 1914) a permis d’arrêter l’invasion allemande.

On connaît les fameux « taxis de la Marne », mais le rôle de l’aviation dans l’arrêt de l’invasion allemande est tout aussi décisif.

Dans cet arrêt l’aviation a joué sa carte en signalant à plusieurs reprises les mouvements des troupes allemandes.

Le 2 septembre 1914, le caporal Breguet, sur un prototype de sa marque, a offert ses services au général Gallieni (Gouverneur de Paris), qui s'inquiète de l'avance des Allemands vers Paris; de ses missions (équipage Lieutenant observateur Watteau, pilote sergent Bréguet), il rapportera le 2 septembre des renseignements sur le changement de direction de l'armée de Von Kluck qui devait contourner Paris par le nord pour l'encercler, selon le fameux plan Schlieffen;une forte colonne d'infanterie allemande est repérée au Nord de la forêt d'Ermenonville, les villages de Montlognon, Mont-l'Evêque, Fontaine sont en feu. Voilà que Von Kluck oblique vers le sud-est, à l'est de Paris et défile ainsi présentant son flanc mal protégé aux troupes françaises; manœuvres audacieuses visant à éliminer le corps expéditionnaire britannique et à surprendre les Français en retraite. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

En même temps, le capitaine Bellenger, commandant l'aviation de la VIème armée du général Maunoury et qui dispose de deux escadrilles (REP 15 et MF 16) décèle, dès le 2 septembre, le changement de direction de l'armée de Von Kluck. Mais le commandant du 2ème bureau, qui possède, depuis le 27 août grâce à nos services secrets, les ordres donnés à Von Kluck, ne veut pas croire les rapports qu'on lui fait. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914, le Génie fait sauter tous les ponts sur l'Oise. Les trains sont supprimés. A Pontoise, il ne reste que 150 personnes. (6)

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914 le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. La panique s'installe.

L’arrivée des allemands s’annonce de bouche en bouche. Pendant la nuit du 2 au 3 septembre, il défile de l’infanterie qui prend la direction de Paris. (7)

La retraite après Guise.

Donc, nos armées reculent et, après un moment d'étonnement, les Allemands entament la folle poursuite.

Tout de même, le Corps de cavalerie de Von Richthoffen, qui a reçu l'ordre de se porter sur les derrières de la 5e armée, hésite à s'engager au milieu de nos colonnes. Il marche mollement et la 5e armée, à la tête de laquelle le général Franchet d'Espérey va succéder au général Lanrezac, se dégage et gagner du champ.

Dans la matinée du 3 septembre, la situation, encore si peu claire, va se modifier d'une manière si profonde dans le courant de cette journée que la décision jaillira. Paris est dans la fièvre. Le Gouvernement a quitté la capitale, la veille au soir, se rendant à Bordeaux, et Gallieni y est demeuré seul, avec l'ordre de la défendre. Du lycée Victor-Duruy, où il a installé son Quartier Général, le Gouverneur lance son ordre du jour laconique. C'est court, mais tout y est. Paris a frémi. Une âme forte a parlé. Des actes vont suivre. On les attend. Nos avions, dont le vrombissement remplit l'air, surveillent attentivement la marche de l'ennemi dont les avant-gardes étaient en vue du fort de Domont dans la matinée. Les portes de la capitale se hérissent de barricades contre les autos blindées, de réseaux de fil de fer, de mitrailleuses. C'est le branle bas de combat.

Cependant, l'attaque attendue de minute en minute ne se produit pas, et le 3 septembre 1914, au soir le doute n'est plus permis. Creil et Senlis sont en feu, mais il n'y a plus, dès 15 heures, aucune force importante au nord de Paris. A la tombée de la nuit, une colonne longue de 16 kilomètres a été vue entre Nanteuil-le-Haudouin et Lizy sur Ourcq, se hâtant vers le sud-est.

Tout de suite, Gallieni, qui n'a encore reçu aucune instruction de Joffre, a l'intuition de la manœuvre à réaliser. Sans perdre une minute, il informe le généralissime de ce qu'ont vu ses aviateurs et lui demande l'autorisation de lancer l'armée Maunoury dans le flanc de cette armée allemande qui défile si imprudemment devant lui. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le 3 septembre 1914 une partie du 7ème corps d’armée passe. (7)

Nous voyons des fantassins du génie avec le matériel des pontonniers, de l’artillerie, des chasseurs alpins avec des mulets, le service de ravitaillement avec les autobus. Nous remarquons des charrettes alsaciennes et du jura. Les habitants se mettent sur leur porte et donne du vin et des fruits. Pour que tous les hommes puissent se desaltérer, car il fait très chaud, les habitants versent du vin et de l’eau dans des seaux, chaque soldat en passant n’a qu’à plonger son quart dans les récipients. (8)

Je me renseigne auprès des soldats. Ces troupiers viennent de faire la campagne d’Alsace jusqu’à Mulhouse. Puis ces troupes reçurent l’ordre de se diriger vers le nord de la France. Mais à Creil arrive un nouvel ordre et ces soldats se replient sur Paris. Quelques troupiers me font voir des balles prussiennes, un livre de messe rapporté de Mulhouse, un fusil allemand et un casque d’officier qu’ils me chargent de réparer. (8)

Cette fois les habitants voyant passer l’armée en retraite, sont de plus en plus pessimiste. Les départs se multiplient ; la poste déménage sa caisse et sa comptabilité. La gare va fermer : le dernier convoi est annoncé pour l’après-midi. Nous apprenons que les ponts de Mériel et d’Auvers ont sauté. Creil est occupé par les Allemands. Les Uhlans sont signalés dans la forêt de Montmorency et dans la région d’Auvers. La situation est alarmante. (7)

Beaucoup d’habitants profitent du dernier train pour partir. Toutes ces personnes donnent leurs légumes, leurs fruits et leurs volailles aux soldats cantonnés à Taverny. Les territoriaux ne sont pas rassurés, car ils ne sont pas nombreux et mal armés. Le bruit court que les Allemands franchissent l’Oise dans la nuit et que les batteries installées dans la forêt ont l’ordre de tirer. Quelques batteries du 45ème d’artillerie de campagne et quelques sections de mitrailleuses se dirigent dans le bois. (8)

Il va sans dire que la garde civique n’existe plus, beaucoup de ses organisateurs sont partis. La mairie qui était assiégée depuis la guerre par les membres des commissions est déserte, car presque tous ont abandonné leur poste. Jusqu’aux Femmes de France qui paradaient avec leur médaille et qui maintenant ont disparu pour la plupart. Tant pis s’il y a des engagements dans la contrée et s’il arrive des blessés à l’hôpital de Saint-Leu. (7)

Le jeudi 3 septembre 1914, à l'issue du dixième tour de scrutin, le cardinal Giacomo Della Chiesa est élu pape. Il prit le nom de pape Benoît XV dans la plus totale indifférence. Du côté des puissances alliées, l'opinion est particulièrement choquée par la non-condamnation, par ce nouveau pape de l’invasion de la Belgique suite au plan Schlieffen, et des « atrocités allemandes » qui s’ensuivirent. En France, la déception est grande.  Le catholique et anticlérical Léon Bloy le rebaptise « Pilate XV » et Clemenceau « le pape boche »

Le 3 septembre 1914, mort du compositeur Albéric Magnard, surnommé le « Bruckner français » il fut tué après avoir tenté de repousser des Allemands de son manoir de Baron, dans l'Oise. (Dès le 1er août Magnard court de Senlis à Compiègne pour s'engager mais sans succès. Il conclut : " On reprendra l'Alsace et la Lorraine sans moi. " Le 29 août les Allemands sont à Compiègne et Baron va se trouver au centre des combats. Le même jour il envoie à Pantin, sa femme Julia et ses filles. Malgré leurs supplications, Magnard reste à Baron avec son beaufils René. Il a précisé à son entourage qu'il défendrait le Manoir s'il était attaqué, disant en montrant son pistolet : " Ici il y a six balles, cinq pour les Allemands, une pour moi. "Le 2 septembre, les Allemands occupent Baron et le 3 septembre le drame éclate. Sans doute à la suite d'une dénonciation, les Uhlans se présentent au manoir vers 8 heures 30. Heureusement René est à la pêche. Au moment des sommations, un coup de feu part de la troupe. Magnard dissimulé derrière les persiennes du cabinet de toilette riposte, tuant un soldat et en blessant un autre. Des tirs de salve sont immédiatement dirigés contre la maison. Des officiers se rendent alors chez le seul notable du village, le notaire et il est décidé que le village sera brûlé et ses habitants fusillées. Heureusement le notaire est assez éloquent et le "jugement" est modifié : seul le manoir sera incendié et son propriétaire fusillé. A 12 heures 45 le feu est mis au manoir où aucun signe de vie n'a été décelé durant la matinée. Vers 15 heures alors que le feu fait rage, un coup de feu est entendu. Un officier dit au notaire : " II a choisi la meilleure part. " En réalité, l'examen du pistolet retrouvé dans les ruines va montrer qu'il contenait six douilles sans balle, cinq étaient percutées, la sixième, non, et le chien était à l'armé. La dernière balle est donc partie sous l'effet de la chaleur. Il est probable que Magnard a été tué ou blessé mortellement lors des échanges du matin. Sa mort ne sera annoncée que le 21 septembre.)


Le 3 septembre 1914, la 5e armée borde la Marne, d'Epernay à Château-Thierry; et von Klück, qui avait mission de l'envelopper a bien son IXe Corps près de Château-Thierry, mais échelonne encore ses IIIe, IVe et IIe Corps respectivement à la Ferté Milon, à Betz et à Luzarches, d'où, à 13 kilomètres du Camp Retranché, il semble vouloir tenter une attaque brusquée sur Paris.

Trop tard !

Maunoury couvre déjà la capitale, de Mesnil-Aubry à Dammartin en Goële ; l'armée anglaise borde la Marne de Lagny à Signy-Signets ; et le vide de quelque vingt-cinq kilomètres, qui s'ouvre entre French et Franchet d'Esperey, est masqué par le Corps de cavalerie du général Conneau. De ce côté, la ligne est donc formée ; elle a échappé à l'étreinte ennemie; elle se soude, à l'abri des rivières.

Foch a réussi, lui aussi, à grouper les éléments de son armée derrière la Marne, d'Épernay à Châlons, sans être trop vivement pressé par la IIIe armée de Hausen ; mais de Langle de Cary se dégage plus difficilement de la IVe armée du duc de Wurtemberg.

Encore ce jour-là, le Corps colonial devait-il faire tête à Auve et à Saint-Rémy-sur-Bussy pour repousser les avant-gardes allemandes trop hardies. La fatigue des troupes est extrême.

Quant à Sarrail, dont l'armée a été affaiblie, d'abord de la 42e division donnée à Foch, puis du 4e Corps, qui va rejoindre Maunoury, il n'a plus que deux Corps d'armée (le 5e et le 6e) et un groupe de divisions de réserve pour enrayer les progrès de la Ve armée allemande, qu'aiguillonne l'ardente haine du Kronprinz d'Allemagne.

Celui-ci pousse nos colonnes avec quatre Corps d'élite, tandis qu'avec le Ve Corps il tourne par l'est l'obstacle de Verdun.

Malgré la faiblesse numérique de son armée, Sarrail à qui une note du 2 septembre 1914 a donné l'autorisation de se replier jusqu'à Joinville, au sud de Verdun, estime devoir faire tous ses efforts pour assurer jusqu'au bout à notre grande forteresse l'appui de son armée.

Dans ce but, il va laisser sa droite fixée au Camp retranché; mais comme, d'autre part, il a l'ordre formel de rester étroitement lié à gauche avec la 4e armée qui recule vers le sud, il va être obligé, pour concilier ces deux idées, de reculer en pivotant autour de sa droite et en étendant indéfiniment son front vers le sud, au gré du recul de la 4e armée. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Déjà, le 3 septembre 1914, tandis que sa droite est à 12 kilomètres au sud de Grandpré, sa gauche, collée à de Langle, a reculé de 25 kilomètres dans la direction de Revigny.

Opération effroyablement difficile ; l'immense ligne de nos armées, ligne de plusieurs centaines de kilomètres, recule donc, marchant et se battant jour et nuit, sans sommeil, souvent sans ravitaillement. De son Grand Quartier Général, qu'il a transporté de Vitry-le-François à Bar sur Aube, Joffre, le Généralissime responsable, dirige la manœuvre avec une force d'âme, une maîtrise, un calme imperturbable. C'est à ces qualités vraiment extraordinaires qui ne se sont peut-être jamais rencontrées à un pareil degré chez un homme de guerre, que l'on doit certainement le soin, la clarté, la précision, le fini avec lesquels les instructions furent données à tout le monde en temps voulu ; c'est par elles que toute imprudence fut évitée, que la bataille d'arrêt n'éclata que le jour où Joffre estima qu'il avait quatre-vingt-dix chances sur cent de la gagner; par elles, enfin, que la coordination la plus parfaite fut assurée entre les armées. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Les aviateurs confirment le mouvement le 3 septembre: une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la VI Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville. Bellenger ne peut convaincre ni le commandant du 2ème bureau, ni le chef d'état-major; il a plus d'échos auprès des officiers de liaison du général Gallieni et du général britannique French qui avertissent leur chef. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

3 septembre 1914. « Estimant n'avoir pas le droit de laisser ignorer un changement si important de l'aile droite allemande, je guette en vain l'arrivée de Gallieni et de Maunoury, et offre mon information à qui veut l'entendre : c'est le cas des officiers de liaison de French et de Gallieni, qui avertissent aussitôt leurs chefs ... Morne matinée le 4 septembre: mes équipages, découragés, exécutent sans entrain leur mission et je n'ose plus dépasser les ordres reçus. Vers midi, coup de théâtre: tout change... Maunoury reçoit de Gallieni l'ordre de se tenir prêt à marcher à l'est, et moi celui de " reconnaître en direction de Château-Thierry ". La nouvelle épanouit le visage de mes aviateurs, qui, repartant cette fois pleins de confiance, vérifient que les avant-gardes de Kluck sont au sud de la Marne ... La menace sur Paris est écartée et mon personnel jubile... » "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Les aviateurs confirment le mouvement le 3 septembre: une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la VI Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville. Bellenger ne peut convaincre ni le commandant du 2ème bureau, ni le chef d'état-major; il a plus d'échos auprès des officiers de liaison du général Gallieni et du général britannique French qui avertissent leur chef.

