-Louis Augustin Guillaume Bosc d’Antic est née à Paris le 29 janvier 1759, sa famille, d’origine cévenole, appartient à la religion réformée. Son père, Paul Bosc d’Antic, exerce deux fonctions, médecin du roi et maître verrier. Sa mère, Marie Angélique Cormy d’Hangest est fille et sœur de deux officiers généraux d’artillerie.
-Au collège de Dijon, il étudie les sciences naturelles, avec Durande et Guyton de Morveau. Il se passionne pour le système du suédois Linné, sur la description et la classification des plantes. De retour à Paris, il occupe un modeste emploi dans les bureaux des postes. Il poursuit ses études de prédilection en assistant aux leçons publiques que donnent les professeurs du Jardin du Roi et se fait connaître dès lors par des mémoires insérés dans les recueils savants, notamment dans le journal de physique.
- En 1780, il est bienséant d’avoir l’âme républicaine et le goût de la botanique. Il est de bon ton de suivre les cours de monsieur de Jussieu et de lire Plutarque. Jean-Jacques Rousseau porte à la mode l’amour des fleurs et affirme: "Tant que j’herborise, je ne suis pas malheureux" . Madame de Genlis compose un Herbier moral. On côtoie dans les allées du Jardin du Roi de nombreux personnages qui des années plus tard joueront un rôle dans les assemblées révolutionnaires. Bosc ne fait aucun effort pour suivre la mode. Huguenot, il est républicain de naissance. Quant à la botanique, il la chérit d’une passion ingénue et profonde. C’est dans ce milieu qu’il rencontre Roland, inspecteur des manufactures et sa jeune épouse Manon dans toute la fleur de sa beauté. Bosc naturellement en tombe amoureux. Madame Roland lui fait entendre qu’il ne faut rien espérer d’elle. Dix années durant, Bosc entretient avec son amie une correspondance pleine de confiance et d’abandon. C’est en herborisant avec les élèves de Jussieu qu’il découvre le vallon du château de la Chasse en forêt de Montmorency. Une odeur forte et aromatique s’élève de ses marais. Les mélisses, les linaigrettes, les drosera attrape-mouches, la cinéraire jaune, le sceau de Salomon, la dame de onze heures, la fleur du Parnasse, le lycopode à épis, les prèles, les joncs, les graminées de toutes sortes en font un lieu de délice pour le botaniste.
- Sa carrière politique et scientifique débute en 1783, en compagnie de Condorcet il rejoint le journaliste Brissot à la société des Amis des noirs, à cette occasion il rencontre Jefferson qui se trouve là en tant qu’observateur. La jeune république des Etats Unis n’est pas prête, elle compte 4 millions d’âmes, dont 700 000 noirs. Deux années plus tard il crée avec Broussonet la société d’histoire naturelle, institution destinée au plus brillant avenir .En août 1785, la Pérouse affrète deux frégates, La Boussole et l’Astrolabe, pour explorer le monde. Le voyage passionne les milieux scientifiques. Buffon participe à son élaboration et le roi conçoit son parcours. La Pérouse demande à Bosc d’être son naturaliste, mais la poste où il gravit peu à peu les échelons et le vent de liberté qui souffle sur la France, le retiennent à quai.
-En 1789, la révolution est en marche. Bosc rejoint à Versailles le club des Bretons, qui sous la houlette du duc d’Aiguillon se transforme en Amis de la Constitution. Deux mesures capitales sont prises : le 4 août, l’abolition des privilèges et le 26 août, la déclaration des droits de l’homme. Le 6 octobre 1789, les Amis de la Constitution s’installent au couvent des Jacobins et fondent le Club du même nom. Tandis que grandit à la tribune l’autorité de Robespierre et de Brissot, Bosc au sein du comité de correspondance se rend très actif. Son expérience des postes lui permet de bâtir un véritable réseau vers les 150 filiales de province. En 1791, il est nommé commissaire, avec Fabre d’Eglantine, puis secrétaire en 1792. Dès son arrivée au ministère, Roland le nomme administrateur des postes, il réorganise complètement la structure et fonde la base d’un service public. Le 6 mars 1793, il délègue Gibert en Belgique pour procéder à la même organisation
-Le 25 septembre 1791, au cours d’une grande fête, il inaugure à Emile (Montmorency), le buste de Rousseau taillé dans une pierre de la Bastille. Dans la région toujours, Bosc apprend que l’ermitage de Sainte Radegonde, confisqué comme bien ecclésiastique est mis en vente par le maire de Bouffémont. Il se désole à la pensée qu’un nouveau propriétaire peut lui interdire l’accès du bois où il a coutume de venir rêver et travailler. Pauvre, il ne songe pas à acheter le petit domaine. Il persuade son ami Bancal des Issarts, qui sera livré aux Autrichiens par Dumouriez, d’acquérir Sainte Radegonde, ce qui est fait le 14 février 1792.
