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Index de l'article

Mercredi 2 septembre 1914

Monsieur le Maire prend connaissance de la dépêche 107k arrivée la veille de monsieur le sous-préfet de Pontoise et donne l’ordre de se préoccuper de l’évacuation de la commune, si cela devient nécessaire.
Cette dépêche, mal interprétée et publiée par quelques maires des communes voisines provoque un commencement d’affolement.

Le soir les communes de Béthemont, de Chauvry sont évacuées par leur Maire, leurs voitures traversant la commune y provoque un commencement de panique.

Depuis le matin, les troupes du 7ème Corps défilent sans discontinuer sur l’Avenue de Paris se dirigeant sur Bondy.

Jeudi 3 septembre 1914

A 4 heures du matin les Avenue de Paris et Avenue de la République sont réveillées  par le bruit formidable produit par le défilé incessant du convoi du 7ème Corps d’Armée montant de Méry sur Bondy.

A 8 heures les batteries  d’artillerie de réserve du 45ème et 47ème font leur apparition. Le 47ème continue son chemin sur Saint-Prix. LE 45ème montant  la Grande-Rue vient prendre position sur les côtes de Béthemont et Villiers Adam ; ces 3 batteries, 41ème,42ème, 43ème sont appuyées par 2 ou 3 bataillons  du 29ème et 32ème d’infanterie territoriale (Argentan, Nogent le Rotrou et Dreux) Quelques compagnie du 31ème traversent également la commune pour se poster sur Baillet et Monsoult.

A 12 heures, un lieutenant vient déjeuner rapidement chez Mr le Maire, ayant sur lui des débris du Pont d’Auvers qu’il a fait sauter vers 11 heures.
Dans la journée tout le service d’approvisionnement de la 166ème brigade vient s’installer sur la place de la Mairie. Les officiers, sous-officiers et soldats cantonnent aux environs.

Le Général de Pélacot, commandant la 166ème brigade, fait préparer un logement chez Mr Albert Petit maire. Dans la soirée, jugeant la situation critique, les allemands se rapprochant de plus en plus en suivant la vallée de l’Oise, il fait prévenir Mr le Maire qu’il couche au milieu de ses troupes à Béthemont. 

A 7 heures du soir, 200 chevaux du 47ème d’artillerie de réserve,  avec leurs conducteurs, passent allant cantonner à Bondy ; mais hommes et chevaux exténués sont logés chez Mr Ham à Saint-Jacques pour s’y reposer.

A 9 heures du soir, Mr le Maire, Mr Poiret et Melle Fayolle institutrice, fatigués d’une journée aussi chargée, sont prêts à se retirer quand arrive un capitaine des 3 batteries du 43ème d’artillerie passées le matin. Avec ses maréchaux des logis fourriers et un adjudant il vient préparer le cantonnement des hommes, chevaux, caissons et canons qui seront là dans moins d’une heure.

C’est là une minute émouvante. Prenant le plan de la commune tout nouvellement dressé, il dicte ses volontés : les hommes et chevaux de la 41ème batterie rue de la Gare chez les cultivateurs, les hommes et chevaux de la 42ème batterie rue Saint-Gervais entre la rue de l’Ecole et la rue Prophète.

Les hommes et les chevaux de la 43ème batterie rue Madame , maisons Crassous, Ancel etc.

 Le parc d’artillerie est installé dans les terrains du bout de la rue Madame, lieu dit « le Clos ».

Le commandant Lavigne et ses 2 officiers de liaison : lieutenant de Mirepois et lieutenant Clair, logent chez Mr le Maire.

A minuit le capitaine Baille de la 2ème compagnie du 72ème territorial d’infanterie, détaché au pont de Mériel, annonce que ce pont-route et chemin de fer vient de sauter et que l’ennemi est proche. Le capitaine Baille passe la nuit chez Brachet pour rejoindre le lendemain son régiment à Saint Brice.

Ce jour là, il n’y a qu’un train ou deux pour Paris et le lendemain 4 septembre, la circulation sur notre ligne est complètement arrêtée. (10)

La préparation de la contre-offensive: Le 3 septembre, alors qu'à Paris on attend le choc, il apparait que Von Kluck ne foncera peut être pas vers la capitale. Les reconnaissances de cavalerie, les photographies aériennes et même les messages radios captés de la tour Eiffel confirment l'infléchissement de la 1ère armée allemande. Gallieni comprend qu'il s'agit là d'une opportunité: la 1ère armée allemande présente son flanc droit. Le lendemain à la première heure il envoie les escadrilles du camp retranché en reconnaissance; le mouvement vers le sud-est de Von Kluck est confirmé. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

