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Articles sur le Val d'Oise

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suite page 21 

Mars 1915 : diminution de l’éclairage public est prescrite. L’éclairage sera réduit de moitié dès le 1er avril (un bec sur deux). (4)

26 mars 1915 : «la journée scolaire serbe ». Souscription de 50F. (4)

Louis Pergaud est un instituteur et romancier français né à Belmont (Doubs), le 22 janvier 1882 et mort pour la France le 8 avril 1915, peu après la bataille de la Woëvre, près de Marchéville-en-Woëvre (département de la Meuse). Il est l'auteur de De Goupil à Margot, prix Goncourt 1910, et de La Guerre des boutons, paru en 1912.

En août 1914, Louis Pergaud est mobilisé dans l'armée française comme sous-lieutenant au 166e régiment d'infanterie cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front Ouest, pendant l'invasion allemande. Le 7 avril 1915, son régiment lance une attaque contre les lignes allemandes : piégé dans les barbelés, il est blessé par balles. À la fin de l'offensive, l'écrivain comtois n'est pas parmi les rescapés.

Pergaud

 

Louis Pergaud en tenue militaire

On croit maintenant que, plusieurs heures plus tard, les soldats allemands sont venus à son secours, et l'ont emmené avec quelques-uns de ses camarades dans un hôpital provisoire. Ce bâtiment, situé à Fresnes-en-Woëvre, serait détruit par un tir de barrage de l'armée française le 8 avril. Louis Pergaud, et de nombreux compatriotes, ont été au nombre des victimes. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Mort du soldat François Faber, cycliste qui avait gagné le tour de France en 1909 dont il tira comme surnom Le Colosse de Colombe. Du 2ème régiment de marche du 1er régiment étranger, il fut mortellement blessé le 9 mai 1915 dans le Pas-de-Calais lors de la terrible attaque des Ouvrages Blancs.

23 & 24 mai 1915 : « les journées françaises ». La vente des insignes a produit 250F ; subvention municipale de 100F. (4)

Un fermier d'Epiais-Rhus, mobilisé dès le commencement de la guerre, passait pour disparu aux yeux de tous, car personne ne pouvait donner de ses nouvelles. Or, hier, la gendarmerie de Marines ayant fait une descente dans a ferme ne tarda pas à découvrir un être étrange à la barbe et à la chevelure démesurée, sorte de dément pitoyable et méconnaissable. C’était Y…, qui, déprimé par la vie du front et vraisemblablement inconscient de ses actes, était venu, voilà de long mois, se cacher chez lui, loin du cauchemar affolant de la bataille. On l’a emmené (la Tribune du samedi 24 avril 1915)

Mort d’Albert Louis Thierry, Intellectuel libertaire, né le 25 août 1881 à Montargis et mort au front le 26 mai 1915 à Aix-Noulette, est un instituteur, écrivain et syndicaliste français Antimilitariste au moment de son service militaire en 1902-1903, quand il refuse de faire le peloton d'officiers, il se laisse gagner par l'élan patriotique de l'Union sacrée de 1914. Parti sur le front début septembre 1914 comme soldat au 28e régiment d'infanterie, il est tué le 26 mai 1915 à Aix-Noulette, à la Tranchée des Saules, à 33 ans. Selon son acte de décès, il est déclaré mort à 16 heures par un éclat d’obus reçu à la tête. Comme beaucoup d’autres de ses compagnons, il repose probablement dans l’un des ossuaires de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

Dommage de guerre (CM du 30 mai 1915)

« Le Conseil procède à l’élection d’un délégué et d’un suppléant pour la commission chargée de l’évaluation des dommages causés par la guerre ».

La Journée Française (CM du 30 mai 1915)

« Monsieur le maire informe le conseil que la quête faite au profit de la « journée française » a produit 719 francs et cinquante centimes ».

Bureau de bienfaisance (CM du 30 mai 1915)

« Mr le Président expose que les ressources du bureau de bienfaisance ne peuvent faire face aux dépenses extraordinaires de secours occasionnés par la guerre. Le Conseil après délibération vote à l’unanimité une somme de 5.000 francs pour faire face  aux dépenses diverses courantes et aux secours de toute nature aux nécessiteux ».

Le 20 juin 1915 : « la journée de l’orphelinat des armée ». Vente d’insignes pour 220F ; subvention municipale de 100F. (4)

Prix du Gaz (CM du 27 juin 1915)

« Il est dit dans le procès-verbal du 21 juin courant que satisfaction est d éjà donnée à la première demande de la Compagnie du Gaz concernant la réduction de l’éclairage public. Quant à l’augmentation du prix du Gaz, la question est mise d’urgence à l’étude et il est demandé à la Compagnie de surseoir à la dite augmentation qui devrait avoir son effet à partir du 1er juillet prochain augmentation contre laquelle municipalités représentées proteste jusqu’à nouvel ordre ».

Marché de St-Leu (CM du 27 juin 1915)

« Le Conseil après s’être mis d’accord avec l’entrepreneur du marché d écide qu’il reprendra son service au premier juin courant moyennant une rétribution de 100 francs par mois, pendant la durée de la guerre seulement ».

Quête au profit des Orphelins de la Guerre (CM du 27 juin 1915)

« Le Conseil municipal à l’unanimité , regrette le refus des dames de la Croix-Rouge de prêter leurs concours à la quête qui a eu lieu ce jour, au profit des orphelins de la guerre. Ce refus est motivé par l’avis qui leur en a été donné par Mr le Curé de St-Leu sur l’ordre de ses supérieurs ».

Le 27 juin 1915 : le service public du téléphone est suspendu depuis le début des hostilités, mais le bureau de poste demeure ouvert à midi et le soir. Les frais de ce service supplémentaire incombent tout entiers à la commune, mais on maintient le statu quo en raison des services que le bureau de poste peut rendre actuellement à l’armée et au public pendant les heures supplémentaires d’ouverture. (4)

Quête au profit des Orphelins de la Guerre (CM du 4 juillet 1915)

« Monsieur le Maire informe le Conseil que le produit de la quête faite au profit des orphelins de la guerre a été de 584,55 francs net ».

Réquisition (CM du 4 juillet 1915)

« L’administration des postes ayant réquisitionné un cheval et une voiture à Mme Gallée boulangère, pour une période de 9 jours, le Conseil décide que le motif invoqué pour le non paiement ne pouvant être valable, l’administration des postes doit solder à Mme Gallée la somme de 45 francs montant de la réquisition ».

Distribution des prix (CM du 4 juillet 1915)

« Le Conseil décide, qu’en raison des évènements la distribution des prix aux élèves des écoles n’aura pas lieu cette année, que la remise des prix spéciaux et legs sera ajournée jusqu’à la fin de la guerre. Toutefois une lecture du palmarès sera faite dans les classes à une date qui sera ultérieurement désignée ».

Classes de vacances (CM du 4 juillet 1915)

« Le Conseil décide qu’il n’y a pas lieu, cette année, de faire de classes de vacances, mais par contre, informe les intéressés que la garderie et la cantine scolaire fonctionneront comme par le passé, du 16 juillet au 16 septembre, sauf pendant quelques jours pour le nettoyage et les réfections nécessaires et qu’une somme de 100 francs sera allouée à Melle Ladoné pour ce service ».

Quête au profit des Orphelins de la Guerre (CM du 4 juillet 1915)

« Le Conseil municipal au sujet du rapport fait à la précédente réunion sur le prétendu refus des dames de la Coix-Rouge de prêter leur cocours à la quête faite au profit des orphelins de la Guerre, après avoir entendu les explications de Mme Deleau, Directrice qui regrette le refus des jeunes filles désignées à cet effet, reconnait que les Dames de France n’ont donné aucun ordre pour empêcher cette quête ».

Le 13 août 1915 les territoriaux creusent des tranchées à l'Isle-Adam,

13 août 1915, cantonnement du Génie à Frépillon (équipages de ponts)

21 août 1915 : on a acheté 200hl de coke pour 520F – à 2.60F l’hectolitre soit une augmentation d’un franc en huit mois– (4)

On versera une indemnité à certains pompiers qui ont « exercé » sept mois en 1914. Après le départ des pompiers à l’armée, les Domontois bénévoles les remplacent. (4)

Le samedi 28 août 1915, vers midi nous entendons une canonnade assez proche. Peut-être des exercices de tir ? Dans la soirée, nous apprenons que plusieurs aviatiks cherchèrent à survoler Paris. Deux seulement réussirent à pénétrer sur la banlieue. L’un parvint jusqu’à Montmorency où il lança plusieurs bombes qui ne firent que peu de dégâts, mais aussitôt cerné par nos avions ; il dut battre en retraite. En passant à proximité des batteries et des forts, il reçut une formidable bordée de nos 75. Nos aviateurs parvinrent à le rattraper au-dessus de la forêt d’Hallatte entre Senlis et Creil.

Le mercredi 1er septembre 1915, à la lecture des journaux, trois mots sortent avec tristesse de toutes les bouches : « Pégoud est mort ». Adolphe Pégoud était un des plus populaires de nos aviateurs. Il s’était rendu célèbre par sa hardiesse et son sang-froid bien avant la guerre. (8)


Il réalise le 21 septembre 1913 une série de figures acrobatiques et termine son programme en « bouclant la boucle », l'un des tout premier looping, c’est la gloire. Toute la presse s’empare de l’événement. Il est acclamé, ovationné. Ses exhibitions sont plébiscitées partout en Europe jusqu’en Russie. Sa popularité est sans égale, y compris en Allemagne.

Adolphe Pégoud fut le premier à effectuer un looping.
"Si je meurs, ce ne sera
qu'un aviateur de moins.
Si je réussis que d'existences
précieuses conservées à l'aviation"
Paroles de PEGOUD avant son premier vol renversé

En avril 1915, il est affecté à l'escadrille MS 49 à Belfort. Le 18 juillet, il remporte sa sixième victoire aérienne, (ne sont comptabilisés que les avions ennemis tombés dans nos lignes) ce qui lui vaut une seconde citation à l'Ordre de l'Armée et devient officiellement le premier « As » de la guerre 1914-1918.

Mort de Jules Auguste Leroux, né le 11 décembre 1880 à Villers-Semeuse (Ardennes) et tué à l'ennemi le 16 juin 1915 à Roclincourt, est un écrivain et un poète français certains le considèrent comme l’inventeur du roman ardennais. Volontaire en 1914, Jules Leroux est blessé à la main. Guéri, il remonte au front. Nommé caporal au 41e régiment d'infanterie le 14 juin 1915, il disparaît deux jours plus tard le 16 juin 1915 aux combats à Roclincourt; par jugement du tribunal de Douai, le décès est transcrit le 3 mai 1921 à Douai. Jules Leroux est déclaré «Mort pour la France».

Dans quelques textes, il évoque ses tâches et la proximité du front.  […] ayant pas mal circulé en ce moment pour l’exécution de travaux de batterie (26 août 1915).

Nous avons reçu hier la visite de deux Fokker qui nous ont envoyé cinq bombes, tombées dans un rayon de 500 m autour de nous. Personne n’a été atteint ici (29 août 1915) {5}.

Les officiers supérieurs étaient chargés de visiter les blessés dans les hôpitaux de la région. C’était une mission très pénible et qui vous arrachait le cœur. Un jour que je m’approchais d’un jeune blessé de vingt ans, amputé des deux jambes et que je cherchais à le consoler, il me dit en montrant son voisin aveugle, ce mot touchant : « Je plains davantage celui qui est à côté de moi et qui ne peut plus jouir de la vue des prés, des arbres, des fleurs{5}. »

Malheureusement, au matin du 31 août 1915, le sous-lieutenant Célestin Adolphe Pégoud mène son dernier combat. Il est opposé seul au caporal Otto Kandulski et au mitrailleur lieutenant Von Bilitz. Pégoud est abattu d'une balle en plein cœur à 2 000 m d'altitude au-dessus de Petit-Croix, à l'est de Belfort, à l'âge de vingt-six ans. Il vient d'être nommé au titre de Chevalier de la Légion d'honneur avec attribution de la Croix de Guerre avec palmes. Il ne le sut jamais. Le 6 septembre, l'équipage allemand revient sur les lieux du combat et y lance une couronne de laurier portant l'inscription « À Pégoud, mort en héros pour sa Patrie ». Le 18 mai 1916 le pilote français Roger Ronserail abat lors d'un combat aérien l'Allemand Otto Kandulski et venge ainsi la mort d'Adolphe Pégoud. L'exploit de Roger Ronserail lui vaut l'appellation « du vengeur de Pégoud ».

Aujourd’hui 4 septembre 1915, le pays est bien calme ; Quelques Parisiens, ont loué une villa comme en temps ordinaire. Bien des maisons inhabitées l’année dernière sont occupées par des émigrés ou par la troupe. A voir l’aspect de Taverny, on ne se douterait pas qu’à vingt lieues à peine se trouve le champ de bataille. La moisson s’est faite tôt et dans d’assez bonnes conditions. Malheureusement nos départements envahis vont provoquer un déficit de rendement. Les achats de blés dans les pays étrangers étant payables en or, on nous laisse entendre que nous arriverons à manger du pain mélangé. (8)

La vie est chère, presque tous les articles commerciaux sont majorés assez fortement. Il est certain que comme partout, la guerre est le sujet des conversations et des discutions. (8)

10 septembre 1915 : on apprend que la remise des drapeaux aux régiments de la 104ème division territoriale aura lieu dans la plaine, entre Moisselles et Bouffémont. (4)

18 septembre 1915 : « la journée de Seine-et-Oise » (138F). (4)

Le Comité Jacquet

Eugène Jacquet, grossiste en vin, secrétaire général de la Fédération du Nord de la Ligue des Droits de l’Homme, socialiste franc-maçon et pacifiste, s’est rallié en 1914 à l’Union sacrée. Il parle couramment anglais pour avoir résidé aux U.S.A. et en Grande-Bretagne. Avec des amis, Georges Maertens, Ernest Deconninck et le Belge Sylvère Vehulst, il met sur pied, avec l’appui du préfet Trépont, un réseau d’évasion et de renseignements. On y trouve outre les frères Plouvier, industriels du textile qui donnent des subsides, des fraudeurs professionnels qui assurent le convoyage (Gaston Lécuyer, Léon Vestens ou Hyppolyte Cloots) ainsi que Jean Vandenbosch chargé du renseignement.

Le Comité Jacquet est démantelé à la suite de l’affaire Mapplebeck. En mars 1915, un avion britannique est contraint, après avoir bombardé le quartier d’Esquermes à Lille, d’atterrir à Wattignies. Pris en charge par le réseau Jacquet et rapatrié en Grande-Bretagne, le pilote Mapplebeck survole de nouveau Lille et largue une lettre où il se moque du gouverneur Heinrich. Trahis par un certain Richard (qui sera condamné à la déportation en 1919), les membres du réseau sont arrêtés et les Allemands découvrent, caché dans le bras d’un fauteuil, le journal de l’aviateur. Plus de 200 personnes sont arrêtées. Jacquet est condamné à mort par le Tribunal militaire de Lille le 21 septembre 1915, ainsi que Verhulst, Maertens et Deconinck. Ils sont exécutés le 22 à l’aube. Les autres membres du Comité sont condamnés à des peines de prison et à la déportation.

Mort du comte Léon de Montesquiou-Fézensac, né le 14 juillet 1873 à Briis-sous-Forges et mort pour la France le 25 septembre 1915 à Souin, est un essayiste et militant royaliste et nationaliste français. A la déclaration de guerre, Léon de Montesquiou s'engagea comme soldat dans l'armée territoriale, puis fut officiellement réintégré - à la suite d'une intervention de Charles Maurras auprès de Poincaré - le 17 septembre 1914 dans l'armée d'active. Il fut promu lieutenant et affecté au 2° régiment de la Légion étrangère. Il combattit dans l'est de la France puis en Champagne et retourna à la foi de son enfance. Il fut tué le 25 septembre en sortant d'une tranchée pour monter à l'assaut. Il fut cité à l'ordre de l'Armée.

26 septembre 1915 : « la Journée des éprouvés de la guerre ». La quête produit 443 Francs. (4)

Le dimanche 26 septembre 1915, la presse française organise la journée des éprouvés de la guerre. Des pochettes renfermant des dessins ou des billets de loterie sont remises, moyennant votre offrande. (8)

Mort d’Amédée Guiard  né à Gien le 5 janvier 1872 – mort au Bois de la Folie, en Artois, 28 septembre 1915, c’est un écrivain français mobilisé lors de la première guerre mondiale, il tombe au front à quarante-trois ans.

Dans l’arrondissement de Pontoise, on comptait 2000 réfugiés en septembre 1914. Au 1er octobre 1915 le nombre de réfugiés s’élevait à 7086 dont 1972 Belges le reste est principalement des départements de l’Aisne, Nord, Marne, Ardennes, Somme, Pas-de-Calais, Oise, Meuse, Meurthe et Moselle, Alsace-Lorraine. Ces malheureux résident dans 143 communes. (A Saint Leu il y a 10 réfugiés qui travaillent sur 96 valides). (8)

Résistance

Cavell est agent du Secret Intelligence Service britannique (également connu sous la dénomination de MI6). Cependant, elle abandonne ses devoirs d'espionne afin d'aider des centaines de soldats alliés à passer de la Belgique occupée vers les Pays-Bas neutres grâce à un réseau d’évasion organisé par des Belges de la région de Mons et des Français de la région de Lille, en violation de la loi militaire imposée par les occupants politiques. Le mot de passe du réseau était « Yorc » soit, l'anagramme de « Croy » (du nom de famille de la princesse Maria de Croÿ qui participait au réseau).

 


 

 

Arrestation et exécution

En juin 1915, deux hommes se présentent à l'institut comme soldats français en fuite. L'un deux est Georges Gaston Quien, l'autre est un agent allemand infiltré se prétendant aviateur.
Les arrestations des membres du réseau débutent le 31 juillet 1915 par celles de Philippe Baucq et Louise Thuliez puis le 5 août par celles d'Edith Cavell, de la comtesse Jeanne de Belleville et de la princesse Marie de Croÿ. Louise de Bettignies sera, elle, arrêtée le 20 octobre 1915.
Parmi les coïnculpés figurent également de nombreux autres patriotes comme le pharmacien Louis Severin, l'avocat Albert Libiez, les cafetiers
Pansaers et Rasquin, ou l'aubergiste, cabaretier et maçon François Vandievoet.

Tous sont incarcérés à la prison de Saint-Gilles et jugés les 7 et 8 octobre 1915. Edith Cavell ne se défend pas, admettant les actes qui lui sont reprochés. Six des accusés sont condamnés à mort le 11 octobre 1915 à 17 h.

Pour faire cesser les protestations internationales conduites par Brand Whitlock et le marquis de Villalobar, les juges : Werthmann, lieutenant-colonel, Stoeber, conseiller du conseil de guerre, et Duwe, assesseur du conseil de guerre, font exécuter Philippe Baucq et Edith Cavell le lendemain à 2 heures au Tir national, un site militaire (aujourd'hui un mémorial), où elle est enterrée.
Louise Thuliez, Jeanne de Belleville, Louis Severin et Albert Libiez voient leur condamnation à mort muée en peine de prison à perpétuité. Les autres inculpés sont condamnés à des peines de prison.

Octobre 1915, Saint-Leu-Taverny change une fois de plus de nom et devient Saint-Leu-la-Forêt. (1)

Première mention de Saint-Leu-la-Forêt (CM du 17 octobre 1915)

Les lanternes à gaz de l’éclairage public ne sont plus allumées depuis un an environ (4)

Depuis l’ouverture des hostilités, une grande partie des maisons situées dans la zone de défense ont été démolies (aux Vinciennes, il reste cinq ménages sur quatorze). (4)

Le samedi 30 octobre 1915, nous connaissons officiellement la composition du nouveau ministère. Le ministère d’Aristide Briand succède au ministère Viviano. Le général Gallieni est nommé ministre de la Guerre. (8)

Dans les premiers jours du mois de novembre, les journaux sont vides de nouvelles militaires et pessimistes sur la question balkanique. On intéresse plutôt le public sur l’assassinat de miss Edith Cavell, infirmière anglaise, condamnée à mort par les allemands de Belgique. (8)

Le 8 novembre 1915, nous apprenons officiellement que le général Maunoury succède au général Gallieni, comme gouverneur militaire de Paris. Cette nomination est très bien accueillie le public se souvient du rôle heureux qu’il joua pendant la bataille de l’Ourcq. Et ce fut avec peine que nous apprenions la grave blessure du général Maunoury, dans le secteur de Soissons le 12 mars de cette année. En inspectant une tranchée de première ligne, en compagnie du général de Villaret, une même balle les blessa tous les deux. Le  général Maunoury perdit l’œil gauche. (8)

Tir au canon

En exécution des ordres du Gouverneur Militaire de Paris, des tirs d’essai de 75 doivent avoir lieu à Frépillon, le jeudi 11 novembre 1915 de 9h à 10h.

L’évacuation de la zone dangereuse ne sera pas exigée en ce qui concerne les habitations, le danger qui ne provient que de la chute de grenaille n’existant que dans les terrains découverts.

Les habitants pourront donc rester dans les maisons ou abris en s’éloignant des ouvertures.

Les portes et fenêtres seront ouvertes pour éviter les bris de vitres. L’accès de la zone dangereuse sera interdit par des vedettes. (Bessancourt)

Le dimanche 28 novembre 1915 a lieu dans notre département la « Journée de Seine-et-Oise en faveur des éprouvés de la guerre. (8)

« La journée de Seine et Oise » du 28 novembre 1915  a produit 378,95 francs.

(CM du 26 décembre 1915)

Mort du sergent au 18e régiment d'infanterie Georges Jordic-Pignon dit « Jordic » illustrateur et peintre français, né le 5 janvier 1876 à Philippeville (Algérie département Constantine) et mort pour la France le 28 novembre 1915 de suite de blessures de guerre dans l'ambulance 5/170 à Houdoins (Pas-de-Calais).

Le 25 décembre 1915 : « la Journée du Poilu (135 francs). (4)

Le 25 et 26 décembre 1915, au profit de nos soldats : « Journée du Poilu ». (8)

Téléphone (CM du 26 décembre 1915)

«Le Conseil autorise la prise d’un abonnement au téléphone pour les besoins de la mairie ».

Etrennes (CM du 26 décembre 1915)

«Le Conseil alloue 10 francs d’étrennes au facteur Lacombe et 5 francs à Melle Ban porteuse des dépêches ».

Dépêches (CM du 26 décembre 1915)

«Le Conseil adopte les propositions de Mme Minel pour le port des dépêches à domicile en 1916 moyennant une rétribution de 65 francs par mois ».

Félicitations aux instituteurs et institutrices (CM du 26 décembre 1915)

«Après lecture par Mr le maire d’un rapport de Mr Lecoq directeur de l’Ecole communale des garçons sur les travaux scolaires et les envois de vêtements et paquets divers aux soldats ainsi que les visites d’élèves aux blessés à l’hôpital militaire. Le conseil adresse à Mr et à Mme Lecoq ainsi qu’à Mme Cochois Directrice de l’Ecole des Filles et à leurs dévoués collaborateurs ses sincères remerciements pour ces œuvres patriotiques. Remercie également Melle la Directrice de l’Ecole maternelle pour les soins particuliers qu’elle apporte aux jeunes enfants de la commune ».

Laine pour les soldats (CM du 26 décembre 1915)

«Le Conseil alloue une somme de 100 francs à Mme Cochois pour l’achat de laine destinée aux travaux exécutés par les élèves pour les soldats du front ».

Titres de rentes (CM du 26 décembre 1915)

«Deux titres de rentes de 5 francs ayant été souscrits par les Ecoles de Garçons et de Filles, il sera décerné chaque année par les soins de la caisse des Ecoles un livret de caisse d’épargne à deux élèves méritants fille et garçon autant que possible orphelins de la guerre ».

Tableaux d’honneur (CM du 26 décembre 1915)

«Le Conseil décide l’affichage à la porte de la mairie du nom des braves de St-Leu tombés pour la patrie et de ceux qui ont obtenus des citations ou distinctions honorifiques et vote les crédits nécessaires pour la confection de ces tableaux d’honneur ».

Rééducation des mutilés (CM du 26 décembre 1915)

«Mr le maire informe les habitants de la commune qui désireraient participer à la rééducation des blessés qu’une œuvre d’assistance aux mutilés est instruée à Versailles pour le Département de Seine et Oise ».

Remerciements aux demoiselles qui quêtent pour les œuvres de bienfaisance (CM du 26 décembre 1915)

«Le Conseil remercie les demoiselles qui apportent leur concours aux quêtes faites pour les soldats ».

 


 

1916

 Au premier janvier 1916, parmi les deux groupes de belligérants nous comptons d’une part nos amis : le Monténégro, la Serbie, la Belgique, le Japon, l’Italie, la Russie, l’Angleterre et la France. D’autre part nos ennemies : la Bulgarie, la Turquie, l’Autriche, Hongrie et l’Allemagne. Quoique la majorité des puissances en guerre soit européenne, les épisodes heureux ou malheureux de la guerre mondiale se poursuivent dans les 5 parties du monde. (8)

Comme conclusion à cet immense champ d’opération,

Nos ennemis tiennent :

-la Belgique (sauf une petite partie), 8 départements français partiellement (sauf les Ardennes en entier) la Pologne, la Serbie, une partie de la Russie et du Monténégro et viennent de s’ouvrir un débouché par les Balkans.

Les alliés tiennent :

- la maîtrise de la mer (à part quelques ennuis causés par les sous-marins ennemis et la contrebande neutre), la plus grande partie des Colonies Allemandes, une petite partie de l’Alsace et quelques territoires autrichiens et turcs. (8)

Beaucoup de soldats permissionnaires ont pleine confiance et leur conversation se résume en ces mots « on les aura ». Un dessin de Torain, représentant deux soldats dans une tranchée se posant cette réflexion « Pourvu que les civils tiennent » fut l’objet de bien des conversations. A vrai dire, le moral des civils n’est pas aussi bon que celui des soldats, mais les uns et les autres se soumettent aux exigences de la guerre. (8)

De tout temps, il y eut des affaires retentissantes. La guerre ne les supprima nullement. Parmi les principales : l’affaire Desclaux (vol au détriment des soldats). L’affaire du docteur Lombard (réformes frauduleuses), marchés de la guerre (escroqueries) firent couler beaucoup d’encre. (8)

Les conversations roulent beaucoup pour Emilienne Moreau l’héroïne de Loos dont le Petit Parisien publie les mémoires. Cette jeune fille fut décorée de la croix de guerre à Versailles. (8)

Engageons cette petite revue de fin d’année sur Taverny. La vie chère comme partout. La culture se poursuit malgré le manque de bras. Les commerces alimentaires souffrent plutôt de la hausse des denrées que du manque de vente. L’industrie subit plus gravement la crise : majoration des matières premières et diminution de travail. Le bâtiment est complètement arrêté. Les rentiers possédant des valeurs étrangères se trouvent gênés. Les propriétaires ne touchent pas leur loyer, le moratoire est toujours prolongé. Peu de chômeurs chez les ouvriers qui ont transformé leur métier pour la plupart. Mais que de larmes ont déjà été versées dans notre localité, que de craintes souvent justifiées, que de deuils et de chagrins irréparables ? Au commencement de 1916, j’évalue approximativement à une trentaine le nombre des habitants morts pour la patrie. Ajoutez une dizaine de prisonniers, une vingtaine de disparus et 20% de nos mobilisés qui ont été blessés ou malade. Voilà l’hécatombe qui se répète dans tous les pays et que la civilisation dont nous étions si fiers n’a pu empêcher. (8)

Le jeudi 6 janvier 1916, je me rends à Paris, je trouve beaucoup plus d’activité commerciale qu’à ma précédente visite. Un grand nombre de permissionnaires débarquent à la gare de l’Est. Je suis un peu surpris de voir ces braves acheter aux camelots des alentours, des bagues d’aluminium. Car à l’époque, la bague des tranchées, fabriquée par les poilus avec des fusées boches fait fureur. C’est pourquoi les marchands parisiens très ingénieux font des affaires. Il n’y a que la foi qui sauve ? Sur les grands boulevards, je rencontre un assez grand nombre de soldats et d’officiers anglais et belges. Mais la principale chose qui frappe la vue sont les affiches et pancartes bien en vue dans les administrations, gares, wagons, etc.…

« Taisez-vous

Méfiez-vous

Les oreilles ennemies vous écoutent »

Le samedi 19 janvier 1916 attaque de nuit de zeppelins sur Paris et sa banlieue. (6)

Le samedi 29 janvier 1916 vers 22 heures, j’entends le bruit d’un moteur, mais comme la défense aérienne du camp retranché fonctionne nuit et jour, je n’y attache aucune importance. Certaines personnes plus curieuses regardent et aperçoivent des avions. D’autres prétendent avoir vu un dirigeable avec tous ses feux allumés. Le dimanche 30 janvier au matin, les journaux sont pris d’assaut. La veille un Zeppelin a bombardé Paris ! La note suivante est communiquée à la presse : Un Zeppelin a été signalé à 21heures20 se dirigeant vers Paris. L’alarme a été aussitôt donnée et des mesures de précaution nécessaires ont été prises. Les projecteurs fouillaient le ciel dans toutes les directions. Le sous-secrétaire d’Etat de l’aviation et le colonel Mayer se sont rendus aussitôt au Bourget. Vers 22 heures, plusieurs détonations ont été entendues. Des bombes venaient d’être jetées. Il y a quelques victimes et des dégâts matériels. D’après les premières nouvelles, c’est le XX et le XIème arrondissements qui furent touchés. (17 bombes lancées, 25 morts, 32 blessés) le Zeppelin a été combattu rien que par nos avions. Sans rien exagérer, j’affirme que, pour notre population du camp retranché, le coup fut plus rude que la prise de la Serbie et du Monténégro par nos ennemis. Paris bombardé malgré toutes les précautions, Paris blessé. C’est non seulement notre capitale, mais aussi c’est notre ville régionale mutilé ! (8)

Le dimanche 30 janvier 1916 attaque de nuit de zeppelins sur Paris et sa banlieue. (6)

Janvier 1916 : Nouvelle augmentation du nombre d'escadrilles (160) et réorganisation en :
· 45 escadrilles de Corps d'Armée
· 31 escadrilles de Bombardement
· 34 escadrilles d'Artillerie lourde
· 50 escadrilles de combat

L’année 1916 commence par une grande offensive allemande sur Verdun. La bataille qui dure du 21 février au 9 juin tourne à l’avantage des troupes françaises commandées par le général Pétain. (6)

L’hiver 1914-1915 ne fut pas rigoureux et l’hiver 1915-1916 est encore plus doux. Beaucoup d’humidité mais très peu de gelée. A Taverny, il est curieux de remarquer des arbres en fleurs à cette saison. (8).