Le 3 septembre 1914, au matin, en dépit de cette affirmation, renouvelée par le 2e bureau, je persiste à doubler les reconnaissances demandées par d'autres lancées vers l'est. La REP 15 me rend compte qu'une colonne allemande, venant de Senlis, arrive à Orry-la-Ville, mais la MF 16 me confirme que les colonnes de Kluck filent vers le sud-est et que les routes allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudoin et à l'est sont encombrées de troupes et de parcs. Il ne peut plus être question d'une attaque sérieuse sur Paris. Je saute en auto avec mes équipages chez D., qui, une fois de plus, se refuse à accorder foi à leurs témoignages. Même attitude du chef d'état-major ...
Estimant n'avoir pas le droit de laisser ignorer un changement si important de l'aile droite allemande, je guette en vain l'arrivée de Gallieni et de Maunoury, et offre mon information à qui veut l'entendre : c'est le cas des officiers de liaison de French et de Gallieni, qui avertissent aussitôt leurs chefs ... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

L’après-midi, l’ordre d’évacuation n’étant pas venu, je poussai, avec un ami, jusqu’à Bouffémont où les territoriaux occupaient, face au nord, une ligne de tranchées creusées à proximité des dernières maisons du village. En avant, dans la plaine, entre Baillet et Montsoult, d’autres territoriaux, déployés en tirailleurs, semblaient « balayer » le terrain, à la recherche d’une patrouille de « uhlands », nous dit un des occupants de la tranchée. (2)

Le 3 septembre 1914, les allemands atteignent la ligne Luzarches, Mortefontaine, Nanteuil-le-Haudoin, Lisy-sur-Ourq ; un combat de cavalerie a lieu sur la route de Luzarches et Champlâtreux. Les français font sauter les ponts de l’Oise au nord de celui d’Epluches—Chaponval. (7)

Le jeudi 3 septembre 1914 l’armée fait sauter le pont de Beaumont-sur-Oise, le pont de chemin de fer de Mours, le viaduc de Moulin-Neuf à Presles, les ponts de l’Isle-Adam, Stor, Mériel et Auvers-sur-Oise. Le trafic ferroviaire, déjà interrompu au-delà de Beaumont-sur-Oise, pour freiner l'exode les trains sont supprimés par ordre de Gallieni, (il ne reste que 150 personnes à Pontoise) dans un Saint-Leu-Taverny pratiquement déserté par ses habitants, ainsi passe à Saint-Leu le dernier train Beaumont-Paris ...

La journée du 3 septembre 1914 sera la plus critique de la crise à Taverny. En résumé, plus de communications par le chemin de fer, ni poste, les trois quarts des habitants émigrés et l’ennemi à quelques lieues. (8) (à une portée de canon)

Jeudi 3 septembre 1914 les allemands sont entrés à Creil, des patrouilles sont parvenues à Royaumont, Lamorlaye, Gouvieux. Quelques éclaireurs sont apparus à Luzarches, se dirigeant vers Champlâtreux (4)

Jeudi 3 septembre 1914 une reconnaissance aérienne du lieutenant Observateur Marie de Bazelaire de Ruppière (avion de la VIe Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d’infanterie et d’artillerie dans le village d’Orry-la-Ville. Anecdote  du commandant Alfred DREYFFUS au fort de Domont.

Le 3 septembre, Dreyfus se trouve au fort de Domont où il aurait recueilli un renseignement d’une grande importance. Maurice Schumann a relaté cette scène dans la préface du livre Moi, capitaine Dreyfus : Paris s’attend à une attaque imminente. Un aviateur français (Lieutenant Bazelaire de Ruppière - il appartient à la phalange des pionniers) survole l’avant-garde de l’armée Von Klück. Il constate que l’ennemi a changé d’orientation, donc de cible. Il se doit de transmettre son observation sans désemparer. Les techniques sont encore dans l’enfance. Le seul moyen qui s’offre à lui est d’atterrir à proximité d’un fort relié par le téléphone à l’état-major de Gallieni. L’officier supérieur devant lequel il prend le garde-à-vous lui tend l’appareil : « Appelez vous-même ! Moi, on risque de ne pas me croire. Je me nomme Alfred Dreyfus… »  Je tiens ce récit du commandant Paul-Louis Weiller. Que penser du témoignage de ce commandant ? Paul-Louis Weiller est un des grands pionniers de l’observation aérienne.

-le 3 septembre 1914, une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la VI°Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville

Si la cavalerie a abordé le département de l'ancienne Seine et Oise vers Luzarches (Val d'Oise actuel), je ne crois pas que l'infanterie ait dépassé  le Sud des forêts de Chantilly et d'Ermenonville. Un argument "frappant" s'oppose d'ailleurs à une progression inconsidérée au Sud de Luzarches, en effet au sud de ce village toute troupe abordant la "Plaine de France" à découvert serait entrée dans le champ de tir de l'artillerie des forts et batteries de Domont et d’Ecouen.


Mercredi 2 septembre 1914

Monsieur le Maire prend connaissance de la dépêche 107k arrivée la veille de monsieur le sous-préfet de Pontoise et donne l’ordre de se préoccuper de l’évacuation de la commune, si cela devient nécessaire.
Cette dépêche, mal interprétée et publiée par quelques maires des communes voisines provoque un commencement d’affolement.

Le soir les communes de Béthemont, de Chauvry sont évacuées par leur Maire, leurs voitures traversant la commune y provoque un commencement de panique.

Depuis le matin, les troupes du 7ème Corps défilent sans discontinuer sur l’Avenue de Paris se dirigeant sur Bondy.

Jeudi 3 septembre 1914

A 4 heures du matin les Avenue de Paris et Avenue de la République sont réveillées  par le bruit formidable produit par le défilé incessant du convoi du 7ème Corps d’Armée montant de Méry sur Bondy.

A 8 heures les batteries  d’artillerie de réserve du 45ème et 47ème font leur apparition. Le 47ème continue son chemin sur Saint-Prix. LE 45ème montant  la Grande-Rue vient prendre position sur les côtes de Béthemont et Villiers Adam ; ces 3 batteries, 41ème,42ème, 43ème sont appuyées par 2 ou 3 bataillons  du 29ème et 32ème d’infanterie territoriale (Argentan, Nogent le Rotrou et Dreux) Quelques compagnie du 31ème traversent également la commune pour se poster sur Baillet et Monsoult.

A 12 heures, un lieutenant vient déjeuner rapidement chez Mr le Maire, ayant sur lui des débris du Pont d’Auvers qu’il a fait sauter vers 11 heures.
Dans la journée tout le service d’approvisionnement de la 166ème brigade vient s’installer sur la place de la Mairie. Les officiers, sous-officiers et soldats cantonnent aux environs.

Le Général de Pélacot, commandant la 166ème brigade, fait préparer un logement chez Mr Albert Petit maire. Dans la soirée, jugeant la situation critique, les allemands se rapprochant de plus en plus en suivant la vallée de l’Oise, il fait prévenir Mr le Maire qu’il couche au milieu de ses troupes à Béthemont. 

A 7 heures du soir, 200 chevaux du 47ème d’artillerie de réserve,  avec leurs conducteurs, passent allant cantonner à Bondy ; mais hommes et chevaux exténués sont logés chez Mr Ham à Saint-Jacques pour s’y reposer.

A 9 heures du soir, Mr le Maire, Mr Poiret et Melle Fayolle institutrice, fatigués d’une journée aussi chargée, sont prêts à se retirer quand arrive un capitaine des 3 batteries du 43ème d’artillerie passées le matin. Avec ses maréchaux des logis fourriers et un adjudant il vient préparer le cantonnement des hommes, chevaux, caissons et canons qui seront là dans moins d’une heure.

C’est là une minute émouvante. Prenant le plan de la commune tout nouvellement dressé, il dicte ses volontés : les hommes et chevaux de la 41ème batterie rue de la Gare chez les cultivateurs, les hommes et chevaux de la 42ème batterie rue Saint-Gervais entre la rue de l’Ecole et la rue Prophète.

Les hommes et les chevaux de la 43ème batterie rue Madame , maisons Crassous, Ancel etc.

 Le parc d’artillerie est installé dans les terrains du bout de la rue Madame, lieu dit « le Clos ».

Le commandant Lavigne et ses 2 officiers de liaison : lieutenant de Mirepois et lieutenant Clair, logent chez Mr le Maire.

A minuit le capitaine Baille de la 2ème compagnie du 72ème territorial d’infanterie, détaché au pont de Mériel, annonce que ce pont-route et chemin de fer vient de sauter et que l’ennemi est proche. Le capitaine Baille passe la nuit chez Brachet pour rejoindre le lendemain son régiment à Saint Brice.

Ce jour là, il n’y a qu’un train ou deux pour Paris et le lendemain 4 septembre, la circulation sur notre ligne est complètement arrêtée. (10)

La préparation de la contre-offensive: Le 3 septembre, alors qu'à Paris on attend le choc, il apparait que Von Kluck ne foncera peut être pas vers la capitale. Les reconnaissances de cavalerie, les photographies aériennes et même les messages radios captés de la tour Eiffel confirment l'infléchissement de la 1ère armée allemande. Gallieni comprend qu'il s'agit là d'une opportunité: la 1ère armée allemande présente son flanc droit. Le lendemain à la première heure il envoie les escadrilles du camp retranché en reconnaissance; le mouvement vers le sud-est de Von Kluck est confirmé. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

En résumé, à la date du 3 septembre et même du 4 septembre 1914, dans la matinée, c'est-à-dire au moment où, la marche de la I ère armée allemande vers le Sud-Est se confirmant, il me fallait prendre une décision sauvegardant avant tout les intérêts de la Capitale dont j'avais la charge, nos armées, y compris l'armée anglaise, avaient ordre de se replier derrière la Seine, et le Général en chef insistait pour que ce mouvement s'exécutât aussi rapidement que possible. Suivant moi, ce mouvement de repli était mauvais, parce que:

1°il découvrait le Camp retranché de Paris ;

2° Il ne tenait pas compte de l'ennemi ;

3° Il ne pouvait s'exécuter à temps et les têtes de colonnes allemandes seraient déjà certainement à Pont-sur-Yonne, Nogent-sur-Seine, etc., quand les troupes anglaises et françaises y parviendraient. (D'après les dires du Commandant de la 5 e armée, le fait avait déjà eu lieu plusieurs fois lors de la retraite de cette armée de Charleroi vers l'Aisne) ;

4° Il interdisait toute idée d'offensive immédiate, la retraite au delà de la Seine, l'organisation de la défensive, l'arrêt jusqu'à l'arrivée des renforts des dépôts, comportant bien un délai d'une douzaine de jours, pendant lequel les Allemands auraient eu le temps de terminer leur mouvement de débordement de notre aile gauche. (3)

Toutes ces réflexions, je me les étais faites également. Toutes ces raisons, je me les étais données aussi et j'avais abouti à cette conclusion que, malgré le mouvement de repli ordonné par le Général en chef et la crainte d'enlever à Paris les forces appelées à le défendre, le salut de la Capitale, comme celui de nos armées et de la France entière, exigeait une décision énergique et immédiate, à savoir : le transport rapide contre le flanc droit de l'armée allemande de toutes les troupes dont je pouvais disposer. (3)

En premier lieu, il fallait agir vite. Los circonstances étaient urgentes, les minutes étaient des heures, que dis-je, des jours et même des années. La 1ère armée allemande se hâtait pour en finir avec l'armée anglaise et la 5ème armée française, qu'elle comptait mettre hors de cause à compter du 6 septembre, en achevant le mouvement débordant qui devait isoler nos armées de Paris et du cœur de la France en les rejetant vers l'Est et vers la Suisse. Il ne fallait pas permettre que cette opération pût s'accomplir et, pour cela, il fallait, sans délai, sans perdre un moment, exécuter le changement de front qui devait nous porter sur le flanc droit de l'ennemi. D'autre part, cette menace contre le flanc et les communications de l'armée von Kluck devait être faite par des forces aussi nombreuses que possible. Il fallait que, de la Capitale, sortît une armée imposante, surprenant l'ennemi par son nombre et son irruption inattendue. Ce fut là le second point sur lequel je portais de suite tous mes soins. (3)

Mais, vers midi, la situation changeait du tout au tout. Les renseignements de nos avions et de nos reconnaissances de cavalerie étaient formels : la première armée allemande, abandonnant la marche dans la direction de Paris, s'infléchissait vers le sud- est, sauf un corps, le 4 e corps de réserve, qui semblait devoir couvrir le mouvement, se dirigeant de Senlis vers Luzarches, où avait eu lieu un engagement de cavalerie, premier contact de l'ennemi avec les troupes du Camp retranché (3)

Les parisiens, nullement impressionnés, jumelles en mains, depuis leur balcon, guettaient chaque soir, vers 17heures, la venue des «Tauben », avions allemands de reconnaissance. (2)

On pourrait croire que ces premiers raids plongent la population parisienne dans la panique collective, mais il n’en est rien : « les Parisiens sont davantage dominés par la curiosité que par un sentiment de frayeur. Il sortent armés de jumelles et s’installent sur les bancs des squares et des boulevards pour attendre les assaillants. On fait même mieux ! Les points élevés de Paris sont envahis et sur la butte de Montmartre on loue des chaises et des longues-vues pour attendre l’apparition dans le ciel des Taubes quotidiens » (9)