En résumé, à la date du 3 septembre et même du 4 septembre 1914, dans la matinée, c'est-à-dire au moment où, la marche de la I ère armée allemande vers le Sud-Est se confirmant, il me fallait prendre une décision sauvegardant avant tout les intérêts de la Capitale dont j'avais la charge, nos armées, y compris l'armée anglaise, avaient ordre de se replier derrière la Seine, et le Général en chef insistait pour que ce mouvement s'exécutât aussi rapidement que possible. Suivant moi, ce mouvement de repli était mauvais, parce que:

1°il découvrait le Camp retranché de Paris ;

2° Il ne tenait pas compte de l'ennemi ;

3° Il ne pouvait s'exécuter à temps et les têtes de colonnes allemandes seraient déjà certainement à Pont-sur-Yonne, Nogent-sur-Seine, etc., quand les troupes anglaises et françaises y parviendraient. (D'après les dires du Commandant de la 5 e armée, le fait avait déjà eu lieu plusieurs fois lors de la retraite de cette armée de Charleroi vers l'Aisne) ;

4° Il interdisait toute idée d'offensive immédiate, la retraite au delà de la Seine, l'organisation de la défensive, l'arrêt jusqu'à l'arrivée des renforts des dépôts, comportant bien un délai d'une douzaine de jours, pendant lequel les Allemands auraient eu le temps de terminer leur mouvement de débordement de notre aile gauche. (3)

Toutes ces réflexions, je me les étais faites également. Toutes ces raisons, je me les étais données aussi et j'avais abouti à cette conclusion que, malgré le mouvement de repli ordonné par le Général en chef et la crainte d'enlever à Paris les forces appelées à le défendre, le salut de la Capitale, comme celui de nos armées et de la France entière, exigeait une décision énergique et immédiate, à savoir : le transport rapide contre le flanc droit de l'armée allemande de toutes les troupes dont je pouvais disposer. (3)

En premier lieu, il fallait agir vite. Los circonstances étaient urgentes, les minutes étaient des heures, que dis-je, des jours et même des années. La 1ère armée allemande se hâtait pour en finir avec l'armée anglaise et la 5ème armée française, qu'elle comptait mettre hors de cause à compter du 6 septembre, en achevant le mouvement débordant qui devait isoler nos armées de Paris et du cœur de la France en les rejetant vers l'Est et vers la Suisse. Il ne fallait pas permettre que cette opération pût s'accomplir et, pour cela, il fallait, sans délai, sans perdre un moment, exécuter le changement de front qui devait nous porter sur le flanc droit de l'ennemi. D'autre part, cette menace contre le flanc et les communications de l'armée von Kluck devait être faite par des forces aussi nombreuses que possible. Il fallait que, de la Capitale, sortît une armée imposante, surprenant l'ennemi par son nombre et son irruption inattendue. Ce fut là le second point sur lequel je portais de suite tous mes soins. (3)

Mais, vers midi, la situation changeait du tout au tout. Les renseignements de nos avions et de nos reconnaissances de cavalerie étaient formels : la première armée allemande, abandonnant la marche dans la direction de Paris, s'infléchissait vers le sud- est, sauf un corps, le 4 e corps de réserve, qui semblait devoir couvrir le mouvement, se dirigeant de Senlis vers Luzarches, où avait eu lieu un engagement de cavalerie, premier contact de l'ennemi avec les troupes du Camp retranché (3)

Les parisiens, nullement impressionnés, jumelles en mains, depuis leur balcon, guettaient chaque soir, vers 17heures, la venue des «Tauben », avions allemands de reconnaissance. (2)

On pourrait croire que ces premiers raids plongent la population parisienne dans la panique collective, mais il n’en est rien : « les Parisiens sont davantage dominés par la curiosité que par un sentiment de frayeur. Il sortent armés de jumelles et s’installent sur les bancs des squares et des boulevards pour attendre les assaillants. On fait même mieux ! Les points élevés de Paris sont envahis et sur la butte de Montmartre on loue des chaises et des longues-vues pour attendre l’apparition dans le ciel des Taubes quotidiens » (9)

Aussi, est-il prescrit aux escadrilles du Camp retranché d'envoyer leurs reconnaissances le lendemain 4 septembre 1914, à la première heure, pour explorer la région de Creil, Chantilly, Senlis, Nanteuil-le-Haudouin, Lizy-sur-Ourcq, Château-Thierry et Betz, ainsi que la vallée de l'Oise jusqu'à Villers-Cotterets et la vallée de la Marne jusqu'à Meaux et enfin la route de Compiègne et la vallée de l'Aisne jusqu'à Soissons. J'appelais l'attention de nos officiers aviateurs sur l'importance des renseignements qu'ils me rapporteraient et que je demandais avant 10 heures du matin. J'aurais, d'après eux, à prendre les plus graves décisions, au sujet desquelles je m'ouvrais, dès le 3 septembre au soir, à mon chef d'Etat-major, le général Clergerie : si la première armée allemande continuait sa marche vers le sud-est, elle offrait le flanc à l'attaque des armées de Paris. Je pensais donc, dès ce moment, à prendre l'offensive contre l'aile droite ennemie, malgré les risques que pouvait présenter cette opération, malgré les directives du général en chef, prescrivant aux armées de se replier au sud de la Seine et de l'Yonne. Je restai sur pieds à peu près toute la nuit, impatient de recevoir les renseignements qui devaient me fixer d'une manière définitive sur la situation et me dicter les dispositions à prendre. (3)