Le dimanche 13 février 1916 je me rends à Paris, je reviens par les grands boulevards et je trouve un contraste frappant ; les cinémas sont envahis, les promeneurs sont nombreux et les marchants de chansons lancent une nouveauté. J’écoute croyant entendre un chant patriotique, je suis surpris d’entendre une banale chanson d’amour « On ne devrait jamais aimer ». (8)

Lutte contre l’alcoolisme (CM du 20 février 1916)

«Le Conseil Municipal, considérant que la lutte contre l’alcoolisme en respectant les intérets légitimes des producteurs et des commerçants est un véritable devoir pour tous les citoyens soucieux de l’avenir du pays décide d’approuver entièrement les mesures préconisées par la Ligue Française »

Remerciements aux élèves des Ecoles des Filles  (CM du 20 février 1916)

«Mr le maire donne lecture d’une lettre de Mr Bigeard chef d’Escadrons commandant le Dépôt du 27eme régiment de Dragons remerciant les Elèves des Ecoles de Filles pour les 50 paquets individuels envoyés aux soldats ».

Verdun (21 février-18 décembre 1916)            il y a eu quatre cent mille morts à Verdun, c'est-à-dire plus de 2000 morts par jour ce fut la bataille la plus sanglante que les hommes aient jamais livrée.

Les sociétés civiles organisent des spectacles au profit des blessés et pour adresser des colis  aux « poilus » et aux prisonniers (2)

Si jusqu’ici nous avons été privilégiés des épidémies maladives, il existe un mal moral qui devient de plus en plus contagieux : les réfugiés des départements envahis sont jaloux de ceux que la guerre a épargnés. Les femmes, les hommes âgés, les soldats sont jaloux de ceux qui ne sont pas partis. Combien de fois des exemptés et réformés se sont fait apostrophés dans la rue par ces mots : « Qu’est-ce qui fiche là, celui-là ». Le public est jaloux des auxiliaires, des mobilisés d’usines et de chemin de fer et de tous ceux employés au service de l’arrière. Cependant, comment faire la guerre sans les services de santé, de l’intendance et du ravitaillement ?comment continuer la lutte sans la mobilisation industrielle qui donne les armes et les munitions. Les soldats du front sont touchés aussi par la jalousie. Les fantassins se jalousent entre l’infanterie, les chasseurs à pied, les zouaves et troupes coloniales. Le piston qui a toujours existé. En un mot, tous ceux qui ne sont pas dans les tranchées sont des embusqués ! (8)

mars 1916 : on demande que les facteurs effectuent les trois distributions du matin, du midi et du soir après l’arrivée des trains-courriers, comme cela avait lieu avant la guerre. (4)

Le vendredi 17 mars 1916, nous apprenons la démission du général Gallieni, ministre de la Guerre. Le général Roques lui succède. Il va sans dire que le motif des démissions en temps de guerre invoque la maladie … (8)

26 mars 1916 : l’autorité militaire va effectuer des réquisitions. On estime dans le village de Domont que les quantités d’avoine et de paille existant chez les agriculteurs sont à peine suffisantes pour les besoins de la culture jusqu’à la prochaine récolte. Le blé disponible ne pourra être livré que lorsqu’il sera battu et nettoyé. La main d’œuvre ne manque pas dans le village : ce sont les chevaux qui font défaut ; les cultivateurs ne peuvent s’en procurer, même «à prix d’argent ». On voudrait que le village soit informé à temps de la vente publique par l’armée de chevaux « hors d’usage » ou réformés. On demande au Conseil général de réduire tous les contingents communaux de façon qu’ils soient calculés sur une population civile de 1500 habitants : le chiffre de 1.800 qui a servi de base jusqu’à maintenant est exagéré, car il comprend les militaires du fort (300 soldats en moyenne). (4)

La soirée du 30 mars 1916 nous apprenons que le général de division Maunoury, gouverneur de Paris, démissionne et est remplacé par le général Dubail. (8)

Les 31 mars et 1er avril 1916, les derniers soldats du 4ème d’artillerie lourde quittent Taverny. Depuis plusieurs mois, ces hommes étaient peu nombreux : une quarantaine tout au plus. Toujours est-il que depuis 20 mois, Taverny avait logé des soldats et que le départ du dernier détachement causera un vide. (8)

Le 31 mars 1916, après plus de 20 mois de garnison, le détachement du 4ème RAT quitte Taverny. (Les autres batteries y sont bien entendu maintenues). (6)

15 avril 1916 la crise du papier et la décision du syndicat de la presse qui ramasse à partir d’aujourd’hui tous les vieux papiers à raison de 0.20 francs le kilo. Le dimanche 16 avril 1916, un coup de sonnette de l’appariteur David annonce au public l’achat des vieux papiers. Le garde champêtre Adam se tiendra à la mairie tous les matins pour recueillir les paquets de vieux papiers. (8)

Le prix du beurre s’élevant toujours, le ministre de l’agriculture Jules Méline a autorisé la vente de la margarine à titre provisoire et seulement pour la durée de la guerre.

Le 28 avril 1916, a lieu Trocadéro, le « Festival des trois Gardes » au profit des œuvres de guerre. La musique des carabiniers royaux d’Italie, des Coldstream guards d’Angleterre et de la garde républicaine française se font applaudir. (8)

Le dimanche 30 avril 1916, je vais visiter aux Invalides les prises et trophées de guerre. Une foule énorme défile devant le matériel de tranchée et de campagne pris aux Allemands. Celui qui visite Paris à cette époque reste surpris de l’animation de la capitale. La seule chose qui vous rappelle l’état de guerre est le nombre d’officiers et de soldats anglais, belges, italiens, serbes et français que vous rencontrez. (8)

Mai 1916 la rébellion Irlandaise, les émeutiers avaient proclamé la « République Irlandaise » mais les principaux chefs de mouvement révolutionnaire sont prisonniers. Condamnations et exécutions en Angleterre des rebelles Irlandais (8)

Jeux olympiques d'été de 1916

Les Jeux Olympiques d'été 1912 ont été célébrés en Suède du 5 mai au 27 juillet 1912.

Les Jeux de la VIe Olympiade auraient dû avoir lieu à Berlin (Allemagne) en 1916. Le Comité international olympique choisit Berlin en mai 1912 à Stockholm à l'occasion des Jeux olympiques d'été de 1912. Lors du déclenchement de la première Guerre mondiale, l'organisation continua car tout le monde pensait que la guerre durerait peu de temps. Plus tard, les Jeux furent finalement annulés. Budapest, Alexandrie, Amsterdam, Bruxelles et Cleveland avaient également posé leurs candidatures pour organiser ces Jeux. Le lieu central de ces Jeux aurait dû être le stade olympique de Berlin, qui fut construit en 1912-1913.

A partir du 10 mai 1916, la France donne le droit aux boulangers de vendre le pain complet qui diffère certainement du pain KK allemand. Les meuniers doivent porter le blutage de 74 à 77, c'est-à-dire que la farine fleur actuellement en usage est remplacée par la farine entière. Le pain gris supprime le pain blanc. Car une grande économie de blé doit être réalisée, la majorité du public est unanime à trouver ce nouveau pain national excellent. (8)

Parmi tant de nouveautés créées par la guerre, une idée qui a été lancée par la presse, et qui a obtenu un grand succès : les marraines du front. Il existe parmi les mobilisés, des poilus sans famille (soit du fait de l’invasion ou d’autres cas) qui ont accepté avec joie une marraine généreuse qui envoie à son ou à ses filleuls certaines douceurs. Que de lettres échangées ! Combien de colis ? De mandat ? Envoyés sur le front par ces marraines inconnues. (8)

19 mai 1916, mort à Vadelaincourt près de Verdun, du Sous-lieutenant Georges Boillot l’ancien coureur cycliste amateur au VC de Levallois puis coureur professionnel d’automobile, il gagna 2 grands prix de l’automobile club en 1912 et 1913. Il vient de trouver la mort en combattant à lui seul 5 avions allemands. 

 


 

Le 27 mai 1916, mort du général Gallieni, tous les Français sont touchés de la disparition de cet officier de grande valeur. Après sa démissionné de son poste de ministre de la Guerre pour des problèmes de santé, notamment un cancer de la prostate, il meurt des suites d'une intervention chirurgicale dans une clinique de Versailles. Après des funérailles nationales organisées le jeudi 1er juin 1916 aux Invalides avec le défilé des troupes qui ont pris part à la bataille de l’Ourcq et qui reviennent du front pour un dernier hommage. Conformément à ses dernières volontés, il est inhumé auprès de son épouse dans le cimetière de Saint-Raphaël. Plus tard, il sera élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume le 7 mai 1921

Subventions (CM du 28 mai 1916)

«Le Conseil, après lecture d’une circulaire de Mr le Préfet vote une subvention de 100 francs à l’œuvre d’assistance aux militaires tuberculeux. Et ouvre un premier crédit de 100 francs mis à la disposition de Mr Leblond, 1er adjoint, pour envois divers aux soldats de St-Leu prisonniers en Allemagne. Et enfin vote une subvention de 50 francs à l’œuvre d’assistance aux mutilés de la guerre ».

Mort du maréchal lord Kitchener, ministre de la guerre anglais, alors qu’il se rendait en Russie, avec tout son état major, à bord du croiseur cuirassé « Hampshire » qui a été coulé par les allemands le lundi 5 juin 1916. La France, frappée par la mort de Gallieni, s’associe au deuil de l’Angleterre.

juin 1916. Pendant que la majorité du public attend avec impatience la grande offensive qui doit abattre nos ennemis, le moral des habitants de Taverny (et je puis ajouter des Français en général) n’est pas des plus brillants. (8)

11 & 12 juin 1916 : « la Journée des prisonniers de guerre » 180 francs d’insignes vendu. (Quête avec remise d’insignes dans l’arrondissement de Pontoise). (4)

Le changement de l’heure, après des discutions passionnées, le projet Honnorat est adopté et entre en vigueur le 15 juin 1916 à titre d’essai jusqu’au mois d’octobre prochain. (Ce qui mettait la France et l’Angleterre à la même heure).

Paul

 

Voici comment s’est produit l’escamotage d’une heure dans la nuit du 14 au 15 juin 1916. A 11 heures du soir, ou plutôt pour parler réglementairement, à 23 heures, les aiguilles des pendules publiques furent placées sur 22 heures. A Taverny, la pendule de la mairie annonçait le 14 juin «  19 heures » à 20 heures… (8)

25 juin 1916 : « la Journée serbe ». La vente d’insignes a produit 197 francs (4)

Depuis, le 25 juin 1916, nous constatons que le bombardement devient de plus en plus dense. (8)

Le 28 juin 1916, vers 12h30, nous avons entendons plusieurs détonations plus puissantes qu’à l’habitude. Certains jours, soit que le vent soit favorable, nous entendons plus distinctement le grondement continu du bombardement (8)

La bataille de la Somme (1er juillet - 18 novembre 1916)

Joffre lance alors l’attaque franco-anglaise sur la Somme. Si elle n’est pas décisive, elle épuise néanmoins l’armée allemande. (6)

C’est ainsi que le samedi 1er juillet de 18h à 22h, le bruit de la canonnade ne cesse pas une minute. Quoique nous nous entendions au début de l’offensive franco-anglaise dans la Somme, les habitants de Taverny sont graves et soucieux en prêtant l’oreille pour mieux entendre. Nous avons tous confiance mais ce bruit infernal entendu à plus de 90km fait penser à ceux qui se trouvent sur le champ de bataille. Depuis plusieurs semaines, les conversations du public se rapportaient principalement à ce grand coup. Certaines personnes se rendaient à Montigny-Beauchamp, pour voir défiler les transports de troupes, de matériel et de munitions qui montaient en Picardie. Les employés de chemin de fer et les soldats nous racontaient les préparatifs de la grande offensive. Bref, ce ne fut pas une surprise pour nous lorsque les journaux annoncèrent le début heureux de l’offensive sur un front de 40 kilomètres. (8)

1er juillet le prix du lait est passé de 0.30 à 0.40 francs le litre. La population proteste. Un fermier voisin a augmenté de 5 centimes de plus par litre le prix du lait pris à sa ferme et de 10 centimes celui du lait livré : du coup les laitiers et nourrisseurs Domontois ont suivi. Mais la population dit que le moment est mal choisi, que le fourrage abonde et peut servir uniquement à la nourriture du bétail à défaut de « recoupette ou issue dont la cherté sert de prétexte ». On demande à la préfecture de ramener le lait à son prix initial. A la suite de quoi, on décide de munir le garde-champêtre d’une arme défensive (revolver). (4)

2 juillet 1916 le maire de Domont s’est rendu à Paris au siège d’un office de placement de médecins (ceux de Domont étant sous les drapeaux). La plupart des médecins disponibles exigent un logement et une garantie d’affaires journalières pour se déplacer. On a trouvé une doctoresse russe qui accepte de venir, à condition d’avoir un logement meublé. Une lettre de la sous-préfecture a donné l’assurance que Mme Agafonoff est en possession du diplôme de médecin et qu’elle est autorisée à exercer en France. (4)

En juillet 1916 : Le prix du gaz passe de 0.25 à 0.30 francs le mètre cube pour les usages domestiques et de 0.20 à 0.25 francs pour les usages industriels, à cause de « la crise du charbon » (4)

A Taverny, la fête nationale est bien triste. A part les monuments publics qui sont pavoisés de quelques drapeaux, le pays semble aussi morne. Après 24 mois de lutte, nous comptons plus de 50 tués à Taverny, sans tenir compte des disparus. Comment ne pas haïr la guerre, nous qui avons vu partir ces hommes et jeunes gens en pleine santé quittant leur famille et leur situation pour défendre la France. (8)

A Paris, le 14 juillet est consacré à la mémoire des morts pour la patrie. Le président de la république Raymond Poincaré, après avoir passé en revue les troupes belges, anglaises, russes et française, remit des diplômes aux familles des tués à l’ennemi. La cérémonie eut lieu au Grand Palais des Champs Elysées. Le président prononça un grand disc ours fort touchant. Les troupes alliées défilèrent dans les rues de Paris, ce fut du délire ; des fleurs furent jetées au passage des Russes, Ecossais, Canadiens, Annamites, cyclistes et lanciers belges, australiens, hindous, fusiliers marins, tirailleurs algériens, chasseurs à pieds etc. … Après ce défilé, Paris rayonne. Un élan de patriotisme et de confiance fait contraste avec l’an passé. De nombreux drapeaux français et alliés flottent partout.  Les vendeurs et vendeuses de décorations de la journée de Paris 1916 font des affaires. De nombreuses jeunes filles décorent les soldats alliés, sans oublier les blessés et les mutilés qui remercient d’un sourire. La foule discute les dernières nouvelles. En France, tout se termine par des chansons mais cette fois la chanson patriotique domine. A certains carrefours, le soldat chante avec la midinette le succès du jour : « Ils ne passeront pas », « On les aura ». Un peu plus loin c’est : « Le chant du retour ». Puis la chanson gauloise « C’est des p’tites femmes qui nous manquent ». Et comme toujours la chanson sentimentale est fredonnée un peu partout avec : « Malgré tes serments » et « Souvenir de valse ». Tout d’un coup, une voix s’élève « V’là un Russe ». On se bouscule pour mieux approcher et vous constatez la farce ou la méprise car un colosse d’anglais à l’air de se demander pourquoi on cherche à le dévisager. Paris est toujours Paris. (8)

Causons un peu de Taverny au mois d’août 1916. Le pays est toujours calme. Depuis la guerre, la plupart des commerçants ont pris l’habitude de fermer pendant le déjeuner de midi et de fermer définitivement le soir à 8 heures et le coup d’œil est assez curieux de voir les boutiques closes en plein jour. Beaucoup de femmes ont loué des jardins et si dans la plaine un grand nombre de terrains sont en friches, par contre les jardins potagers sont en bon état. Malheureusement les vols deviennent de plus en plus fréquents. L’élevage des lapins et l’art de transformer les fruits en confitures ont augmenté depuis un an à Taverny. Parmi les nouveautés la pièce de 0.25 F trouée et le billet de 10F se trouvent collectionnées. Jusqu’ici on en voit peu en circulation. (8)

13 août 1916 le ballon prévu pour la fête aéronautique de 1914 n’a pas servi par suite de « la suppression des réjouissances publiques ». Ce ballon a été étendu dans les classes de l’école des garçons, où il a séjourné un certain temps. (4)

dimanche 20 août 1916 « un Concert Patriotique » organisé dans les jardins de l'Hôpital 104 par le comité de SAINT-LEU-TAVERNY-BESSANCOURT de l'Union des Femmes de France au programme « Petits Pages et Triboulets » (1)

L’émotion a été à son comble par deux fois en peu de jours à Taverny. Le 25 août 1916, une série d’explosions dans la soirée jette l’alarme. Le ciel est embrassé par moment pour quelques minutes. Un grand nombre de personnes montent sur les coteaux et dans la forêt pour se rendre compte. Des légendes circulent de bouche en bouche. Le lendemain nous connaissons l’incendie de Saint-Denis dans l’usine Ruggiéri qui fabriquait pour l’armée des fusées éclairantes.

Le 29 août 1916, une violente et proche canonnade attire l’attention. Les projecteurs sont en action. Des hommes montent sur les toits des maisons sans pouvoir se renseigner. Que s’est-il passé ? … Mystère. (8)

Le 27 août 1916, la Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.

Le 28 août 1916, l’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie.

Le 28 août 1916, l’Italie déclare la guerre à l’Allemagne. Rappelons que l’Italie, depuis le 23 mai 1915, est en guerre avec l’Autriche, le 21 Août 1915 en guerre avec la Turquie, le 19 octobre 1915 en guerre avec la Bulgarie.

Le 1er septembre 1916, la Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie.

Les édifices sont pavoisés en l’honneur de l’Italie et de la Roumanie. (8)

Le 30 septembre 1916, changement d’heure

Vers la mi-octobre, une épidémie de fièvre scarlatine se déclare à Taverny suivie d’un cas mortel. Les écoles sont désinfectées et fermées pour un certain temps. Je crois intéressant de rappeler que depuis la mobilisation notre commune se trouve privée de médecins. Bessancourt est dans le même cas. Les 2 médecins de Saint-Leu (et tout dernièrement un seul, le docteur Barau ayant reçu son ordre de mobilisation) reste seul pour donner les soins aux malades de notre région. (8)

« C’est la guerre ! ». Tel est le titre des principaux articles des journaux au mois de novembre 1916. Les répercussions de cette terrible catastrophe commencent à se faire sentir sérieusement : la crise des transports est suivie forcément de la crise du charbon. La crise du charbon nous gratifie de la crise du gaz et de l’électricité. Nous avons vu la société électrique Ouest-Lumière dans l’impossibilité pendant quelques jours de fournir le courant réglementaire. Il en a été de même à Versailles pour la compagnie de gaz. Le conseil municipal de Blanc-Mesnil est démissionnaire pour la raison du manque de chauffage des écoles faute de charbon… Il faut donc nous attendre à de nouvelles réformes concernant l’éclairage, le chauffage, l’alimentation etc. (8)

Le 11 décembre 1916, le député Brizon provoque un violent incident à la chambre. Ce député socialiste dit que « si le sang français coule encore, c’est pour donner Constantinople à la Russie. » Des protestations s’élèvent. Brizon jette son verre et le plateau dans la direction de M. Bouge qui veut le faire descendre de la tribune. Après ce scandale, la chambre vote l’exclusion du député Brizon.

Les 11 & 12 novembre 1916 : « Journée des Orphelins de la Guerre » (149F). (4)

M. Malvy, ministre de l’intérieur, décide de faire fermer tous les magasins (sauf les maisons concernant l’alimentation) à 6heures du soir à partir du 15 novembre 1916. L’économie d’éclairage servira aux usines de guerre. Création d’une taxe sur les repas chers dans les restaurants. Les théâtres et les cinémas devront fermer une fois par semaine. A la suite de protestations contre l’excentricité de certaines toilettes subventionnés le port de la toilette de soirée. (8)

19 novembre 1916 : la sage-femme de Domont, expose qu’en l’absence de médecin, elle a donné des soins aux malades et aux enfants de la commune depuis le début de la guerre et que le petit nombre d’accouchements réduit considérablement son salaire, et « qu’en présence des difficultés de la vie » elle sollicite une subvention de 300F par an. (Mme Agafonoff étant partie, le maire a obtenu que le major Francey, en détachement à Domont, étende ses services à la population civile (4)

Le mercredi 22 novembre 1916, nous apprenons la mort de l’empereur de l’empereur d’Autriche-Hongrie François-Joseph au château de Schoenbrunn. Cette disparition (tant de fois annoncée depuis la guerre) est connue avec indifférence mais pas sans imprécations car ce Habsbourg est considéré comme le principal auteur de la guerre actuelle. (8)

Ce ne sera qu’à la fin de 1916, après 29 mois de conflit, que Dreyfus quittera enfin le camp retranché de Paris. Mais, durant cette longue période, par sa situation extérieure au front et par sa lecture régulière des journaux, il bénéficie d’un certain recul pour analyser les événements. (5

Le mois de novembre 1916 se termine d’une façon assez mauvaise pour le moral des français déjà si éprouvé. Les personnes les plus optimistes commencent à trouver la victoire bien problématique. Les soldats, qui espéraient la défaite allemande pour 1916, sont énormément déçus. La vie chère devient de plus en plus inquiétante … pendant ce mois de novembre, nous avons vu le gouvernement prendre des mesures un peu tardives et qui soulèvent bien des protestations. Il y a de beaux jours qu’en Allemagne tout est taxé, limité, rationné ; (8)

Le 24 décembre 1916, à Taverny, un grand concert est donné dans la salle des fêtes au profit des blessés de l’hôpital 104 de Saint-Leu-Forêt. (8)  

Ce ne sera qu’à la fin de 1916, après 29 mois de conflit, que Dreyfus quittera enfin le camp retranché de Paris. Mais, durant cette longue période, par sa situation extérieure au front et par sa lecture régulière des journaux, il bénéficie d’un certain recul pour analyser les événements. (5)

APRES GUERRE les Troncs pour quête

Durant les années d’après guerre, la société française vit dans le culte du souvenir de la «Grande Guerre ». Les monuments aux morts fleurissent dans les villes et villages. Les anciens combattants, les invalides, les orphelins, les veuves témoignent des souffrances humaines endurées pendant quatre années de guerre. Les villages rasés par les bombardements, les milliers de ponts, les kilomètres de routes ou de voies ferrées détruits, les champs incultivables rappellent la violence de la guerre industrielle. De nombreux objets symbolisent cette période où il faut reconstruire et réapprendre à vivre en paix.
Les troncs de l’association du « Bleuet de France » : association créée en 1916 à l’initiative de Madame Malleterre, fille du gouverneur des Invalides et de madame Lenhardt, infirmière. Toutes deux très impressionnées par les souffrances des invalides de guerre, elles décidèrent de les aider en leur faisant confectionner des fleurs de bleuet en tissu, par la suite vendues. Le bleuet devient pour les anciens combattants le symbole du Souvenir et de la Nation.

1917

L’année 1917 est plus que morose pour les combattants. L’échec des attaques françaises a démoralisé les troupes ; c’est l’époque des mutineries et des représailles qui en découlent. A l’intérieur, les grèves s’étendent. Le côté positif, pour les alliés – il est de taille – est l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique. (6)

8 janvier 1917 Début d'un important mouvement de grèves à Paris et en province touchant jusqu'aux usines d'armement.

Quelques esprits affolés nous annoncent que l’année 1917 sera « l’année du jeûne », « l’année de la ceinture ». Ce qu’il y a de certain, c’est que des nouveaux tarifs et des nouvelles taxes sont en vigueur à partir d’aujourd’hui 1er janvier 1917 sur les : correspondances postales, toutes espèces de tabacs, impôts sur le revenu, taxes assimilées (voitures, billards, cercles etc.…) taxe sur les bénéfices de guerre, taxe sur les valeurs mobilières, taxe sur les théâtres, taxe sur les boisons, taxe sur les eaux minérales, taxe sur les spécialités pharmaceutiques, taxe sur les denrées coloniales, taxe sur les sucres. Je dois avouer pour parler franchement que le découragement a fait du progrès. Les pessimistes ont gagné du terrain. Il faut reconnaître que peu de familles ne sont pas éprouvées du fait de la guerre ; les victimes augmentent sans cesse. En plus, le temps pluvieux que nous subissons, les nouveaux appels, les nouvelles taxes, la crise des transports, le manque de charbon, la vie chère etc. … ne sont pas faits pour remonter les esprits abattus. (8)

Où sont donc nos idées d’août 1914, après cette mobilisation parfaite, quand nos braves pioupious en képi et culotte rouge partaient confiants avec l’espérance de battre l’Allemagne en quelques mois. Aujourd’hui nos poilus, casqués, habillé en bleu horizon, gris ou kaki, portant le masque contre les gaz et un peu plus fièrement les brisques et la fourragère sont enterrées dans la boue des tranchées et démontrent à tous nos erreurs et nos mauvais calculs. (8)

A Taverny, nous voyons tous les jours défiler les camions qui transportent de Soisy à Bessancourt de la poudre dans la carrière de Monsieur Rouzée. (8)

Le mercredi 10 janvier 1917, l’école communale des garçons est fermée, faute de charbon. Réouverture le 12. Le manque de charbon en plein hiver est une des principales causes. Lorsque deux personnes se rencontrent au début de 1917, la première question posée est celle-ci : « avez-vous du charbon ? ». Les charbonniers qui disposent de temps en temps de quelques sacs aussitôt enlevés sont en butte à toutes les récriminations. Le charbon manque, le peu qui est livré est cher et de mauvaise qualité. (8) 

 


 

La deuxième quinzaine de janvier 1917 fut très froide. Pendant quelques jours de la neige puis à partir du 21 « la vague de froid ». Le thermomètre annonçait à Taverny de 9 à 11 degrés au-dessous de zéro jusqu’à la fin du mois. Malheureusement cette période de froid arrive au moment ou le charbon manque partout. A Paris, on signale des manifestations ; à Taverny, certaines personnes vont dans la forêt et coupent jusqu’à de gros arbres sans se soucier du propriétaire. (8)

C’est la première fois que des soldats du front viennent se reposer si près de nous. Tous les jours, nous verrons la promenade des chevaux, ce qui intéresse les enfants… et même les grandes personnes. De Taverny, nous constatons aussi une reprise d’activité de l’artillerie sur le front. Nous savons que le général Nivelle a fixé son quartier général à Beauvais. (8)

La société électrique « le Triphasé » nous informe par circulaire que, conformément à l’ordonnance de M. le Préfet de Seine et Oise, la consommation journalière ne doit pas dépasser 3kWh par jour, sous réserve des dérogations accordées. A cette époque, les conversations se portent principalement sur la prochaine « mobilisation civile » (décidément, nous copions sur l’Allemagne) et la fermeture des pâtisseries 2 jours par semaine. (8)

A Taverny, on vient de nous supprimer deux trains, qui chose assez curieuse ne sont pas supprimés à Saint-Leu-la-Forêt. Toujours est-il qu’avant la guerre, nous comptions à Taverny, le dimanche, 23 trains qui se dirigeaient sur Paris et 24 trains qui en revenaient, la semaine 20 trains en chaque sens. En 1915-1916, nous étions limités à 8 trains en chaque sens. Et maintenant en 1917 à 7 trains en chaque sens…comment s’étonner des protestations ? (8)

Nous savons aussi que des ordres basés sur l’économie sont adressés dans les écoles. Les enfants, sous la surveillance des maîtres, feront l’élevage des lapins, la culture des légumes etc.… Les institutrices doivent réclamer le plus possible de chiffons blancs. (8)

10 janvier 1917 La Triple-Entente fait connaître ses buts de guerre : évacuation des territoires occupés, retour de l'Alsace-Lorraine à la France, réparation des dommages subis, affranchissement des nationalités sous domination turque, émancipation des Tchèques, Slovaques, Roumains et Yougoslaves.

Le 11 janvier 1917 : On a reçu des instructions préfectorales sur la réglementation de l’éclairage. On pense que dans le village, il est fait un usage modéré du gaz, mais par mesure de précaution, un agent relèvera les compteurs pour signaler « les abus » qui seraient relevés » afin que des sanctions puissent être prises. (4)

16 janvier 1917 L'état-major allemand décide de reprendre la guerre sous-marine à outrance.