Aussi, est-il prescrit aux escadrilles du Camp retranché d'envoyer leurs reconnaissances le lendemain 4 septembre 1914, à la première heure, pour explorer la région de Creil, Chantilly, Senlis, Nanteuil-le-Haudouin, Lizy-sur-Ourcq, Château-Thierry et Betz, ainsi que la vallée de l'Oise jusqu'à Villers-Cotterets et la vallée de la Marne jusqu'à Meaux et enfin la route de Compiègne et la vallée de l'Aisne jusqu'à Soissons. J'appelais l'attention de nos officiers aviateurs sur l'importance des renseignements qu'ils me rapporteraient et que je demandais avant 10 heures du matin. J'aurais, d'après eux, à prendre les plus graves décisions, au sujet desquelles je m'ouvrais, dès le 3 septembre au soir, à mon chef d'Etat-major, le général Clergerie : si la première armée allemande continuait sa marche vers le sud-est, elle offrait le flanc à l'attaque des armées de Paris. Je pensais donc, dès ce moment, à prendre l'offensive contre l'aile droite ennemie, malgré les risques que pouvait présenter cette opération, malgré les directives du général en chef, prescrivant aux armées de se replier au sud de la Seine et de l'Yonne. Je restai sur pieds à peu près toute la nuit, impatient de recevoir les renseignements qui devaient me fixer d'une manière définitive sur la situation et me dicter les dispositions à prendre. (3)

Le 4 septembre 1914, les reconnaissances de cavalerie quittent le Camp retranché avant le jour. Leurs renseignements confirment ceux déjà donnés la veille sur le changement de direction effectué par la 1ère armée allemande. La route de Senlis à Paris est vide d'ennemis ; Senlis est incendié, Creil aussi. Nanteuil-le-Haudouin et Crépy-en- Valois sont évacués. La région à l'ouest de la route de Paris à Senlis est libre. On signale simplement encore quelques patrouilles de cavalerie sur la rive droite de l'Oise et vers Beauvais. (3)

Gallieni ordonne immédiatement au général Maunoury, commandant la 6° armée, de se préparer à marcher vers l'est. Il met à sa disposition la 45° division algérienne. L'évidence d'une opportunité s'impose aussi à Joffre à son QG de Bar-sur-Aube. On se battra sur la Marne, et non sur la Seine, et on attaquera l'ennemi de flanc. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Ce n'est que le 4 septembre 1914, à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. La victoire de la Marne fait donc éclater de manière irréfutable les services que peut rendre l'aviation pour éclairer le commandement... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Morne matinée le 4 septembre 1914: mes équipages, découragés, exécutent sans entrain leur mission et je n'ose plus dépasser les ordres reçus. Vers midi, coup de théâtre: tout change... Maunoury reçoit de Gallieni l'ordre de se tenir prêt à marcher à l'est, et moi celui de " reconnaître en direction de Château-Thierry ". La nouvelle épanouit le visage de mes aviateurs, qui, repartant cette fois pleins de confiance, vérifient que les avant-gardes de Kluck sont au sud de la Marne ... La menace sur Paris est écartée et mon personnel jubile... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Le matin du 4 septembre 1914, Gallieni confirme que les troupes allemandes se dirigent vers Meaux et non plus vers Paris,

Vendredi 4 septembre, les troupes françaises prennent position sur la ligne Pontoise, Frépillon, Puiseux-en France, le Mesnil-Aubry, Montmélian, Dammartin-en-Geole. On observe ce jour que les allemands, au lieu de se diriger vers Paris, infléchissent leur marche vers l’Est. (7)

La 61ème division s’établit entre Attainville et Mareil-en-France (4)

Ce n'est que le 4 septembre 1914, à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. La victoire de la Marne fait donc éclater de manière irréfutable les services que peut rendre l'aviation pour éclairer le commandement. (3)

Vendredi 4 septembre 1914, des patrouilles sont signalées à Auvers, Saint-Leu-d’Esserent, Champagne, Viarmes, Asnières-sur-Oise. (4)

(…) une patrouille d’Uhlans est repoussée devant le pont de Chaponval, grâce aux observations effectuées du haut des forts de Domont et d'Ecouen(…)

Le 4 septembre 1914 une patrouille de huit Ulhlans est poursuivie à Auvers. (7)

Le 4 septembre, dans un Taverny pratiquement déserté par ses habitants, des terrassiers s’affairent à installer des redoutes. Celles-ci couvriront plus tard une grande partie des hauteurs du village, du camp des anglais, jusqu’à Montubois et au-delà. (6)

Vendredi 4 septembre 1914, plus de journaux. A dix heures le « petit journal » vint seul de tous les quotidiens. C’est en automobile maintenant que le service sera assuré. Les soldats et le peu de civils s’arrachent la feuille simple car depuis longtemps les journaux sont tirés sur 2 pages. Je m’assieds sur le pas de ma porte et je réfléchis à la situation :

  • La moitié des maisons sont closes.
  • Personne dans la rue.
  • Quelques chiens et chats abandonnés réclament à manger.
  • Où sont donc tous ses patriotards de la première heure, protestant à grands cris contre l’affaire du XVe corps et qui devant le danger encore éloigné, n’ont rien trouvé de mieux que de se sauver ?

A Champagne-sur-Oise, un paysan avait rencontré une patrouille de « uhlands », dont le chef se trouvait être un colporteur qui, avant-guerre, parcourait la région au service de la Société épicière »Le Planteur de Caïffa ». Après une courtoise reprise de contact, l’allemand avait contraint son ancien client à suivre la patrouille pendant plusieurs kilomètres pour l’empêcher de donner l’alarme. (2)

Le courrier de la poste arrive par Beauchamp. 


Approvisionnement en farine (CM du 4 septembre 1914) :

« M Leblond 1er adjoint (le maire étant parti à Bordeaux) donne connaissance au conseil d’une conversation qu’il a eue la veille avec M Gallais boulanger lui apprenant que par suite de présence dans la commune depuis un mois, de beaucoup de soldats son stock de farine est près de s’épuiser et que son fournisseur habituel à Etampes ne peut en ce moment continuer à l’approvisionner. M Leblond propose au conseil d’envoyer de suite un cycliste chez M Grangé meunier à Presles, demander si il a de la farine en magasin ».

Demande de remise en circulation de l’eau de l’Oise (CM du 4 septembre 1914) :

« M Leblond 1er adjoint (le maire étant parti à Bordeaux) donne connaissance au conseil de la visite qu’il a reçu d’un représentant de la Compagnie Générale des Eaux, le prévenant qu’en raison de la destruction du pont de Méry à Auvers et des conséquence qui en sont résultées la Compagnie ne pourra continuer à fournir l’eau à ses abonnés comme précédemment et que la consommation en sera réduite.

Le conseil en présence de l’état actuel de guerre et des nombreuses troupes cantonnées dans St-Leu et les communes voisines décide à l’unanimité de demander de suite et avec instances aux directeurs de la Compagnie Générale des Eaux de rétablir le matériel dans l’état primitif et de distribuer à ses abonnés et aux communes la quantité d’eau nécessaire aux particuliers pour leur usage personnel et aux communes pour la salubrité des rues et surtout afin de combattre avec efficacité les incendies toujours à craindre dans ces malheureux temps ».

Rétablissement des trains d’Ermont à Méry (CM du 4 septembre 1914) :

« Le conseil invite Mr le Président à envoyer une lettre à Mr l’Ingénieur en chef du chemin de fer du nord lui demandant (en raison de l’éloignement des allemands du camp retranché de Paris) de rétablir plusieurs trains par jour dans chaque sens d’Ermont jusqu’à Méry, ce qui faciliterait de beaucoup le service des postes, celui du ravitaillement et des voyageurs. »

Lorsque l’armée de Von Klück s’avança sur Paris, fidèles à leur tactique de reconnaissances dispersées, les allemands envoyèrent des patrouilles d’uhlans dans toutes les directions. Pour préciser, voilà les localités de l’arrondissement de Pontoise où vinrent ces patrouilles : Auvers-sur-Oise, Royaumont, Viarmes, Menouville, Luzarches, Bernes, Marine, Hérouville, Vallangoujard, Epiais-Rhus, Ronquerolles et Arronville. (La tribune du samedi 7 novembre 1914)

4 septembre 1914

Appel au calme

Mr le Maire de Bessancourt, suivant la dépêche officielle de 11h du matin de Mr le sous-préfet de Pontoise,  demande instamment à ses administrés d’avoir du calme et du sang-froid en cette période critique.

Les nouvelles sont tout à fait rassurantes et l’émigration inutile constituerait en ce moment une gêne considérable pour les opérations de l’armée.

Il ne doute pas du bon sens de la population pour écouter ces conseils de sagesse , sans toutefois abandonner les mesures de prudence. (10)

Vendredi 4 septembre

Vers 3 heures du matin, l’artillerie et l’infanterie qui l’accompagne vont reprendre leurs positions de combat sur les côtes de Villiers Adam et Béthemont. La journée se passe dans une agitation fébrile et l’émigration est plus  grande que jamais.

Le soir à 9 heures l’artillerie et l’infanterie reviennent prendre leur cantonnement de la veille. On remarque l’énervement de certains officiers. On s’attend au matin du samedi à un engagement.(10)

Le 4 septembre 1914 au soir, tout est prêt; et bien que French hésite, ne croyant pas l'armée anglaise encore en état d'affronter la bataille, Joffre décide de saisir l'occasion que lui offre Gallieni. Il va arrêter la retraite et lancer toutes les armées à l'attaque, le 6 septembre 1914, au matin. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

L'ordre d'offensive générale est expédié le 5 septembre 1914, à 5h00 du matin.

Cet ordre prévoit une attaque enveloppante de la 6e armée, partant de l’Ourcq, en direction de Château-Thierry. L'armée anglaise et la 5e armée appuieront cette attaque; l'armée Foch couvrira: la droite de la 5e armée. Dans la journée, des instructions aux armées de droite compléteront ces dispositions : la 4e armée doit faire tête à l'ennemi en se liant étroitement à la 3e armée qui attaquera le flanc gauche des armées allemandes, face à l'ouest. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Aux troupes, on lit cet ordre du jour

« Au moment où s'engage une bataille d'où dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis, et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. » JOFFRE.

carte2

Situation le 5 septembre, veille de la bataille de la Marne:

Le 5 septembre 1914, l’armée Maunoury prend l’offensive sur l’Ourq au nord-ouest de Meaux ; c’est la première phase de la Bataille de la Marne qui va mettre Paris et ses environs au nord à l’abri de la menace allemande. (7)

Le 5 septembre 1914 au matin, Joffre rencontre French à Melun et réussit à emporter son adhésion pour la contre-offensive, jusque là incertaine (l'honneur de l'Angleterre est en jeu, monsieur le maréchal!).

Dès l'après-midi du 5 septembre 1914, l'armée Maunoury se déplaçait vers l'est, pour gagner l'Ourcq, d'où elle devait partir à l'attaque le lendemain, quand elle se heurta au IVe Corps de réserve allemand solidement retranché sur les hauteurs de Neufmoutiers, de Monthyon et de Saint-Soupplets où von Kluck l'avait placé en flanc-garde.

A droite, la 55e division, au centre la 56e, à gauche le 7e Corps se jettent en avant.

Nos soldats sont héroïques. Un moment, à Villeroy, sous les gros obus qui font rage, une section du 276e hésite:

«Nous n'avons rien pour nous protéger, disent les hommes, nous n'avons pas nos sacs! » Le lieutenant s'est levé, tout droit dans la rafale : « Ni moi non plus, je n'en ai pas ! Regardez moi donc ! »

Et au même instant, comme sa figure rayonnait, un obus l'abat.

C'était Charles Péguy, le délicieux poète, le fin polémiste des Cahiers de la Quinzaine, l'une des jeunes gloires de la France, qui venait de donner joyeusement sa vie pour elle.

Le soir, les nôtres ont atteint le pied des positions allemandes. L'assaut est prêt pour le lendemain matin.

Le samedi 5 septembre 1914

Charles Péguy est tué à Villeroy, près de Meaux, à la tête de sa compagnie d'infanterie.

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle

Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,

Couchés dessus le sol à la face de Dieu.

Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,

Parmi tout l'appareil des grandes funérailles. » Eve, 1913

Charles Péguy, poète, écrivain, mobilisé dès le premier jour de la guerre, passera sa dernière nuit à Montmélian-Saint-Witz à la limite de l’actuel Val d’Oise. Il mourra à Villeroy le 5 septembre 1914, premier jour de la bataille de la Marne. Voici le récit de cette mort :

«  Les balles sifflent au ras de nos têtes …. La voix jeune et claironnante du lieutenant Péguy dirige le feu, indique les hausses et les points de mire. Il est derrière nous, insoucieux des balles qui le visent et le frôlent dans un sinistre bourdonnement d’abeilles, courant de l’un à l’autre pour faire activer le tir, s’appuyant par instants, afin de reprendre son souffle, sur un rouleau agricole abandonné sur la route, debout, courageux, admirable… un premier bond, puis un deuxième nous portent 200mètres en avant. Mais aller plus loin pour l’instant, en unique vague d’assaut, sans une ligne de soutien en arrière, sur un terrain où la pente déclinante et la grande visibilité de nos uniformes font de nous autant de superbes cibles, avec à peine 150 cartouches par homme, et dans l’impossibilité d’en être ravitaillés, c’est une folie, un massacre certain et général. Nous n’arrivons pas à dix.