Le 4 septembre 1914, les reconnaissances de cavalerie quittent le Camp retranché avant le jour. Leurs renseignements confirment ceux déjà donnés la veille sur le changement de direction effectué par la 1ère armée allemande. La route de Senlis à Paris est vide d'ennemis ; Senlis est incendié, Creil aussi. Nanteuil-le-Haudouin et Crépy-en- Valois sont évacués. La région à l'ouest de la route de Paris à Senlis est libre. On signale simplement encore quelques patrouilles de cavalerie sur la rive droite de l'Oise et vers Beauvais. (3)

Gallieni ordonne immédiatement au général Maunoury, commandant la 6° armée, de se préparer à marcher vers l'est. Il met à sa disposition la 45° division algérienne. L'évidence d'une opportunité s'impose aussi à Joffre à son QG de Bar-sur-Aube. On se battra sur la Marne, et non sur la Seine, et on attaquera l'ennemi de flanc. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Ce n'est que le 4 septembre 1914, à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. La victoire de la Marne fait donc éclater de manière irréfutable les services que peut rendre l'aviation pour éclairer le commandement... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Morne matinée le 4 septembre 1914: mes équipages, découragés, exécutent sans entrain leur mission et je n'ose plus dépasser les ordres reçus. Vers midi, coup de théâtre: tout change... Maunoury reçoit de Gallieni l'ordre de se tenir prêt à marcher à l'est, et moi celui de " reconnaître en direction de Château-Thierry ". La nouvelle épanouit le visage de mes aviateurs, qui, repartant cette fois pleins de confiance, vérifient que les avant-gardes de Kluck sont au sud de la Marne ... La menace sur Paris est écartée et mon personnel jubile... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Le matin du 4 septembre 1914, Gallieni confirme que les troupes allemandes se dirigent vers Meaux et non plus vers Paris,

Vendredi 4 septembre, les troupes françaises prennent position sur la ligne Pontoise, Frépillon, Puiseux-en France, le Mesnil-Aubry, Montmélian, Dammartin-en-Geole. On observe ce jour que les allemands, au lieu de se diriger vers Paris, infléchissent leur marche vers l’Est. (7)

La 61ème division s’établit entre Attainville et Mareil-en-France (4)

Ce n'est que le 4 septembre 1914, à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. La victoire de la Marne fait donc éclater de manière irréfutable les services que peut rendre l'aviation pour éclairer le commandement. (3)

Vendredi 4 septembre 1914, des patrouilles sont signalées à Auvers, Saint-Leu-d’Esserent, Champagne, Viarmes, Asnières-sur-Oise. (4)

(…) une patrouille d’Uhlans est repoussée devant le pont de Chaponval, grâce aux observations effectuées du haut des forts de Domont et d'Ecouen(…)

Le 4 septembre 1914 une patrouille de huit Ulhlans est poursuivie à Auvers. (7)

Le 4 septembre, dans un Taverny pratiquement déserté par ses habitants, des terrassiers s’affairent à installer des redoutes. Celles-ci couvriront plus tard une grande partie des hauteurs du village, du camp des anglais, jusqu’à Montubois et au-delà. (6)

Vendredi 4 septembre 1914, plus de journaux. A dix heures le « petit journal » vint seul de tous les quotidiens. C’est en automobile maintenant que le service sera assuré. Les soldats et le peu de civils s’arrachent la feuille simple car depuis longtemps les journaux sont tirés sur 2 pages. Je m’assieds sur le pas de ma porte et je réfléchis à la situation :

  • La moitié des maisons sont closes.
  • Personne dans la rue.
  • Quelques chiens et chats abandonnés réclament à manger.
  • Où sont donc tous ses patriotards de la première heure, protestant à grands cris contre l’affaire du XVe corps et qui devant le danger encore éloigné, n’ont rien trouvé de mieux que de se sauver ?

A Champagne-sur-Oise, un paysan avait rencontré une patrouille de « uhlands », dont le chef se trouvait être un colporteur qui, avant-guerre, parcourait la région au service de la Société épicière »Le Planteur de Caïffa ». Après une courtoise reprise de contact, l’allemand avait contraint son ancien client à suivre la patrouille pendant plusieurs kilomètres pour l’empêcher de donner l’alarme. (2)

Le courrier de la poste arrive par Beauchamp. 

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