La première quinzaine de février 1917 sera peut-être mémorable dans l’histoire de cette guerre ; de la neige, un froid très vif, pas de charbon ! A Taverny, il gèle à 18 degrés au-dessous de zéro. Les cantonniers ne sont occupés qu’à casser la glace qui obstrue les rues. Le plus triste est que la crise du charbon s’accentue ; les charbonniers ont leur chantier vide. Aussitôt qu’un bruit se répand qu’un charbonnier de St-Leu a reçu du combustible, c’est la procession des brouettes qui commence et qui se termine le plus souvent par un retour à vide. Le public de Taverny, armé de serpes, de haches, de scies, se rend dans les bois et revient chargé d’arbres de toutes espèces. On signale des manifestations partout, le parti anarchiste a été jusqu’à distribuer des circulaires « du charbon ou la paix » ? Et c’est peut-être pourquoi le gouvernement est résolu à faire la mobilisation civile le plus tôt possible car il faut s’attendre à d’autres crises économiques. (8)

L’appariteur annonce à Taverny, le 8 février 1917, que les habitants doivent réclamer à la mairie une « feuille de consommation » pour le sucre, qu’ils devront remplir de façon à donner à chaque famille une carte de sucre à raison de 750 grammes par personne et par mois. (8)

Tous les produits augmentent graduellement. En raison de la gelée. Les grands journaux paraissent sur deux pages, deux fois par semaine. (8)

Le 11 février 1917, traversant la forêt, je remarque les dégâts commis par le public ; les arbres coupés à 1 mètre du sol, le bois mort est laissé de côté. On préfère saccager de beaux arbres. En traversant Chauvry, je remarque que des sacs sont disposés pour recevoir les chiffons qui seront transformés en explosifs. (8)

13 février 1917 la municipalité pour vérifier les déclarations en vue d’obtenir des « cartes à sucre » (4)

La quête au profit des soldats tuberculeux n’a lieu à Taverny que le 18 février 1917

Le 23 février, la compagnie du gaz fait annoncer par l’appariteur que par suite du manque de charbon la consommation de gaz sera arrêtée le lendemain soir. (Cette mesure dura peu grâce à l’arrivage du charbon.

Le 25 février 1917, premier jour du pain rassis. A Taverny, les boulangers nous livrent quand même du pain frais. Appel adressé aux cultivateurs pour semer le plus de blé possible. La chambre décide la mise en sursis des agriculteurs des classes 88 et 89. (8)

Le 25 février, les boulangers augmentent le prix du pain de 5 centimes. Mais nous avons une consolation, c’est que malgré la loi, nous mangerons du pain frais encore quelques jours. (8)

Les 26 et 27 février1917, la mairie de Taverny délivre les carnets de sucre pour une période de 6 mois. (8)

Le 27 février 1917, les garçons de l’école communale commencent à cultiver du terrain. (8)

Le 2 mars 1917, l’appariteur annonce que les exemptés et réformés ont jusqu’au 7 mars pour se faire inscrire à la mairie. (8)

Les 7 et 8 mars 1917, la neige tombe en abondance et fond rapidement le 9 mars. La cavalerie qui était au repos dans notre région se rapproche du front. (8)

8 - 12 mars 1917 Première révolution russe.

14 mars 1917 Pris à partie à la Chambre des députés, le général Lyautey interrompt son intervention et démissionne de son poste de ministre de la guerre.

15 mars 1917 Après la création du Soviet des députés ouvriers et paysans et l'abdication de Nicolas II, Paul Milioukov déclare qu'il entend mener la guerre jusqu'au bout et sans hésitation.

17 mars 1917 Aristide Briand remet sa démission à la suite de celle du général Lyautey.

Le dimanche 18 mars 1917, les visages rayonnent, la joie est visible sur toutes les physionomies, les journaux sont lus avec avidité … Est-ce la délivrance qui commence … Certainement, d’après la majorité du public, car le 17 les Français ont pris Roye et Lassigny et les Anglais ont pris Bapaume. La lassitude a disparu, l’espoir renaît … les Allemands quittent leurs tranchées sans accepter le combat, c’est qu’ils reconnaissent leur faiblesse. Voilà les heureuses paroles entendues dans cette inoubliable journée. (8)

Le lundi 19 mars 1917, nous apprenons l’occupation par les troupes franco-anglaises de Péronne, Nesle, Chaulnes, Noyon et plus de 60 villages. Les 20 et 21 mars 1917, les journaux annoncent que Chauny, Ham et Tergnier sont en notre possession. Depuis notre progression devient plus lent, l’ennemi oppose une grande résistance. L’avance franco-anglaise libère plusieurs centaines de villages mais dans quel état !  Le monde est écœuré d’apprendre les dégâts, les pillages, les rapts de jeunes filles, commis par les allemands pendant leur retraite. Partout des ruines jusque dans les champs où les arbres fruits ont été coupés, les terrains éventrés par des mines ! (8)

Le 21 mars 1917, il fait très froid, le 22, il tombe de la neige, les 23 et 24 mars 1917, il gèle jusqu’à moins 6 degrés à Taverny. Depuis, nous recevons journellement des giboulées de neige de grêle et de pluie. Pour oublier ce mauvais temps, on cause beaucoup de nos succès, de la révolution russe et des prochaines déclarations de guerres de l’Amérique et de la Chine à l’Allemagne. (8)

Dans la nuit du 24 au 25 mars 1917, établissement de l’heure d’été. Toutes les pendules sont avancées d’une heure. (8)

29 mars 1917 Après-discussion avec les boulangers présents, on décide d’un commun accord qu’en raison de l’augmentation croissante des marchandises de toutes sortes, le prix du pain sera porté à 0.95 F (au lieu de 0.90F) les 2kg si les boulangers des autres communes pratiquent cette augmentation. (4)

Je crois intéressant de signaler certains faits que je regrette personnellement de noter. Il me semble que plus la guerre se prolonge, plus on reconnaît ce laisser-aller qui mène fatalement sur la pente de tous les vices. Ecoutez les conversations de la jeunesse, examinez sa tenue même dans les lieux publics ; vous trouverez l’abandon de la morale et l’entraînement vers les pires excès. Les hommes sont soldats, les pères sont mobilisés ; il ne reste plus que les mères qui n’ont pas assez de fermeté pour détourner leurs enfants de la contagion qui les attire. Je dis plus d’hommes, mais si. Actuellement, les hommes ce sont ces gamins de 15 à 17 ans qui s’habille en terreur et qui ont la prétention de faire trembler par leurs menaces les gens paisibles qui les désapprouvent. Il est entendu que la majorité de la jeunesse reste honnête, mais cette minorité déjà corrompue fait tous les jours de nouveaux élèves. Lisez les faits divers des journaux, les apaches sont remplacés par des enfants. Un exemple entre mille : prenez le train, changez de compartiment autant de fois que vous voudrez, vous serez forcé de constater que les jeunes vandales ont passé par-là ; les cuirs coupés, les glaces cassées ou rayées, les avis lacérés, sur les boiseries des dessins ou des phrases malpropres. Si, par malheur, des dames ou demoiselles voyagent en compagnie de ces jeunes voyous, ces derniers profitent de la circonstance pour tenir les propos les plus ignobles. D’où provient cet état de chose ? Du manque de surveillance, des mauvaises fréquentations qu’on a beaucoup de mal à éviter en usines. (8)

L'entrée en guerre des États-Unis

2 avril 1917 Dans son message au Congrès, le président Wilson déclare : « Je recommande au Congrès de déclarer que la récente conduite du gouvernement impérial allemand n'est, en fait, rien moins que la guerre contre le gouvernement et le peuple des États-Unis. »

Le 2 avril 1917, le président Wilson président des états unis convoque le congrès en séance  extraordinaire pour demander de déclarer l’état de guerre avec l’Allemagne. Il demande en outre que l’Amérique apporte aux alliés : l’aide financière, le service militaire général et la levée immédiate d’une armée de 500.000 hommes. Qui aurait supposé il y a quelques mois les intentions de M. Wilson lui qui avait tenté de négocier « Une paix sans vainqueurs ni vaincus ». La politique de terreur et de défi de l’Allemagne a produit ce revirement.

Le 4 avril 1917, le sénat américain, par 82 voix contre 6, vote la résolution de guerre.

Le 6 avril 1917, la chambre des représentants par 373 voix contre 50 entérine la résolution de guerre. Le même jour, le président Wilson signe cette résolution

Des télégrammes de félicitations sont adressés au président Wilson, des manifestations en faveur des Etats-Unis sont signalées. Partout on pavois, aux couleurs étoilées. (8)

Mort du poète de langue bretonne Jean-Pierre Calloc'h (Yann-Ber Kalloc'h), né le 21 juillet 1888 à Groix et tombé au champ d'honneur le 10 avril 1917 à Urvillers dans l’Aisne. (Quand la guerre éclate, bien qu'il ne se sente pas français pour un sou, il veut aller combattre mais il est exempté. Il réussit cependant à rejoindre le Front en 1915. Le 10 avril 1917, un obus éclate dans sa tranchée, et il meurt sur le coup. Il a 28 ans. Il est enterré à proximité, à Cerisy dans un cimetière militaire.  Après la guerre, un prêtre de la région de Cerisy entame des recherches pour retrouver sa tombe.  En mai 1923, son cercueil est retrouvé. Sa dépouille est ramenée à Groix le 8 juillet 1923.)

 


 

Le 10 avril 1917, les Anglais encerclent Lens.

Le jeudi 12 avril 1917, deuxième conseil de révision depuis 1914, des exemptés et réformés d’avant-guerre. Le conseil de reforme a lieu à Pontoise. A première vue, il me semble qu’environ 10% sont versés dans le service armé, 30% dans le service auxiliaire et 60% sont maintenus dans leur position. (8)

Le 14 avril 1917, les Anglais libèrent Liévin.

16 avril Le général Nivelle lance l'offensive du Chemin des Dames après plusieurs reports de l'opération qu'il avait projetée.

17 avril Premier refus collectif d'obéissance dans l'armée française.

Une chose assez pénible que je vois très souvent se renouvelle dans les grandes gares de Paris et qui éveille la curiosité : c’est le retour entre deux gendarmes de soldats qui oublient de rejoindre leurs régiments après une permission ou qui sont fautifs de tout autre cas. Bien souvent, des jeunes hommes immobilisés par des menottes, sont reconduit sur le front mais quelquefois, ce sont des pères de famille qui prennent la même route. (8)

Les conversations sont dirigées actuellement sur le point de vue alimentaire ; les pâtisseries doivent fermer pendant 2 mois et les boucheries deux jours par semaines. Aujourd’hui, certes tous les pays souffrent économiquement même les neutres. La crise alimentaire, comme les autres, ce fait de plus en plus sentir partout. (8)

Le 25 avril 1917, M.Violette, ministre du ravitaillement, décide, à titre d’essai, la consommation  de la viande est interdite aux repas du soir à partir de 18 heures, sauf le dimanche. Il n’est plus question de la fermeture des boucheries pendant deux jours ; maintenant c’est tous les après-midi que les boucheries resteront fermées ainsi que les charcuteries. Le régime des 2 plats a cessé d’exister. (8)

Le samedi 28 avril 1917, c’est le millième jour de la guerre : les chroniqueurs font tableau héroïque de la population française au bout de mille jours de lutte. Cependant cette tuerie est soutenue forcément par les Français, car ils ne peuvent pas faire autrement. Mais de tous les coins de France, de toutes les familles, de tous les individus partent des plaintes et des paroles de haine contre ce massacre sans précédent qui détruit et qui ruine, sans avoir jusqu’ici donné de grands résultats, sauf la dévastation et la dépopulation ! (8)

Le samedi 28 avril 1917 décès d’Emile Aimond.

AIMOND (EMILE, THÉODORE), né le 3 novembre 1850 à Varennes-en-Argonne (Meuse), mort à Paris le 28 avril 1917.

Député de Seine-et-Oise de 1898 à 1902 et de 1906 à 1909. Sénateur de Seine-et-Oise de 1909 à 1917.

Ancien élève de l'école Polytechnique, Ingénieur civil breveté de l'école des Mines, il prit part à la guerre franco-allemande de 1870-1871 et combattit notamment sous Paris.

Démobilisé, il se consacra à l'industrie, tout en s'intéressant à la lutte que menait alors le parti républicain. Il devint conseiller municipal et maire de Saint-Leu-Taverny (Seine-et-Oise) en 1892, puis conseiller général en 1893. Cette même année, il se présenta aux élections législatives, mais fut battu par le Baron Brincard, conservateur rallié. Mais il prit sa revanche sur celui-ci aux élections législatives suivantes, au 1er tour de scrutin le 8 mai 1898. Il s'inscrivit au groupe de la gauche démocratique.

Doué d'une grande facilité d'élocution, il prit une part active à divers débats, parmi lesquels on peut citer le projet de résolution relatif à l'impôt sur le revenu (1898,1901) ; l'entretien des routes (1898) ; l'application de la loi sur les accidents du travail (1899) ; les cadres inférieurs du personnel des poudres et salpêtres (1898, 1899, 1900) ; l'assiette de la contribution personnelle mobilière (1899, 1901) ; la réforme hypothécaire (1899) ; l'épandage des eaux d'égout en Seine-et-Oise (1899, 1900) ; la défense générale des colonies (1900) ; l'augmentation de la flotte (1900) ; la situation du corps expéditionnaire en Chine (1900, 1901) ; l'exécution de voies navigables nouvelles et l'amélioration des canaux, rivières et ports maritimes (1901).

Il fut battu aux élections générales de 1902 par M. Roger Ballu, nationaliste, mais reconquit son siège aux élections générales du 20 mai 1906, en battant le commandant Driant au 2e tour de scrutin. Durant cette législature, il revint sur les questions d'impôt sur le revenu, de personnel des poudres et salpêtres, etc. et participa en qualité de rapporteur à la discussion du projet de loi concernant le rachat du chemin de fer de l'ouest (1906 et 1908).

Elu Sénateur de Seine-et-Oise au renouvellement partiel du 3 janvier 1909, il se démit de son mandat de Député le 18 janvier suivant. Son autorité, sa culture, sa compétence lui donnèrent une place de premier plan à la Haute Assemblée. Membre de la Commission des finances, il fut tout d'abord nommé rapporteur des chemins de fer et des travaux publics, des conventions et des garanties d'intérêts. Quatre ans plus tard, en 1913, il devenait rapporteur général du budget en remplacement de M. Baudin.

Dans ses rapports comme dans ses interventions, dominent le souci de ménager les ressources du pays et la nécessité de combattre le déficit croissant de nos finances.

Ses rapports qui donnèrent lieu aux débats les plus importants furent ceux relatifs à la suppression des contributions directes et à l'établissement d'un impôt général sur le revenu qui le mirent aux prises avec le Ministre des Finances de l'époque, M. Joseph Caillaux dont les conceptions financières étaient toutes différentes.

Ses principes d'économie, de prudence et de loyauté fiscale étaient pour lui une ligne de conduite dont il ne devait pas s'écarter. Il défendit notamment l'immunité de la rente.

Pendant la guerre, malgré la maladie qui le minait, il ne ménagea ni son temps ni sa dernière énergie pour aider dans leur tâche les gouvernements successifs. Il mourut, à bout de forces, le 28 avril 1917 à Paris.

Le Président Antonin Dubost prononça son éloge funèbre à la tribune du Sénat, à la séance du 15 mai 1917. (Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly)

Le 1er mai 1917, journée du muguet bien souvent journée des manifestations ouvrières ! Cette année, journée calme ; le muguet d’avant guerre qui venait beaucoup d’Allemagne est remplacé par le muguet Français. Mais après cet hiver rigoureux, cette fleur est très rare et le petit brin muguet qui valait deux sous vaut 50 centimes. Les 100 brins sont payés 40 francs. (8)

Nous apprenons aussi que Madame Veuve Monge, décédée à Saint-Leu-la-Forêt, a légué aux communes de Saint-Leu et de Taverny, 6 actions des chemins de fer de l’Est soit 12 actions en tout. Le désir de cette dame bienfaitrice est que ces actions servent à la construction d’un hôpital. (8)

 


 

 

11 mai 1917 Une vague de grève commence dans les industries d'armement et dure jusqu'en juin.

L'échec de l'offensive du Chemin des Dames - Le doute des combattants - La crise politique

15 mai Le Gouvernement relève le général Nivelle de son commandement après l'échec de l'offensive du 16 avril au 9 mai causant la perte de 187 000 Français et de 167 000 Allemands. Pétain le remplace à la tête des armées du nord et du nord-est.

Le général Foch est nommé chef d'état-major général au ministère de la guerre.

Le mercredi 30 mai 1917, dans la soirée, une grande animation règne à Taverny. Un ordre vient d’arriver : le détachement du 285ème territorial part précipitamment. Nous apprenons que les grèves prennent de l’extension aussi bien à Paris qu’en banlieue. On m’affirme que les soldats cantonnés ici partent pour Argenteuil (j’apprends le surlendemain que le 285ème est à Bezons et non à Argenteuil). La majorité du public de Taverny qui approuvait les grèves féminines blâme ces nouvelles grèves masculines. Le plus écœurant est d’apprendre que parmi les arrestations des meneurs on trouve un grand nombre d’étrangers. Comment admettre la présence de 30.000 francs dans les poches de deux sujets grecs arrêtés dans le 19ème arrondissement, à la tête des grévistes français ? Le plus grave certainement (les oreilles ennemies nous écoutent) sont les cris qui ont été entendus dans la capitale, tels que : « Rendez- nous nos maris, à bas la guerre etc.… (8)

Le samedi 2 juin 1917 à 11h15, nous entendons de Taverny deux fortes explosions ; nous apprenons par la suite que l’usine de pyrotechnie du Pecq vient de sauter pour la troisième fois. Le lundi matin 4 juin, nouvelle explosion à Aubervilliers qui détruit deux usines. Le 13 juin, une partie des usines Renault à Billancourt s’effondre causant la mort de plus de 30 personnes. (8)

Il y a quelques jours, dans une conversation en chemin de fer, on disait que nos deux boulangers de Groslay étaient sur le point de fermer, non pas faute de combustible, car leur fournisseur avait promis de ne pas les laisser manquer, mais faute de farine, ne pouvant plus en obtenir, ni dans le commerce ni à l’intendance. Le Maire était sur le point de rendre son écharpe n’obtenant aucune satisfaction de la Préfecture. Enfin une dépêche officielle autorisait de voir quelques moulins des environs, et après une visite, on trouva quelques voitures de farine qu’il fallut aller chercher par réquisition de transport, ce qui sauva la situation. (La Tribune du samedi 9 juin 1917)

Joseph Dauphin : le héros fusillé le 12 juin 1917 pour une beuverie

Joseph Dauphin, né à Tauves dans le Puy-de-Dôme, le 10 février 1882, dans une famille de 10 enfants. Il fut l'un des 600 soldats fusillés pour l'exemple par l'armée française durant la Première Guerre mondiale.

Marié, père d'un enfant, le paysan Dauphin se trouvait incorporé dès le mois d'août 1914 au 70 ème bataillon de chasseurs à pied. Vaillant soldat, il reçut, en 1915, la Croix de guerre avec palmes pour plusieurs actes héroïques, entre autres avoir ramené sur ses épaules un lieutenant gravement blessé près des barbelés de la tranchée ennemie ou bien encore avoir tenu une position jusqu'à épuisement de ses cartouches. Promu caporal, il reçut par trois fois une citation pour sa conduite exemplaire au combat.

Au printemps 1917, l'état major avec Nivelle est au summum de son incompétence. Depuis deux ans les armées piétinent, Nivelle décide d'engager massivement les troupes dans ce que l'état Major appelle la "Bataille de France". Les allemands connaissent le projet et renforcent les défenses en abandonnant une partie du front. Nivelle n'en tient pas compte. La préparation de l'artillerie française du 10 au 16 avril est sans effet sur les abris en béton et les cavernes du plateau de Craonne. Nivelle n'en tient pas compte. L'attaque est déclenchée le 16 avril, quelques jours plus tard et 150 000 morts, disparus et blessés, la Bataille de France est devenue, afin de minimiser cet échec, la bataille de l'Aisne puis la bataille du Chemin des Dames. La presse n'évoque pas le massacre et minimise l'événement. Le fusible Nivelle saute en mai 1917. Celui ci est envoyé en Algérie dans un obscur commandement. Pétain prend sa revanche et le remplace. La stratégie change peu mais Pétain doit faire face à une vague importante de mutinerie. Bien souvent les soldats refusent simplement de repartir à l'assaut et remettent en cause les tactiques voir les stratégies militaires. Très peu contestent le bien fondé de la guerre.

C'est dans ce contexte que se situe l'affaire du caporal Dauphin. En juin 1917 les permissions de son régiment sont annulées. Joseph Dauphin et plusieurs soldats qui l'accompagnaient ramassèrent alors une cuite mémorable. Sous l'effet de l'alcool (dont l'armée n'était pas avare, à fortiori pour envoyer sa chair à canon à l'assaut) et sans trop savoir ce qu'ils faisaient, ils auraient tiré quelques coups de fusil et lancé à la cantonade des propos séditieux. Un fois dégrisé et conscient d'avoir fauté, Dauphin s'attendait à récolter quelques jours de prison, mais à sa grande surprise et sans vraiment comprendre, ses supérieurs l'envoyèrent devant le Conseil de guerre. Ils avaient besoin d'un exemple.

Seul gradé parmi les hommes interpellés et pour avoir chanté un peu fort J'ai deux grands bœufs dans mon étable (version contredite par l'accusation), le caporal Dauphin, considéré comme meneur dans la vague des mutineries de 1917, fut condamné à mort et fusillé le 12 juin 1917 à la ferme de Fété, près de Ventelay dans l'Aisne. François Brugière, son camarade de Tauves, vraisemblablement impliqué dans la même séance de beuverie et désigné pour faire partie du peloton d'exécution, refusa de tourner son fusil contre Joseph. Condamné à 10 ans de travaux forcés, il fut envoyé au bagne de Chief (ex-Orléanville) où il mourut d'épuisement le 12 février 1918. Joseph Dauphin, quant à lui, repose dans la nécropole de la Maison Bleue à Cormicy dans la Marne : tombe n° 884.

Malgré de nombreuses campagnes de presse, il n'a jamais été réhabilité (toute requête de demande en révision étant jugée irrecevable par la justice après 1928).

Depuis quelques jours nos habitants sont surpris de voir plusieurs marchands leur acheter des bouteilles à des prix assez élevés. Nous sommes prévenus aussi qu’un officier se tiendra à la mairie de Saint-Leu-la-Forêt pour acheter les vieux cuivres. (8)

17 juin 1917 : on se plaint du manque de charbon de l’hiver 1916, et l’on veut dès maintenant préparer l’hiver 1917. (4)

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le moral des soldats et des civils est attaqué par la longueur de cette terrible guerre. Depuis des mois et des mois, nous entendons journellement des plaintes et des récriminations. Mais au mois de juin 1917, la situation s’est singulièrement empirée. Les permissionnaires du front déclarent qu’ils en ont assez de se faire « bourrer le crâne », de  « monter à la  butte » et de se faire « zigouiller » pendant que les officiers restent « planqués dans leurs cagnas ». Ces poilus vous citent avec plaisir des régiments qui ne « veulent plus rien savoir » et qui ont refusé de marcher. Les civils, eux aussi, tiennent des propos de lassitude. D’où vient ce grave mouvement pacifiste ? Après 34 mois de souffrance physique et morale, le terrain est bien préparé ; les anarchistes en profitent pour exciter le peuple avec des paroles et des écrits. Il est curieux de remarquer la propagande auprès des poilus, autour des gares du Nord et de l’Est. De quoi se sert-on : de la dernière offensive, des  grèves, de la vie chère, de la révolution russe, des pertes de l’armée française, de l’impossibilité de réduire à merci nos puissants ennemis. En un mot, l’anarchie gagne beaucoup de cerveaux et des actes d’indiscipline existent un peu partout. Nos gouvernants ont vu le danger ; des mesures puissantes ont été prises pour enrayer ce grave mouvement. (8)

La deuxième quinzaine de juin nous apporte « la vague de chaleur ». Le 18 juin 1917, le thermomètre marque à l’ombre 32.2 degrés. Beaucoup de personnes prétendent que dans notre région on n’a jamais supporté une température aussi anormale. De temps en temps, nous voyons passer des dragons au repos dans notre région. (8)

« Journée d’Afrique » la vente d’insignes et de billets au profit des troupes noires a produit 107F. (4)

A Taverny, les habitants sont avertis : que ceux qui possèdent plus de 1000kg de charbon doivent le déclarer en mairie, que les séances de vaccination s’opèrent gratuitement à la mairie, qu’un engagement par écrit de faire des confitures doit être remis à la mairie de façon que les bons de sucre roux soient distribués. Quant au pain actuel, tout le monde s’en plaint. Depuis quelques temps, un grand nombre de personnes ont des maux de ventre et d’estomac. Le pain mélangé de nos jours est indigeste et peu nourrissant. Et on nous laisse entendre que celui de juillet sera encore plus mélangé, car il faut faire absolument la soudure avec la nouvelle récolte. (8)

Le dimanche 22 juillet 1917, une grande fête patriotique a lieu à l’hôpital de Saint-Leu-la-Forêt. Théâtre et concert sont organisés par les dames de France. Les infirmières, les blessés et les enfants des écoles publiques de Bessancourt, Saint-Leu-la Forêt et Taverny. (8)

Dimanche 22 juillet 1917 « Grand concert patriotique » organisé par le comité de SAINT-LEU-TAVERNY-BESSANCOURT de l'Union des Femmes de France à l'Hôpital 104 au programme « les Cloches de Corneille », « la Colombe » de Gounod puis « le Chant du Départ »

Parmi les graves affaires, il faut noter pendant cette seconde quinzaine de juillet 1917, « l’empoisonnement du Pré Saint-Gervais ». Plus de 200 personnes dont un grand nombre d’enfants tombent malades, plusieurs enfants meurent empoisonnés. On ignore jusqu’ici quelles sont les causes vde ce malheur. Beaucoup de personnes accusent le mauvais pain. Il est vrai que le pain devient de plus en plus indigeste. Le « pain de soudure »comme on l’appelle est plus que gris, en plus il est sûr et renferme toutes sortes de farines peu nettoyées car le blutage actuel est de 85%. La presse mène une campagne contre ce pain qui occasionne des maladies, ce pain qui devait économiser la farine et que le public ne pouvant digérer jette avec dégoût la mie. Cependant, par quoi le remplacer, voilà que maintenant les pâtes alimentaires vont être réglementées aussi. (8)

Le vendredi 27 juillet 1917, dans la nuit, un grand nombre de Tabernatiens se lèvent pour admirer nos avions qui font la chasse aux boches. La plupart des phares fonctionnent pendant qu’au loin on entend des explosions… ? Le samedi 28 juillet 1917, nouvelle alerte. Heureusement qu’on nous affirme que les dégâts sont insignifiants et que l’on compte aucune victime.  

Au moment de la marche rapide des Allemands vers Paris, le pont de Valmondois-Mériel fut détruit. La ligne Paris-Beaumont était donc coupée. Le pont fut reconstruit quelques mois après, mais  chose incompréhensible aucun train ne traversera ce pont ; les trains venant de Paris s’arrêtaient à Mériel. Enfin, le 1er août 1917 ! La circulation est rétablie par chemin de fer entre Paris et Beaumont. Et encore 3 ou 4 trains seulement feront la liaison entre ces deux villes. (8)  

15 août 1917 Le pape Benoît XV rend publique une note sur la paix préconisant le retour à l'indépendance de la Belgique et un « compromis raisonnable » au sujet de l'Alsace-Lorraine. « Le monde civilisé devra-t-il donc n'être plus qu'un champ de morts ? Et l'Europe, si glorieuse et si florissante, va-t-elle donc, comme entraînée par une folie universelle, courir à l'abîme et prêter la main à son propre suicide ? »

Mais la note de paix du pape est rejetée presque unanimement en cette année terrible.

20 août 1917 Début de la seconde bataille de Verdun.

 


 

 

Le lundi 27 août 1917, un ouragan d’une extrême violence s’abat sur Paris et notre contrée. Beaucoup de dégâts principalement sur les arbres fruitiers. Les fruits sont tombés et en partie perdus. (8)

Le 1er septembre 1917, nos journaux qui n’avaient pas augmenté leur prix se mettent dans le mouvement. A partir du 1er septembre, les journaux à 5 centimes seront vendus 10 centimes. Tous les journaux sans exception font des excuses attendries ; ce n’est pas de leur faute, la crise du papier et la solidarité professionnelle sont les vrais coupables. Comment s’expliquer la crise du papier puisque maintenant les journaux paraîtront 5 jours sur quatre pages à la place de deux jours !

Aujourd’hui, on compte à Paris 77 journaux quotidiens. Les plus forts comme tirages sont : « le petit parisien » 2 500 000 exemplaires, « le matin » 1 870 000 exemplaires, « le journal » 1 400 000 exemplaires. (8)

Depuis le 5 septembre 1917, le pain est augmenté de 0.05 F par kilo. Le pain de 2 kilos vaut 1.10F pour le consommateur. Tout le monde sait qu’il est payé 1.25 F aux boulangers car l’état paye de sa poche 0.15F pour chaque pain de 2 kilos.

Dans la nuit du 5 au 6 septembre 1917, un violent orage éclate dans notre contrée. Le public parlera longtemps de cet orage extraordinaire par sa violence et sa durée. (8)

Le vendredi 7 septembre 1917, les femmes de Taverny sont contentes car le percepteur leur remet l’augmentation des allocations : 0.25 F par jour. (8)

MORT DE GEORGES GUYNEMER L'AS DES AS

Le 16 septembre 1917, la chasse est ouverte dans notre contrée. Depuis1914, le gibier ne connaissait plus les chasseurs ou du moins qu'à l'état de braconniers. Les permissionnaires sont heureux car ils chassent sans permis ; Nous commençons à voir circuler la nouvelle monnaie de nickel. Les pièces sont trouées comme en Belgique. (8)

Le jeudi 27 septembre, la mairie de Taverny délivre les cartes de charbon. Une carte par famille, avec chaque carte un bon. Le bon est mensuel, la quantité est de 100 kilos par famille n'ayant pas le gaz et de 50 kilos par famille ayant le gaz. (8).