-« Couchez-vous ! Hurle Péguy, et feu à volonté ! » Nous lui, il reste debout, la lorgnette à la main, dirigeant notre tir, héroïque dans l’enfer… d’aucuns se plaignent : « nous n’avons plus de sac, mon lieutenant, nous allons tous passer ! »

-« ça ne fait rien, crie Péguy, dans la tempête qui siffle, moi non plus je n’en ai pas, voyez ! Tirez toujours ! » Et il se dresse comme un défi à la mitraille, semblant appeler cette mort qu’il glorifiait dans ses vers. Au même instant, une balle meurtrière brise ce noble front. Il est tombé, sur le côté, sans un cri, dans une plainte sourde, ayant eu l’ultime vision de la victoire tant espérée et enfin proche… » Victor Bourdon, avec Charles Péguy, 1916

Le samedi 5 septembre 1914 , le bataillon de Péguy s'élança à l'assaut baïonnette au canon sur un espace de près de 3 km, assaut caractéristique de 1914, en souvenir de Napoléon, l'assaut fut arrêté par les feux des fantassins allemands ; Péguy ordonna à ses hommes de se coucher, de s'abriter derrière leur sac et de tirer à volonté; En moins d'une heure la 19eme compagnie allait perdre 3 officiers et plus de 150 hommes; Cependant le lieutenant Péguy est toujours debout, devant les cris et les appels des blessés qui se font de plus en plus angoissés et pressants, il hurle avec une énergie rageuse : "Tirez! Tirez Nom de Dieu !!!" Certains hommes lui crient qu'ils n'ont plus de sac, qu'ils vont tous y passer; Mais Péguy, lui, va et vient la lorgnette à la main, il reste debout près de ses hommes, se porte à leur alignement, leur désigne les ennemis à viser; Soudain une balle atteint Péguy au front sur le coté gauche, il s'écroule d'un coup sur le flanc en murmurant " Ahh ! Mon Dieu ! Mes enfants ! "

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Samedi 5 septembre à 5h du matin le 316e régiment d’infanterie, se met en marche par Puiseux, Pontoise, St-Ouen-l’Aumône, St-Leu-Taverny, St-Prix, Domont, Ezanville, Ecouen et va cantonner à Mesnil-Aubry.

… sur le chemin du retour, nous pûmes bavarder avec des artilleurs, musant auprès de leurs pièces également braquées vers le nord. Les soldats conversaient sans méfiance avec les promeneurs, comme pendant les grandes manœuvres. Deux batteries étaient installées à droite et à gauche de la route de Chauvry sur le chemin allant de Bèthemont à Domont. Elles étaient constituées par des canons provenant du fort de Montlignon, -construit vers 1880, par le général Joffre, - et étaient reliées à ce fort par une voie de Décauville destinée à assurer le ravitaillement en munitions. (2)

Le « Petit Parisien » organise un service. Un habitant de Taverny vend la liberté tous les soirs. La situation reste la même pendant les jours qui suivent. (8)

Un détachement de fusiliers marins cantonne deux jours à Taverny et se rend à la bataille de l’Ourq. Je constate que la discipline est très sévère. Je répare pendant une journée des cartouchières qui ne sont pas neuves. Qu’importe l’équipement, car tous les marins ont l’air décidé de se trouver en face des boches. (8)

Argonne

En ce début septembre les unités se reconstituent à partir des dépôts, tandis que la distinction entre unités d'active et de réserve disparait progressivement. Le GQG s'est transporté à Châtillon sur Seine, entre Dijon et Troyes. Le front français est continu mais en deux parties: de Paris à Verdun, et de Verdun à Belfort. Pour l'instant le camp retranché de Maubeuge tient toujours.

La 6° armée Maunoury est sur l'aile gauche, dos à Paris, sur l'Ourcq. Elle représente une force importante mais hétérogène, avec une majorité d'unités de réserve, la 45° division algérienne (général Drude), la brigade marocaine et le corps de cavalerie Sorbet. La BEF est à sa droite, suivi de la 5° armée Franche d'Espéra auquel est associé le second corps de cavalerie qui vient d'être constitué. Ces trois armées attaqueront la 1ère armée allemande. La 6° armée française menant l'action principale en attaquant de flanc le corps allemand dirigé vers Paris.

Au centre, la 9° armée Foch et la 4° armée de L’angle de Carry devront contenir la poussée ennemie, tout en accompagnant le retour offensif de l'aile gauche française. A droite, tout en s'accrochant au camp retranché de Verdun, la 3° armée Sarrail devra compléter l'action de Maunoury en attaquant vers l'ouest.

Ces armées devront mener la contre-offensive d'ampleur destinée à forcer cinq armées allemandes à refluer vers le nord. Les forces s'opposant sont de 760.000 français et 82.000 britanniques, contre 680.000 allemands. Cet avantage numérique au profit des alliés devient très fort à l'est de Paris.

Sur l'aile droite les 2° armée Castelnau et 1ère armée Dubail mènent une bataille séparée dans les Vosges et en Lorraine contre les 6° et 7° armées allemandes qu'elles doivent contenir. Les armées bavaroises tenteront du 4 au 13 septembre de percer le rideau défensif aux hauteurs du Grand-Couronné, et de prendre les armées françaises en tenaille. Le front de Lorraine a cependant tenu. 

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Le 5 septembre: Averti des transferts de troupes de son adversaire, Von Moltke prend conscience du caractère aventureux du raid de Von Kluck. Envoyé par la direction suprême, le lieutenant-colonel Hentsch arrive au QG de la 1ère armée le 5 septembre 1914 au soir et informe Von Kluck de la situation. Celui-ci comprend le danger de sa position trop avancée, mais ne s'imagine pas l'imminence de la contre-offensive. Il décide donc de reculer en échelons progressifs de 20km jusqu'au nord de la Marne afin de se réaligner avec la 2° armée Von Bülow, et rédige ses ordres pour le lendemain.

Dans l'après-midi du 5 septembre, un accrochage a lieu entre une colonne d'infanterie du 55° régiment de réserve de la 6° armée et des unités du corps allemand de flanc-garde devant le village de Monthyon, sur la route de Meaux à Senlis. C'est au cours de cet accrochage que le lieutenant Péguy trouvera la mort. Les premiers coups de canons de la bataille de la Marne viennent d'être tirés. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Samedi 5 septembre 1914

A 3 heures du matin l’artillerie et l’infanterie vont reprendre encore une fois leurs positions de combat, une voiture est réquisitionnée avec deux brancards de la Croix Rouge de Saint-Leu. Une ambulance provisoire est établie dans la cabane de chasse de Mr Petit maire et de Désiré Langlois (route de Béthemont).

Vers 5 heures du matin, l’arrivée du corps de gendarmerie de l’Isle Adam et les paroles imprudentes d’un officier d’artillerie sèment la  panique dans la pays qui se vide d’habitants.

A 8 heures du matin, Mr le Maire, tout surpris, s’aperçoit que malgré ses conseils rassurants de la veille,  un quart des habitants reste seul dans la commune.
La journée se passe pourtant dans le plus grand calme et dès le soir on apprend que les troupes allemandes de Creil se portent dans la direction de l’Est.

Dans l’après midi vers le soir, l’artillerie va prendre son cantonnement à Saint-Leu, parc de la Chaumette , et le général de brigade de Pélacot vient se loger chez Mr le Maire avec son état-major. (10)

A la tête de la 5° armée, Franchet d'Esperay annonce qu'il est prêt à attaquer le 6 septembre 1914, comme Foch et Gallieni. Par ailleurs si la 6° armée Maunoury attaque au nord de la Marne, les anglais seront de la partie. Joffre prend donc la décision d'attaquer à l'aube du 6 septembre 1914. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

On a dit que la lutte allumée le 6 septembre 1914 au matin, de Paris à Verdun, ne fut pas une bataille unique, mais une série de batailles que chacune des armées mena pour son compte particulier, avec ses propres moyens ou grâce à l'appui des armées voisines, suivant les conceptions de chaque chef, l'inspiration et la valeur de chaque combattant.

Rien n'est plus inexact. La bataille de la Marne est un tout admirablement ordonné dont l'immensité seule empêche d'embrasser l'ensemble d'un seul coup d’œil. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le 6 septembre: Vers sept heures et demie, Joffre signait l'ordre du jour de la Marne:

"Au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles aucune défaillance ne peut être tolérée"

6septembre

Le 6 septembre 1914, au matin, Maunoury s'avance vers l'Ourcq. Il est rapidement arrêté par Von Kluck qui, averti de l'accrochage de la veille, vient de dérouter un de ses corps en renfort. En fin de journée Von Kluck en déroute deux autres pour déborder la 6° armée. Le rééchelonnement de la 1ère armée se poursuit, et les reconnaissances aériennes montrent d'ailleurs le mouvement de fortes colonnes remontant vers le nord. Ainsi Von Kluck positionne 3 corps d'armées face à Maunoury, tandis que deux autres résistent au sud à Franchet d'Esperay. En adoptant un dispositif en équerre, Von Kluck crée une brèche à l'angle, qu'il ne masque que par un corps de cavalerie. 

La BEF attaque à l'angle, mais c'est sans conviction qu'ils repoussent la cavalerie allemande jusqu'à Coulommiers. Plus à droite, la 5° armée n'avance que de quelques kilomètres, alors qu'avec l'équivalent de 5 corps, il aurait pu envelopper les 2 corps de l'aile gauche de Von Kluck. Deux occasions ratées par French et Franchet d'Esperay.

En revanche face à la 2° armée Von Bülow, la 9° armée Foch avance et s'assure des hauteurs au nord des marais de Saint-Gond. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le dimanche 6 septembre 1914, nous entendons très distinctement le canon. Les troupes du camp retranché de Paris, prennent contact avec l’ennemi sur l’Ourcq et le Grand Morin je pars à bicyclette avec l’intention d’aller à Pontoise. Avant Pierrelaye je croise des Dragons qui m’avertissent que je ne passerai pas. Je remarque que les travaux de défense sont poussés activement ; des tranchées partout. A la Patte d’Oie, des arbres dans le milieu de la route enchevêtrés dans de longs chariots. Je vois un régiment de ligne qui marche sur Paris. Le canon s’entend de plus en plus. (8)

Dimanche 6 septembre 1914

Le  matin a lieu l’inspection de tous les cantonnements de la 166ème brigade par le général et Mr le Maire est invité à l’accompagner en auto. Les communes suivantes sont traversées :  Pierrelaye, Chennevière, Conflans, Maurecourt, Vincourt, Neuville, Ham, Cergy, Pontoise, Aumône, Epluches.

A Pierrelaye le général de Pélacot rencontre l’Etat Major du 7ème corps et le général Ebener revenant de la bataille de Bapaume et se dirigeant sur Bondy.

A Chennevière rencontre du 1er régiment de chasseurs à cheval de réserve, affecté à la 166ème brigade.

Tous les ponts traversés sont gardés militairement et sont minés par le génie en prévision de l’offensive possible des troupes allemandes.

La visite est continuée l’après-midi dans les communes de Béthemont, Chauvry (les batteries d’artillerie lourde dans la forêt), Villiers Adam, Méry, Mériel, Frépillon.

Toutes les communes sont occupées militairement par les troupes de la 166ème brigade (un régiment mixte a été formé à Paris avec une partie du 22ème d’infanterie territoriale et une partie du 29ème d’infanterie territoriale appartenant à la 165ème brigade). Les ponts sautés de Mériel et d’Auvers sont gardés par de l’infanterie et du génie.

Dans la journée une évacuation de malade installés dans la classe enfantine a lieu par le service de l’approvisionnement sur Montmorency

En revenant à Beauchamp, une patrouille de dragons me demande mes papiers. Je fais voir un sauf-conduit permanent de la mairie de Taverny. Le maréchal des logis me dit : « vous avez de la chance d’avoir un sauf conduit permanent, il ne vaut rien. Il vous faut un laissez-passer, visé sous les 48 heures. Marchez devant nous ». j’ai oublié de dire qu’ils avaient devant eux ? pas mal d’hommes et de jeunes gens. « Et ceci est-ce en règle ? » lui dis-je en montrant ma carte de garde civique. « Continuez votre route » me répondit-il. (8)

carte2

 

Il existe malheureusement un vide à Mailly entre la 9° armée Foch et la 4° armée de Langle de Carry, vide dans lequel la 3° armée Von Hausen pourrait s'engouffrer dangereusement. Sollicité par la 4° armée duc de Wurtemberg et la 3° armée Von Bülow, Von Hausen se répartit entre ses ailiers et manque l'occasion. Le 21° corps de la 2° armée arrive alors à point nommé pour boucher le trou.

À droite, la 3° armée Sarrail attaque le flanc gauche de l'ennemi en s'appuyant sur Verdun, mais se fait ramener par la 5° armée du Konprinz impérial. Il existe là aussi un vide entre la 4° armée et la 3° armée à Révigny, vide que vient combler l'arrivée opportune du 15° corps de la 2° armée.

Le soir du 6 septembre, Joffre n'a pas emporté la décision, mais l'ennemi est surpris. Comment une armée qui retraite depuis dix jours a t-elle pu reprendre l'offensive? (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

7 septembre 1914 le génie fait venir 800 ouvriers terrassiers. (6)

Le 7 septembre: Maunoury cherche enfin à déborder Von Kluck par le nord pendant que le reste de son armée pousse en direction de l'Ourcq. Les deux actions échouent. Von Kluck rappelle alors ses deux autres corps pour en finir avec Maunoury, quitte à agrandir la brèche existante et dégarnir l'aile gauche de Von Bülow. Risque considérable, mais la 6° armée ne peut tenir face à une 1ère armée allemande au complet. La brèche n'est masquée que par 2 corps de cavalerie et une division de flanc-garde. Or l'un de ces corps de cavalerie se replie, ouvrant carrément la voie aux britanniques. 

La BEF avance, mais sans connaitre l'existence de ce vide. Ils auraient pu prendre à revers le 2° corps allemand, autre occasion manquée. La 5° armée, épuisée, avance prudemment, franchit le grand Morin et s'arrête peu après.

Les 9°, 4° et 3° armées françaises résistent aux coups de butoirs allemands. 

Il n'y eut rien de décisif ce jour là. Le seul événement majeur est la chute du camp retranché de Maubeuge au terme de dix jours de siège, alors que la place aurait pu tenir plus longtemps si elle avait été mieux commandée. 