. - A l’automne de 1792, Hérault de Séchelle, proclame que pour triompher, la révolution doit se libérer du double joug imposé par l’aristocratie et la religion. Les excès engendrés portent des coups funestes à l’industrie et l’agriculture en détruisant les couvents et leurs dépendances. Le jardin des Chartreux à Paris est menacé, André Thouin, Directeur du Jardin des Plantes et ami de Bosc, le presse d’intervenir. Une première mesure est prise pour faire transférer au Jardin des Plantes 203 variétés d’arbres fruitiers en double exemplaire, cette action sauve l’avenir de l’arboriculture fruitière française. En 1802, la pépinière du Luxembourg irrigue toute la France. Le 31 mai 1793, le glas sonne pour la Gironde, Bosc est recherché comme suspect, mais il parvient à s’enfuir. Le 2 juin, tandis qu’une armée de 80 000 patriotes bloque la convention, tandis que le tocsin sonne, tandis que les patrouilles battent les rues, Bosc parvient avec Roland à franchir les barrières des sans-culottes et tous deux gagnent Sainte Radegonde. Il n’en est pas de même pour Manon Roland, qui est arrêtée et transférée à Sainte Pélagie. Elle avait été l’une des initiatrices de la République, l’inspiratrice des deux ministères girondins, respectée par un parti puissant, adulée par des amis tous dévoués à son intelligence et à son charme, elle avait donné à la révolution le meilleur d’elle-même, son énergie, son esprit et le feu d’une passion exigeante pour la liberté. Elle allait être terrassée par un chef montagnard misogyne.
-A Sainte Radegonde, Roland se terre, blotti dans les taillis. Il fait le bilan et se confie à son ami. ‘Je ne voulais pas la mort du roi, j’ai démissionné deux jours après son exécution. Les massacres de septembre, j’ai tout fait pour les empêcher, mais Danton les attisait. Je me se sens vieux et Manon m’ a avoué qu’elle ne m’aimait plus’. Bosc organise la fuite de Roland vers Rouen, puis il recueille sa fille Eudora, alors âgée de douze ans et la confie à la femme de son ami Creuzé Latouche, qui finira sénateur sous l’Empire. Au péril de sa vie, il parvient jusqu’à la prison de Sainte Pélagie et rassure madame Roland sur le sort de son enfant. Il lui apprend que Champagneux, terrorisé, a détruit ses mémoires pour ne pas être inquiété. Alors dans la prison, elle se remet à l’ouvrage et compose de nouveaux cahiers. Bosc, adroit et agile franchit régulièrement les portes de la capitale. Les fleurs de Sainte Radegonde ornent la cellule de Manon et les mémoires de l’héroïne font le trajet inverse dans la forêt de Montmorency. Lorsque la condamnation devient inéluctable, madame Roland demande à Bosc du poison, il l’en dissuade, elle doit rester digne devant ses bourreaux. Le 8 novembre 1793, madame Roland est conduite à l’échafaud, au pied de la charrette, Bosc recueille la phrase désenchantée et immortelle : ‘ Liberté, Liberté, que de crimes on commet en ton nom! ‘
- Bosc, dans son refuge de sainte Radegonde en est réduit pour subsister à se nourrir de racines et de limaçons. Son unique poule lui améliore son ordinaire par les œufs qu’elle lui pond. Bosc n’hésite pas à recueillir La Réveillère Lespeaux, fugitif et malade et les œufs sont pour lui. Un jour, La Réveillère narre le fait :’’On a vu que notre basse-cour consistait en une poule. Le jour de mardi gras, (4 mars 1794), au matin, l’oiseau de proie la tua, sans néanmoins, pouvoir l’emporter, grâce à la prestesse de Bosc. Cette perte m’était sensible, elle l’était plus encore à Bosc, sa généreuse amitié se désolait de n’avoir plus d’œuf frais à m’offrir’’. Lorsque La Réveillère quitte Sainte Radegonde, un autre député Masuyer, prend sa place; il était poursuivi pour avoir favorisé l’évasion de Pétion, mais son plus grand crime était d’avoir, en pleine assemblée, provoqué Pache, le nouveau maire de Paris. Masuyer malgré les conseils de Bosc voulut entrer dans Paris. Il fut arrêté et guillotiné. En mai 1794, Bosc tombe nez à nez avec Robespierre, dans les vignes de Puteaux. "Que fais-tu là ?" lui dit-il, " je te croyais mort, je vais donner des ordres pour qu’on ne t’inquiète pas dans Paris ".