Depuis le 1er octobre 1917, les permissionnaires de détente venant du front reçoivent une allocation de 2F par jour pendant leur permission. 58°

Depuis le 1er octobre, la ration de sucre qui était de 750 grammes par personne est réduite à 500 grammes sauf pour les enfants et les vieillards qui touchent toujours la même quantité. Où est le temps du beau sucre blanc ? Aujourd'hui, quoique rationné, nous avons une espèce de pâte grise où l'on trouve toutes sortes de déchets et que l'on appelle du sucre roux. Quant au pain, actuellement, il est jaune car il est fabriqué avec la farine de maïs. Nous savons que la récolte est déficitaire et notre ministre du ravitaillement n'a pas caché à la chambre que si la situation ne s'améliorait pas par des arrivages de céréales, la ration de pain serait portée à 250 grammes de pain par jour et par personne ! (8)

Depuis le 1er octobre 1917, le lait vaut 0,70F le litre. Par contre, le charbon que l'on payait 8F les  50 kilos rendus ne vaut plus que 3,70F. Il faut ajouter que maintenant, c'est l'état qui est charbonnier. (8)

Le 7 octobre 1917, l'heure d'hiver est rétablie. On évalue à 15% l'économie réalisée par l'heure d'été. (8)

7 octobre 1917 : on accorde une « Indemnité de cherté de vivres » d’un franc par jour au personnel enseignant et aux employés de la commune, à partir du 1er octobre et pour toute la durée de la crise économique (4)

Le 15 octobre 1917 expire le régime des jours sans viande. (8) 

15 octobre 1917 La danseuse Mata-Hari est fusillée pour espionnage.

Mata Hari, de son vrai nom Margaretha Geertruida « Grietje » Zelle, est une danseuse et courtisane née le 7 août 1876 à Leeuwarden (Pays-Bas), et morte le 15 octobre 1917 à Vincennes (France). Elle a été fusillée par la France pour espionnage pendant la Première Guerre mondiale.

Les révolutions russes - L'effondrement du front est

L'échec de l'offensive du Chemin des Dames - Le doute des combattants - La crise politique

Violentes attaques allemandes sur le front français. Bataille de l’Aisne, lutte au plateau de Craonne et au Chemin des Dames.

23 - 26 octobre 1917 Les Français remportent la bataille de La Malmaison dans l'Aisne.

A Taverny, pour la première fois depuis la guerre, nous avons manqué de pain. Les 4, 5 et 12 novembre, le public trouva difficilement le pain quotidien. Car à la même époque le manque de farine se fait sentir à Saint-Leu-la-Forêt, Bessancourt, Frépillon. On fait la queue chez les boulangers et beaucoup de ménagères font des kilomètres pour trouver un peu de pain. Un grand nombre de tabernatiens rapportent leur pain de Paris. Par contre, à Taverny, nous mangeons pendant quelques jours du pain blanc. Il y a longtemps que nous n'y n'étions plus habitués. Le manque de charbon produit le manque de gaz ; l'essence fait défaut aussi ; les fumeurs ne trouvent plus de tabac ! Jugez des protestations. (8)

6 - 7 novembre 1917 La conférence de Rapallo décide d'apporter des renforts à l'Italie.

Seconde révolution russe. Léon Trotski s'empare de Petrograd.

9 novembre 1917 : les familles très éprouvées par la guerre, ont été secourues par la Croix-Rouge américaine. Le ravitaillement en farine devient de plus en plus difficile. Les télégrammes adressés à l’Office de ravitaillement ne suffisent pas à assurer la quantité de farine nécessaire aux besoins de nos boulangers. (4)

Clémenceau, président du Conseil : « Je fais la guerre »

17 novembre 1917 Georges Clemenceau forme le Gouvernement, cumulant la présidence du Conseil et le ministère de la guerre.

20 novembre 1917 Georges Clémenceau déclare à la Chambre : « Ni trahison, ni demi-trahison, la guerre, rien que la guerre. [...] Un jour, de Paris au plus humble village, des rafales d'acclamations accueilleront nos étendards vainqueurs, tordus dans le sang, dans les larmes, déchirés des obus, magnifique apparition de nos grands morts. Ce jour, le plus beau de notre race, il est en notre pouvoir de le faire. »

La Chambre vote la confiance par 418 voix contre 65 et 40 abstentions.

En l’an 1917, un homme de réflexion n’a pas le droit d’affirmer ce qu’il pense sous peine de passer pour un traître ou un mauvais français. Si la guerre vous révolte et que vous protestiez contre les flots de sang répandus jusqu’ici sans résultats bien certains, vous serez désigné comme un ami de l’Allemagne et c’est tout juste si vous ne serez pas accusé de toucher de l’argent du kaiser. Je viens de lire un volume à succès « le Feu » d’Henri Barbusse. Je ne crois pas qu’aucun homme reste insensible devant les tableaux que Barbusse a vu comme mobilisé de deuxième classe au 231ème d’infanterie. Un grand nombre d’idées de cet écrivain ne sont pas les miennes mais le fond de ses descriptions sont émotionnantes et démontrent l’absurdité du massacre actuel. (8)

Tout dernièrement, à la gare du Nord, j’observais un jeune poilu accompagné de son père et de sa mère. L’heure de la séparation approche, le fils faits tous ses efforts pour sourire, le père devient blême et cherche à articuler quelques paroles, la mère sanglote et tient son fils par le cou. Le petit poilu est visiblement gêné et en embrassant une dernière fois ses parents cherche à se retirer mais la force lui manque. Ils restent la tous trois enchevêtrés l’un à l’autre par les bras et les baisers pendant que les larmes qui coulent maintenant de six paupières se confondent sur les joues assemblées. Je m’éloigne et à chaque pas, je vois les mêmes souffrances causées par cette grande séparation qui sera peut-être éternelle. (8)

Les permissions qui sont de sept jours vont être portées à dix jours. On augmente graduellement ces jours de permission comme on a augmenté la solde mais ce que réclament tous ces hommes, c’est le retour à la vie civile. Tous protestent contre le métier qu’ils sont obligés de faire par force et surtout si longtemps. (8)  

Hélène Brion, institutrice à Pantin, est arrêtée ainsi que plusieurs personnes professant des idées « défaitistes ».

MORT DU SCULPTEUR AUGUSTE RODIN

Le jeudi 28 novembre 1917, pendant que la crise se fait toujours sentir sur le pétrole, l'essence, le tabac, le chocolat, le gaz... etc. la mairie de Taverny délivre les cartes pour la troisième distribution de charbon. (8)

ACCIDENT A ST-MICHEL DE MAURIENNE DU TRAIN DE PERMISSIONNAIRE VENANT D'ITALIE

Le 15 décembre 1917, assistant à un mariage en Seine et Marne, je suis surpris de trouver le moral des habitants plus mauvais qu'à Taverny. Sur la route de Lagny à Villeneuve le comte, j'interroge quelques personnes qui ne croient plus du tout à la victoire. Pendant que ces gens me tiennent des propos les plus pessimistes, une équipe de prisonniers allemands accompagnants une machine à battre passe à côté de nous. Il me semble que ces boches ont un sourire moqueur en nous dévisageant. (8)

 


 

15 décembre 1917 Signature à Brest-Litovsk de l'armistice entre Allemands et bolcheviks.

La deuxième quinzaine de décembre 1917 commence par un vrai temps d'hiver. Le 16, la neige fait son apparition et jusqu'à la fin du mois, nous subissons un froid très vif accompagné de bourrasque et de giboulées de neige. Le 20, la mairie délivre les cartes pour la quatrième distribution de charbon. (8)

Le 20 décembre 1917, depuis le matin, nous voyons passer les estafettes, des cyclistes, des autos-camions de différentes armes, A 13 heures, le 327ème régiment d'infanterie défile devant son général, la musique joue sur place pendant le défilé. Nous remarquons le drapeau déchiqueté par des balles et des éclats d'obus, Je me renseigne auprès des poilus. Ces hommes qui viennent de Belgique à pied par étapes appartiennent au premier corps d'armée. Leur grand repos est fixé dans notre région. Ce général  que les Tabernatiens trouvèrent sympathique est le général Messimy, ancien ministre de la guerre ; le jeudi 27 décembre 1917, ce général a l’heureuse idée d’offrir à 3000 hommes de ses troupes une représentation du Casino de Paris. (8)

Le 31 décembre 1917, dans la matinée, les trompettes du 3ème hussard, cantonné à Bessancourt et Frépillon, passent à cheval en jouant plusieurs morceaux de sonnerie. (8)

1918

A partir du 1er janvier 1918, les boulangers de Seine et Oise devront réduire de 1/5 ème la consommation du pain et qu’à la même date le lait sera vendu à 0.80 F le litre. (8)

De nombreuses restrictions seront imposées dans tous les pays même chez les neutres et je crois fort que la question alimentaire et économique amènera plus vite la paix que les opérations militaires. L’espoir de tous les Français se porte vers les armées des Etats-Unis. Après 41 mois de guerre, sans grand résultat, les pauvres poilus qui ont laissé des centaines de milliers de leurs camarades tués, mutilés ou prisonniers sur les champs de bataille, les réfugiés qui ont tout abandonné à l’envahisseur, les familles qui pleurent leurs parents tués ou disparus, tous sans exception, souhaitent que l’année 1918 si sombre au début nous ramène la paix qui empêchera à tout jamais le retour de cette horrible calamité.  Les souhaits du nouvel an se trouvent exprimés par le désir de la paix. On entend plus comme les autres années certaines fanfaronnades de victoire par l’écrasement de l’Allemagne. Les plus chauvins semblent réfléchir ; un froid sensible se fait sentir même chez les plus optimistes ; tout le monde à l’air de sentir se rapprocher une menace contre la France. Le nom de Clémenceau figure dans toutes les conversations. On dépeint « le Tigre » comme le plus énergique de nos hommes d’état. Notre président du conseil fait sentir sa poigne sur bien des choses et bien des gens ! (8)

Durant les sept premiers mois de 1918, les allemands multiplient les attaques (6).

Le samedi 5 janvier à 13 heures, le général Messimy vient à Taverny passer en revue le 327ème régiment d’infanterie. (8)

Le jeudi 10 janvier, la mairie de Taverny délivre de nouveaux bons de charbon. Augmentation du prix du tabac et le tabac continue à manquer. (8)

En janvier 1918, les combats aériens reprennent au dessus de la ville. (LUZARCHES De la Première Guerre mondiale à aujourd'hui)

Les boches viennent en Gothas nous empêcher de dormir. (8)

A partir 29 janvier 1918, régime temporaire des 300 grammes de pain, appliqué à Paris et sa banlieue dans un rayon de 25 Kilomètres. Ce régime doit être généralisé au 1er mars sur tout le territoire. (8)

Taverny, qui se trouve dans le rayon de 25 kilomètres autour de Paris doit être rationné à partir du 29 janvier. (8)

Le dimanche 27 janvier 1918, l’appariteur annonce la distribution des tickets de pain qui se fera à la mairie le lundi 28 janvier 1918. Le public devra présenter sa carte de sucre. (8)

Le 28 janvier 1918, le personnel de la mairie est renforcé par les instituteurs et les institutrices. Les enfants sont heureux car cette mesure leur donne une journée de congé. Pendant toute cette journée du 28 janvier 1918, les habitants de Taverny protestant contre ce régime font la queue sur la place de la mairie. Les paroles échangées sont à peu près celles-ci : « Je mange 300 grammes de pain à un seul repas – ma famille aussi – comment allons-nous faire – c’est la famine qui commence – avant 15 jours nous aurons la révolution » (depuis le 26 janvier 1918, beaucoup de personnes ont fait griller du pain pour le conserver). (8)

D’après ce nouveau régime, chaque personne a droit à 3 feuilles de tickets de 100 grammes, datées du 29 janvier au 28 février 1918. C’est-à-dire qu’une famille de 11 membres touche 33 feuilles de tickets et tous les matins, il faudra découper les 33 tickets de 100 grammes datés du jour pour obtenir la part de 11 personnes soit 3.3 kilos de pain. (8)

Le 29 janvier 1918, le public a peur sans doute de manquer de pain, car jamais on a vu d’aussi bonne heure une affluence sur le trottoir des boulangeries. Un grand nombre de personnes viennent avec leurs feuilles car elles ignoraient qu’il fallait découper les tickets. Les boulangères sont surmenées et se font aider. Il faut attendre quelques jours pour se rendre compte de l’effet du rationnement car presque tout le monde a fait des provisions de pain. A mon avis, je crois qu’il faudra augmenter la ration de certaines personnes qui travaillent et dont le pain est la principale nourriture. (8)

Les Bombardements de Paris

La nuit du 30 au 31 janvier 1918, la population de Paris et du camp retranché ne fut pas surprise d’être réveillée pendant cette nuit tragique. Nous étions prévenus que les Allemands préparaient  le bombardement de notre capital et ne s’en cachaient pas. Nos journaux nous indiquaient les mesures de précaution en cas de d’alerte. Des mesures avaient été prises pour diminuer la visibilité de l’éclairage dans les trains, les gares, les usines etc. (8)

Le 30 janvier 1918, vers 23 heures 30, la canonnade me réveille. Je pense comme tout le monde à l’attaque de Paris par les « Gothas ». Pendant deux heures nous entendrons le bruit de nos canons, le ronflement des moteurs d’aéroplanes et les coups plus ou moins éloignés des explosions ; je me lève pour examiner comment se produit l’attaque mais à part les fusées éclairantes, je n’aperçois que des points imperceptibles. On entend plus qu’on ne voit. En plus, il fait froid puis ce bruit de mort qui plane au-dessus de vous excite vos nerfs et vous donne la fièvre. Je regagne mon lit. (8)

Le 31 janvier 1918, à 1 heure 30, nous entendions les derniers coups de canon, les Allemands nous quittaient apr7s avoir semé des deuils et des ruines pendant près de 2 heures en jetant 14 000 kilos d’explosifs sur Paris et sa banlieue. Les boches ont réussi à jeter l’effroi dans notre contrée quoiqu’en disent nos journaux qui font des récits d’héroïsme. A Taverny, qui cependant n’était pas sous les bombes, un grand nombre de personnes sont descendues dans leur cave. D’autres, plus affolées, quittent leur domicile pour chercher un abri plus sûr chez des voisins, une femme se sauve en chemise chez une amie et combien d’autres, terrorisés, restèrent deux heures à trembler dans leur lit. Il faut vivre ces minutes effrayantes pour bien comprendre le moral d’une population. En lisant les récits des bombardements de Londres nous restions impassibles. Mais  lorsque l’on entend au-dessus de sa tête des appareils dangereux, de tous les côtés, le canon qui mugit, en l’air le ciel en feu, dans les maisons les femmes effrayées et les enfants qui pleurent de terreur, dehors les chiens qui hurlent, n’importe qui, même l’homme le plus brave songe au danger qui plane invisiblement et qui frappe dans une mort épouvantables les enfants, les femmes, les vieillards ! (8)

Le 31 janvier 1918, au matin, le public s’arrache les journaux. On trouve un communiqué officiel sans renseignements et les journalistes disent peu de choses. Dans la journée, on ne cause que des « Gothas » et des dégâts qu’ils ont commis. Comme toujours on exagère le nombre des morts. J’apprends que l’usine Delaunay-Belleville à Saint-Denis a «été touchée et que plusieurs ouvriers et ouvrières sont parmi les victimes. On dit aussi que les magasins généraux à Paris sont en feu. Les soldats qui sont à l’observatoire dans la forêt, à la maison des gardes, affirment qu’il est tombé 4 bombes près d’eux. Puis c’est une bombe à Saint-Leu, rue de Saint-Prix, puis des bombes à Saint-Prix et petit à petit on dément car à certaines places, ce sont des éclats de nos obus que l’on a retrouvés. Voici le communiqué officiel. « D’après les derniers renseignements recueillis, le chiffre total des victimes du raid du 30 au 31 janvier 1918 doit-être ainsi rectifié : 45 tués : 31 à Paris et 14 en banlieue parmi lesquels il y a 11 femmes et 5 enfants ; 207 blessés : 131 à Paris et 76 en banlieue. Les journaux n’indiquent rien de la place des chutes des bombes mais nous savons que les 1er, 2ème, 3ème, 6ème, 12ème et 18ème arrondissements de Paris ont été touchés. Saint-Denis, Epinay, Saint-Ouen, Colombes, Vincennes, Pantin, le Pré Saint-Gervais, ont reçu des projectiles. Dès le 31 janvier 1918, nous voyons des parisiens qui reviennent habiter Taverny qui certainement est moins exposé. (8)

Le samedi 9 février 1918, nous entendons sur la place de la mairie un concert donné par une vingtaine de trompettes d’un régiment de cavalerie cantonné dans la région. Ce même jour, l’appariteur annonce deux arrêtés :

1) tous les chiens doivent être muselés ou tenus en laisse ;

2) les commerçants, les industriels doivent baisser les volets de leur devanture pour cacher les lumières dans la soirée. Le soir même, tous les commerçants se soumettent à l’arrêté. Les rues sont complètement sombres car il n’y a avait depuis longtemps que les boutiques qui les éclairaient. La lumière bleue fait des progrès partout, dans les gares, les trains, les métros, les rues etc. Les verres des lampes sont peints en bleu pour diminuer la visibilité. (8)

Le jeudi 14 février 1918, la mairie délivre les bons de charbon. Quant aux bons d’essence, ils sont supprimés pour les personnes qui ont le gaz ou l’électricité. Les autres ne toucheront qu’un bon d’un demi litre d’essence par famille. La rareté des produits se fait de plus en plus sentir. Jusqu’au cirage pour chaussure qui est vendu dans des boîtes en carton. (8)

Le dimanche 17 février 1918 alerte à Paris. Vers 22 heures 30, nous entendons une violente canonnade qui dure jusqu’à 23 heures 15 environ. Les vitres tremblent et plus d’une cave est visitée par les habitants effrayés. Le lendemain nous apprenons que ce bombardement nocturne est dû à une fausse alerte. Un avion français survolant le camp retranché de Paris et ne possédant plus de moyen de se faire reconnaître fut pris pour un ennemi et vivement canonné. (8)

Les avions allemands déversent leurs bombes sur Paris ; le 21 février, l’une de ces bombes se perd dans la forêt de Carnelle dans la nuit du 8 au 9 mars 1918, des bombes tombent à Creil, Asnières-sur-Oise, Persan et Presles. (4)

Le vendredi 22 février 1918, la mairie délivre des cartes de 100 grammes de pain supplémentaire aux personnes qui font un métier dur. La ration de 300 grammes est donc portée à 400 grammes pour une catégorie de personnes. (8)

24 février 1918 : un « Office communal du pain » a procédé à l’attribution d’un « supplément de pain » aux ouvriers agricoles, à ceux des usines et aux autres effectuant un travail exigeant une grande dépense musculaire. (4)

Le mardi 26 février, la mairie délivre les feuilles de tickets de pain pour le mois de mars et une formule à remplir pour l’établissement de la carte d’alimentation. 


Les offensives allemandes (mars et juillet 1918)

Le vendredi 1er mars 1918, à 7 heures du matin, nous voyons défiler le 279ème régiment d’infanterie avec drapeau et musique en tête. Puis dans la matinée, c’est le 221ème d’artillerie au son des trompettes qui défile. Ensuite, nous voyons passer le 307ème régiment d’infanterie, toujours musique et drapeau en tête. Je remarque que les poilus de ces régiments ont un assez grand nombre de chiens, un soldat marche à côté d’une chèvre tandis que dans une petite voiture basse se trouvent tassés plusieurs porcs. Dans l’après-midi, arrive à Taverny une partie du 338ème régiment d’infanterie. Le colonel et son état-major restent dans notre pays. (8)

Le 3 mars 1918, les rues sont couvertes de neige et le public se trouve surpris de voir les soldats balayer les rues ; c’est que nous avons aussi à Taverny la section disciplinaire où tous les hommes punis de la division viennent purger leur peine et ce sont ces hommes qui font les cantonniers. Ces mauvais soldats pour la plupart laissent une mauvaise impression sur notre population. (8)

La première quinzaine de mars 1918, fut une quinzaine d’évènements, plutôt tragiques. Notre population fut sous le coup de l’effroi et de l’angoisse ; la crainte des « Gothas » devient contagieuse. Nous nous attendons journellement à la visite des boches et bien des personnes, peut-être par bravade, se moquent des « godasses en espadrilles ». (8)

Le mercredi 6 mars 1918, les poilus assistent à une représentation cinématographique. (8)

Le vendredi 8 mars 1918, vers 21heures10, le bombardement de nos canons commence. Je regarde à la fenêtre et je vois peu de chose ; je remarque les projecteurs qui fouillent le ciel de temps en temps ; les obus de 75 et de 105 qui éclatent en tous sens. J’entends distinctement le ronflement des moteurs d’avions, mais je ne vois absolument rien. Je me couche et il me semble que le bombardement m’énerve plus qu’étant debout. Tout à coup, nous entendons quatre explosions assez fortes ; les portes et les fenêtres tremblent ou s’ouvrent. Certaines lampes allumées s’éteignent par le déplacement d’air. Enfin, vers minuit, le bombardement s’apaise ; les « Gothas » s’en retournent après avoir causé des dégâts et fait des victimes tant à Paris qu’en banlieue. Nous apprenons le lendemain que les bombes les plus proches sont tombées dans les champs près du cimetière de Saint-Leu et près du Plessis-Bouchard. A Taverny, nous retrouvons des éclats d’obus partout, plusieurs vitres sont cassées, un obus de 105 non éclaté est tombé dans la cour du café de la mairie. Inutile de décrire la physionomie et la conversation des tabernatiens : l’effet moral est énorme, la majorité de notre population est terrorisée, beaucoup de personnes sont malades de peur. (8)

Le lundi 11 mars 1918, vers 21 heures 15, la danse recommence mais il me semble que le bombardement est moins violent. Cependant nous entendons le bruit des moteurs d’avions au-dessus de nous. Je pense comme beaucoup que l’existence tient à peu de chose en écoutant ce bruit sinistre des engins de  mort qui nous survolent. Par plusieurs fois, la canonnade s’arrête puis reprend. Enfin, vers minuit, le bruit des canons s’éloigne ; nous venons encore de vivre 3 heures terribles pour nos nerfs. Nous apprenons le lendemain les graves dégâts et le nombre élevé des victimes à Paris et en banlieue ; les chutes de bombes à Pontoise, Mantes et un peu partout. Cette fois les bombes les plus proches de Taverny sont tombées au Gros-Noyer. (8)

Le 14 mars 1918, la mairie délivre les cartes pour une nouvelle distribution de charbon. (8)

Engagé volontaire, le poète Guillaume Apollinaire se bat dans l'artillerie, puis comme sous-lieutenant au 96e régiment d'infanterie. Alors qu'il vient d'avoir notification de sa naturalisation, il prend position le 14 mars 1918 au Bois des Buttes, à l'extrémité est du plateau de Craonne, au pied du Chemin des Dames. Il y est blessé, le 17 mars 1918, à quatre heures de l'après-midi, d'un éclat d'obus à la tempe droite.

 poeme

 

 

Dans son carnet il écrit : « Je lisais à découvert au centre de ma section, je lisais le Mercure de France. A quatre heures un 150 éclate à 20 mètres, un éclat perce le casque et troue le crâne. [...] On m'endort pour fouiller, l'éclat a enfoncé la boîte crânienne. Et y est resté, on l'y laisse. »

Apolllinaire

 

 

Trépané, affaibli par sa blessure, il mourra le novembre 1918 de la grippe espagnole.

Le vendredi 15 mars 1918, à 13h50, deux formidables explosions ébranlent Taverny. Le sol tremble, les portes s’ouvrent, les vitres sont ébranlées. Les femmes en assez grand nombre dans la rue s’affolent et crient « les Gothas ». Des hommes les rassurent (ce qui n’est pas facile) surtout qu’à ce moment on entend un avion. Les personnes plus calmes comprennent que ce sont des explosifs en grande quantité qui viennent de sauter. Quelques minutes après, nous connaissons la catastrophe : le dépôt de grenades de La Courneuve vient de sauter. De Taverny, nous voyons très bien un épais nuage de fumée qui monte, l’incendie continue l’œuvre de l’explosion. Nous apprenons par la suite que les dégâts sont considérables à La Courneuve, Aubervilliers, Le Bourget, Saint-Denis. Les carreaux se trouvent cassés à plus de 10 kilomètres à la ronde. Paris a encore souffert. Le nombre de victimes dépasse 1 500 dont 32 morts jusqu’ici. Heureusement qu’il y a un grand nombre de blessés légèrement. (8) 

Le 16 mars 1918, deux entrepreneurs de maçonnerie, accompagnés de l’appariteur, viennent inspecter ma cave qui d’après eux n’est pas assez solide pour faire un abri en cas de raid d’avions. Dans le pays, un grand nombre de caves sont reconnues bonnes comme abris pour la population. (8)

Le dimanche 17 mars 1918, les quelques pompiers qui nous restent inspectent les pompes à incendie et vérifient les tuyaux par des manœuvres à eau. Ce sont là de bonnes précautions. (8)

Le jeudi 21 mars 1918, je traverse Paris à pieds ; je remarque que certains monuments sont garantis avec des sacs de terre ou des travaux de maçonnerie. Certaines statuts sont enlevées ou protégées. Les Parisiens ne causent que des « Gothas » et n’ont pas l’air rassurés ; il est vrai qu’un grand nombre ont déjà quitté la capitale. Je remarque aussi que les fenêtres et les glaces des magasins sont protégées par des bandes de papier collées en tous sens ; l’effet est vraiment curieux. (8)

Depuis le 21 mars 1918, les nouvelles du front ne sont pas plus rassurantes. Malgré le vague des communiqués militaires, le public comprend que l’Allemagne fait son plus grand effort militaire en France pour imposer sa paix. Nous apprenons la perte des villes reconquises au mois de mars 1917, il y a un an : Ham, Chauny, Tergnier, Guiscard, Noyon, Chaulnes, Nesle, Péronne, Bapaume, Roye, Lassigny etc. Le public est encore plus inquiet lorsqu’il apprend que les Allemands sont à Montdidier et avancent sur Amiens. (8)

Le 22 mars 1918, vers 20h30, alerte n°2. Mais les Allemands bombardent Compiègne et font demi-tour. (8)

Le 23 mars 1918, vers 8h30, je suis surpris de voir courir les femmes affolées. Il est certain que nous entendons les détonations, mais on s’habitue à tout. Je me renseigne ; l’alerte n°2 a été téléphonée à l’usine à gaz qui a cessé tout travail. En apprenant que les « Gothas » sont signalés, les mères de famille courent chercher leurs enfants dans les écoles ; certaines personnes ferment leurs volets ; la panique est à son comble.je médite sur « la population héroïque et brave » d’après les journaux en regardant passer ces femmes effrayées faisant courir leurs enfants à bout de souffle pour arriver plus vite ; leur visages reflètent la terreur et non la fermeté. Pendant cette journée où l’alerte prit fin à 16h, après 8 heures d’inquiétude, nous entendons toutes les 20 minutes environ une explosion. Les chemins de fer ont été arrêtés pendant l’alerte ; le train de 9 heures 22, départ de Paris, arrive à Taverny à 13 heures après avoir stationné près de 3 heures à Ermont. Tous les trains subissent des retards. La Poste n’a reçu aucun courrier sauf le matin. Le commerce et l’industrie vont rudement sentir le poids du bombardement car tout travail se trouve arrêté pendant l’alerte n°2 à Paris et en banlieue. (8)

Le soir du 23 mars 1918, nouvelle alerte, pendant 2 heures ; décidément les boches veulent atteindre le moral de nos populations. Je suis surpris que par ici nous n’ayons vu et etendu aucun avion allemand et aucunes batteries faire leurs tirs de barrage. Le lendemain matin, les journaux nous donnent l’explication et je puis dire sans exagérer que tout le monde est renversé. Les Allemands ont tiré sur Paris 24 obus de 240 avec un canon à longue portée braqué à 122 kilomètres ! Le premier communiqué du 23 mars, 11h, annonçait la visite des avions ; le deuxième communiqué de 15h  annonce le bombardement à longue portée avec du 240 ! rectifié à 210 par la suite (la censure est sévère actuellement et les journaux ne donnent que des renseignements vagues). (8)

Le 24 mars 1918, jour des rameaux, le bombardement commence vers 7h. 27 obus tombent dans le courant de la journée. (8)

 


 

 

PARIS BOMBARDÉE

En mars 1918 Paris fut bombardée, mais nul bombardier allemand ou zepplin n'était en vu. Il s'avéra que les obus étaient tirés par canon. La surprise fut énorme.

Quelques minutes après nous filions dans la direction de Paris.... Des Spads évoluaient à toutes hauteurs et nul allemand ne paraissait! Pourtant les parisiens restaient terrés et les sans fils annonçaient, à intervalles réguliers, la chute d'un projectile... L'après-midi, un message téléphonique annonçait que Paris avait été bombardée par canon, et chacun de rire tant la nouvelle paraissait invraisemblable... Il fallut pourtant admettre bientôt son existence et beaucoup de sceptiques de la première heure furent parmi les plus ardents protagonistes - Capitaine Fonck - Mes Combats - Chapitre XXIX Paris bombardée

Les allemands avaient en effet créé un canon capable de bombarder Paris à 120km de distance. Décidée en 1916, la mise au point du canon par la direction de l'artillerie navale (qui s'occupait des canons de gros calibres utilisés sur le front) et les ingénieurs de Krupp se fit dans un secret absolu. D’abord baptisé Wilhelm Geschutz (canon de Guillaume), puis parfois le Long Max, les parisiens le baptisèrent Grosse Bertha, dénomination qui est restée.

Combiné à une offensive allemande, ces coups devaient démontrer la puissance du Reich et démoraliser les civils à l'arrière.

atelier

En cours de montage dans les ateliers de Krupp:

 

Le super canon: Les ingénieurs de Krupp utilisèrent un tube de 380 long de 17m, dans lequel ils introduisirent un tube de 210 qui dépassait de 11m le précédent. A l'extrémité du tube de 210, on vissa un autre tube de 210, mais à âme lisse (innovation importante). Le canon mesurait 34m de long et pesait 138 tonnes. On introduisait 250kg de poudre en gargousse dans une chambre de 5m de long.