Le 8 septembre 1914, 1500 fusiliers marins logent à Taverny. (6)

Dans la plaine, entre Saint-Leu et le Plessis-Bouchard, étaient semblablement installés deux groupe de canons provenant du fort de Cormeilles-en-Parisis, auxquels ils étaient également reliés par voie Decauville. (2)

Il arrive à Taverny, pendant cette période, une armée de terrassiers recrutés pour la plupart à Paris. Pour activer les travaux de défense, le nouveau commandant du camp retranché de Paris, le général Gallieni qui succède au général Michel fait appel à la main d’œuvre civile. (8)

Un train spécial nous débarque plusieurs centaines d’hommes armés de pelles et de pioches et qui font pas mal de potin. Tous les commerçants ferment leur établissement. J’entends du bruit sur la place de la mairie. Je m’y rends et je vois le maire qui fait un discours à ces ouvriers de fortune. Il faut croire que ses paroles leur plaisent, car ils applaudissent fortement. Ces terrassiers sont divisés en plusieurs groupes et cantonnés dans le pays. Le lendemain ils seront sous les ordres de l’autorité militaire. Parmi les travaux de défense qui sont opérés à Taverny, je note :

Tranchées dans la plaine, dans le bois des Aulnaies et le bois de Boissy.

Meurtrières dans les murs des châteaux de Beauchamp et de Boissy.

Des travaux de défenses avancées ont lieu autour des forts qui nous environnent. (8)

Le génie qui a fait venir la veille 300 ouvriers terrassiers, en reçoit 500 de plus qu’il faut loger tant bien que mal. Les ouvriers qui n’ont pas été payés réclament bruyamment leur dû sous les fenêtres de la mairie. Le maire entame de difficiles pourparlers avec les délégués, car il n’a ni le pouvoir, ni les moyens de négocier. (6)

Enfin, les hommes pourvus chacun d’un acompte de 2.50 francs quittent la place de la mairie en manifestant leur satisfaction. (6)

Au total, 2300 hommes – soldats et ouvriers – sont cantonnés dans le village. Diriger le pays n’est pas une mince affaire. A plusieurs reprises, la salle du conseil est le témoin d’accrochages sérieux entre le maire et les officiers du Génie. (6)

Le plus curieux est qu’il fut révélé, après la guerre, que les rails Decauville, n’auraient à  transporter que quelques obus pour chaque pièce, et que, réduits alors à défendre la position le mousqueton à la main, les servants n’auraient disposé que de rares chargeurs de munition (2)

Le 8 septembre: Maunoury tente sa chance sur son aile droite, au sud, mais il s'enlise dans des combats frontaux alors qu'il doit passer à la défensive, étant débordé sur sa gauche. Gallieni se rend compte en début d'après-midi qu'il a en face de lui au moins trois corps d'armées dotés d'artillerie lourde. 

En revanche la brèche allemande s'agrandit. La cavalerie britannique s'engage timidement sans pousser tandis que la 5° armée franchit enfin le petit Morin et repousse la division allemande de flanc-garde. Particulièrement conscients de ce vide, Von Moltke envoie à nouveau Hentsch en mission. Von Bülow et lui se concertent et se convainquent de la nécessité d'un recul. 

Au centre cependant les assauts allemands mettent à mal les armées françaises. La 9° armée Foch vacille sous les assauts, le 11° corps sur sa droite recule au delà de Fère-Champenoise tandis que la division marocaine au centre est refoulée sur Mondement. À droite, Langle de Carry tient bon, mais Sarrail se voit sur le point de perdre à nouveau contact avec lui. Joffre autorise donc Sarrail à se replier vers le sud et à abandonner Verdun (camps retranché qui peut résister).

Joffre ne désespère cependant pas de réussir sur l'aile droite de Maunoury ce qu'il n'a pu réussir sur sa gauche, et prescrit pour le lendemain d'accentuer l'effort de la BEF et de la 5° armée, même s'il n'a pas encore conscience de la brèche laissée par les allemands.

Ainsi, la contre offensive de Joffre ne tient elle pas encore ses promesses, le 8 au soir, mais commence à faire perdre les initiatives à l'ennemi.

9septembre


 

Le 9 septembre: Von Kluck parvient enfin à déborder l'aile gauche de Maunoury sur l'Ourcq et à le contraindre à reculer. Paris s'attend à la bataille pour le 10. Mais alors que la 6° armée est sur le point de plier Von Kluck apprend que les anglais ont franchi la Marne à la Ferté sous Jouarre. Même si une fois de plus les britanniques n'exploitent pas l'occasion, leur simple présence dans le dos de la 1ère armée crée un choc aux stratèges allemands.

En remarquable tacticien, Von Kluck décide de faire reculer son aile gauche en garde face au sud tout en espérant obtenir la décision sur sa droite. Averti du recul de Von Bülow, et bien que se sentant très prés du but, Von Kluck n'a d'autre choix que de reculer pour ressouder les 1ère et 2° armées allemandes. Or celles-ci prennent des directions opposées qui agrandissent encore la brèche!

Pendant ce temps la 3° armée Von Hausen mène encore la vie dure à la 9° armée Foch, qui accomplit des prouesses pour tenir. Von Hausen sent la victoire à portée de main, lorsqu'il reçoit en début d'après-midi l'ordre de retraite.

Par effet de continuité, les autres armées allemandes doivent en effet suivre le mouvement, qui devient général le 10, afin de conserver leur alignement. Elles retraitent cependant méthodiquement, en bon ordre, et il faut bien le dire, à leur rythme. 

Fatiguées, les armés françaises ne suivent que mollement, sans se rendre toujours compte que l'ennemi retraite plus qu'il ne combat.

assaut

Le 10 septembre: French et Maunoury se rendent compte vers midi que le terrain est libre et que le contact est perdu, la 1ère armée allemande s'étant retiré de nuit. La 9° armée Foch remonte vers le nord, traverse Fère-Champenoise et s'arrête au delà des marais de Saint-Gond. Joffre a compris que le sort des armes vient de basculer, et prescrit pour le lendemain une poursuite frontale. 

Le 11 septembre: Les alliés avancent prudemment et suivent plus qu'ils ne poursuivent. A gauche le corps de cavalerie atteint Verberie, sur l'Oise, la 6° armée traverse la forêt de Villers-Cotterêts, la BEF est à Fère-en-Tardenois, le 2° corps de cavalerie et la 5° armée s'arrêtent au sud de la Vesles, la 9° armée borde la Marne d'Epernay à Chalons.

L'ennemi recule, plus du fait du haut commandement allemand que de la poussée des alliés. Von Kluck franchit l'Aisne entre Archery et Soissons. Von Bülow se retire derrière la Vesle. La brèche créée au sud de la Marne existe encore au niveau de Fismes, masquée par deux brigades d'infanterie seulement. Se rendant pour la première et dernière fois sur le front Von Moltke ordonne un recul supplémentaire. 

Se rendant compte que l'ennemi n'est pas en déroute et que continuer à le suivre revient à l'affronter prochainement, Joffre décide de le déborder par la gauche et donne ses ordres en conséquence. Les 9° et 4° armées devront repousser l'ennemi vers le nord-est, tandis que la 3° poussera vers le nord. La 6° et 5° armée ainsi que la BEF devront déborder l'ennemi, avec en renfort le 15° corps prélevé sur l'armée de Sarrail. 

Joffre rédige le soir même un premier bulletin de victoire qui sera connu des unités le lendemain, 12 septembre:

"La bataille qui se livre depuis cinq jours s'achève sur une victoire incontestable... La reprise vigoureuse de l'offensive a déterminé le succès. Tous, officiers, sous-officiers et soldats, vous avez répondu à mon appel. Vous avez bien mérité de la Patrie"

Le 12 septembre: Von Kluck qui avait franchit l'Aisne s'établit en défensive. Von Bülow se retranche sur la Vesle à l'est de Reims, laissant ainsi la brèche ouverte. Les britanniques traversent alors la Vesle à Braine, tandis que la 5° armée la traverse à Fismes. Von Bülow recule à nouveau sur l'Aisne tandis que la brèche existe encore.

Pourtant les allemands attendent eux aussi de pouvoir se rétablir, et attendent en particulier le corps libéré de Maubeuge et un autre qui a été pris à gauche à la 7° armée.

Assez rapidement la fameuse brèche est comblée et le front devient infranchissable.

Le 13 septembre: Maunoury cherche à déborder l'aile droite de Von Kluck, mais se heurte après avoir franchi l'Aisne à un corps placé en retrait. French est lui aussi bloqué. Au centre Franchet d'Esperay entre en triomphe dans Reims, mais ne peut dégager complètement les alentours de la ville. Quand Franchet d'Esperay découvre enfin la fameuse brèche, il est trop tard, elle se referme déjà, et son 18° corps ayant franchit l'Aisne se heurte au corps libéré de Maubeuge. 

Le 2° corps de cavalerie traverse également l'Aisne et poursuit plein nord jusqu'à Sissonne. Le 4° groupement de divisions de réserve pourrait s'engager pour exploiter au-delà de Berry-au-Bac, mais n'ose poursuivre, étant en pointe et sans soutien. Von Bülow dirige sur ces deux formations ses propres réserves et le corps de la 7° armée. Le corps de cavalerie et le groupement de divisions de réserve doivent battre en retraite le lendemain. 

13 septembre 1914

"Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout l'ennemi est en retraite. Partout les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées surexcitées par le succès exécutent une poursuite sans exemple par son extension... Le gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée." (La 1ere bataille de la marne : 5 - 12 septembre 1914) Communiqué de JOFFRE au Ministère de la Guerre
Les 14 et 15 septembre: trois nouveaux corps allemands pris sur les 3°, 4° et 5° armées et placés sous les ordres du général Von Steinmetz arrivent par le pont de Neuchâtel et verrouillent enfin la brèche. Les 9° et 4° armées françaises sont stoppées devant les positions allemandes organisées mais solides. La contre-offensive de la Marne vient de s'achever. 

Conclusion: Redressement inattendu, le miracle de la Marne a montré le courage et la valeur du soldat français. Rendue possible par les erreurs du commandement allemand, cette victoire est de façon tragique une succession d'occasions manquées par les vainqueurs, qui n'ont pas saisi les opportunités qui se présentaient par manque d'audace ou du fait de reconnaissances insuffisantes. Les allemands aussi ont du reculer alors qu'ils étaient très proche d'une victoire. Si Von Moltke s'était comporté en chef ou si Von Bülow avait eu plus d'audace, le sort des armes aurait sans doute été différent. 

Charleroi a marqué la fin du plan XVII, la Marne celle du plan Schlieffen. La course à la mer a été une défaite pour les deux camps qui ont du s'enterrer pendant plus de trois ans.

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Du 6 au 14 Sept 1914 Bataille de la marne, à l'issue de laquelle l'armée française qui s'est ressaisie, ouvre une brèche de 80 km entre les 1ère et 2e Armée allemande,

La cathédrale de Reims a été qualifiée de « cathédrale martyre » car, en 1914, peu après le début des hostilités, elle commence à être bombardée par les Allemands. Les premiers obus tombent sur la ville de Reims et sur la cathédrale le 4 septembre 1914, juste avant l'entrée dans la ville des troupes allemandes. En urgence, les abbés Jules Thinot et Maurice Landrieux installent un drapeau blanc pour faire cesser les bombardements.

Le 13 septembre, l'armée française reprend la ville, mais les Allemands se sont solidement retranchés aux environs immédiats de Reims et les bombardements reprennent le 14.

Le 19 septembre 1914, vingt-cinq obus touchent la cathédrale

Sur le front, à partir du 13 septembre 1914, chacune des deux armées tente de déborder l'autre par l'ouest, aucune n'atteint son but,

Mémoires de Gallieni

Le général Joffre m'a prévenu de ne plus communiquer moi-même de renseignements sur les opérations ni au gouvernement à Bordeaux, ni à la presse ; je crois que cela vaut mieux ainsi, car il est mieux placé pour savoir ce qu'il faut et ce que l'on peut dire. C'est donc à titre confidentiel et personnel que je vous envoie les renseignements ci-joints.

En somme, jusqu'à minuit, la situation semble assez favorable de notre côté. Elle se résume ainsi : la 6 e armée (2 divisions de réserve de Lamaze, 1 division 7 e corps, 1 brigade marocaine, 2 divisions de réserve Ebener) s'était repliée un peu hâtivement et avec de nombreux éléments en fort mauvais état, vers le Camp retranché de Paris, craignant d'en être coupée par la marche rapide des Allemands vers la Marne et au delà.

Je me suis occupé, avec les ressources très médiocres d'ailleurs que j'ai pu trouver ici, de lui envoyer officiers, hommes, chevaux, etc. Puis, pensant que nous avions une bonne occasion de coincer les six corps allemands qui, depuis si longtemps, accrochaient notre aile gauche (5 e armée), à défaut d'indications nettes du G. Q. G. j'ai aiguillé cette armée sur notre front est, avec objectif général l'Ourcq. Mais pour que l'action combinée pût réussir, il était indispensable que l'armée anglaise prît elle aussi l'offensive. J'ai donc multiplié les démarches auprès du maréchal French. Je ne le connaissais pas personnellement, mais j'avais été en relation avec plusieurs de ses officiers, alors qu'il opérait au Transvaal et que j'étais moi-même à Madagascar. Bref, il a consenti à marcher, mais à la condition formelle d'avoir ses flancs appuyés. C'est ainsi que j'ai dû, à "mon corps défendant, diriger au sud de la Marne la 8 e division du 4 e corps qui venait à peine de débarquer, et qui eût été bien mieux placée sur le flanc gauche de la 6 e armée, pour agir sur les lignes de retraite des Allemands. En même temps je m'ingéniai pour expédier en toute hâte au général Maunoury (6 e armée) tous les renforts, troupes dont je pouvais disposer, au fur et à mesure de leur débarquement, très retardé par l'encombrement des lignes ferrées. Par chemin de fer, par tous les taxi-autos de Paris réquisitionnés, j'ai pu ainsi pousser jusqu'au front, sur l'aile gauche Maunoury, vers Nanteuil-le-Haudouin, la 7 e division, bien réduite malheureusement, une division de réserve du général Ebener, la cavalerie, etc. Je vous envoie copie de l'ordre d'opérations avec un croquis vous indiquant bien la situation au moment où je vous écris. J'ai passé ces deux dernières journées sur le front. Hier, j'ai poussé jusqu'à la ligne de feu, un peu au delà de Monthyon.