-Après Thermidor, Bosc quitte la forêt et s’occupe avec sollicitude du sort d’Eudora, la fille des Roland dont il a accepté la tutelle. Ils sont sans ressource, les scellés ne sont pas encore levés sur les biens des Roland à Villefranche. Reste le manuscrit de ses mémoires. Bosc les fait imprimer chez Louvet, en 1795, sous le titre « d’Appel à l’impartiale postérité », par la citoyenne Roland et en vend en peu de temps, douze mille exemplaires. Ici commence le plus mélancolique épisode de la vie de ce brave homme; il s’éprend de sa pupille et se laisse aveugler par quelques marques de gratitude. Cependant, il a un scrupule et pour quelques mois renvoie Eudora. Bien lui en prend, car son illusion est de courte durée. Eudora ne l’aime point.
- En 1796, il fait le chemin a pied de Paris à Bordeaux pour revoir les veuves de ses amis de la Gironde et visiter les lieux témoins de leur agonie. A Bordeaux, il est l’hôte de madame Gensonné; à Saint Emilion, celui de Madame Guadet, les plus brillants orateurs de la Convention. Il s’occupe ensuite des affaires de la mère de Barbaroux, principal acteur du 10 août. A la fin de l’année, le directoire envoie Bosc en mission diplomatique aux Etats-Unis. Les affaires de France se trouvent ainsi placées au cœur de l’élection présidentielle, pour ou contre l’alliance avec la France. Adams est soutenu par les fédéralistes, qui regardent vers l’Angleterre. Jefferson est soutenu par les républicains, chauds partisans de l’alliance avec la France. Adams l’emporte à une faible majorité. Washington, avant de se retirer, se prononce pour l’isolationnisme. Le 6 juillet 1797, Bosc est nommé Consul de France à Wilmington et le 30 juin 1798 à New York. Il profite de son séjour aux Etats-Unis pour faire de la botanique. A Charleston, Bosc vit dans la demeure de son ami botaniste André Michaux et de son fils, installés ici depuis 1785, et qui pourvoient en grands arbres d’Amérique (Liquidambars, Thuyas, Séquoias, épicéas etc.) le vieux continent. Il constate que la flore de la Caroline du Sud est comparable à celle de Sainte Radegonde. N’ayant pu obtenir l’exequatur du président Adams, Bosc revient en France le 30 novembre 1798.
-En 1799, il épouse une de ses cousines Suzanne Bosc. La première fille née de son mariage étant morte en bas âge en 1801, il prie Bancal de lui céder deux perches de terrain dans son domaine de Sainte Radegonde pour ensevelir son enfant. Telle est l’origine du petit cimetière où Bosc repose au milieu de ses enfants et de ses petits enfants. Sous l’empire, il est nommé inspecteur des pépinières, membre de la Société Centrale d’Agriculture, il entre à l’Académie des Sciences. Il rédige le dictionnaire résonné et universel d’agriculture, (1809). Il se consacre à l’édition des annales de l’agriculture à partir de 1811 et publie l’Encyclopédie méthodique d’agriculture. En 1814, sa notoriété devient assez grande pour que le tsar de Russie et l’empereur d’Autriche le consultent. Après Waterloo, en 1815, les mêmes empereurs sur les traces de Napoléon, viendront déjeuner sur l’herbe au château de la Chasse. Le duc Decazes, le nomme conseiller de l’agriculture du royaume, en 1819, il lui confie un immense travail sur les vignobles français. Description méthodique des vignes, composition de cépages, nature de la terre et classement des appellations contrôlées, (1820,1825).
-En 1825, il succède à son ami André Thouin, comme professeur de culture au Jardin des Plantes. A la suite d’une longue et cruelle maladie, il s’éteint le 10 Juillet 1828. Quatre discours furent prononcés aux funérailles de Bosc: Dumenil y parla au nom de l’Académie des Sciences, Verey au nom de l’Académie de Médecine, Cuvier, au nom du Muséum d’Histoire naturelle, monsieur le baron Sylvestre, au nom de la Société Royale et Centrale d’Agriculture. Le corps du savant fut transporté ensuite selon son désir, dans le champ fleuri de Sainte Radegonde.
-Pour la postérité, David d’Angers sculpta son buste, les pépiniéristes composèrent deux variétés de poires: la Beurré Bosc et la Calebasse Bosc et les botanistes baptisèrent trois plantes qu’il avait particulièrement aimées : Le Paspalum Stoloniferum Bosc, la Pinus adunca Bosc et la Boscia Senegalensis.
Antoine Da-Sylva
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