Avec une telle charge de poudre, l'usure du canon était trés rapide, et les ingénieurs avaient calculés que chaque pièce pouvait tirer 65 coups, aprés quoi le canon devait être rechemisé. On eut alors l'idée de numéroter les obus et d'accroitre progressivement leur poids, le dernier pesant 15kg de plus que le premier. 

Les obus étaient de calibre 210 et contenaient une charge de 7kg d'explosifs. Avec les canons rechemisés, les obus étaient de calibre 240 et contenaient une charge explosive de 8,66kg.

Le canon était acheminé par chemin de fer. Seul le tube lisse était démonté et transporté séparément. L'affut de transport à 18 essieux d'un seul tenant pesait à lui seul 256 tonnes. A l'arrivée, cet affut de transport prenait appui sur une plateforme fixe, amenée sur place en six éléments, et qui comportait une plaque tournante sur roulement à bille. Un portique démontable qui se déplaçait sur deux voies parallèles à la voie principale permettait de visser le canon de 210 lisse. Le tout était placé sur de solides fondations en béton.

detail

 

Balistique: Le super canon fut installé dans la forêt de Crépy-en-Lannois, prés de Laon. Pointé sur Paris, le tube faisait un angle de 52°. L'obus partait avec une vitesse initiale de 1578m/s. Après 25s il était à 20km d'altitude et avait encore une vitesse de 900m/s. Après 90s l'obus est à son apogée, à 40km d'altitude et 675m/s de vitesse, et commence sa descente. A 20km d'altitude sa vitesse est de nouveau de 900m/s. Freiné dans les basses couches par l'air plus dense, il atteint Paris avec une vitesse résiduelle de 660m/s. Une grande partie de sa trajectoire se trouve dans la stratosphère, et pour le calcul de la trajectoire les ingénieurs durent prendre en compte la rotondité de la terre. Le trajet durait à peu prés trois minutes. 

canon    

Les Bombardements: Les premiers coups furent tirés le 23 mars 1918, deux jours après le début de l'offensive générale de Ludendorff. Le premier eut lieu à 7h16 du matin, puis tous les quarts d'heure un obus tombait, sans que personne ne voit rien dans le ciel. 22 explosions eurent lieu ce jour là. Il fallut se rendre à l'évidence: c'était des coups de canons, tirés à plus de 100km! Ce fut officiel vers 15h, quinze minutes aprés l'explosion du dernier obus. 

Le 24 mars les obus tombèrent de nouveau, mais à une cadence plus rapide, laissant penser qu'il y avait vraisemblablement deux canons. Le 25 six obus furent tirés. Le vendredi 29 (vendredi saint) seul un des quatre obus tirés atteignit Paris intra-muros, mais tuant 75 personnes et en blessant 90 autres dans l'église Saint-Gervais.

Favorisés par le mauvais temps, qui clouait les avions observateurs au sol, les bombardements continuèrent tout le mois d'avril. Ils se turent tout le mois de mai, mais le 27, pour la nouvelle offensive Ludendorff, quinze obus tombèrent. L'artillerie française, qui avait bombardé le site de la Bertha, resta stupéfaite. Un autre site avait été choisi, le bois de Corbie prés de Beaumont en Beine, à 110km de Paris. Le canon avait été rechemisé et tirait désormais du 240. 

Cinq semaines s'écoulèrent. Le canon fut déplacé au bois de Châtel, à 93km seulement de Paris. Les allemands avaient réalisé en effet de gros progrès dans l'art de construire les plateformes. Le canon tonna les quinze et seize juillet, mais dû évacuer suite aux pressions de l'artillerie française. Revenu sur ses positions initiales, le canon tira de nouveau le 5 août, pour cinq jours de bombardements. Menacé par la contre-offensive française, les derniers tirs eurent lieu le 9 août.

Lieux touchés par les bombardements:

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Eclats d'obus retrouvés: surface extérieure rayée (gauche), épaisseur et partie de surface intérieure lisse (droite) - L'illustration 30 mars 1918

Tentative de reconstitution de la trajectoire de l'obus ainsi que de sa constitution (grâce aux fragments retrouvés) - L'illustration 6 avril 1918

Le vendredi saint: S.E. le cardinal Amette, accouru de Notre-Dame où il officiait, fait le signe de croix sur les innocentes victimes du criminel bombardement - L'illustration 6 avril 1918

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Aprés la guerre: Aucune commisssion alliée ne put trouver la moindre trace de ces canons. Ils avaient été complètement démontés et détruits à l'aide de chalumeaux oxycoupeurs! De nos jours de tels super-canons ne représentent plus aucun avantage militaire, car la chaleur qu'ils dégagent les feraient repérer et détruire très vite.

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Ancien emplacement du super-canon:

Dans la nuit du 24 au 25 mars 1918, vers 1h du matin, nous sommes réveillés par un bombardement ; aucun doute, ce sont certaines batteries du camp retranché qui font un tir de barrage. Vers 1h30, la canonnade cesse. Le communiqué du lendemain annonce une alerte n°2, mais ne donne aucun renseignement. (8)

Le 25 mars 1918, 5 obus tombent encore sur Paris entre 6h50 et 7h20. cette fois, on met en pratique l’alerte n°3 pour prévenir les Parisiens du bombardement par canons. Les sergents de ville furent munis de sifflets et de tambours dont les ¾ ne savaient pas se servir. Ce nouveau procédé fit la joie des Parisiens et le ridicule des agents. (8)

Le Vendredi Saint 29 mars 1918, pendant le bombardement, un obus allemand tombe sur l’église Saint-Gervais, près de l’Hôtel de ville de Paris. Un pilier s’écroule entraînant la voûte. Le nombre de morts dépasse 75 et celui des blessés 90. (8)

Le samedi 30 mars 1918, la mairie délivre la carte d’alimentation. Cette carte est individuelle et est établie pour 6 mois. Les coupons  sont numérotés de 1 à 6 chaque mois et s’appliquent à une denrée déterminée. En échange de ces coupons, il sera remis au porteur des tickets de consommation ou des produits chez un détaillant. Le public sera prévenu que tel coupon correspond à tel produit et il n’aura qu’à se présenter dans les endroits désignés. Cette carte d’alimentation est classée par catégorie, selon l’âge, le sexe et les travaux que l’on fait ; exemple : le coupon n°1 du mois d’avril est donné en échange des tickets de pain. La catégorie A touche 300g de pain par jour, la catégorie T en touche 400 grammes. (8)

Le 30 et le 31 mars 1918, les boches tirent toujours avec leur « grosse Bertha » (8)

Le jour de Pâques, 31 mars 1918, quelques jeunes filles quêtent et vendent des billets de tombola au profit de l’œuvre de secours aux prisonniers de guerre du canton de Montmorency. (8)

Le journal officiel publie un arrêté du ministre de la guerre relatif à la délimitation de la zone des armées : le département de Seine et Oise faisant actuellement partie de la zone de l’intérieur est rattaché à la zone des armées. (8)

Si à Paris les départs se multiplient, à Taverny, quelques familles aisées nous quittent soi-disant pour passer leurs vacances au loin ! D’autres préparent leurs valises en cachette ! Allons-nous revoir l’exode de 1914 ? (8)

La nuit du 1er au 2 avril 1918, raid de « Gothas » sur Paris et sa banlieue (le 2 avril 1918, de 3h15 à 4h, nous entendons les tirs de barrage des batteries au Nord-est et à l’Est de Paris. (8)


 

En Avril 1918 les allemands attaquent en Flandres (6)

7 avril 1918 : des réfugiés arrivent de la Somme. (4)

Décidément, nous continuons la série noire. La première quinzaine d’avril ne fit qu’accentuer le nombre de départ. Toutes les affaires commerciales ou autres sont paralysées. On assure que le nombre de Parisiens ayant quitté la capitale dépasse 800 000. La situation militaire n’est certes guère favorable, principalement sur le front anglais. La série de reculs et l’abandon de certaines villes ne sont guère faits pour remonter le moral. Quand on pense que les britanniques tenaient notre front depuis la Belgique jusqu’à près de Compiègne et aujourd’hui, en pleine bataille, ce sont encore les Français qui vont à leur secours jusqu’au-dessus d’Arras ! Que penser aussi de cet ordre du jour du maréchal Douglas Haig : « l’armée française avance rapidement en grande force à notre aide ». En plus, tout le monde sait aujourd’hui que les Allemands ont été sur le point de réussir le mois dernier leur ruée sur Paris. (8)

Le 12 avril 1918, Georges Clemenceau de retour du front, passe à Luzarches. Un nouvel hôpital auxiliaire est ouvert à Champlâtreux. . (LUZARCHES De la Première Guerre mondiale à aujourd'hui)

Puis le vendredi 12 avril 1918, de 22h10 à 22h30, nous entendons la canonnade. Malheureusement, cette fois les dégâts sont assez graves rue de Rivoli et on annonce 26 morts et 72 blessés. Une conduite de gaz fut défoncée, prit feu et les énorme flammes léchaient les immeubles environnants. (8)

En attendant, les canons monstres tirent toujours sur notre capitale, non seulement le jour, mais la nuit. Le premier bombardement nocturne eut lieu dans la nuit du 13 au 14 avril 1918. Petit à petit, les dégâts s’accumulent. La maternité fût touchée en plein jour par un obus ; de jeunes bébés furent tués ou blessés ! (8)   

Le 14 avril 1918, le général Foch est nommé commandant en chef des armées alliées en France.

Les Allemands brûlent Reims. (20 avril ?)

La nuit du 23 au 24 avril 1918, alerte nocturne à Paris. (8)

Le mardi 30 avril 1918, la mairie délivre les tickets de pain. (8)

En mai 1918, les allemands attaquent, entre Scarpe et Oise. (6)

11 mai 1918 : la municipalité joint ses protestations à celles des communes riveraines de la forêt de Montmorency, contre le déboisement. On veut une intervention préfectorale énergique et « Urgente » pour éviter tout nouveau déboisement ; pour conserver les bois, on n’autoriserait que les coupes normales faites « en l’usage des lieux et à la nature de ces bois, ce que faisant sera justice dans l’intérêt de toutes les villes et communes de la région » (4)

Grèves dans les usines de guerre.

Le 14 mai 1918 : 200 grammes de viande par personne.

Le 15 mai 1918 : à partir de ce jour, 3 jours sans viande par semaine.

A partir du 15 mai 1918, le tarif des chemins de fer est augmenté de 25%. Jusqu’ici, pour se rendre à Paris (aller et retour en 3ème classe) nous payions 1.65F, maintenant nous paierons 2.05F. (8)

Le 15 mai 1918, alerte à Paris. A midi 15, alerte canonnade. Le même jour, de 22h15 à minuit, tir de barrage. Les boches bombardent Creil. (8)

Les batteries contre avions du camp retranché sont renforcées de plusieurs pièces. Dans la nuit du 23 au 24 mai 1918, entre minuit et une heure, la canonnade nous empêche de dormir. Aucun avion ennemi ne survole Paris, donc ni dégâts, ni victimes. Quant aux « grosses Bertha », elles continuent à tirer sur Paris et sa banlieue des obus de 210. En un mois, après 20 bombardements, on compte 354 victimes dont 118 tués. Le commerce et l’industrie souffrent beaucoup, les affaires sont pour ainsi dire nulles. Beaucoup de personnes de Taverny qui étaient parties il y a quelques semaines regagnent leur foyer. Elles se plaignent de la difficulté de se nourrir et du prix exorbitant de la vie dans les régions qui ne craignent rien de la guerre. (8)

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Petite esquisse historique du faux Paris lumineux, de Fernand Jacopozzi

À la fin de la Première Guerre mondiale, vers 1917, l’Etat-major français décide de planifier une réplique de Paris et de ses environs destinée à duper les aviateurs allemands susceptibles de venir bombarder l’agglomération parisienne.

Depuis 1915, ce sont principalement des ballons dirigeables, les fameux « Zeppelins », qui bombardent la capitale et ses environs. Cependant, dès le 30 août 1914, un « Taube » (avion monoplan allemand) survole Paris, largue quatre bombes - qui ne feront ni mort ni blessé -, déverse de nombreux tracts et une oriflamme aux couleurs allemandes. Le but de ce raid n’est pas de faire des victimes (les bombes ne font que deux kilos), mais participe de ce qu’on appelle la « guerre psychologique ». D’autres rares incursions aériennes auront lieu au-dessus de la capitale jusqu’en juillet 1915, elles ne feront pas de gros dégâts (les avions ne disposent pas encore d’appareil de visée), leur objectif consiste avant tout à démoraliser « l’arrière ». On pourrait croire que ces premiers raids plongent la population parisienne dans la panique collective, mais il n’en est rien : « Les Parisiens sont davantage dominés par la curiosité que par un sentiment de frayeur. Ils sortent armés de jumelles et s'installent sur les bancs des squares et des boulevards pour attendre les assaillants. On fait même mieux ! Les points élevés de Paris sont envahis et sur la butte de Montmartre on loue des chaises et des longues-vues pour attendre l'apparition dans le ciel des « Taubes quotidiens . »1

La menace venue du ciel

La menace venue du ciel

Mais cette attitude insouciante sinon inconsciente va changer très vite : les avancées techniques et tactiques en matière de guerre aérienne vont être considérables en l’espace d’à peine deux années. Ainsi l’arrivée dans le ciel francilien des Zeppelins en 1915 et à partir de janvier 1918, des bombardiers « Gotha » va profondément bouleverser les enjeux de la guerre.

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Longtemps persista en effet l’idée selon laquelle « l'arrière » - les villes situées en retrait du front et leur population civile - était hors de portée de l'ennemi, or rien n'est plus faux : durant la seconde moitié de la guerre, il y eut bien un réel danger et une réelle menace venus du ciel. Dès 1915 - au moment où l'Europe bascule dans la « guerre totale » - l'Etat-major allemand décide de frapper les villes françaises et anglaises afin d'entamer le moral des civils. Jusqu'en 1917, les bombardements allemands sont essentiellement effectués à l'aide des Zeppelins, efficaces, mais vulnérables : le 29 janvier 1916, un Zeppelin lâche 17 bombes sur l'Est de Paris provoquant la mort de 26 personnes dans les quartiers de Belleville et de Ménilmontant.2

Mais cette attaque aérienne sera l’une des dernières du genre utilisées par les Allemands. Lors des raids nocturnes sur Londres qui ont lieu du 19 au 20 novembre 1917, la moitié des ballons sera abattue. L'échec des dirigeables Zeppelin pousse donc l'Etat-major allemand à réfléchir à un nouveau type de bombardement : à partir de 1917 les bombardiers allemands « Gotha G » font leur apparition ; beaucoup plus maniables que les Zeppelin, ils sont aussi plus destructeurs : leur chargement de bombes peut varier entre 600 kg et une tonne et leur rayon d’action entre 550 et 1200 km.3 On est très loin des bombardements « artisanaux » des « Taube » de l’été 1914. Ces raids des « Gothas » seront terriblement redoutés par l’Etat-major français.

 

Créer un faux-Paris

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Dans ce contexte, l’armée française met en place un système de défense antiaérienne : projecteurs, canons, ballons de barrage. En août 1917 sont expérimentées des opérations de camouflage lumineux au Nord-Est de Paris.

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Elles sont fort rudimentaires : « On s’était borné à installer, en bordure de chemins de terre, quelques lampes à acétylène, de manière à laisser croire à la présence d’avenues non éteintes. » raconte le journal L’Illustration.4

Mais bientôt, sous l’impulsion du secrétariat d'État à l’Aéronautique et de la D.C.A., un projet de large envergure destiné à tromper l’ennemi sur la position exacte de Paris est mis sur pied ; à l’orée de 1918, on décide de simuler l’ensemble de l'agglomération parisienne ; « les difficultés d’exécution étaient grandes », remarque L’Illustration : « il fallait d’abord trouver sur la carte des emplacements dont la configuration générale rappelât celle des lieux que l’on voulait reproduire. Par exemple, pour simuler l’agglomération parisienne, il était nécessaire qu’on utilisât une boucle de la Seine analogue à celle qui traverse la capitale et dont aucun artifice de camouflage ne pouvait tenir lieu. Il fallait ensuite que les zones qu’on allait ainsi désigner aux bombardements de l’ennemi ne fussent pas semées de localités habitées.»5

Le gouvernement français fait alors appel à l’industrie privée pour concevoir et réaliser les travaux nécessaires à l’édification de ce faux objectif ; la décision est prise d’assembler des leurres et de les éclairer afin de tromper l’ennemi. C'est à l’ingénieur d’origine italienne Fernand Jacopozzi que revient la responsabilité, non seulement d'établir et de dessiner les plans de ce faux Paris, mais aussi de mettre au point son éclairage nocturne.


Une ville lumière

Cette décision de construire un faux Paris peut sembler à l’homme du XXIe siècle parfaitement aberrante. Pour autant, elle n’est pas complètement dépourvue de sens commun.

De fait, les bombardements diurnes de la capitale ne sont quasiment plus d’actualité à partir de 1917, car beaucoup trop risqués en raison des systèmes de défense antiaérienne qui se sont sophistiqués depuis les débuts de la guerre ; l’importante concentration des pièces d’artillerie antiaérienne autour de Paris est très dissuasive ; les raids sont donc essentiellement nocturnes. La nuit, les aviateurs, ne disposant pas de radar, s’orientent à la clarté de la lune et à la lueur des étoiles. Une brochure confidentielle française consacrée au bombardement aérien publiée en 1918 explicite ce que l’on peut observer alors, selon la visibilité : bois, routes, cours d’eau, lacs et étangs. Cette brochure précise que la visibilité est excellente lors des nuits de lune, qu’elle “oblige à plus d’attention et à quelques précautions lors des nuits sans lune » et que la découverte d’indices par très mauvaises nuits requiert, elle, un « travail scrupuleux ».7

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On peut aussi aisément concevoir aujourd’hui que les pilotes de bombardiers de nuit s’orientaient vers Paris en suivant les voies ferrées grâce aux lueurs des trains qui fonctionnaient à la vapeur. Il n’est pas non plus à écarter que l’ennemi d’alors fût informé de la construction de ces fausses cibles. Mais peu importe, l’essentiel, comme le conclut l’article de L’Illustration était que tel aviateur ennemi se laisse prendre « au mirage d’une fausse usine ou d’une gare simulée »8. Dans un article de la Revue militaire française paru à l’hiver 1930, le lieutenant-colonel Vauthier, revenant en détails sur l’édification de ce faux objectif, rejoindra lui aussi les conclusions de L’Illustration : « Quand apparaîtra à ses yeux un objectif dont il [le pilote] reconnaîtra la forme, il n’aura pas toujours une liberté d’esprit suffisante ni même les éléments de jugement indispensables pour démêler le vrai du faux. Connaissant l’existence de faux objectifs, il aura tendance à se demander, même pour les vrais : est-ce un faux ? Ce doute jeté dans les esprits de l’attaque est déjà un résultat appréciable. »

C’est donc dans cet état d’esprit que fut conçu le faux Paris ; le plan de ces objectifs factices comprenait l’organisation de trois zones :

Une zone au Nord-Est de Paris - reproduisant l’agglomération de Saint-Denis, les usines d’ Aubervilliers, les gares de l'Est et du Nord de Paris constituant l’objectif A - translatée dans un quadrilatère situé entre Roissy-en-France, Louvres, Villepinte et Tremblay-en-France, dite zone A’ ;

Une zone au Nord-Ouest de Paris : ce projet était le plus ambitieux ; un faux Paris - constituant l’objectif B - était prévu sur la boucle de la Seine près de la forêt de Saint-Germain. Il devait reproduire le chemin de fer de la petite ceinture, certains points remarquables de la capitale comme le Champ-de-Mars, le Trocadéro, la Place de l’Étoile et celle de l’Opéra, les Champs-Élysées, les grands boulevards ainsi que les gares des Invalides, d’Orsay, de Montparnasse, d’Austerlitz et de Lyon. Cet objectif B’ se situait entre Maisons-Laffitte, Herblay et Conflans-Sainte-Honorine. À cet endroit, le méandre de la Seine ressemble à s’y méprendre à celui qui traverse la capitale ;

Une zone à l’Est : l’objectif simulé C devait figurer une agglomération importante d’usines fictives dans les régions de Chelles, Gournay, Vaires-sur-Marne, Champs, Noisiel et Torcy, il se situe dans la zone dite C’.

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On trouve une description de ce projet dans Quand Paris était une ville-lumière, le livre du général Pierre-Marie Gallois10 et notamment de l’objectif B’ : « De fausses gares, des places et des avenues factices, simulées par des lumignons adroitement disposés dans la forêt de Saint-Germain, auraient donné à l’ennemi aérien l’illusion de survoler un Paris au couvre-feu mal observé. Des sortes de plateaux roulants, portant des lampes tempêtes et tirés par des chevaux, formeraient des "trains" entrant ou sortant des "gares", elles-mêmes balisées par des feux fixes. Sur la Seine, quelques péniches vaguement éclairées évolueraient lentement. Ainsi seraient égarés les aviateurs allemands, la forêt de Saint-Germain passant à leurs yeux pour une cible "rémunératrice". »

Une autre description de ce projet, plus précise et plus exhaustive, se trouve dans le numéro spécial « Chemins de fers » de la revue La Vie du Rail du 11 novembre 1968, notamment de la zone Nord-Est : « l’art de l’ingénieur électricien devait ici se doubler d’une subtile psychologie, qui est l’âme du camouflage. Pour imiter les lueurs des foyers des locomotives en marche, on utilisait des lampes de différentes couleurs éclairant alternativement des vapeurs produites artificiellement. Les voies ferrées simulées étaient obtenues simplement par des toiles posées sur le sol. Quant aux signaux, ils se réduisaient à des lampes aux couleurs du code, placées à deux mètres du sol. Les trains étaient indiqués par des surfaces en bois posées sur le terrain, les unes à la suite des autres, comme les voitures d’une rame. Un éclairage latéral projetait la lumière à l’extérieur, comme si elle venait des fenêtres. Mais le "clou" était la réalisation d’un train en marche. Sur quelque 2000 mètres, l’éclairage courait progressivement d’une extrémité à l’autre, sur une longueur correspondant à celle d’un convoi moyen. C’était l’illusion du mouvement tel qu’il est donné par enseignes lumineuses. »

L'abandon du projet

Mais en vérité, un seul élément du faux Paris fut construit, et seule une partie de la zone A’ vit le jour.

construction

 

Les travaux de construction débutèrent donc au Nord de Villepinte, dans la zone dite de « l’Orme de Morlu », par la fausse gare de l’Est. Elle comprenait « bâtiments, voies de départ, trains à quais et trains en marche, amorces de voies et signaux, et une usine avec bâtiments et fourneaux en marche. Il fallut, en outre, établir un groupe de transformateurs permettant de ramener à 110 volts le courant d’énergie à 15 000 volts de la Société d’éclairage et force », selon L’Illustration.11 Ces bâtiments en bois étaient recouverts « de toiles peintes, tendues et translucides, de manière à imiter les toits de verre sale des usines. L’éclairage se faisait en-dessous. Il comprenait une double ligne, donnant, d’une part, l’éclairage normal et, d’autre part, l’éclairage réduit à l’alerte. Car c’est la discrétion des moyens qui pouvait procurer l’illusion.»13

Au demeurant, ces installations « ne furent prêtes qu’après le dernier raid allemand sur Paris en septembre 1918 ; elles n’ont donc pas l’épreuve de l’expérience. D’autre part, l’armistice vint interrompre la construction complète du plan total. », commenta La Revue militaire14 en 1930. “La guerre se termina avant que le stratagème ait fait ses preuves. L’entreprise de camouflage était inachevée lorsque l’armistice de novembre 1918 y mit un terme. Le « faux Paris » de Jacopozzi ne fut pas opérationnel.»15 conclut de façon similaire le général Gallois. Ainsi ce projet ne fut jamais qu’embryonnaire. Au tout début des années vingt, il n’en restait quasiment rien.

Les lieux où devait être construite cette ville en fac-similé requéraient que l’on s’y rende, qu’on les arpente méticuleusement, que l’on soit à l’affût du moindre signe susceptible de renvoyer à cette chimère, que l'on pousse l’investigation au cœur de la syntaxe urbaine, attentif aux lapsus du territoire. Il fallait, quand bien même le réel est toujours déceptif, accorder créance au genius loci. C’est ainsi que je me suis lancé avec mon ami ami Didier Vivien, photographe, et son fils Gaspard, étudiant en architecture, à la recherche des traces de ce faux Paris. Nous avons donc « dérivé » dans la région parisienne, en quête de vestiges hypothétiques ; le livre Paris est un leurre restitue cette petite aventure.

Le projet d'un faux Paris
Au début de l'année 1917, le service de renseignements de l'armée française sait que l'Allemagne va bientôt utiliser des bombardiers lourds. Aussi en parallèle à l'organisation pour une défense des points sensibles de Paris et de ses environs (viaducs, voies ferrées, gares, entrepôts de munitions, usines), l'état-major décide de construire un faux Paris autour de la capitale. L'idée est de réaliser en bois et en toile des volumes plus ou moins éclairés pour simuler des bâtiments, des avenues et des trains et tromper l'aviation ennemie en l'attirant vers des secteurs peu peuplés (voir illustration IV).
Le projet prévoit trois zones factices comme le montre les illustrations II et III (parues dans l'hebdomadaire The Illustrated London News du 6 novembre 1920).

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II - La commune de Saint Denis (A1) est reproduite à Roissy en France (A2),
Paris (B1) est "déplacé" vers le Nord-Ouest en B2
et une fausse zone industrielle est créée à l'Est de la capitale (C).

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III - Détail du projet du faux Paris, entre Pierrelaye et Maisons-Laffitte, au N-O de Paris,

limité par le tracé de la petite ceinture

et traversé par une boucle de la Seine ressemblant à celle de la capitale.

Le samedi 25 mai 1918, l’appariteur annonce que le lendemain il n’y aura plus de gaz faute de charbon … mais le charbon arrive à temps. (8)

Le dimanche 26 mai 1918, les enfants des écoles quêtent pour la reconstitution des foyers détruits par la guerre. (8)

Le 28 mai 1918, la mairie délivre les tickets de pain, et les bons d’essence ou de pétrole aux personnes ayant le gaz ou l’électricité qui n’en avaient pas touché. (_) 

A vrai dire, les « Gothas » commencent à nous empêcher de dormir : Les 17, 21, 22, 27, 28, 29, 30, et 31 mai 1918, Raids de « Gothas » sur la région parisienne. Malgré les tirs de barrage de plus en plus serrés, le public de Taverny s’habitue à la visite des boches, Maintenant la banlieue est plus éprouvée que Paris par la chute des bombes. (8)

Quelques faits sur la deuxième quinzaine de mai 1918. Le succès du jour ?…est le port de deux petites poupées en laine qui vous protègeront … des Gothas. Ces portes-chance s’appellent « Nénette et Rintintin ». (8)

   ptopagande

Des aventures aujourd’hui oubliées. Mais les deux prénoms eurent une autre postérité.

Pour Rintintin, on la doit au caporal américain Duncan qui, en septembre 1918, près de Toul en Lorraine, adopte deux chiots trouvés dans un chenil bombardé. Il les nomme Nénette et Rintintin en souvenir d’enfants français qui lui avaient offert les fameuses poupées porte-bonheur, puis ramène ses chiots aux Etats-Unis où, remarqué pour ses performances, le mâle, Rintintin, entame en 1922 une carrière d’acteur à Hollywood, jusqu’à la célèbre série télévisée des années 50 (avec le 4ème du nom, descendant de l’ancêtre lorrain.

Nénette, elle, doit sa notoriété ultérieure à Monsieur Henri Richaud, créateur de la« nénette », qui donna ce nom à cette brosse douce en référence à la poupée porte-bonheur de la Grande Guerre. Pour quelle raison ? Il n’eut pas le loisir de nous le révéler. Peut-être les fils de coton soyeux dont est tissée la frange évoquaient-ils pour lui la laine dont étaient faits les petits personnages ? Peut-être ce choix était-il aussi, plus largement, une forme d’hommage aux générations qui vécurent cette période ?

Etrange cousinage, en tout état de cause, entre un produit bien français pour l’entretien de l’auto et un chien américain héros de western, tous deux si emblématiques des années 50 et 60 qu’à ce titre ils ont droit, l’un et l’autre, mais séparément et sans lien entre eux, à un chapitre du livre de Jacques Gaillard « Qu’il était beau mon meccano », paru en 2009. Ce lien existe pourtant, et révèle, pour qui connaît leurs origines respectives, un aspect aujourd’hui méconnu de la 1 ère guerre mondiale.


Le 27 mai 1918 nouvelle offensive allemande, les allemands attaquent, à l’ouest de Reims, au « Chemin des Dames » (6)

Bataille de l’Aisne entre Soissons et Reims. Nos troupes se replient. Perte du Chemin des Dames. Les Allemands s’emparent de Soissons, arrivent jusqu’à la marne et font des progrès sur l’Ourcq et dans la direction de Compiègne. (8)

27 mai 1918, reprise du bombardement de Paris par gros canon. Le 27 mai 1918, nous sommes surpris d’entendre la voix de la « Grosse Bertha » car depuis 24 jours, Paris n’était plus bombardé par les canons à longue portée. De Taverny, nous entendons distinctement l’éclatement des obus(8)

Le 30 mai 1918, l’ennemi atteint la Marne à Château-Thierry. (6)

30 mai 1918 Paris est bombardé par la « grosse Bertha »

Cette dernière quinzaine nous apporte quantité de mauvaises nouvelles – Béthune en feu – Nouvelle offensive allemande ? Avance rapide des Allemands jusqu’à la Marne et sur l’Ourcq. Le public abattu colporte des nouvelles plus ou moins justes. La menace d’invasion plane encore une fois sur notre population. Les affaires sont arrêtées. En un mot, les Tabernaciens sont sur le « qui-vive ». (8)

Le 1er juin 1918 de midi 30 à 13h30, Taverny voit pour la première fois défiler des soldats américains. Un assez grand nombre de voitures, de fourgons et de chevaux passent dans la rue de Paris. (8)

Les jeunes gens de 16 à 20 ans sont priés de se faire inscrire à la mairie pour suivre des cours de préparation militaire. (8)

Cette première quinzaine de juin comptera parmi les plus émotionnantes dans notre contrée. Même les personnes plus fermes envisagent avec effroi l’heure de l’exode devant l’envahisseur.