Tout allait bien, mais nous avons déjà des pertes considérables : 55 e division de réserve, réduite à peine à un régiment, brigade marocaine, division algérienne. Il faut bien se rendre compte qu'après ces rencontres les troupes qui y ont pris part ont besoin immédiatement d'être reconstituées surtout en cadres. 11 est vrai que les Allemands sont peut-être encore plus exténués que nous. Hier Un convoi de prisonniers vers Monthyon marchait tout seul sans être gardé, les hommes saluant, mais ne cherchant nullement à s'échapper. Ils paraissent exténués, ne songeant qu'à dormir. C'est le moins épuisé et celui qui saura le mieux réparer ses pertes et ses forces qui aura raison de l'autre. Je vous remercie pour la solution de l'incident Doumer. Je vous serai reconnaissant de dire à M. Viviani que j'ai compris ses instructions et m'y conformerai. M. Doumer n'existe pas comme personnage officiel. Il n'agit qu'en mon nom et par mon ordre. C'est un anonyme.

Moi, mes fonctions militaires, mes préoccupations de commandant d'armée sont tout aujourd'hui. Et d'autre part, je tiens à diriger moi-même, de haut et avec l'impulsion rapide qu'il convient aujourd'hui, tous les services dits civils. Pour cela il me fallait un homme que j'ai cherché et n'ai pas trouvé. C'est pour cela que j'ai accepté de suite, après vous avoir consulté, les services que m'offrait M. Doumer qui, une heure après votre avis, avait déjà organisé ses services. M. Delanney, que j'avais prévenu, s'est montré très satisfait de cette solution. J'ai vu hier M. Albert Thomas, qui m'a présenté M. Renaudel, que j'ai assuré de tout mon concours et que j'ai remercié pour le sien. Comme je vous l'ai dit, Monsieur le Ministre, je ne fais pas de politique, qui n'est pas de ma compétence. Je ne m'occupe que de la mission que vous m'avez donnée.

Enfin je vous demanderai de ne pas oublier que Paris, ^avec ses territoriaux en nombre insuffisant, avec ses ouvrages médiocres et très exposés, avec son matériel d'artillerie démodé (nos pièces ne portent qu'à 8 kilomètres contre les pièces allemandes portant à 14 kilomètres), ne peut se défendre longtemps et dans de bonnes conditions. Il est donc indispensable, quoi qu'il arrive, que l'armée d'opérations le défende. Aujourd'hui je me suis démuni de tout pour le front. Il est bon de savoir cela. Constamment, quoi qu'il arrive, Paris doit toujours être couvert par l'armée.

Veuillez agréer, monsieur le Ministre, l'hommage de mon respectueux dévouement.

Signé : Gallieni. (3)

Nous apprenons que la bataille de la Marne est gagnée par nos vaillantes troupes. Les visages sont souriants, ce qui était devenu très rare depuis quelques semaines. Les journaux annoncent que les ajournés, exemptés, réformés et service auxiliaire devront passer une nouvelle visite. (8)

-Repli du front allemand qui met Paris à l'abri de la menace jusqu'en 1918,

Puis c’est le redressement et la victoire de la Marne, les Chambres reviennent à Paris et les habitants de Saint-Leu regagnent leurs demeures. (1)

Les communications ferroviaires sont rétablies : un pont de péniches est installé sur l’Oise, à Beaumont. (4)

Au lendemain de la victoire de la Marne, Gallieni organise le camp retranché de Paris, en prévision d’un retour offensif allemand.  On peut lire dans ses carnets à la date du 22 septembre 1914 : « avec Sembat et Briand, tournée dans la région Nord, pour montrer nos travaux, dont ils se montrent très satisfaits. On a fourni un effort gigantesque. Visite au Fort de Domont, à Ecouen, où sont les fusiliers marins, aux batteries, à l’Orme de Morlu, etc. Nos visiteurs, que j’essaie d’animer, ne me donnent pas l’impression d’être de nouveaux Gambetta. Les Allemands reculent partout, abandonnant des prisonniers, des obusiers, des amoncellements de munitions, etc. Malgré la victoire, il ne faut pas négliger Paris. Je prescris l’installation de quelques batteries d’artillerie de marine ». (4)

D’après une lettre du conservateur du Musée Jean-Jacques-Rousseau à Montmorency : « le fort de Domont est le seul fort de la ceinture de Paris à tirer sur l’armée allemande en 1914 » Resté sur place à Montmorency, avant de partir à son tour, M. ROWE a visité les tranchées de Gallieni creusées le long de la route de Domont à Bouffémont ».(4)

Disons tout de suite, que la vallée de Montmorency ne fut pas investie : l’extrême avance des reconnaissances allemandes au nord de Paris (les 3 et 4 septembre 1914) se situe à la sortie sud de Luzarches, près du château de Champlâtreux, à 10km de notre village. Rien d’important n’aura lieu dans notre région jusqu’à l’armistice. (4)

Depuis le 16 septembre 1914, où les Allemands refoulés jusqu’à l’Aisne sont dans l’impossibilité de reprendre l’offensive , la situation à Taverny revient à peu près normale.3 petit à petit la population rentre dans ses foyers. (8)

7 octobre 1914 visite du président de la république Raymond Poincarré au 32 RIT en forêt de Montmorency

 14septembre

general

 20septembre

 coursemer

La course à la mer

Les offensives des belligérants sur le front ouest - La stabilisation du front - Chaque camp rassemble ses ressources en vue d'une guerre longue - les adversaires qui croyaient à une guerre éclaire commencent à s'enterrer,

L’armée allemande stoppée, le front fut constitué, de la Mer du Nord à la trouée de Belfort, par deux lignes de tranchées que ne séparaient le plus souvent que quelques mètres (2)

Lundi 7 septembre 1914

Au matin, les soldats du génie embauchent des ouvriers de la commune et des environs pour les tranchées et ouvrages de fortifications à exécuter sur le territoire de la commune.

Mardi 8 septembre 1914

Des chants populaires annoncent bruyamment  l’arrivée de 172 terrassiers envoyés par la Bourse du Travail de Paris et habitant Paris, Montreuil, Bagnolet , etc  qui viennent procéder aux tranchées et abattages d’arbres.

Mr le Maire d’accord avec le général prend toutes les dispositions nécessaires pour loger ces hommes dans l’école de filles en construction. Pour pouvoir les surveiller et prévenir toute déprédation dans la commune une garde de 40 hommes est demandée à la 7ème compagnie du 29ème logeant au château Saint-Jacques par ces précautions des propriétés de la commune sont sauvegardée (10).

Mercredi 9 septembre 1914

Les ouvriers terrassiers et une foule d’autres sillonnent les rues de la commune pour chercher à s’y loger et s’y approvisionner.. la population qui reste et les hommes du 29ème suffisent à maintenir le bon ordre (10).

Jeudi 10 septembre 1914

Des reconnaissances et patrouilles fouillent les forêts de l’Isle Adam et de Montmorency pour y rechercher des uhlans et hommes de convois égarés du gros de l’armée allemande (10).


Vendredi 11 septembre 1914

Le beau temps et la chaleur font place à une pluie diluvienne.

Le terrassement et l’abattage d’arbres s’exécutent depuis l’extrémité Sud du territoire. Lieu dit : bois des Boulins de Madame, de Rosière. Ils sont surtout désastreux dans les lieux dits : « les Poquettes », les « Brosses », les « Coupillers », les Titous et « la pointe des Hivets » où les pommiers et autres arbres fruitiers sont pour la plupart détruits (10

Vendredi 11 septembre 1914

Revue de toutes les troupes sur leur emplacement de combat par le Général Gallieni Gouverneur de Paris. Le chemin vicinal de Montubois et de Béthemont est resté occupé toute la matinée par la cavalerie du 1er chasseur et 25ème dragon. La 45ème d’artillerie avait repris ses emplacements de combat de la semaine précédente. L’infanterie avait occupé les tranchées nouvellement faites de la côte de Montubois. (commune de Béthemont, Chauvry etc ) (10)

Sur le front, à partir du 13 septembre, chacune des deux armées tentent de déborder l’autre par l’ouest. Aucune n’atteint son but. (6)

Le conseil municipal (CM du 14 septembre 1914 – [15 conseillers présents sur 24]) :

« Leblond 1er adjoint , donne lecture d’une lettre qu’il a reçue de Mr Aimond, maire-sénateur, datée de Paris du 3 septembre et arrivée à St-Leu, le 7 du même mois et dont voici la copie :

« Sénat – 3 septembre 1914-

Mon cher Leblond

Hier; en rentrant de St-Leu, j’ai trouvé une dépêche de la Présidence qui m’invitait à partir avec le gouvernement par le train spécial.

Mes fonctions à la commission des finances ne permettent pas de décliner une pareille invitation et il ne m’est plus possible de rester à vos côtés dans la crise que nous traversons.

Je persiste à croire que les horreurs de la guerre seront évitées à notre vallée et que les renseignements que je reçois ce matin, bien que le pont de Méry soit coupé par nous, ne font que confirmer dans mes opinions.

Quoiqu’il en soit, je vais où le devoir m’appelle en vous souhaitant à vous et à tous bonne chance  et bon courage. Signé : E. Aimond ».

Vote d’un crédit de 5000 francs pour payer les réquisitions (CM du 14 septembre 1914)

« Le conseil vote un crédit de cinq mille francs à prendre sur l’emprunt de soixante dix mille francs pour permettre de payer les réquisitions de toute nature faîte pour l’armée ».

Nettoyage des classes (CM du 14 septembre 1914)

« Attendu la mobilisation de l’adjudicataire des travaux d’entretien de peinture et à l’urgence qu’il y a de procéder à la mise en état des classes des garçons et des filles, après le cantonnement des troupes, autorise le Maire à faire exécuter ces travaux, sous la surveillance, par les ouvriers chômeurs de la commune ».

Dimanche 19 septembre 1914

Une annonce est faite aux propriétaires d’arbres fruitiers pour qu’ils viennent faire déclaration des dommages causés aux récoltes et aux arbres (10)

Au début, pendant quelques mois, des territoriaux avaient cantonné à Saint-Leu et aux environs. (2)

Loin du front, Saint-Leu demeura à l'abri de l'agitation et des dangers qui régnaient dans la Zone des Armées (2)

L’autorité militaire interdit la circulation après huit heures du soir. (4)

Les chemins et les rues n’étaient plus éclairés la nuit à cause de la rareté du charbon et de son prix élevé qui restreignaient la fabrication du gaz ; nos départements du Nord et du Pas-de-Calais où sont situés nos plus importants charbonnages, et la Belgique, occupée par l’ennemi, ne pouvaient plus exploiter leurs mines ; la houille était fournie par l’Angleterre, mais les moyens de transport suffisants faisaient défaut. (7)

On saurait, pourtant, passer sous silence l'angoisse que connurent parents, épouses, enfants, tous ceux qui avaient vu partir les leurs : réservistes, dès le premier jour, puis, petit à petit, les classes de 14 à 18, dont l'appel était avancé, Pendant ces quatre longues années, on épia la venue du facteur apportant une courte lettre, écrite à la hâte, qui constituait le certificat de vie que ne recevaient plus hélas !... tant de parents, d'amis, de voisins !...(2)

Les dix derniers jours de septembre, des mouvements de troupe sans précédent agitent Taverny. (6)

Le 22 septembre 1914, le 45e d'artillerie territoriale vient faire le cantonnement pour 3 batteries d'artillerie, soit au total 8 officiers et plus de 150 sous-officiers et hommes de troupe. (6)

Le 23, une compagnie du 32ème RIT vient loger au château de la Tuyolle à Vaucelles,. (6)

Depuis le 25 septembre 1914 quelques jours, quatre trains circulant de Paris à Méry assuraient le service des voyageurs. Les haltes étaient supprimées celle de Vaucelles comprise, il fallait donc prendre le train à St-Leu. (7)

Le 28 septembre 1914, 95 artilleurs territoriaux arrivent en renfort. Le lieutenant d’Etat-major Clerc vient inspecter les postes de garde de la forêt. (6)

                                              Paris

Le 2 octobre, ils quittent, sous les acclamations de Parisiens, le Grand Palais pour s'en aller dans le secteur nord-ouest de la défense, vers le fort de Gonesse. Dans le nord, les Allemands menacent de bousculer les défenses belges, la défense de Paris n'est plus à l'ordre du jour ; la brigade doit se porter au-devant de l'ennemi dans les Flandres pour bloquer le passage vers la mer.

Le vendredi 2 octobre 1914, nous réintégrons Taverny après un mois d’absence; quoique la vie dans la capitale fût assez agréable, nous retrouvâmes avec joie le confort d’une maison installée suivant nos goûts ; peu d’habitants avaient regagné la localité à cette époque et la vie y était peu animée ; la nuit venue, un silence profond régnait, et l’éclairage des rues étant supprimé, on apercevait guère que les projecteurs des forts qui promenaient sur les nuages des rayons lumineux à la recherche d’avions ou de dirigeables ennemis qui pouvaient surgir et menacer Paris. (7)

Le temps était froid et humide, mais on s’en plaignait peu, en songeant à nos soldats qui affrontaient les rigueurs  de la température à peine abrités dans les tranchées. Un grand élan se manifesta en France envers ces braves qui luttaient sans défaillance pour l’indépendance de la patrie. La presse fit appel à toutes les bonnes volontés, et notamment aux femmes et aux jeunes filles pour confectionner des passe-montagnes, des gants, des tricots à envoyer à nos soldats. De tous côtés les dons affluèrent, les mains travaillèrent, et des automobiles rapides partirent sur le front pour répartir aux régiments, sous le feu, des vêtements chauds que le patriotisme avait réunis. (7)

Le 7 octobre, sept trains emportent les fusiliers marins de Saint-Denis et de Villetaneuse vers le front, en Flandres. A peine arrivée à Dunkerque, la brigade repart vers Anvers. A Gand, elle reçoit l'ordre de descendre du train, la voie étant coupée au delà.