Pendant cette quinzaine, nous sommes réveillés quatre fois par les bombardements de nos batteries contre avions. 1er au 2, 3 au 4, 6 au 7, 15 au 16 juin 1918. L’activité aérienne devient de plus en plus dense, ce n’est plus un ou deux avions que nous remarquons de temps en temps mais des escadrilles qui sillonnent le ciel. (8)

Nous sommes encore une fois en pleine panique. Matin et soir, les journaux sont pris d’assaut. La gare est encombrée de malles et de colis de toutes sortes, beaucoup de personnes envoient leur linge et les affaires précieuses loin d’ici. Journellement, nous voyons passer des voitures de réfugiés. Nous apprenons le départ de certaines banques, compagnies, usines etc. Ce qui effraie encore plus la population. A la fin juin 1918, 20% des Tabernaciens et non des plus pauvres désertent une fois de plus notre localité. (8)

Le silence des « grosses Bertha » allemandes étonne le public qui suppose que les boches sont entrain d’avancer de nouvelles pièces grosses pièces pour tirer sur Paris et le camp retranché. Nous savons que la défense du camp retranché de Paris est poussée avec vigueur. L’autorité militaire a fait appel à la main-d’œuvre civile. Les terrassiers sont embauchés en grand nombre au prix de 1.75F de l’heure plus une indemnité journalière de 2.50F. (8)

Nous subissons une sécheresse peu ordinaire qui fait craindre une mauvaise récolte. (8)

Pour finir, les batteries de la DCA (défense contre avions) font de leur mieux contre les « Gothas ». La canonnade est nourrie pendant les nuits du 26 au 27, 27 au 28 et 28 au 30 juin 1918. De nombreux éclats d’obus sont retrouvés un peu partout. On signale aussi la chute d’obus non éclatés. Les « Gothas » bombardent Paris et sa région. 8 bombes tombent dans les champs à l’Isle-Adam. Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1918, Paris subit encore deux alertes sans visite des boches. De Taverny, nous n’entendons que quelques coups de canons et au loin.(8) 

Le général Guillaumat est nommé gouverneur militaire de Paris en remplacement du général Dubail nommé grand chancelier de la Légion d’Honneur.

Dans la nuit du 27 au 28 juin 1918, Les avions allemands déversent leurs bombes sur Beaumont-sur-Oise et à Presles… ». (4)

14 juillet 1918, Fête nationale de l’entente, défilé des alliés dans Paris.

15 juillet 1918, Offensive allemande de Château-Thierry à Massiges. Les gros canons tirent sur Paris.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, à 3h45 du matin, nous sommes réveillés par la canonnade du front. Ce n’est qu’un roulement qui dure sans arrêt. Tout le monde comprend que c’est la grande offensive boche qui commence. Au loin, on aperçoit très bien des lueurs d’éclatement des obus ou leurs départs de la pièce. Les fameuses « Berthas » recommencent à tirer sur Paris. (8)

Mort de Gabriel Victor Léon Franconi dit Gabriel-Tristan Franconi est un écrivain et poète d'origine suisse naturalisé français, né à Paris le 17 mai 1887, mort pour la France, décapité par un obus, au bois de Sauvillers (Somme) le 23 juillet 1918. Pendant la Première Guerre mondiale, il intègre, à sa demande, le 272e régiment d'infanterie. Il commande un tank, sur lequel son comportement de héros en 1914 lui vaut la croix de la Légion d'honneur. Il est grièvement blessé en mars 1916, mais repart au front en juillet 1917. Avant de tomber au combat, il se trouve à nouveau à Paris en août 1917 pour épouser en secondes noces Ernestine Delvoie, actrice de théâtre, qui lui donnera une fille unique, Iseult.

Le commandement unique des Alliés

Les contre-offensives finales

Le 18 juillet 1918, les franco-américains prennent l’offensive entre l’Aisne et la Marne

Tirs de barrage dans la nuit du 18 au 19 juillet 1918 et le lundi 22 juillet 1918 de 11h30 à midi. (8)

L’offensive allemande est enrayée. Nous reprenons des villages, capturons 20.000 prisonniers et 400 canons. Les allemands sont rejetés au nord de la Marne. Reprise de Château-Thierry.

Alerte accompagnées de tirs de barrage dans la nuit du 1er au 2 août 1918. (8)

Le 2 août 1918, nous manquons de pain à Taverny. (8)

Le 2 août 1918, les Français reprennent Soissons.

L’armée française se regroupe, et le 6 août 1918, près de Villers-Cotterêts, elle gagne la seconde bataille de la Marne. (6)

Le 7 août 1918, l’autorité militaire opère une visite des chevaux de la région à Bessancourt. (8)

Le 8 août 1918, Victoire française entre Albert et Montdidier, reprise de Montdidier.

Alerte accompagnées de tirs de barrage dans la nuit du 14 au 15 août 1918. (8)

Alerte accompagnées de tirs de barrage dans la nuit du 15 au 16 août 1918. (8)

Pendant la deuxième quinzaine d’août 1918, nous entendons deux fois pendant la matinée les tirs de barrage des batteries contre avions, les 22 et 23 août 1918. le public ne cause que de la nouvelle offensive franco-britanique qui nous rend maîtres pendant cette quinzaine de Lassigny, d’Albert, de Roye, de Croisilles, de Chambres, de Nesles, de Noyon, de Bapaume et de Combles. (8)

En août, plus d’un million de soldats américains servent en France et il en arrive 250 000 chaque mois. Dès la fin septembre, l’armée allemande se replie. (6)

Août-octobre 1918 La grippe espagnole, après une première vague au printemps, frappe les civils et les militaires. La pandémie est l'une des plus meurtrières de l'histoire.

Malheureusement de partout on signale des maladies épidémiques. La grippe espagnole continue à faire de nombreuses victimes. La grippe espagnole et ses suites ont occasionne la mort de 6 millions de personnes dans le monde entier. Taverny a été touché par cette vilaine maladie qui a enlevé une dizaine de jeunes personnes. (8)

 


 

Du 1er au 15 septembre 1918, les Anglais reprennent Péronne, Bouchavesnes, Bullecourt, Quéant et les Français Coucy le Château, Coucy la Ville, Ham, Chaunu, Tergnier. Les Américains attaquent et reprennent Saint-Mihiel le 12 septembre 1918.

Le 12 septembre 1918, il défile à Taverny des cavaliers marocains. Nous voyons tous les jours des soldats italiens qui sont cantonnés à Saint-Leu et dans la région ; ces hommes font des travaux sur les voies de chemin de fer. (8)

Il y aura d’autres bombardements d’avions allemands, les 15 et 16 septembre. (4)

Dans la nuit du 15 au 16 septembre 1918, les Gothas nous rendent visite. La canonnade est des plus violente et 2 « Gothas » sont abattus. (34 victimes et des dégâts à Paris et en banlieue. (8)

A Domont, nous trouverons l’unique mention de ces raids de l’aviation allemande, le 6 octobre 1918. Quelques anciens nous ont transmis leurs souvenirs de cette période. Ils nous ont parlé des « Alertes aux gothas ». Ils allaient se cacher dans des caves voutées et ils attendaient dans le noir la fin du passage d’avions. (4)

Du 15 au 30 septembre 1918, les Français et les Américains prennent l’offensive de part et d’autre de l’Argonne. Les Anglais attaquent à l’ouest de Cambrai. Les Belges prennent l’offensive et s’emparent de Dixmude.

Du 1er au 15 octobre 1918, les alliés reprennent au Allemands : Saint-Quentin, Lens, Armentières, La Bassée, Cambrai, Vouziers, La Fère, Laon, Roulers, Menin.

Mornier est nommé gouverneur militaire de Paris.

Rétablissement de l’heure d’hiver dans la nuit du 5 au 6 octobre 1918

Les allemands attaquaient à Noyon, décidés à en finir … Mais, cette fois, nous étions prêts … et leur offensive se termina en déroute … Nous reprîmes le terrain perdu et, comme nos troupes approchaient de ses frontières, l'Allemagne abandonna la lutte. (2)

Pendant la première quinzaine d’octobre 1918, les bonnes nouvelles qui arrivent journellement font espérer des jours encore meilleurs. Le front allemand cède un peu partout, la chance va-t-elle enfin nous favoriser ? les sujets du Kaiser qui se croyaient victorieux reculent devant nos soldats et nos alliés. (8)

Prise de Courtrai, Lille, Douai, Ostende, Roubaix, Tourcoing, Bruges, Zeebrugge, Denain par les alliés.

L’Allemagne offre la paix à la Belgique.

Le chancelier von Hertling et le ministre des affaires étrangères von Hintze démissionnent en Allemagne

Le chancelier d’Autriche Burian démissionne.

La Bulgarie demande un armistice pour traiter les conditions de paix.

L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Turquie proposent un armistice général au président Wilson.

Les Etats-Unis répondent à l’Allemagne que les conditions d’un armistice dépendront des chefs militaires alliés, qu’aucune négociation n’est possible tant que persisteront les pratiques illégales et inhumaines, des armées allemandes, que l’Entente doit savoir sans équivoque si le gouvernement allemand à qui elle a affaire représente vraiment la Nation.

« Pas de négociations avec les maîtres actuels de l’Allemagne mais la capitulation pure et simple »

Révolution en Autriche-Hongrie. L’empereur Charles est en fuite.

Révolution en Allemagne, Guillaume II abdique. Le tout nouveau chancelier Max de Bade donne sa démission. Le Kronprinz renonce au trône.

L’Autriche-Hongrie demande une paix séparée. Elle sollicite un armistice immédiat sur tous les fronts et accepte sans réserve toute conditions  du président Wilson.

La Turquie signe l’armistice.

L'armistice avec l’Allemagne :

Début novembre 1918, prise de Valenciennes, Belgrade, Rethel, Vervins, Sedan, Tournai, Maubeuge, Kirson, Mézières.

-7 novembre 1918, la délégation allemande franchit les lignes françaises pour venir délibérer des conditions de l'armistice,

Dans la journée du jeudi 7 novembre 1918, un faux bruit avait circulé avec persistance « l’Armistice est signé ». Le soir à la gare, une foule attend les journaux du soir et est déçue d’avoir eu confiance à cette nouvelle, venue on ne sait comment. (8)

Cette fois, le lundi 11 novembre, vers 10 heures, nous apprenons que l’armistice est réellement signé. A 11 heures, les canons se font entendre ; les drapeaux font leur réapparition car depuis 4 ans les fenêtres n’avaient jamais porté aucun emblème. Les sirènes se mettent de la partie, les cloches de l’église, elles, ne sonneront que dans l’après-midi. De partout, les visages rayonnent, le travail est délaissé, la grande fête de la délivrance commence. Le soir, la mairie est illuminée, des lampions sont allumés à plusieurs endroits. Après 52 mois de lutte, 1961 jours de combat, la paix victorieuse apparaît. (8)

-11 novembre 1918 l’armistice est imposé à l'Allemagne, il est signé à 5 heures du matin, dans un wagon de chemin de fer près de la gare de Rethondes dans la forêt de Compiègne, Erzberger, chef de la délégation allemande, qui sera assassiné trois mois plus tard, par les ultras nationalistes allemands, s'incline devant le maréchal Foch et signe à 11 heures la fin des combats,

Tous les clochers arborent le drapeau français, les cloches sonnent à toute volée et l'Alsace Loraine est rattachée à la France,

11 novembre 1918 (Clemenceau annonce les termes de la convention d'armistice)

Le traité de Versailles

Les principales clauses

A) Sur le front d'occident

I) Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l'armistice.

II) Évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg, ainsi que de l'Alsace-Moselle, réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice. […]

IV) Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre en bon état. […]

V) Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d'occupation des Alliés et des États-Unis. […] [qui] assureront l'occupation de ces pays par des garnisons tenant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Coblentz, Cologne) avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon. […]

VI) Dans tous les territoires évacués par l'ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délit de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l'armistice. Il ne sera fait aucune destruction d'aucune sorte. […]

VII […] Il sera livré aux puissances associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons en bon état de roulement […] et 5 000 camions automobiles en bon état. […]

B) Dispositions relatives aux frontières orientales de l'Allemagne.

XII) Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant-guerre de l'Autriche-Hongrie, du Royaume de Roumanie, de l'Empire ottoman, doivent rentrer immédiatement dans les frontières de l'Allemagne telles qu'elles étaient au 1er août 1914. Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant la guerre de la Russie devront également rentrer dans les frontières de l'Allemagne définies comme ci-dessus, dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires. […]

C) Dans l'Afrique orientale.

XVII) Évacuation de toutes les forces allemandes opérant dans l'Afrique orientale dans un délai réglé par les Alliés. […]

F) Clauses navales.

XXII) Livraison aux Alliés et aux États-Unis de tous les sous-marins. […]

G) Durée de l'armistice.

XXXIV) La durée de l'armistice est fixée à trente-six jours, avec faculté de prolongation.

La cessation des hostilités a lieu le 11 novembre à 11heures du matin. (8)

Le 11 novembre 1918, à la onzième heure du onzième jour du onzième mois, toutes les cloches de France sonnèrent à toute volée pour annoncer la signature de l'Armistice … les fenêtres étaient pavoisées, tout le monde chantait, acclamait les vainqueurs : Poincaré, Wilson, Foch, Clémenceau … et le « Poilu » !!.... (2)

Derniers morts au combat

Le dernier jour de guerre a fait près de 11 000 tués, blessés ou disparus, soit plus que lors d'une opération majeure comme le Jour J en 1944. Certains soldats ont perdu la vie lors d'actions militaires décidées par des généraux qui savaient que l'armistice avait déjà été signé. Par exemple, le général Wright de la 89e division américaine prit la décision d'attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre un bain, ce qui engendra la perte de 300 hommes.

À 10 h 45 du matin, soit 15 minutes avant l'heure du cessez-le-feu, Augustin Trébuchon a été le dernier soldat français tué, estafette de la 9e compagnie du 415e régiment de la 163e division d'infanterie, il est tué d'une balle dans la tête alors qu'il porte un message à son capitaine. Le dernier britannique, George Edwin Ellison a été tué à 9 h 30 alors qu'il faisait une reconnaissance non loin de Mons en Belgique. Le dernier soldat canadien a été George Lawrence Price, deux minutes avant l'armistice. Il a d'abord été enterré à Havré avant d'être transféré à Saint-Symphorien (Belgique), au cimetière militaire. La pierre tombale d'Havré est exposée au musée d’Histoire militaire de Mons. Enfin l'Américain Henry Gunther est généralement considéré comme le dernier soldat tué lors de la Première Guerre mondiale, 60 secondes avant l'heure d'armistice, alors qu'il chargeait des troupes allemandes étonnées parce qu'elles savaient le cessez-le-feu imminent.

La date de décès des morts français du 11 novembre a été antidatée au 10 novembre par les autorités militaires. Deux hypothèses expliquent cette décision. L'hypothèse symbolique : pour les autorités militaires, il n'était pas possible ou trop honteux de mourir le jour de la victoire; l'hypothèse matérielle : cette décision a été prise dans de nombreux cas par des médecins ou les chefs directs des soldats morts après l'armistice (dans ce cas, les épouses ne touchaient pas les pensions de guerre) afin d'éviter toute forme de contestation sur l'attribution des pensions des veuves de guerre.

La municipalité s’associe aux autres communes de France pour « Témoigner sa reconnaissance et son admiration aux merveilleux soldats qui ont libéré le sol français par la victoire ». Elle « adresse ses félicitations à M. Clémenceau, au maréchal Foch et à toute l’armée française et à celle des alliés qui ont bien mérité de la patrie ». (4)

Si partout, même dans les plus petites campagnes l’armistice a été fêté avec joie, à Paris, ce fut du délire. Dans l’après-midi du 11 novembre, nous nous rendons à la capitale. Le spectacle des rues est vraiment impressionnant. Des milliers de drapeaux ornent les boulevards et les rues. La foule se presse, s’entasse pour manifester. Des grappes humaines sont suspendues et perchées sur des camions de toutes sortes ; les soldats alliés sont embrassés par les femmes et je remarque que les poilus français, embrassent les jeunes filles et les femmes avec liberté. La foule s’empare de canons boches et les promène dans les rues. Le soir, les rues s’illuminent. On se jette des confettis ; à tous les coins des marchands de chansons et de drapeaux ; des bals s’improvisent. Ces manifestations recommencent le lendemain 12 novembre. Quel changement avec il y a quelques mois. Aujourd’hui, tout le monde est joyeux et impressionné en entendant les cloches, le canon et les cris qui annoncent la défaite de l’Allemagne. (8) 

Le 1er décembre 1918, des plaintes ayant été formulées à plusieurs reprises par des habitants qui sont journellement incommodés par les jets de pétards dans les rues, sur les toits et jusque dans l’intérieur des maisons, (4)

décembre 1918 : chaque ménage ne dispose ce mois-ci que de 50kg de charbon…(4)

Libération des classes 1887-1888-1889. (8)

Le mardi 3 décembre 1918 arrivent à Taverny 3 batteries du 120ème d’artillerie lourde. Les pièces de 155 sont alignées sur la place de la mairie. Pendant leur séjour dans notre localité, les artilleurs donnent un assez grand nombre de bals – cinémas – certains hommes sont employés à reboucher les tranchées dans la forêt. (8)

Le 3 décembre 1918, on commence à allumer, de place en place, quelques becs de gaz. (8)

L’armistice est prolongé jusqu’au 17 janvier 1919. Ce nouveau traité est signé à Trèves.

Petit à petit, on démobilisa …, et la vie reprit : joyeuse, dans les foyers réunis, mais triste, hélas ! Dans ceux, nombreux, que la mort avait frappés. (4)

Petit à petit, les mobilisés, redevenus civils, retrouvaient leur foyer, ou se hâtaient   d'en fonder un (2)

Saint-Leu-la-Forêt comptait 150 morts, parmi ses mobilisés ...des plaques commémoratives furent posées à l'Eglise, puis à la Mairie. (2)

1919

Au moment où se lève la nouvelle année, l’espérance et l’impatience se manifestent un peu partout. On attend anxieusement le retour des prisonniers civils et militaires qui sont encore sous le joug allemand. On trouve que la démobilisation ressemble plutôt à l’immobilisation ; nos braves poilus souhaiteraient une plus grande activité. Les services publics fonctionnent très mal ; on ne cause que d’embouteillages dans nos ports, dans nos gares, dans nos postes. Une lettre adressée d’Enghien a mis 12 jours pour arriver à Taverny. Tout courrier arrive avec plusieurs jours de retard.Le commerce et l'industrie souffrent de cet «état de choses qui cloche de partout. (8)

La fin des hostilités donne libre cours aux discussions. Le parti chauvin regrette que la guerre se soit terminée si vite « sans la précipitation de conclure la paix de Wilson, nous prenions  la grande offensive le 12 novembre 1919 et l'armée allemande était écrasée ». Dans le parti ouvrier, le président Wilson est porté aux nues « Grâce à Wilson, nous aurons la société des  Nations, le désarmement général etla suppression des guerres ». (8)

Depuis le début de la guerre, nous nous sommes toujours plaints de la cherté de la vie. Que dire aujourd'hui où le coût de la vie a triplé ! (8)

Les premiers jours de la nouvelle année nous apportent des inondations un peu partout. La Seine    devient menaçante,

15 janvier 1919 fin de l'Hôpital auxiliaire N°104

Le 16 janvier 1919, un nouvel armistice est conclu à Trèves entre l'Allemagne, la France et l'Angleterre, jusqu'au 17 février 1919, Les nouvelles conditions obligent l'Allemagne à livrer des machines agricoles, des sous-marins, des navires de commerce etc, les alliés prennent le droit d'occuper les forts de la rive droite du Rhin en avant de Strasbourg, (8)

Les 24 et 25 janvier 1919, grève des transports parisiens. (8)

Ebert est élu président de la république allemande

Le conseil supérieur de la guerre fixe les conditions d’un nouvel armistice : désarmement complet de l’Allemagne au point de vue militaire naval, aérien et financier – interdiction de toute opération contre la Pologne – convention provisoire assurant les délais de négociation.

Mort du général Mornier, gouverneur de Paris.

A Paris « les baraques Clémenceau » sont un sujet de conversation. Il doit être vendu dans ces baraques des articles à des prix modérés pour lutter contre la vie chère. (8)

L’armistice est renouvelé le 16 février 1919 pour une période courte sans date d’expiration à laquelle les puissances alliées et associées se réservent le droit de mettre fin sur un préavis de trois jours.

Le général Berdoulat est nommé gouverneur de Paris

Le 19 février 1919, attentat contre monsieur Clémenceau. Le Président du conseil est blessé d’une balle de révolver dans son automobile. Cottin, l’assassin est arrêté. (8)

Les démobilisés toucheront une indemnité de 250 francs, 15 francs par mois dans les unités non combattantes ou 20 francs par mois de service dans les unités combattantes. (8)

1er mars 1919 passage à l’heure d’été.

Raoul Villain l’assassin de Jean JAURES. Après cinquante-six mois de détention préventive, la guerre achevée, son procès est organisé devant la Cour d’assises de la Seine. Villain a la chance de n’être jugé qu’en 1919, dans un climat d’ardent patriotisme. Lors des audiences qui se déroulent du 24 au 29 mars, ses avocats, dont le grand pénaliste Henri Géraud, mettent en avant sa démence. Ils argumentent aussi sur l’acte d’un homme isolé, ce qui résultait de son interrogatoire par Célestin Hennion, le préfet de police de Paris, dans la nuit du 31 juillet 1914. Il est acquitté le 29 mars 1919 par onze voix sur douze, un juré ayant même estimé qu’il avait rendu service à sa patrie : « Si l’adversaire de la guerre, Jaurès, s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre. » La veuve de Jaurès est condamnée aux dépens (paiement des frais du procès).

14 mars 1919, le 3e conseil de guerre de Paris, juridiction militaire, condamnait à la peine de mort Émile Cottin, l’anarchiste qui avait blessé de plusieurs balles Clemenceau le 19 février précédent.

Raoul Villain s’exile alors à Santa Eulalia, plus précisément à la cala San Vicente, sur l’île d’Ibiza dans les Baléares, où les locaux le surnomment « le fou du port ».Peu après le début de la guerre d’Espagne en juillet 1936, l'ile tombe rapidement aux mains des franquistes, puis est reconquise par les républicains, qui la quittent rapidement. Celle-ci est alors reprise par des groupes anarchistes, mais l'île est bombardée par l'aviation franquiste et dans le chaos, le 13 septembre 1936, les anarchistes l’exécutent pour espionnage au profit de l’armée franquiste, sans que l'on sache s'ils savaient qui il était …

Cottin est gracié. La peine capitale est commuée en dix ans de réclusion.

La journée de 8 heures et la réforme électorale sont votées.

Mécontente d’une déclaration du président Wilson qui refuse Fiume à l’Italie, la délégation italienne quitte Paris.

1er mai 1919 chômage presque général dans toute la France. Bagarres sanglantes à Paris.

Nombreuses grèves dans la région parisienne ; situation très grave ; augmentation du coût de la vie. (8)

Le traité de Paix est communiqué aux Allemands au château de Versailles.

L’affaire Landru

Les Allemands ont jusqu’au 28 juin 1919,  7 heures du soir, pour accepter les conditions définitives de paix. Vifs incidents à Versailles. Les plénipotentiaires allemands sont sifflés par le public et reçoivent des pierres. M Clémenceau révoque le préfet de Seine et Oise Chaleil et M Oudeille, commissaire spécial, pour défaut de mesures d’ordre.

La délégation allemande décide de rejeter les conditions des alliés Démission du cabinet italien et du cabinet allemand.

Les équipages allemands coulent leur flotte internée aux Orcades (73 navires sont coulés).

Des drapeaux français sont brûlés en Allemagne.

Cette fois, nous arrivons au dénouement du grand drame ; il n’y a plus aucun doute l’Allemagne capitule. L’assemblée de Weimar décide de signer la paix par 237 voix contre 138 et 5 abstentions.

Le 23 juin 1919, l’Allemagne capitule sans conditions.

Les Allemands s’expliquent par cette note adressée à M. Clémenceau : « Il est apparu au gouvernement de la république allemande consternée par la dernière communication des gouvernements alliés et associés que ceux-ci sont décidés à arracher à l’Allemagne par la force l’acceptation des conditions de paix même de celles qui, sans présenter une signification matérielle, poursuivent le but de ravir au peuple allemand son honneur. Ce n’est pas un acte de violence qui peut atteindre l’honneur du peuple allemand. Le peuple allemand, après des souffrances effroyables de ces dernières années n’a aucun moyen de le défendre par une action extérieure. Cédant à la force supérieure et sans renoncer pour cela à sa manière de concevoir l’injustice inouïe des conditions de paix, le gouvernement de la république allemande déclare qu’il est prêt à accepter et à signer les conditions de paix imposées par les gouvernements alliès et associés.

Le traité de Versailles de 1919 est un traité de paix signé entre l'Allemagne et les Alliés à l'issue de la Première Guerre mondiale.

Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité fut signé le samedi 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles et promulgué le 10 janvier 1920. Il annonça la création d'une Société des Nations et détermina les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne et de ses alliés. Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se vit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques. Ces indemnités restent cependant inférieures, par rapport à la richesse nationale, à ce que la France avait dû payer aux Alliés en 1815.

Le lieu de la signature du traité permet à la France d'effacer symboliquement l'humiliation de la défaite lors de la guerre franco-allemande de 1870. C'est en effet dans la même galerie des Glaces, au château de Versailles, qu'avait eu lieu la proclamation de l'Empire allemand, le 18 janvier 1871.

Choix de la date

La signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 commémore le 28 juin 1914, date de l'attentat de Sarajevo, cause de l'ultimatum austro-hongrois adressé à la Serbie, dont le refus a déclenché la Première Guerre mondiale.

traite

nditions de la rédaction et de la signature du trait

On invita des représentants de territoires du monde entier à la conférence de paix, mais aucun responsable des États vaincus et de la Russie, qui avait quitté la guerre en 1917. Certaines personnalités eurent une influence déterminante. On en retient habituellement les dirigeants de cinq des principales puissances victorieuses  : Lloyd George, Premier ministre britannique, Vittorio Orlando, président du Conseil italien, Milenko Vesnić ministre de Serbie, Georges Clemenceau, son homologue français et Woodrow Wilson, le président des États-Unis.

 signature

Chaque représentant est libre de travailler à la rédaction du traité, mais les positions de ces hommes divergent. Le président américain veut mettre en place la nouvelle politique internationale dont il a exposé les principes directeurs dans ses Quatorze points. Pour lui, la nouvelle diplomatie doit être fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et sur la collaboration entre États. Il dispose d'un grand prestige et surtout d'une puissance économique sans égale, face aux Européens ruinés et saignés. Il cherche à ménager l'Allemagne, à la fois pour éviter que le esprit revanchard ne s'y développe et pour y retrouver un partenaire économique. Les responsables anglais tiennent aussi à laisser à l'Allemagne une certaine puissance. Fidèles à leur théorie d'équilibre entre les puissances, et peu conscient que la France sort très affaiblie du conflit, ils tiennent à empêcher la France d'acquérir une hégémonie en Europe continentale. Clemenceau, au contraire, cherche à imposer de lourdes indemnités pour limiter la puissance économique et politique de l'Allemagne, et pour financer la reconstruction de la France.

L'affaire de Fiume

Article détaillé : Régence italienne du Carnaro.

La signature du traité fut retardée de plusieurs mois par le coup de force de Gabriele D'Annunzio qui s'empara de la ville de Fiume. Il fallut attendre l'intervention de la marine italienne en décembre 1920 pour que le traité de Rapallo, instaurant l'État libre de Fiume, puisse s'appliquer et permettre la proclamation officielle du traité de Versailles. C'est lors de ces événements que Georges Clemenceau fait appel au général Humbert, mis à disposition de son gouvernement militaire quelques mois plus tôt par le général Mordacq, et l'envoie en Adriatique par Fiume et les territoires revendiqués par les Italiens. Les forces interalliées dans les Balkans et l'Adriatique constatent cet impérialisme italien qui se porte à l'encontre de l'esprit du Traité de Versailles embryonnaire ; Lloyd George et Georges Clemenceau s'inquiètent de ce comportement agressif qui prolonge les tensions de la fin de guerre, tandis que Woodrow Wilson voit par ces revendications une menace au « droit des Serbes et des Slaves à disposer d'eux-mêmes ». La prise de Fiume laisse entrevoir le militarisme et le nationalisme de l'Italie six ans avant Mussolini.

Contenu

La première partie établit une charte pour une Société des Nations. Elle reprend l'idéal wilsonien d'une diplomatie ouverte, organisée par un droit international. La treizième partie pose les principes du Bureau International du Travail. Le reste du traité est essentiellement consacré aux conditions de la paix en Europe. Un principe, énoncé à l'article 231, structure l'ensemble : l'Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de la guerre (que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avaient effectivement déclarée en 1914). Ce principe justifie les exigences très lourdes des vainqueurs à l'égard de l'Allemagne. Les principales dispositions du traité sont :

Remaniements territoriaux

La seconde partie du traité définit les frontières de l'Allemagne, mais dans plusieurs régions, le tracé définitif est remis à plus tard. L'indépendance des nouveaux États de Pologne et de Tchécoslovaquie est également affirmée. L'indépendance de l'Autriche est également protégée : il est interdit à l'Allemagne de l'annexer (art. 80).