Au début de vives critiques étaient formulées contre le service de l'aviation. Les boches venaient tranquillement jeter des bombes sur Paris sans être poursuivis par nos aéroplanes. Mais maintenant un service d'avions fonctionne nuit et jour. Nous entendons journellement le ronflement des moteurs. (8)

A partir du 8 octobre 1914 est lancé un programme d'augmentation du nombre d'escadrilles et de standardisation des appareils. Le nombre d'escadrilles est d'abord porté à 65 :

16 escadrilles d'Arme sur Morane-Saulnier (MS), Voisin (V) et Maurice Farman (MF).

30 escadrilles de Corps d'Armée sur Caudron (C).

3 Escadrilles de Cavalerie sur Blériot(BL).

16 escadrilles de Bombardement sur Voisin et Maurice Farman (MF)

Les fusiliers marins se battent les 9, 10 et 11 octobre pour protéger la retraite des troupes qui évacuent Anvers, puis décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante. Poursuivis par cinquante mille allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur le pont de leurs bateaux, fournissent des marches de trente et quarante kilomètres. Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine établie que les Allemands déclenchent à 16 heures leur première attaque par artillerie et infanterie. Les combats pour la possession de Dixmude viennent de commencer, opposant les 6 000 marins de l'Amiral Ronac'h et les 5 000 belges du Général Meiser à trois corps d'armées allemands, sous les ordres du Prince de Würtemberg.

Le 10 octobre 1914 nous apprenons la prise d’Anvers par les Allemands. Le Roi Albert 1er, sa famille et son gouvernement sont installés au Havre. (8)

Le 11 octobre 1914 plusieurs avions allemands jettent 20 bombes sur Paris. (8)

Le 13 octobre les Allemands occupent Lille. (8)

A la mi-octobre, les alliés envoient des renforts en Flandre pour aider l’armée belge menacée d’encerclement et pour barrer la route de Dunkerque.

La bataille de l’Yser entre Nieuport et Dixmude est le théâtre des pires affrontements entre les Allemands et les 6 000 fusiliers marins de l’amiral Ronarc’h renforcés par deux bataillons de tirailleurs sénégalais.

L’Yser doit être la barrière que viendront renforcer les troupes françaises. Á Dixmude, la brigade des fusiliers marins constitue un point d’ancrage d’une grande robustesse.

Le 3 novembre 1914 nous apprenons sans surprise que la guerre est déclarée entre la Turquie et la Triple Entente. (8)

Presles

Le 32e RIT à Presles, 7 novembre 1914 :

le 32e RIT. d'Argentan, dont deux bataillons ont cantonné à Presles en octobre-novembre 1914. Qui sont ces hommes ?

La réponse est « des hommes du 32e RIT », des hommes âgés de plus de 40 ans en général, souvent mariés, qui ne sont pas destinés à être en première ligne. Il est possible d'en dire un peu plus en s'attardant sur les détails de l'image.
Au centre, un lieutenant, à sa droite un sergent, deux caporaux, l'effectif pour l'encadrement d'une demi-section. Seul le nombre d'hommes ne correspond pas à l'effectif théorique qui devrait être de 27 hommes. Ici, ils ne sont que quinze.

 hommes

 conpagnons

Une correspondance incomplète :

Les écrits sont souvent très riches. Hélas, si cela semblait être le cas ici, on ne saura jamais tout ce qu'il y avait car la carte introduisait une lettre perdue.

"Presles, le 7 Novembre en forêt,

Ma Chère Petite,
J'ai reçu une carte de toi hier qui m'a fait bien plaisir. Tu as dû recevoir plusieurs lettres dont une écrite au crayon. Je te donnais aussi l'adresse des gens chez qui j'habite que tu me réclamais avec tant d'insistance et ne me parle plus de rien. Je t'envoie une photo assez mal faite du reste qui a été prise le lendemain de la Toussaint où nous avons eu un peu de repos, chose bien rare. J'ai l'épaule droite complètement prise par les rhumatismes et je souffre énormément ; dis moi comment il se fait que tu...
J'espère que tu as reçu l'adresse en question, [M. ?] Compagnon 12 rue de Paris, Presles.
"

Le parcours du 32e RIT en 1914

Mobilisé à partir du 2 août 1914, à son départ d'Argentan vers Paris, le régiment compte 3 bataillons à 4 compagnies. Ses effectifs sont de 48 officiers, 198 sous-officiers et 2676 soldats.
Tout le mois d'août, les bataillons du 32e RIT occupent des forts de Paris. Le régiment appartient à la 166e brigade d’infanterie, elle même composante de la 83e Division d'infanterie territoriale qui est intégrée au Camp Retranché de Paris.
L'approche des troupes allemandes de Paris début septembre entraîne la formation du Corps d'Armée Mercier-Milon (86e DIT, 92e DIT, 166e BI - dont les 1er et 2e bataillons du 32e RIT complétés par le 2e bataillon du 29e RIT - Brigade des fusiliers marins). Le régiment est en position autour de Mériel et Villiers-Adam.
Fin septembre, le régiment fournit des travailleurs, participe à des manœuvres. Cette dernière activité est liée à la note confidentielle n° 1993 9/11 du ministère de la guerre qui vise à prélever des hommes des plus jeunes classes de territoriaux pour compléter les effectifs des régiments de réserve. Il convient donc de ne pas entraîner les territoriaux qu'à des activités liées à la guerre de siège, mais aussi de leur faire exécuter des marches et des exercices pour les préparer à la guerre de campagne.
Du 5 au 21 octobre, le régiment participe à la mise en place d'une ligne de défense entre Villiers-Adam, Bessancourt et Taverny. Le 21, le régiment change de cantonnement. Les 2e et 3e bataillons sont à Presles, le 1er à Nerville. Du 22 octobre au 30 novembre, ce sont de nouveaux travaux de défense qui sont au programme. Le régiment quitte ce secteur le 11 décembre 1914

 vie

Tricot du soldat (CM du 3 novembre 1914 avec la présence du maire de retour de Bordeaux)

« Le conseil vote une somme de 150 francs à Mme Cochois Directrice de l’école communale des filles pour commencer l’œuvre du tricot du soldat ».

Eclairage (CM du 3 novembre 1914)

« La commune étant privée d’éclairage, le conseil décide de supprimer le cours d’adultes, les études surveillées et les cours de dessin ».

Marché (CM du 3 novembre 1914)

« le conseil décide de reprendre provisoirement l’administration du marché pendant la période de guerre. L’appariteur percevra les droit ».

4 novembre 1914

Le maire rappelle à ses administrés que les dégâts occasionnés par eux dans les ouvrages et travaux de défense du Camp Retranché les rendraient passible du Conseil de Guerre (10).

Répression des fausses nouvelles :

Le maire rappelle aux habitants de la commune que toute personne surprise à répandre ou à colporter des bruits faux ou présumés tels seront arrêtés dès que les autorités civiles ou militaires en auront connaissance. (10)

Augmentation du prix du gaz (CM du 14 novembre 1914)

« Mr le Président donne connaissance au conseil d’une lettre de MM Georgi et Cie propriétaires de l’usine à Gaz de Taverny par laquelle ils annoncent que le prix du mètre cube de gaz est, à la date du 1er novembre courant augmenter de 10 centimes.

Le Conseil considérant :

1/ que la compagnie du gaz a en départ une somme de 30.000 francs de laquelle elle ne paye aucun intérêt. (Cette somme étant constituée par les versements des abonnés) ;

2/ qu’avec cette somme elle aurait pu constituer des réserves de charbon

3/ qu’elle a augmenté les prix du coke de 25%.

Le conseil refuse l’augmentation du prix du gaz fixé par la Compagnie Georgi et compagnie ».

Envoi de vêtements chauds aux soldats (CM du 14 novembre 1914)

« Le conseil vote une somme de cent francs accordée à Monsieur Lecoq, Directeur des écoles publiques de garçons pour l’envoi de vêtements chauds aux soldats mobilisés de Saint-Leu ».

Bureau de bienfaisance (CM du 14 novembre 1914)

« Mr le Président expose que le bureau de bienfaisance ayant épuisé toutes les ressources et ne pouvant plus faire face aux dépenses extraordinaires de secours occasionnés par la guerre, il y a lieu pour la commune de prendre ces dépenses à sa charge. Le Conseil après délibération vote à l’unanimité une somme de 7000 francs pour faire face aux dépenses diverses courantes et aux secours de toute nature aux "nécessiteux ".


15 novembre 1914, vu la rareté du charbon, le fournisseur habituel de la commune ne peut procurer le combustible pour les classes des écoles. On s’est adressé directement à l’usine de Gennevilliers pour obtenir du coke, mais cet établissement exige le paiement immédiat. (4)

Le droit à l’allocation de secours ne sera pas ouvert aux employés et ouvriers dont les salaires seraient maintenus par leurs employeurs. (4)

Le 17 novembre 1914, le front s’étend de la frontière suisse jusqu’à la mer. Les adversaires qui croyaient à une guerre éclair commencent à s’enterrer. (6)

Alors qu’au front les deux armées se font une guerre de positions, à l’arrière, la vie reprend progressivement son cours. Taverny a retrouvé ses habitants. Le village est devenu une garnison et, à l’exemple de toutes les villes de garnison, le quotidien est parfois ponctué d’accrochages entre la troupe et la population. (6)

23/11/1914 : Création du 1er groupe de bombardement (GB 1) avec les escadrilles VB1, VB2 et VB3.
L'appellation de ces escadrilles est formée à partir de la lettre initiale de l'appareil utilisé suivi du B pour bombardement. Ceci entraîne parfois la même numérotation pour 2 ou 3 escadrilles différentes. Cet état de fait sera réglé par diverses remises en ordre de la numérotation tout au long de la guerre.

Mort de Jean de La Ville de Mirmont, poète et homme de lettres français né à Bordeaux le 2 décembre 1886 et mort pour la France le 28 novembre 1914 à Verneuil sur le Chemin des Dames. En 1914, il fut mobilisé avec le grade de sergent au 57e régiment d'infanterie. Il mourut enseveli par un obus en novembre de la même année. Le corps fut exhumé puis rapatrié de l'Aisne par sa famille en 1920.

18 décembre 1914, le charbon a été acheté dans de bonnes conditions à 1,60F l’hectolitre. (4)

20 décembre 1914 : « Journée du drapeau belge » : la vente de petits drapeaux par des jeunes filles a produit 320f ; la municipalité ajoute un crédit de 100F à cette somme. (4)

L’alerte de début septembre a été très chaude. Il faut donc renforcer au plus vite le dispositif de protection de Paris. Dreyfus s’y emploie. Votre bonne lettre me distrait des tracas et divers travaux auxquels je suis astreint. Quelle différence entre la situation des travaux de défense de Paris, à l’heure actuelle, et l’état dans lequel ils étaient encore au moment critique, le 3 septembre ! Ils n’étaient guère avancés à cette date.

Désormais, des barbelés, des tranchées et des amoncellements de rails constituent des obstacles nouveaux s’ajoutant aux forts d’artillerie existants.

Mais une tournée d’inspection de travaux peut aussi réserver à Dreyfus une agréable surprise qu’il fait partager à son amie dans cette même lettre du 8 octobre :

Hier, en allant voir des positions en avant de Villiers-le-Bel, je suis passé devant une petite église gothique ravissante et je me suis arrêté pour la visiter. Est-ce que cette église n’a pas une histoire ? N’y avait-il pas une abbaye très florissante à Villiers-le-Bel ?

Il espère toujours partir en première ligne, mais tant que les combats restent très incertains au nord et à l’est du pays, le camp retranché de la zone Nord de Paris et son dispositif d’artillerie sont maintenus. Dreyfus reste donc sur place et dans les mêmes fonctions. Il semble vivre au jour le jour et s’impatiente. (5)

10 novembre 1914. « Nous en sommes toujours au même point, au même endroit depuis bientôt deux mois ; c’est presque la vie de garnison […] Je travaille beaucoup, car je veux, si la guerre dure longtemps et si je suis appelé un jour à commander une batterie, remplir efficacement mon rôle… ». (5)

30 novembre 1914. Alfred Dreyfus est maintenant conscient, et il le répète souvent, que la guerre sera longue et difficile : « C’est long, terriblement long, et je crains bien que nous n’en ayons pour un bon bout de temps ». (5)

En décembre 1914, le gouvernement revient à Paris.

Le 9 décembre 1914 le gouvernement quitte Bordeaux et rentre à Paris, ce qui rassure beaucoup de monde. (8)

Mort de l’écrivain Louis Codet. Dandy parisien, Louis Codet était l'ami des artistes, il s'était lié d'une sincère et grande amitié avec Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin. Sous-lieutenant au 90e territorial, il fut blessé à Steenstrate, dans les Flandres belges, par un obus le 5 novembre 1914 et mourut, au Havre, à 38 ans, le 27 décembre 1914 auprès de sa femme.

Le 27 décembre 1914. « Chaque jour, nous nous attendons à partir, dans l’espoir d’une avancée qui permette de lever la défense de Paris, et chaque jour notre espoir est déçu. Nous nous impatientons ici et nous voudrions bien prendre notre part du bon combat ». (5)

1915

Nous avons suivi depuis la victoire de la Marne, les péripéties de la longue ligne de bataille qui part de Belgique jusqu'en Alsace par Lille, Arras, Soissons, Reims et Verdun.

En lisant les récits des batailles de l'Aisne, des Flandres, de l'Yser, de l'Argonne et des Hauts de Meuse, nous constatons que l'armée française a été au-dessus de sa tâche. Il est certain que la Belgique est presque complètement envahie et que 18 départements français subissent le joug des envahisseurs, mais les habitants de Taverny ont le ferme espoir que notre prochaine offensive délivrera la Belgique et rejettera hors des frontières nos oppresseurs actuels. (8)

Nous apprenons avec peine la mort de beaucoup de nos amis. Nous avons le plaisir de serrer la main à quelques Tabernatiens blessés ou malades, qui viennent passer quelques jours de convalescence. (8)

Tous les mois l'appariteur David annonce dans le pays le jour où les femmes des mobilisés doivent se rendre chez le percepteur pour toucher les allocations, 1,25 francs pour la femme et 0,50 francs par enfants et par jour. (8)

La guerre nous réservera la suppression de la liberté de la presse. Les journaux qui sont contrôlés, sont très souvent caviardés. La censure est sévère et supprime même   jusqu'à des articles entiers. Les journalistes critiquent en dérision, les ciseaux d'Anasthasie. Plusieurs journaux sont frappés d'interdiction pour quelques jours. « L'homme libre de Clémenceau » fut interdit ; son directeur le fit paraître le lendemain sous le titre de « L'homme enchaîné ». (8)

La police est bien faite dans la contrée, à part les gendarmes, nous voyons passer régulièrement le service de la prévôté et des agents de la sûreté qui demandent les papiers à tout homme en âge de porter les armes. (8)

17 janvier 1915. « Ce sera long, ce sera dur, il ne faut pas se payer d’illusions » (5).

25 janvier 1915. « Nous sommes toujours ici, rongeant notre frein. Quand partirons-nous ? Nous n’en savons rien ». (5)

on n'a pas prévu dans une localité du canton d'Ecouen, à Fontenay-en-Parisis, il y a un boulanger unique, il est seul depuis la guerre, comme avant, pour assurer le pain aux communes de Fontenay, ¨Plessis-Gassot, Bouqueval, Puiseux et le hameau de la Chapellerie à Goussainville, le boulanger a été mobilisé ; sa femme, restée seule, a pu assurer le fonctionnement de la boulangerie avec des commis, mais les classes ont été appelées les unes après les autres et il ne reste plus d'ouvrier boulanger, impossible d'en trouver. Les maires des communes ont demandé le retour du boulanger parce qu'il n'y a pas de moyen de se fournir ailleurs, ces localités étant loin de tout, perdues dans les terres. La réponse se fait attendre. J'ai bien peur qu'elle soit négative malgré la bonne volonté du sous-préfet et du préfet. (La tribune samedi 16 janvier 1915)

A Saint-Leu, un observatoire de DCA est installé «  au chalet des gardes ». Des lignes télégraphiques relient tous les postes d’observation aux batteries d’artillerie, disséminées sur les hauteurs de la forêt de Montmorency. (6)

Le 28 janvier 1915 je vais à Paris pour la première fois depuis la guerre. A première vue Paris ne me semble nullement changé. Les boulevards ont la même animation. Ce qui me donne le plus l’idée de la guerre, ce sont les pauvres blessés, la plupart mutilés, que l’on rencontre un peu partout. La suppression des autobus et la fermeture de quelques maisons de commerce. Dans la gare du Nord, je vois des officiers et des soldats français, belges et anglais. Dans la salle des pas perdus je remarque beaucoup de belges, des hommes et jeunes gens civils qui restent inactifs discutant les dernières nouvelles. Dans les rues les camelots vendent les photographies des généraux Joffre, Foch, Pau, D’Urbal, De Castelnau, Franchet d’Espérey, De Maudhuy, Maunoury, Gallieni etc.… Des gravures humoristiques sur le kaiser Guillaume FF et surtout sur son fils, le kronprinz. Déjà beaucoup de personnes sont en deuil. (8)

Début février : les boulangers ont porté le prix des 2kg de pain de 0.85 à 0.90F. La population proteste : on décide de maintenir le prix de 0.85F, mais les boulangers pourront « revendiquer leurs droits à l’augmentation s’ils démontrent avec preuves à l’appui qu’ils ne peuvent céder le pain au prix fixé par la taxe ». (4)

4 février 1915, le maire de Taverny Octave Dubois assiste à une manœuvre d’artillerie anti-aérienne mettant en œuvre mitrailleuses et projecteurs. Le capitaine Boulanger, commandant le détachement du 4ème RAT a été bien inspiré d’avoir organisé cette répétition générale, car dans la nuit du 21 mars 1915, les batteries anti-aériennes doivent intervenir contre deux zeppelins allemands qui effectuent un raid sur Paris et la banlieue. Les deux dirigeables, quoique pris à parti par d’autres batteries de la région, bombardent Argenteuil et rejoignent leurs base intacts. (6)

7 février 1915, « la journée du 75 », créée par le Touring-Club de France pour « l’œuvre du soldat au front », consiste en vente d’insignes qui a rapporté 350 F. La municipalité ajoute 150F. (4)

8 février 1915 : « Je suis toujours à Montmorency, ce qui prouve qu’on ne juge pas prudent de dégarnir le camp retranché de Paris […] Maintenant, encore de la patience, toujours de la patience…3. (5)


 

01/03/1915 : Création de l'aviation de chasse avec le rééquipement en chasseurs de l'escadrille " 12 " du 5° C.A. par le commandant de Rose.

L'affaire des caporaux de Souain (Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard et Lucien Lechat), fusillés pour l'exemple, est un des cas parmi les plus flagrants et les plus médiatisés de l'injustice militaire durant la Première Guerre mondiale. En Champagne, le 10 mars 1915 à cinq heures du matin, après deux mois d'accrochages sans résultat tangible dans le secteur et deux récentes attaques infructueuses, les poilus de la 21e compagnie du 336e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre d'attaquer de nouveau à la baïonnette et de reprendre les positions ennemies établies au nord du village de Souain (Marne).

Devant eux, le terrain est déjà jonché de cadavres et se trouve directement pris sous le feu des mitrailleuses allemandes. De plus, la préparation d'artillerie habituelle avant l'attaque, au lieu de secouer les positions allemandes, envoie ses obus sur la tranchée française et laboure le terrain d'assaut. Dans ces conditions, les hommes de la 21e compagnie, épuisés après plusieurs jours de tranchée, démoralisés par les précédents insuccès, et ayant sous les yeux le spectacle des cadavres de leurs camarades tombés dans les fils de fer intacts, refusent, ce jour-là, de sortir des tranchées.

À cet instant précis, il est clair qu'ils anticipent l'échec et l'inutilité d'une attaque qui les voue à une mort certaine. Tout soldat paraissant sur le parapet étant immédiatement atteint par les balles. Plus tard, le bombardement des tranchées françaises fera l'objet d'une polémique, à la suite d'un témoignage : le général Réveilhac, qui avait ordonné l'attaque, aurait demandé à l'artillerie de pilonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées1.

Suite à la désobéissance des hommes de la 21e compagnie, le général Réveilhac exige des sanctions. Le capitaine Equilbey, commandant de la compagnie, est alors tenu de transmettre à ses supérieurs une liste portant les noms de 6 caporaux et de 18 hommes de troupe, choisis parmi les plus jeunes, à raison de deux par escouade. Le 15 mars, le général donne l'ordre de mise en jugement directe des 24 hommes désignés.

Le 16 mars 1915, les inculpés comparaissent devant le Conseil de guerre de la 60e division demandé par le général Réveilhac avec ce motif : « refus de bondir hors des tranchées ».

« Quiconque montait devait être fauché littéralement soit par les nôtres, soit par le feu des mitrailleurs allemands. », déclare le caporal Maupas lors de son interrogatoire.

Le lendemain, 17 mars 1915, en début d'après-midi et deux heures environ avant que n'arrive le recours en grâce qui commuait la peine en travaux forcés, les quatre caporaux sont fusillés par leurs camarades et devant le 336e régiment d'infanterie :

  • Théophile Maupas, 40 ans, instituteur du Chefresne, marié, deux enfants ;
  • Louis Lefoulon, 30 ans, cheminot aux Chemins de fer de l'Ouest à Caen, originaire de Condé-sur-Vire, vivant en concubinage, un enfant ;
  • Louis Girard, 28 ans, horloger, originaire de Blainville résidant à Paris 17e arrondissement, marié, un enfant ;
  • Lucien Lechat, 23 ans, garçon de café à Vitré, originaire du Ferré, célibataire

17 mars 1915 : « La guerre sera longue, très longue ». […] « Cette guerre qui est certainement loin de sa fin ». (5)

La visite des zeppelins C'est à minuit 47, dans la nuit du 20 et 21 mars, que l'alarme a été donnée à tous les postes par téléphone et partout artilleurs et mitrailleurs ont immédiatement pris leurs dispositions pour combattre les dirigeables dont l'approche était signalée,,, il était exactement 1h32 lorsqu'on aperçut, dans la direction du château d'Auvers, puis au-dessus de Sognolles, à environ 1 200 mètres de hauteur, la silhouette d'un premier zeppelin : il avançait sur le plateau en paraissant vouloir éviter les forts de Montmorency, de Domont et de Cormeilles. Les mitrailleuses tirèrent les premières, puis les pièces de 75. il était alors 1h35 et, dans l'espace de 20 minutes, une cinquantaines d'obus furent lancés. Le feu s'arrêta lorsque le zeppelin fut à la hauteur de Sannois ; mais il avait certainement été atteint, car une explosion se produisit à son avant. A ce moment, le zeppelin releva le nez et tourna vers Argenteuil où le projecteur du plateau le perdit de vue. A 2h22, un second zeppelin est signalé dans la direction de Montlignon, se dirigeant vers le nord. Immédiatement, il est pris par le projecteur, qui le suit jusqu'au-dessus de Domont; il est arrosé d'une quarantaine de projectiles tirés par les « 75 », il est perdu de vue à 2h29. Enfin, à 2h37, un autre zeppelin est signalé dans la direction du nord-est se dirigeant vers le nord ; il est encore pris par le projecteur et une vingtaine de projectiles lui sont expédiés, puis il s'éloigne dans la direction de Belloy et on le perd de vue à 2h41 . (La Tribune du samedi 3 avril 1915)

Les allemands certifiaient depuis longtemps qu’ils viendraient bombarder Paris avec leurs Zeppelins, mais ce fut une véritable surprise d’être réveillé par le canon dans la nuit du 20 au 21 mars 1915. Un peu avant minuit, les 75 commencent à cracher. Je me réveille et je suppose à devient plus intense ; je me lève et je vois le ciel illuminé par des projecteurs. Plus de doute, ce sont les Zeppelins. Je m’habille en hâte et sors dans la rue. Il fait un temps superbe,  assez clair, mais il ne fait pas chaud. Tous les projecteurs sont en mouvement et fouillent en tous sens, sauf trois qui tiennent un Zeppelin et qui ne le quittent pas. Je m’en vais rue du midi, pour mieux voir. Il y a peu de personnes dehors. Les canons des forts et les batteries des environs tirent sans discontinuer. Je vois bien l’éclatement des obus autour du monstre qui semble argenté et qui se tient à une très grande hauteur. Puis le Zeppelin disparait et va faire sur Paris (quartier de Clignancourt, les Epinettes et les Batignoles) et la banlieue (Neuilly, Asnières, Courbevoie, Colombes, Enghien, et Saint-Germain) sont ignoble besogne. J’attends le retour ! Au bout d’une heure la canonnade s’approche et je vois réapparaître un Zeppelin. Est-ce le même ? Je l’ignore. Certaines personnes de Taverny dignes de foi en ont vu deux. Le tableau est magnifique quoiqu’impressionnant. Au milieu de tous les projecteurs, nous suivons l’éclatement des obus tirés en tous sens et la marche continuelle du Zeppelin qui regagne sa base. Je remarque que la batterie Frépillon tire très juste et à certain moment le Zeppelin pique du nez. Est-il touché ? Dans tous les cas il continue sa route, salué par nos artilleurs. Tout le monde est surpris de l’absence de nos aéroplanes. Les aviateurs l’ont peut-être été les premiers. (8)

21 mars 1915 bombardement de Paris par des dirigeables allemands, modèle dit « zeppelin » première incursion des zeppelins sur Paris et sa banlieue. (voir Gérard)

Dans la nuit du 21 mars 1915 deux zeppelins lâchent leurs bombes sur Argenteuil ; des maisons sont touchées rue de Sartrouville, quai de Seine et rue d’Epinay. Une bombe explosive tombe rue Dulong, au bas du talus de la Grande Ceinture, à quelques mètres d’une rame de wagons de voyageurs arrêtés sur une voie de garage. Un des wagons est soulevé par l’explosion. Les mitrailleuses, installées sur la tour du Moulin D’Orgemont ? Et les canons du Mont-Valérien tentent d’abattre les deux zeppelins qui parviennent à s’échapper, mais trois obus de 75 retombent sur Argenteuil faisant un blessé et causant d’importants dégâts boulevard Thiers, rue des Grandes-Fontaines et rue de Sannois. (LE COURRIER D’ARGENTEUIL…  

Dans la nuit du 20 au 2& mars, nuit particulièrement claire et calme, mais très froide, 2 zeppelins se dirigeant sur Paris, sont passés à Bessancourt vers 1h30 du matin.

Les batteries de Puiseux  (Pontoise), Cormeilles , Domont et Frépillon (bassin des Eaux) ainsi que les mitrailleuses (Frépillon id) ont essayé de les atteindre sans pouvoir arrêter leur course vers Paris.

A 1h45 les zeppelins repassaient à Bessancourt, ayant jeté leurs bombes dans Paris et les environs. Une violente canonnade les attendait là ; l’un fût même touché, mais ils continuèrent leur route dans la direction de Compiègne.

Les habitants qui s’étaient levés ont pu jouir d’un admirable spectacle. Les zeppelins brilllamment éclairés, poursuivis par les projecteurs, une douzaine environ, qui se croisaient sur lui et par les obus qui éclataient dans le ciel comme un remarquable feu d’artifice.

Le tir des canons de Frépillon, bien dirigés était malheureusement trop bas, les obus éclataient en avant ou au-dessous du dirigeable. (10)

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