L'Allemagne se voit amputée de 15 % de son territoire et de 10 % de sa population au profit de la France, de la Belgique du Danemark, et surtout de la Pologne, nouvellement recréée. Il s'agit essentiellement de régions qu'elle avait naguère conquises par la force. Les principales transformations territoriales sont :

la restitution à la France de l'Alsace et de deux départements lorrains (La Moselle et La Meurthe) (art. 27) ;

l'intégration à la Belgique des cantons d'Eupen et de Malmedy, dont la Vennbahn (art. 27) ;

la possibilité pour le Danemark de récupérer certains territoires du nord de l'Allemagne où se trouvent des populations danoises. La décision doit être soumise à un vote de la population locale. (art. 109 à 111). Le référendum est mené en 1920. Les villes d'Aabenraa, Sønderborg et Tønder, et leurs environs passent alors au Danemark

Le Territoire du Bassin de la Sarre est placé sous administration internationale pour 15 ans. Son statut définitif doit être soumis à référendum.

D'importants territoires qui se trouvaient dans l'est de l'Allemagne sont attribués au nouvel État polonais (art.28). Dans certaines régions, le statut définitif n'est pas décidé. Il doit être déterminé par une commission ou par un référendum dans la zone concernée (art 87 à 93). Dantzig devient une ville libre, ce qui garantit l'accès de la Pologne à la mer, mais a aussi pour effet de séparer la Prusse orientale, restée allemande, du reste de l'Allemagne.

Dispositions militaires

De nombreuses mesures sont prises pour limiter le pouvoir militaire de l'Allemagne et protéger ainsi les États voisins. Les clauses militaires forment la cinquième partie du traité.

L'Allemagne doit livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ses quelques blindés et toute sa flotte (qui se sabordera dans la baie écossaise de Scapa Flow).

Son réarmement est strictement limité. Elle n'a plus droit aux chars, à l'artillerie et à l'aviation militaire.

Son armée sera limitée à un effectif de 100 000 hommes et le service militaire aboli.

La rive gauche du Rhin, plus Coblence, Mayence et Cologne, sont démilitarisées.

condition

Dispositions économiques et financières

Page couverture de la version en anglais du traité. (Document publié vers le 28 juin 1919.)

À la suite des dommages de guerre causés pendant toute la durée de la guerre dans le Nord de la France et en Belgique, l'Allemagne - considérée comme principale responsable de la guerre - doit payer de fortes réparations à ces deux pays. Le montant à payer est fixé par une commission en mai 1921. Il s'élève à 132 milliards de marks-or, une somme très élevée. Le montant total des dommages causés par la guerre aux alliés a toutefois été estimé à 150 milliards de marks-or.

Plusieurs sanctions commerciales et des livraisons en nature complètent ce volet économique : l'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets (l'aspirine de Bayer tombe ainsi dans le domaine public). Les fleuves Rhin, Oder et Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'Alsace-Moselle et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits.

Renoncement de l'Allemagne à son empire colonial

Dans la quatrième partie du traité, l'Allemagne, toujours à titre de compensations, est sommée de renoncer à son empire colonial. Il s'agit pour les puissances victorieuses d'agrandir leurs empires coloniaux aux dépens de l'Allemagne, mais aussi de punir moralement l'Allemagne. L'Allemagne, responsable de la guerre, avait commis auparavant des actes de barbarie, notamment le massacre des Héréros (1904-1911, en Namibie). En ce sens, elle est incapable d'assumer la mission civilisatrice que les contemporains attachent au colonialisme. C'est ainsi que, au sein des Alliés, les puissances coloniales riveraines des possessions allemandes en Afrique (Grande-Bretagne, France, Belgique et Union sud-africaine) se partagent ces dernières : le Cameroun, le Togo, l'Afrique-Orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi) et le Sud-ouestafricain (actuelle Namibie). Cette dernière colonie allemande a déjà été conquise militairement en 1914-1915 par l'Union sud-africaine, qui la reçoit en mandat par la SDN en 1920. Dans la foulée, l'Allemagne devra également renoncer à ses intérêts commerciaux (ses comptoirs et ses conventions douanières) de par le monde (Chine, Siam, Maroc, Égypte, Turquie, etc.).

Les traités annexes

Répartition des peuples européens du sud et de l'est avant le conflit.

Des traités annexes au traité de Versailles sont signés séparément avec chacun des vaincus : Les traités de Saint-Germain-en-Laye puis du Trianon avec l'Autriche-Hongrie qui est partagée en :

Une Autriche réduite au territoire majoritairement occupé par des germanophones ;

un État hongrois indépendant, réduit au territoire majoritairement occupé par des magyarophones, moins certains comtés de Slovaquie, Voïvodine et Transylvanie, notamment ceux enclavés dans d'autres majorités linguistiques ;

La Tchécoslovaquie, État principalement binational (Tchèques et Slovaques), mais avec une forte minorité germanophone (Sudètes) et d'autres minorités : polonaise, hongroise, ruthène.

d'autres parties de son territoire vont à :

La Roumanie (la Transylvanie avec de fortes minorités hongroise et germanophone, enclavées au milieu des Roumains) ;

L’Italie (les provinces germanophone de Bolzano et italienne de Trento, la ville de Trieste, la péninsule de l'Istrie et la ville de Zara en Dalmatie). Toutefois, la province de Bolzano est officiellement bilingue depuis la 2e moitié du XXe siècle, grâce à Alcide de Gasperi (nom allemand : Süd Tirol Bozen Provinz).

pour répondre aux vœux de la majorité des Slaves du sud à l'époque, et pour récompenser la Serbie, une fédération des Slaves du sud est créée : la Yougoslavie (dite alors officiellement Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), comportant Serbie, Monténégro, Croatie et Slovénie, plus la Bosnie-Herzégovine (région multinationale) et une minorité hongroise en Voïvodine. Cette clause du traité de Versailles sera abrogée en 2003, et son abrogation, définitivement effective en 2006 : La Yougoslavie n'existe plus. Cependant, les anciennes régions austro-hongroises (Slovénie et Croatie), sont des pays à part entière, membres de l'UE (XXIe siècle).

L'Entente signe le traité de Neuilly-sur-Seine avec la Bulgarie, et celui de Sèvres avec l'Empire ottoman.

Le traité de Paix, signé à Versailles, le 18 juin 1919, semblait mettre le point final aux nombreuses épreuves que la France avait connu, mais réservait, hélas ! Bien de mauvaises surprises qu'on ne soupçonnait pas … (2)

Acceptation du traité de paix par les allemands

Le matin du 24 juin 1919 à 8 heures une dépêche de Mr le Préfet annonce officiellement à Mr le Maire, l’acceptation par les allemands, hier, 23 juin, à 5 heures du traité de paix présenté par les alliés

Dépêche ainsi conçue :

Veuillez dès réception de ce message prendre toutes les dispositions nécessaires pour que cloches d’églises sonnent à toute volée à l’occasion de l’acceptation des conditions de paix par l’Allemagne. En outre concertez vous s’il y a lieu avec les autorités militaires pour que salves d’artilleries soient tirées à blanc.

Mr le Maire, à 10h1/2se présente aux écoles et 1é élèves garçons sont envoyés sonner les cloches jusqu’à 11 heures. En même temps des drapeaux sont arborés aux fenêtres de la mairie.

Les cœurs sont réjouis de voir enfin se terminer la sanglante tragédie de cinq années bientôt de calamités et de deuils.

Le samedi 28 juin, dès la première heure arrive une dépêche officielle prescrivant pour le soir, à l’occasion de la signature de la Paix  que doit être donné au château de Versailles (galerie des glaces)  à 3 heures ; le pavoisement des monuments publics et en même temps congé aux enfants des écoles.

Une seconde dépêche vient ensuite corroborer la première et  indique aussi l’illumination des édifices publics.

Le soir, après les nouvelles reçues de Paris, annonçant que les signatures des allemands, des puissances alliées ont été données, la commune prend son air de fête, les drapeaux sont arborés aux maisons particulières, la Mairie s’illumine de sa rampe de gaz, les pétards résonnent et claquent de toutes parts. (10)

Le samedi 28 juin 1919, la paix est signée à Versailles. Les réjouissances commencent, les drapeaux alliés ornent les fenêtres, le 24 juin, à Taverny, les cloches de l’Eglise carillonnent en fête, le canon annonce que le grand jour si longtemps attendu est enfin arrivé. Il faut cependant reconnaître que l’emballement du public ne fut pas aussi vif que le jour de l’armistice.

Le 9 juillet 1919, l’Allemagne ratifie le traité de paix.

Les fêtes de la victoire

Je ne me sens pas assez d’aptitudes pour décrire mon impression sur ces journée inoubliables des 13 et 14 juillet 1919 à Paris. Plus de 4 millions sont dépensés par l’état pour célébrer ces magnifiques fêtes. Le 13 juillet, la foule est déjà nombreuse. Plusieurs cérémonies se déroulent à l’Etoile, à l’Hôtel de ville, aux Tuileries, puis c’est la Veillée des armes à l’Arc de Triomphe, autour du cénotaphe.  A 7 heures du soir, je remarque des milliers vde personnes déjà installées pour voir le défilé qui ne passera que lez lendemain à 9h du matin.

Le 14 juillet, les troupes alliées et françaises défilent sous l’arc de triomphe  sous le commandement des maréchaux Foch et Joffre. Les troupes françaises, sous le commandement du maréchal Pétain. Les maréchaux, généraux, officiers et poilus sont acclamés par 4 millions de personnes qui s’entassent dans la foule, sur les bancs, des arbres, des échelles, les fenêtres ; les toits et les balcons sont surchargés par le public en délire qui jette des fleurs et de l’argent aux troupiers. Pendant le défilé, le canon tonne, les musiques militaires jouent, le public acclame l’armée et se découvre devant les drapeaux. Il n’est plus question d’antipatriotisme … Tout le monde est ému et impressionné. Le soir la fête continue ; illuminations, bals, cortèges lumineux, feux d’artifice etc.…. en un mot, ces fêtes furent splendides et il est à peu près certain que jamais Paris ne sera aussi beau et aussi enthousiaste.

20 décembre 1919 : les réverbères à gaz ne sont pas encore tous allumés la nuit sur la voie publique. (4)

1920

La gare de Saint-Leu-la-Forêt est transformée avec les ressources provenant de surtaxes perçues sur les prix payés par les voyageurs. (1)

Louise

Luise de Bettignies

Louise Marie Jeanne Henriette de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à Saint-Amand-les-Eaux, morte le 17 septembre 1918 à Cologne, est un agent secret français qui espionna, sous le pseudonyme d’Alice Dubois, pour le compte de l’armée britannique durant la première Guerre mondiale.

Lilloise depuis 1903, elle décide, dès l’invasion allemande de la ville en octobre 1914, de s’engager dans la résistance et l’espionnage. Polyglotte (français-anglais-allemand-italien), elle dirige depuis son domicile de Lille un vaste réseau de renseignements dans le Nord de la France pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service. Sous le pseudonyme d’Alice Dubois, elle centralise des informations sur les opérations de l'armée allemande qui, via la Dame blanche, réseau de renseignements de Walthère Dewé en Belgique, sont transmises aux Britanniques par les Pays-Bas restés neutres. On estime qu’elle sauve la vie de plus d’un millier de soldats britanniques pendant les 9 mois de sa pleine activité (janvier à septembre 1915).

Son réseau, le réseau Alice d’une centaine de personnes signala le jour et l’heure de passage à Lille du train impérial transportant le kaiser en visite secrète sur le front. Lors de l’approche de Lille, deux avions anglais surgirent et bombardèrent le train, mais manquèrent leur cible. Le commandement allemand ne comprenait pas la situation unique de ces quarante kilomètres de front « maudits » (tenus par les anglais) sur près de sept cents kilomètres de front. L’un des derniers messages de Louise de Bettignies fut d’annoncer la préparation d’une gigantesque attaque allemande pour début 1916 sur Verdun. L’information fut relayée au commandement français, mais celui-ci refusa d’y croire.

Louise de Bettignies est arrêtée par les Allemands le 20 octobre 1915 près de Tournai et condamnée à mort le 16 mars 1916 à Bruxelles, puis sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. Détenue pendant 3 ans, elle meurt le 27 septembre 1918, à l'hôpital Sainte-Marie de Cologne, des suites d'un abcès pleural mal opéré.

Sa dépouille est rapatriée le 21 février 1920 et, le 16 mars 1920, une cérémonie funéraire est organisée à Lille au cours de laquelle elle reçoit à titre posthume la croix de la Légion d'honneur, la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l'ordre de l'empire britannique. Son corps est inhumé au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.

20 juin 1920 : l’état verse 2016 francs d’indemnités aux communes « pour bouchage de tranchées ». (4)

L’aviateur Adolphe Pégoud repose au cimetière Montparnasse à Paris où sa dépouille a été transférée en octobre 1920 avec cérémonie à Notre-Dame.

8 novembre 1920 (discussion du projet de loi relatif à la translation des restes du soldat inconnu)

11 novembre 1920 Plantation à  Saint-Leu-la-Forêt d'un arbre de la victoire près du passage à niveau de la rue de Boissy (2)


1921

29 janvier 1921 De nouvelles classes, devenues nécessaires, sont crées à Saint-Leu, notamment dans la propriété Landrieux (angle rue Emile Bonnet et Grande-rue). (1)

192 ?…à Saint-Leu-la-Forêt dans l’entreprise de menuiserie Demange (rue de Chauvry angle rue de la Marée) fabrication industrielle des cercueils pour les morts de 14/18.

1922

14 août 1922 inauguration à SAINT-LEU LA  FORET du monument aux 153 morts

Sous lequel sont enterrés, dans la crypte, 19 soldats, dont 4 décédés à l'hôpital auxiliaire N°104, les quinze autres sont des Saint-Loupiens morts au champ d'honneur. (1)

Les soldats, mort au Champ d'honneur, au front, ou des suites de leurs blessures, dont les restes avaient pu être identifiés, furent ramenés au cimetière de Saint-Leu-la-Forêt. Beaucoup d'entre eux furent inhumés dans le caveau de leur famille. Pour les autres, des cases furent réservées dans la crypte construite sous le Monument aux Morts qui se dresse dans l'allée principale du cimetière, et devant lequel, chaque année, le 11 novembre, vont se recueillir les délégations des Associations d'Anciens Combattants et des Sociétés Locales. (2)

À compléter par tous…

1-Saint-Leu-la-Forêt à travers les siècles -  MAILLARD, André

2-Saint-Leu-la-Forêt (Val-d'Oise) - CAIGNARD, Henry

3-Mémoires Du Général GALLIENI Défense de Paris du 25 Août au 11 Septembre 1914

4-Domont Histoire d’un village d’Ile-de-France – François & Jacques BOUSQUET

5-Alfred DREYFUS Officier en 14-18  Souvenirs, lettres et Carnet de guerre

6-Objectif Taverny- Gérard SOURY

7-Taverny au XXe siècle-TEMOIGNAGES DE TABERNATIENS.

8- Taverny pendant le grand drame européen 1914-1918 par Albert VOISIN.

9- Paris est un leurre par BOISSEL, Xavier

10- Bessancourt

Les ponts détruits dans le Val d'Oise : Les ponts détruits

D'après un article pour Domont et sa région d'un contributeur voulant rester anonyme .

 

 

 

Comme vous le savez, ou peut-être vous ne le savez pas :

Il s’agit de la première guerre mondiale que l’on connaisse.

Cette guerre fut pour la France, nation la plus touchée, la plus meurtrière qu’elle ait jamais connue (1.353.000 morts, 252.900 disparus plus de 10 morts pour 100 hommes actifs de l’époque).

Il y a eu, entre février et septembre 1916, 400.000 morts à Verdun, c’est-à-dire plus de 2.000 morts par jours … ce fut la bataille la plus sanglante que les hommes aient jamais livrée. (4)

Cette guerre qui éclate au cœur de l’été 1914 surprendra l’opinion et les états-majors qui croyaient qu’elle serait courte. Mais après la bataille de la Marne un frein à la redoutable offensive allemande, après la couse à la mer, la guerre s’enterre et s’installe dans la durée avec une cruelle incertitude sur son issue. Les offensives seront terriblement meurtrières. Quatre ans durant, dans chaque canton, dans chaque ville et village, la liste des victimes s’allonge et touche toutes les familles. Les autorités militaires adressent aux maires des avis de décès avec la mention « mort pour la France » c’est aux maires que revient l’ingrate mission d’annoncer, avec tous les ménagements qui s’imposent en pareille circonstance, les décès d’un père, d’un fils ou d’un frère, de présenter les condoléances du ministre de la Guerre. On apprend alors à vivre quotidiennement avec la mort massive, celle que l’on croyait appartenir au passé. 1 400 000 morts en France 2 500 000 blessés dont 1 500 000 mutilés qui recevront une pension.

Sur les 7 900 000 de soldats mobilisés

(8 millions de morts, 20 millions de blessés en Europe). Tel est le prix de la paix…

(vivre en Val d’Oise de novembre 1998)

Repères chronologiques :

(En noir : événements locaux, en bleu : événements internationaux)

1914

Louis Bousquet, adjoint au maire de Taverny et premier maire de Beauchamp composa avec C. Robert la chanson « Quand Madelon », créée peu avant la guerre de 1914, et qui eut une grande vogue dans l’armée française pendant toute la durée des hostilités.

La Madelon. D'abord héroïne de chanson, elle devint rapidement la patronne des poilus. L'image réconfortante et fantasmée que chaque soldat gardait en lui au fond des tranchées.

« Elle prit un peu la place de l'hymne national »
Louis Bousquet compose Quand  Madelon (mai 1914), mais aussi :

Avec Bidasse, musique d'Henri Mailfait, Bach, 1914

La caissière du Grand Café, musique de Louis Izoird, Bach, 1914

Vive le pinard !, musique de Georges Piquet, Bach, 1916

Sarajevo et les déclarations de guerre

28 juin 1914 assassinat de l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand à Sarajevo, au sud de l'empire austro-hongrois,

Le 28 juin 1914, la presse du soir nous apporta la nouvelle de la tragédie de Sarajevo. L’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, et l’archiduchesse venaient d’être assassinés par un patriote serbe Gravrilo Princip. A table, notre père nous dit : « Nous n’avons jamais été aussi près de la guerre. » (Edouard Bled) 


 

Le premier juillet un voyageur de commerce vint me faire ses offres de service. Je lui fis part de ma surprise. « Comment me dit-il, vous êtes assez simple de croire  à la guerre. Vous ne voyez donc pas que c’est tout simplement un coup de bourse …. ».

21/23 juillet Entretiens franco-russes en Russie. Poincaré déclare son intention d'exécuter « toutes les obligations » imposées par l'alliance.

23 juillet L'ultimatum de l'Autriche-Hongrie est remis à la Serbie.

26 juillet 1914, arrivée du Tour de France au Parc des Princes (vainqueur le cycliste belge Philippe THYS) 

28 juillet L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.

La Serbie, compromise dans l'attentat est attaquée par l'Autriche,

En France, depuis le 28 juillet 1914 les voies et tout ce qui a une importance militaire, sont gardés militairement par endroit. (7)

28 juillet 1914

Note de service du commandant de gendarmerie Bremond

Toutes les routes formant bordure des zones sont libres pour la circulation, mais il est interdit de stationner.
Toutes les routes pénétrant dans l’intérieur des zones sont interdites sauf aux personnes habitants dans ces zones ou y  ayant des établissements et aux fournisseurs habituels à la condition d’être muni d’une autorisation de circuler délivrée par la Mairie de la commune où se trouve le domicile, où est l’établissement et visé par le commandant du Fort de Cormeilles.
Pour toute la forêt de Montmorency par le commandant de la 166ème brigade à Bessancourt.

Les autorisations sont renouvelée les 10 et 25 de chaque mois.

Interdire port et usage de photographies prises, les notes et dessins topographiques, les renseignements militaires.

Etrangers aux zones : interdiction d’y pénétrer sous prétexte d’aller voir des amis.

Aux abords des forts et des ouvrages, batterie …,  des poteaux indiquent la limite des zones interdites.

Infraction : immédiatement sous escorte au quartier général à Montmorency.

Prévenir Messieurs les Maires qu’ils ne doivent pas délivrer d’autorisations de complaisance à des personnes qu’ils ne connaissent pas. Ils seront responsables. (10)

29 juillet 1914 Hommage de Jean Jaurès à Constantin Pecqueur à Taverny.

Le 29 juillet 1914 un sous-officier de réserve vint me faire réparer son étui à révolver ; je lui pose cette question « Croyez-vous la guerre inévitable ? » ce monsieur me répond « La guerre n’aura pas lieu. Je ne crois pas aucun chef d’Etat capable de déchaîner un fléau pareil. Je prends mes précautions comme tout le monde, mais j’ai la conviction que cela sera inutile ». (8)

Constantin Pecqueur (Arleux, 26 octobre 1801 (4 brumaire an X) – Taverny, 17 décembre 1887) est un économiste et théoricien socialiste français. Un des personnages tabernaciens importants au XIXe, c’est l’économiste socialiste Constantin PECQUEUR, qui participa au phalanstère et inspira ENGELS. Son hommage valut à Taverny la visite de Jean JAURES en 1914, deux jours avant son assassinat.

30 juillet Le tsar signe l'ordre de mobilisation générale de la Russie.

Jean Jaurès rentre à Paris, le 30 juillet dans l’après-midi, il apprend que la Russie mobilise. À la tête d’une délégation socialiste, il obtient vers 20 heures une audience avec Viviani, président du Conseil, qui lui révèle l’état d’avancement de la préparation des troupes aux frontières. Jaurès l’implore d’éviter tout incident avec l’Allemagne. Viviani lui répond qu’il a ordonné aux troupes françaises de reculer de dix kilomètres par rapport à la frontière afin d’éviter tout risque d’incident avec l’Allemagne.

31 juillet Ordre de mobilisation générale en Autriche-Hongrie.

Le vendredi soir 31 juillet les gendarmes passent, un lieutenant de réserve les interpelle : «  Est-ce pour ce soir, je sais que les affiches sont préparées ? ». Des rassemblements ont lieu un peu partout. (8)


 

Vendredi 31 juillet 1914, 21 h 40 : l’assassinat de Jaurès

En fin de journée, il se rend au siège de son journal pour préparer un article de mobilisation anti guerre pour l’édition du 1er août. Auparavant, il sort dîner au café du Croissant, rue Montmartre, avec ses collaborateurs du journal dont Pierre Renaudel, Jean Longuet, Landrieu, Ernest Poisson. Il est assis dos à la fenêtre ouverte, séparé de la rue par un simple rideau. Observant depuis la rue la salle du café où il avait repéré que Jaurès dînait habituellement, caché par le rideau, l’assassin tire. Jaurès est tué sur le coup.

L’assassin est Raoul Villain, un Rémois de 29 ans, étudiant en archéologie à l’École du Louvre, et surtout adhérent de la Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine, groupement d’étudiants nationalistes, partisans de la guerre et proche de l’Action française. Il est arrêté et déclare avoir agi en solitaire pour « supprimer un ennemi de son pays ». Cette thèse de l’acte isolé est reprise telle quelle dans l’acte d’accusation dressé le 22 octobre 1915. Il est décrit comme un personnage falot, calme et pieux, blond, les yeux bleus, d’apparence juvénile. Sans avoir jamais vu Jaurès, il s’est peu à peu mis en tête de tuer le traître, l’Allemand. Sans doute convaincu de la nécessité de son geste depuis le mois de décembre précédent, il mûrit son acte tout au long du mois de juillet, achète un revolver Smith & Wesson, s’exerce au tir, écrit quelques lettres incohérentes, repérant le domicile du leader socialiste, son journal, le café où il avait ses habitudes.

Depuis de longs mois, voire des années, la presse nationaliste et les représentants des Ligues « patriotes » (comme Léon Daudet ou Charles Maurras) s’étaient déchaînés contre les déclarations pacifistes de Jaurès, son internationalisme, et le désignaient comme l’homme à abattre, en raison de son engagement passé en faveur d’Alfred Dreyfus. Les déclarations de ce type abondent dans les semaines précédentes.

« Dites-moi, à la veille d’une guerre, le général qui commanderait […] de coller au mur le citoyen Jaurès et de lui mettre à bout portant le plomb qui lui manque dans la cervelle, pensez-vous que ce général n’aurait pas fait son plus élémentaire devoir ? »

Maurice de Waleffre dans L’Écho de Paris du 17 juillet 1914.

(Raoul Villain sera incarcéré en attente de son procès durant toute la Première Guerre mondiale.)

Samedi 1er août  Mobilisation générale en Allemagne.

Le 1er août 1914, tout le monde s’attend à l’ordre de mobilisation. A quatre heures l’appariteur David annonce dans tout le pays la mobilisation générale à partir du dimanche 2 août 1914. (8)

Le 1er août 1914, à cinq heures du soir, la mobilisation est annoncée par le tocsin. Les gens, tous dans les champs, abandonnent le travail et reviennent s’assembler devant la mairie. A l’animation des jours précédents succèdent un calme émouvant. Les enfants eux-mêmes sentent qu’une grande chose s’est accomplie. Ils se serrent près du père qui a déjà annoncé le jour de son départ. Le 2 août, ces hommes, atterrés la veille, rient. Ils s’en vont pour deux mois, disent-ils, et ils reviendront pour faire les vendanges. Les femmes aussi sont plus courageuses, elles croient ce que disent les hommes. (Récit de l’instituteur)

Le 1 er août, un avis téléphonique et un télégramme du ministre de la Guerre me prescrivaient de rentrer à Paris d'extrême Urgence. Je prenais le train le soir même. L'ordre de mobilisation venait d'arriver au chef de gare qui l'affichait sur les murs de la station. Déjà, d'ailleurs, dans cette petite localité, les gendarmes avaient commencé à distribuer les ordres d'appel. (3)


Dimanche 2 août 1914 mobilisation générale de la France

Attroupés devant la façade de la mairie, les habitants de saint-leu-Taverny regardent une affiche blanche décorée de deux drapeaux tricolores. Ils peuvent lire en gros caractères : « Ordre de mobilisation générale … la grande guerre commence. Tous pensent qu'elle sera courte, elle va durée 4 ans et 3 mois. Devant les affiches de mobilisations, les femmes pleuraient, certains hommes étaient atterrés, d’autres au contraire, paraissaient prendre héroïquement les choses ; d’autres enfin proclamaient que la mobilisation ne signifiait pas la guerre. Chacun d’ailleurs, quoi qu’il lui en coutât, acceptait de faire son devoir […]. La mobilisation s’effectua d’une façon normale, les parents pressant une dernière fois les mains amies tandis que les femmes se détournaient pour essuyer leurs larmes et que les enfants assistaient sans comprendre à ce spectacle impressionnant. (Récit de l’instituteur) 

Bien que les nouvelles des derniers jours de juillet fussent alarmantes. La population pacifiste de la campagne ne croyait pas à la guerre ; aussi est-ce avec une véritable stupeur que fut connu l’ordre de mobilisation. Tout le monde se précipita vers la mairie  […]

Les événements actuels imposent la nécessité de la réunion immédiate de l’assemblée municipale. La liste des familles de mobilisés sera dressée au fur et à mesure des déclarations de départ des militaires quittant leur foyer. Il sera établi, pour chaque famille nécessiteuse, une demande d’allocation accompagnée des renseignements susceptibles d’éclairer la commission cantonale chargée de « statuer sur les demandes » une commission de quatre membres du conseil municipal est chargée d’examiner les demandes de secours immédiats et de surveiller la vente des denrées alimentaires, dont les prix ne devront pas être majorés ni l’accaparement permis. A cet effet, le maire prendra un arrêté qui sera affiché sans retard dans toutes les maisons de commerce, à l’endroit le plus apparent. Une souscription sera ouverte dans la commune pour parer aux nécessités du moment. Les docteurs étant mobilisés, le docteur de Sarcelles, fait savoir qu’il est disposé à assurer le service médical de la commune. (4).

L'invasion de la Belgique et de la France

Dimanche 2 août 1914 les troupes allemandes pénètrent en Belgique

Les hommes quittent leur travail et se rassemblent. Les femmes pleurent. Un fluide inexplicable s’abat sur la population. Quelque chose de lourd, d’irrespirable, semble être tombé sur le pays. Les visages sont consternés. Quelques hommes sourient en disant : « Cette fois, ça y est ». (8)

Ce n’est que le lendemain, ou le surlendemain, que la guerre a commencé à montrer son vrai visage. Quand les ordres de mobilisation générale et les feuilles de route sont arrivés dans les familles, les gens ont commencé à se rendre compte que la guerre était bien réelle. Tous les hommes valides recevaient leur feuille, la guerre c’était d’abord ça, la séparation. (Emilie Carles)

Les automobiles défilent en tous sens nuit et jour chargées de nombreuses personnes et de bagages. (8)

Le Général Michel, Gouverneur du camp retranché de Paris, met en sursis d’appel les Patrons et les Ouvriers Boulangers 

L’état de siège est prononcé

Le dimanche 2 août 1914, l’état de siège est proclamé. Les affiches sont posées. Dans toutes les rues, on ne voit que des rassemblements. Les hommes discutent et se renseignent. Tous sont confiants et ont la certitude de la victoire. (8)

Avis à la population. En raison de l’état de siège, le Préfet de Police a ordonné qu’à l’avenir les débits de boissons de Paris et de sa banlieue soient fermés à 8 heures du soir. Les stations du Métropolitain seront fermées à la même heure.

Demande de transfert à St-Leu Taverny de l'hôpital auxiliaire des femmes de France N°104 classé en 1ère série (CM du 2 août 1914) :

« Le Président expose au Conseil la demande exprimée d'une part par Madame Boudinot Dorr, infirmière major de l'hôpital auxiliaire des femmes de France n°104, classée en 1ère série et reconnu par le service de santé et d'autre part, par MM les docteurs Barau et Oppenot domiciliés à Saint Leu Taverny, lesquels ont fait ressortir que l'emplacement qui avait été choisi pour l'installation de ce service de santé dans les locaux de l'ancienne école de filles de la commune de Taverny soit remplacé et transféré sans délai dans les locaux de l'école privée de jeunes filles située St-Leu Taverny 40 Grande rue.

Les motifs exposés sont les suivants :

1/ Les locaux de l'ancienne école de filles de Taverny ne sont pas dans un état de salubrité permettant de les affecter à l'usage auxquels ils étaient destinés, une partie même doit-être occupée par des employés de la Commune de Taverny.

2/Mme l'Infirmière major et les 4 infirmières ont leur domicile à St-Leu Taverny.

3/ Le service médical ne peut être assuré par les médecins de Taverny, la mobilisation les ayant atteints ; ce service ne pourra être assuré que par MM les docteurs Barau et Oppenot domiciliés à St-Leu.

4/ Qu’il reste un seul pharmacien pour les deux communes et que son officine se trouve à St-Leu Taverny.

Les motifs qui, avant tout, doivent faire prévaloir et faire prendre en considération le changement demandé s'appuient sur l'état de l'immeuble proposé et qui remplit toutes les conditions que l'on est en droit de demander pour un service hospitalier.

Il existe d'abord un corps de bâtiment où l'on pourrait établir des salles d'isolement, ensuite un corps de bâtiment détaché se composant au rez-de-chaussée et trois salles parfaitement aérées au premier, un grand dortoir remplissant toutes les mesures d'hygiène. Un parc parfaitement ombragé permet et complète l'installation.

Il existe une canalisation pour les eaux potables et une canalisation pour l'écoulement des eaux résiduaires. Une salle de bains et de douches peut-être installée.

Toutes ces ressources ne pourraient se trouver dans les locaux de la commune de Taverny.

Le Conseil, à l'unanimité, sollicite de la direction du service de santé aux armées de bien vouloir prendre d'urgence la décision transférant à St-Leu-Taverny l'hôpital auxiliaire des femmes de France n°104, classé en 1ère série ».

Près de la frontière allemande, le caporal Jules-André Peugeot du 44e régiment d’infanterie est le premier soldat français tué le 2 août 1914 dans le village de Joncherey, situé au sud du Territoire de Belfort.

Lundi 3 août 1914 l'Allemagne déclare la guerre à la France

Pour mener la guerre déclarée le 3 août 1914, Joffre est le commandant en chef de la première armée de masse, issue de la conscription. Pour la première fois de notre histoire militaire, nos soldats savent lire et écrire. Ils ont aussi reçu une formation civique et militaire. Le peuple belge résiste, l'armée belge repliée 


Séance extraordinaire du 3 août 1914

(Pour mobilisation et menaces de guerre)

Le conseil municipal s’est réuni d’urgence le trois août 1914 à 8 heures du soir sous la présidence de Mr le Maire.

Le conseil nomme une commission d’approvisionnement de vivres et d’alimentation :
 Mr Morin, président ; M M  Emile Langlois,  Petit Paul et Vermont , membres.

Mr le Maire propose de nommer une commission chargée du recrutement d’une garde civique dans la commune.

Cette commission aura tous les pouvoirs pour sa direction,, son administration et son fonctionnement.
Le conseil accepte et sont nommées membres de cette commission :
Mr Donon, président ; MM Banneville, Petit Paul, Langlois Emile, membres.

Le Maire propose de nommer une commission de moisson qui aura pour attributions de former un groupe de cultivateurs chargé d’en assurer l’exécution, après l’assentiment du propriétaire ou de son représentant qui fournira  son personnel.
Le conseil accepte et nomme Mr Langlois Désiré, président ; MM Emile Hennetin, Fromont Auguste, Donon Victor, membres.

En même temps il ouvre à la mairie un bureau pour les demandes et offres de travail.

Le conseil approuve la réunion d’urgence du bureau de bienfaisance pour demain à une heure et demie.

Il lui sera adjoint la commission d’approvisionnement de vivres et d’alimentation et des mesures seront prises pour secourir les familles nécessiteuses. (10)

Le mardi 4 août 1914, LA GUERRE EST DECLAREE

Séance du 4 août

En conséquence des délibérations précédentes, la commission du bureau de bienfaisance et la commission  d’approvisionnement de vivres et d’alimentation se sont réunies le 4 août à une heure et demi du soir.

La commission décide que Mr le Maire informe ses administrés que le Conseil Municipal et le bureau de bienfaisance ont décidé d’ouvrir à la Mairie une souscription publique pour accorder des secours aux familles nécessiteuses par suite des circonstances actuelles. La commission n’accordera que le strict nécessaire aux familles reconnues les plus nécessiteuses. Les secours ne seront fait qu’en nature. Une seconde annonce fixera le commencement de la distribution de ces secours. A partir de demain, les personnes susceptibles d’obtenir ces secours viendront se faire inscrire à la Mairie. Ces demandes seront examinées par la commission spéciale (10)

Pendant les jours qui suivent, le départ des mobilisés s’effectue en bon ordre. Tous partent avec confiance en criant « En route pour Berlin ». (7)

A Paris, on vit courir de tous côtés ceux que l’appel aux armes réclamait le premier jour, qui commençait à minuit ; on vit aussi les larmes couler sur les visages des femmes, mères, épouses ou sœurs qui avaient un ou plusieurs membres de leur famille appelés sous les drapeaux, les gares furent encombrées le soir même par la foule des hommes de la réserve qui rejoignaient déjà leur corps et des soldats de l’active en tenue de campagne se dirigeaient vers les quais d’embarquement. Cette heure tragique se passa à Paris  sans cris, sans troubles, avec une dignité et un recueillement qui impressionna l’étranger mal renseigné sur le patriotisme de la population. La mobilisation s’accomplit de façon parfaite et elle inspira à la France entière un sentiment de confiance qui devait la rendre invincible. (7)

Durant cette période, Paris fut sous pression. […] Des détachements passaient, et chaque fusil avait droit à une fleur, et chaque soldat avait droit à un baiser. Les femmes devenaient molles à vue d’œil. Leurs robes ne pouvaient plus contenir leurs cœurs. Elles se sentaient mille devoirs d’amour. Elles distribuaient leurs bouches à ces jeunes gens en armes avec la fierté des prêtresses. Une sorte de fraternité de fleur, une blanche amitié sentimentale, une innocence universelle s’épandait sur toutes les créatures. (Joseph DELTEIL)

Les 3 & 4 août, alors que les mobilisés quittent le village, le maire M. Octave DUBOIS fait placarder les affiches organisant la police civile ! (l’état de siège est proclamé) Les ressortissants étrangers – allemands et autrichiens – résidant dans la commune se font immatriculer à la mairie. La population manifeste son hostilité à leur égard et la police doit faire évacuer la place. (6)

Les non-mobilisés voudraient être incorporés de suite. (7)

Il y eut une spontanément organisée par des non-mobilisés, - les gardes civiques,- ayant (ou s'arrogeant) le droit de réclamer des papiers à quiconque circulait sur les routes. Cette surveillance existait également à l'entrée et à la sortie des communes ; rue de Paris, des poteaux avaient été disposés en chicane, à plat, à 1 mètre du sol, pour obliger les automobilistes à s'arrêter, mais piétons et cyclistes étaient soumis au même contrôle. Aussi était-il bon d'avoir un laissez-passer délivré par la Mairie pour satisfaire ces contrôles répétés. (2)

Au début des critiques se font entendre. Il n’y a aucun contrôle et le poste est vide pendant deux heures de garde. Au bout de quelque temps le contrôle du poste sera assuré par deux hommes parmi les plus âgés et chaque garde civique devra donner sa signature, sur un registre spécial. Le service ressemblait plutôt à une promenade car nous n’avons jamais rien vu d’anormal. Chacun était armé à sa façon. Certains portaient des fusils, des carabines, des révolvers. D’autres avaient tout simplement une canne. (7)


 

CM de Bessancourt du 7 août 1914

Formation d’un groupe cycliste

Sur la proposition de Mr le Maire, les commissions présentes décident de former un groupe cycliste  de six,  huit ou dix cyclistes de bonne volonté, non payés que les trois jeunes gens ayant passé leur brevet d’aptitude au service militaire, MM Robert Petit, Villiter et Jourdain fils recruteront. Le groupe cycliste se gouvernera lui-même.

Deux cyclistes munis de leur brassard et de leur sauf conduit se tiendront toujours en permanence à la Mairie.
Les autres se promèneront dans le pays, surveilleront et s’ils rencontrent des figures suspectes préviendront aussitôt la garde civique.

Permanence de la garde civique :
une permanence de deux hommes de la garde civique  se tiendra à son local à la Mairie (classe de garçons) Pour cela on nommera de service six hommes au lieu de quatre, s’il est besoin.

Transport de foin :
on préviendra les transporteurs de foin que leur voiture ne sera déchargée à Saint-Leu et qu’on les enverra à La Villette.

Ravitaillement des habitants :
une réunion aura lieu dans l’après midi avec les commissions et MM Quignon, Lamarre et Letellier, anciens bouchers.
La commission reçoit d’un gendarme de Franconville l’ordre de mobilisation des territoriaux du génie et de l’artillerie, classe 1892, 1891, 1890 et1889.

Des mesures sont prises contre les étrangers, non naturalisés français. Tout allemand ou autrichien n’ayant pu passer la frontière est immédiatement expédié dans un camp de concentration. Les personnes qui ont un accent germain, sont en butte avec la population (8)

Avant la mobilisation, deux habitants de Taverny partent précipitamment. (…). L’un était soi-disant officier de cavalerie dans l’armée allemande. L’autre un soi-disant officier dans l’armée autrichienne. Il va sans dire que le bien de ces deux personnages fut mis sous séquestre. Dans les premiers jours de la mobilisation, plusieurs hommes pénétrèrent de force dans leur propriété et firent une perquisition en règle. Les personnes qui ont un accent germain, sont en butte avec la population civile. Un autre boche, habitant rue de Paris, vint en mairie pour se faire délivrer un laissez-passer, sur une question posée, il prit les jambes à son cou et fut arrêté par des hommes qui le poursuivaient. Il fut un peu malmené. J’assistai à l’arrestation. Je me suis laissé dire que sa femme était française. Quant à lui, les gendarmes l’emmenèrent en automobile. Plusieurs domestiques allemandes furent expédiées dans un camp de concentration. (8) 

Les automobiles défilent en tout sens nuit et jour chargées de nombreuses personnes et de bagages. (7)

La France qui ne la voulait pas, n'était pas prête. Il fallut donc improviser … Si les ponts et autres ouvrages d'art «étaient gardés militairement par les Gardes des Voies et Communications, les G.V.C. Comme l'indiquait leur brassard qui, avec un képi, un ceinturon et un fusil périmé, en faisait des soldats, les passages à niveau ne bénéficiaient pas de la surveillance officielle. (2)

Le départ de Taverny de presque tous les hommes mobilisables avait laissé le territoire de la commune presque sans protection contre la maraude et le pillage, beaucoup de propriétés ayant été abandonnées par leurs occupants ; aussi une milice fut-elle créée et Alphonse Bellamy qui en faisait partie alla participer chaque semaine, à son tour aux rondes organisées. (7)

Depuis quelques jours les commerçants se plaignent de ne plus voir de monnaie. La banque de France met en circulation des coupures de vingt francs et cinq francs. Beaucoup de personnes retirent leur argent de la caisse d’épargne. (8)

Partout on réquisitionne, non seulement du sel pour les boulangers, mais aussi du fourrage, du bétail et surtout des chevaux qui sont dirigés sur les unités de transport. (6)

Les hommes valides étant partis pour la plupart, la municipalité organise un comité de secours. Celui-ci reçoit argent et nourriture qui sont redistribués aux plus démunis. La solidarité se porte bien (6)

Pendant la mobilisation des hommes, nous verrons la mobilisation des chevaux. Nous voyons défiler les chevaux mobilisables de Frépillon, Bessancourt et Taverny que l’on conduit à Montmorency. Dans la quantité, un certain nombre ne seront pas pris la première fois et feront la route de Montmorency plusieurs fois. (7)

Presque chaque jour défilent des troupeaux de bœufs et de vaches. Certaines bêtes seront parquées à Saint-Leu au château de la Chaumette, les autres au champ de courses d’Enghien. Un grand nombre de voitures de fourrages passent tous les jours. Le tableau jette plutôt une note triste sur la population. (8)

Mort le 20 août 1914 à Rome, du pape PIE X. Il sera béatifié le 3 juin 1951, puis canonisé le 29 mai 1954 : il est donc saint Pie X pour les catholiques.

 


 

 

La Brigade des Fusiliers Marins (1914-1915)

Lorsque la guerre éclate, la Marine dispose d'un surplus d'effectif de plusieurs milliers d'hommes qu'elle ne peut pas utiliser à bord de ses bâtiments.

La brigade des fusiliers marins est une unité de la marine française. Á la déclaration de guerre, la marine a des fusiliers marins qui restent inemployés dans les bâtiments de la marine, car les principaux combats sont terrestres. Il est donc décidé le 7 août 1914 de la création de la brigade des fusiliers marins, forte de 6000 hommes en deux régiments et une section de mitrailleuses, et confiée au commandement de l'amiral Ronarc'h.

L'organisation est calquée sur celle des régiments d'infanterie avec trois bataillons par régiment.  Parmi eux on trouve des apprentis fusiliers-marins d'à peine 16 ans et des réservistes.

Première mission: les fusiliers marins sont d’abord envoyés à Paris pour la défense de la capitale, sous les ordres du général Gallieni, et constituent d'ailleurs la seule troupe de valeur dont il dispose.

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Le 7 août, les 1er et 2ème régiments de fusiliers marins sont créés, dans le but de combattre à terre. Réunis en une brigade forte de 6 000 hommes, sous le commandement du jeune contre-amiral Ronarc'h, leur mission initiale est la défense de la Capitale et de sa banlieue.

La structuration des régiments de la Brigade des marins est donc voisine de celle des régiments d'infanterie de 1914, à l'exception des sections de mitrailleuses qui semblent plus nombreuses, et regroupées en une compagnie au niveau de la Brigade.

Après lecture du document « La Brigade des Fusiliers Marins sur l'Yser, par l'Amiral Ronarc'h », on peut en déduire l'organisation suivante pour la Brigade des Fusiliers Marins en 1915 :

La brigade est constituée de l'Etat-major de la Brigade et de deux régiments. Elle dispose d'une compagnie de mitrailleuses de 15 sections.

Chaque régiment est composé d'un état-major, de 3 bataillons, et d'une ambulance. Un régiment est commandé par un Capitaine de Vaisseau.

Chaque bataillon est commandé par un Capitaine de Frégate et est divisé en quatre compagnies.

L'effectif d'une compagnie est de l'ordre de 200 hommes.

Le 8 août 1914, la « colonie anglaise » vient offrir les drapeaux alliés à la mairie. (6)

 Ravitaillement de la population (CM du 8 août 1914) :

« Le Conseil décide, pour faire face aux nécessités du moment, résultant de l'état de guerre, d'assurer directement par voie de régie simple, le ravitaillement de la population. Laisse aux soins du maire la nomination du régisseur.

Dit que les premières avances seront faîtes sur les crédits votés par la délibération du 2 août courant, approuvé le 7 du même mois ».

Un hôpital militaire est installé dans le pensionnat Saint-Joseph, c’est-à-dire dans le vieux bâtiment à l’angle de la Grand-rue et la rue Emile Bonnet. (1)

Dès le 8 août 1914, l'hôpital 104 ouvrait ses portes à St-Leu-Taverny

Le Pensionnat saint-Joseph devint l’Hôpital temporaire militaire N°104, créé par le Comité de la Croix-Rouge de Taverny, Saint-Leu Bessancourt, présidé par Mme AIMOND, femme du Sénateur-Maire, assistée de Mme DELEAU, Vice-présidente. Les services étaient répartis entre les docteurs OPPENOT et BARRAU. L’hôpital, ne disposant pas de chirurgiens, était réservé aux malades et eut néanmoins à enregistrer des décès : 19 « poilus » ont été inhumés au cimetière de Saint-Leu. (2)

Le 9 août 1914 malgré la prise de Liège par les Allemands, les habitants sont dans un enthousiasme indescriptible en apprenant que nos troupes se sont emparées d'Altkirch et de Mulhouse, (8)

De nombreux drapeaux de plusieurs nationalités viennent renforcer ceux qui sont déjà aux fenêtres. A la mairie les emblèmes de tous les états en guerre avec les empires du centre forment un faisceau au-dessus de l'horloge. A cette époque le Monténégro, la Serbie, la Belgique, l'Angleterre, la Russie et la France sont en guerre avec l'Allemagne et l’Autriche. Les commerçants affichent les journaux dans leur vitrine, Les camelots vendent les quotidiens matin, midi et soir. (8)

Le dimanche 9 août 1914, le maire fait préparer la salle du gymnase et la salle paroissiale pour recevoir les soldats qui vont qui vont faire de Taverny une place forte. (6)

Moisson :

L’an mille neuf cent quatorze, le 11 août à 6 heures du matin,

Le maire donne lecture au conseil municipal, d’instructions de M le Sous-Préfet de Pontoise, relatives aux mesures à prendre pour assurer la rentrée et le battage des moissons et sauvegarder les récoltes futures.

Le conseil

après un examen minutieux et un inventaire de la main d’œuvre  existant dans la commune et susceptible d’être employée aux travaux agricoles,
considérant que le nombre de personnel est suffisant pour sauvegarder toutes les récoltes, en faire la rentrée et le battage.

Délibère :

qu’aucun français, kabyle ou étranger n’ont pas besoin  d’être dirigés sur notre territoire et que la commission des moissons désignée par le Conseil Municipale est apte à faire le nécessaire.(10)

Les Britanniques sont battus à Mons, les Français sont battus sur la Sambre et à Charleroi. A partir du 12 août 1914, les Russes ouvrent un front en Prusse orientale, ce qui entraîne l'envoi vers l'Est de l'Europe, de troupes allemandes qui se dirigeaient sur Paris.

Le jeudi 13 août 1914, arrivée les soldats territoriaux dits les « pépères » utilisés à des travaux de transport ou de défense de seconde ligne,

(…) Dès le lendemain, la troupe entreprend la construction de redoutes en forêt, à l'emplacement du « Camp César » au chalet des gardes, une ligne télégraphique est établie entre les postes de Saint-Jacques (le haras), Béthemont et Bouffémont (6).

Les soldats arrivent le jeudi 13 août. Ce sont des territoriaux, soldats de 2ème réserve utilisés à des travaux de transport ou de défense de seconde ligne. Ceux-là appartiennent à une unité du 4ème R.A.T. (Réserve d’Armée Territoriale). Trois officiers et 36 sous-officiers les encadrent. Deux mess sont ouverts dans le centre, ainsi que le bureau militaire dans les locaux de l’ancienne poste, rue de Paris. (6)

Les premiers soldats arrivent en civil et par groupe. Nous remarquons un prêtre en soutane. La plupart de ces hommes chantent des chansons patriotiques. Quelques-uns portent des drapeaux. Un superbe bouquet tricolore est porté par un territorial qui marche devant ses camarades. Taverny deviendra pour la durée de la guerre, une ville garnison. Ces hommes sont employés immédiatement dans la forêt pour construire des batteries d’artillerie lourde. J’ai pu voir les travaux de terrassement, mais une fois les pièces arrivées, il fut complètement impossible d’approcher. Ces détachements sont logés dans la salle des fêtes et la salle paroissiale. (8)

Des lits très simples fabriqués avec des rondins de châtaignier, entourent les salles. Le milieu des pièces est garni de grandes tables. Des clous plantés un peu partout, servent à accrocher musettes, fusils, bidons etc. … Des gravures représentant les chefs d’Etat et les principaux généraux sont clouées de place en place. (7) 

Vendredi 14 août, la troupe entreprend la construction de redoutes en forêt, à l’emplacement du « camp des Anglais » (camp César – oppidum gaulois du Haut-tertre). Une ligne télégraphique est établie entre les postes de Saint-Jacques (le haras), Béthemont et Bouffémont. (6)

Le 14 août 1914 nous apprenons que les troupes françaises sont entrées en Belgique, (8)

En août et septembre 1914, les autorités militaires organisèrent la défense de l’ensemble du camp retranché de Paris. Cette défense s’appuyait dans notre région sur les forts de Cormeilles, de Montlignon, de Domont, de Montmorency, d’Ecouen, de Stains et de leurs ouvrages annexes, tous construits vers 1875-1880. On compléta alors ces fortifications par la construction de batteries d’artillerie en terre dans la forêt de Montmorency et dans le voisinage. Dans notre secteur nord de paris, il y est ainsi cent trente-sept batteries installées. On en retrouve des vestiges dans les talus sous les taillis de la forêt sur au moins sept emplacements. Cela explique la présence d’unités d’artillerie et du génie, de campements, d’ouvriers forestiers chargés des déboisements, et la présence à Taverny même d’une garnison. (7) 

Le samedi 15 août, les journaux ne donnent plus aucune nouvelle du front. On comprend pourquoi … (6)


 

Le samedi 15 août 1914, les journaux ne donnent plus aucune nouvelle du front,

L’Etat-major refuse de croire que l'ennemi puisse envahir la Belgique... Lorsque cette dernière est traversée. La première armée allemande commandé par Von Klück déborde les alliés anglais et français par leur flanc gauche et fonce droit au sud, vers Paris. (6)

Le 17 août 1914, peloton de liaison cycliste en tête, les fusiliers marins de Lorient défilent sur le cours de Chazelles avant de prendre le train pour Paris. Il s’agit notamment des 700 apprentis fusiliers marins (les plus jeunes ont à peine seize ans et demi), de leurs instructeurs et des réservistes du dépôt de Lorient, anciens chauffeurs ou mécaniciens de la flotte. L’extrême jeunesse de ces soldats surprend les Parisiens qui leur donnent le surnom de « Demoiselles de la Marine ». Pour les Allemands, aussi surpris, ce seront les « Demoiselles au pompon rouge ». Ils sont bientôt rejoints à Paris par des renforts arrivant des autres ports de mer : Rochefort, Brest, Cherbourg et Toulon. Ces nouveaux contingents intègrent de nouvelles recrues qui étaient il y a encore peu des marins au long cours, pêcheurs ou caboteurs, et qui se transforment peu à peu en soldats, remplaçant par la capote le col ou la vareuse, accrochant des cartouchières au ceinturon.

Le 17 août 1914, le gouvernement belge quitte Bruxelles pour Anvers. (8)

Le 20 août 1914 nous apprenons avec tristesse que les allemands occupent Bruxelles et que nous reculons en Loraine. (8)

Mort d’André Ruplinger, né à Lyon le 14 juillet 1889 et mort au front à Brouderdorff (Lorraine) le 20 août 1914, est un homme de lettres français À l'issue de sa deuxième année de service militaire (dont la durée a été portée à trois ans), il se présente de nouveau à l'agrégation en 1914. Admissible, il est à Paris en juillet pour l'oral lorsqu'il est rappelé en garnison au 92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand. Dès la déclaration de guerre, son régiment est envoyé au front dans une zone réputée dangereuse. Le 20 août, près de Bruderdorff, au cours d'un affrontement violent, le sous-lieutenant Ruplinger est tué d'une balle dans la tête alors qu'il franchissait une crête pour aller prendre les ordres de son chef de corps. Il est cité à l'ordre du régiment. En 1917, sa qualité de « mort pour la France » sera officiellement reconnue.

Si les nouvelles ne parviennent plus officiellement, de grands mouvements de troupes laissent à penser que le front se rapproche. Le dimanche 23 août 1914, des unités de chasseurs alpins et d'artilleurs traversent le village. (6)

23 août 1914, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne.

Dès le lundi 24 août 1914 des hôpitaux militaires se créent à Beaumont sur Oise. (4)

Le 24 août 1914 en lisant entre les lignes les articles des journaux, les personnes intelligentes constatent que la bataille de Charleroi est perdue par nous. On nous annonce que nos troupes se replient sur notre ligne de couverture. Les communiqués sont pour ainsi dire muets. Les drapeaux qui ornaient beaucoup de fenêtres commencent à disparaître. (7)

Du 24 au 28 août 1914, la population apprend par l’afflux des réfugiés et par un communiqué du Grand quartier général, que l’armée allemande se rapproche de Paris, en progressant en Picardie. (7)

Des réfugiés apparaissent à Saint-Leu, ils sont suivis de troupes.

26 août 1914, le général Gallieni est nommé gouverneur militaire de Paris en remplacement du général Michel.

Mercredi 26 et jeudi 27 août 1914 « exode de la population de la banlieue nord de Paris – les habitants affolés devant la rapide avance allemande fuient la région par les trains. ».

Le 26 août 1914 la voiture à cheval partit de Vaucelles vers neuf heures, le temps était splendide comme au reste il le fut pendant toute cette période du commencement de la guerre, et le voyage aurait été délicieux s'il n'avait été troublé par les arrêts fréquents des postes militaires établis à l'entrée et à la sortie de chaque localité traversée et auxquels il fallait montrer un laissez-passer en règle. Aux approches de Saint-Denis, je constatai une animation plus grande : des voitures de cultivateurs chargées de meubles s'éloignaient de la capitale ; leurs conducteurs et leurs familles faisaient des gestes désolés et les nombreux habitants qui, en curieux, constataient ces allées et venues, montraient des visages effarés. Que se passait-il ? Quelques instants plus tard, j’eus l’explication de cette énigme. Une marchande de Saint-Leu, que j’avais remarquée vendant sa marchandise dans les rues de Taverny, croisait notre véhicule. Sur sa voiture attelée d’un cheval, cette femme, juchée au milieu de ses meubles pleurait à chaudes larmes et poussait de grands cris : « Que vais-je devenir ? Ils ne veulent pas me laisser passer§ ». D’autres voitures de cultivateurs, chargées de meubles, continuaient également de refluer. J’eus alors l’impression qu’il se passait quelque chose d’insolite et que peut-être l’accès de Paris était interdit aux habitants de la banlieue .../… j’appris par la suite que, la veille, l’autorité militaire avait fermé la plupart des portes de la capitale (7)

Le 27 août aucun communiqué. Le 28 août nous apprenons que notre ligne de défense va de la Somme aux Vosges. (8)

Au cours du mois d’août 1914 le gouverneur militaire de Paris, qui avait le commandement du camp retranché, avait fait construire de nombreuses batteries d’artillerie autour des forts de Cormeilles, Montlignon, Domont, Montmorency et Ecouen et plusieurs ouvrages annexes, notamment en forêt de Montmorency et dans la plaine de France. Le commandant du camp retranché avait été au début du mois d’août le Général Michel qui fut remplacé à la fin du mois par le Général Gallieni chef prestigieux. Mais malgré son prestige et ses déclarations rassurantes, celui-ci ne pouvait se faire d’illusions ni dissimuler au gouvernement que le camp retranché n’aurait pu résister sérieusement : les forts n’avaient pas été modernisés, les troupes territoriales de défense n’étaient pas fiables, non aguerries et trop âgées, et l’artillerie rassemblée autour de Paris était vétuste et peu performante. (7)

Troupes du Camp Retranché de Paris en Zone Nord

83e division d’infanterie territoriale — mobilisée en la 4e région

165e (ou 21ème) brigade d’infanterie — 29e  (Dreux) et 30e (Chartres) régiments d’infanterie territoriale.

166e brigade d’infanterie — 31e (Alençon) et 32e (Argentan) régiments d’infanterie territoriale

2 escadrons du 1er régiment de chasseurs à cheval de Châteaudun.

1 groupe territorial du 45e régiment d’artillerie de campagne provenant d’Orléans

Brigade  réunissant 1er et 2e régiment de fusiliers marins (1914-1915)

2e compagnie auxiliaire du Génie (RAT-Réserve d’Armée Territoriale)

Autres unités non endivisionnées :

-1ère & 7e division de cavalerie (une partie)

-19e brigade d'artillerie (une partie)

-4e régiment d'artillerie à pied (une partie)

-brigade du 1er régiment du génie

-brigades des 5e & 8e régiments du génie

-1er groupe d'aérostation

-19e escadron du train des équipages militaires

-20e section de secrétaires d'état-major  et  du recrutement

-22e et 24e section de commis et d'ouvriers militaires d'administration

-légion de gendarmerie de Paris

-légion de la garde républicaine de Paris

-régiment des sapeurs de Paris

-22e et 24 e section d'infirmiers militaires

Le 26 août 1914, le maréchal Gallieni est nommé gouverneur militaire de Paris : «  La veille, M. Messimy, ministre de la Guerre, m'avait convoqué dans son Cabinet et mis au courant de la situation militaire telle qu'elle résultait des télégrammes reçus du Grand Quartier Général. Les Anglais occupaient le front Cambrai-Cateau; la 5 e armée, général Lanrezac, tenait la Meuse vers Maubeuge et au delà ; la 4 e armée, général de Langle de Cary, s'étendait le long de la Meuse, mais n'avait pu prendre l'offensive, pas plus que la 3 e armée, général Rufïey, qui était également sur la Meuse, vers Montmédy ; le général Maunoury, avec son groupe de 3 divisions de réserve, avait essayé de déboucher sur le front Longuyon-Spincourt, mais sans résultat ; l'armée de Castelnau, 2 e armée, fortifiait le Grand-Couronné et couvrait Nancy dans de bonnes conditions ; quant à l'armée Dubail, elle avait dû abandonner l'Alsace. Le trait essentiel de la situation était la menace d'enveloppement de notre aile gauche par des forces considérables, dont le mouvement divergent de grande envergure semblait avoir surpris notre Grand Etat-major. Celui-ci, un peu trop dominé encore par les idées napoléoniennes, avait pensé pouvoir conjurer le danger et même profiter de ce qu'il croyait être une faute de l'ennemi ; il avait ordonné son offensive du 22 contre le centre de l'adversaire, mais il avait négligé l'expérience des dernières guerres de Mandchourie et des Balkans et lancé nos 5 e et 4 e armées contre les positions formidablement organisées avec tranchées, réseaux de fils de fer barbelés, abris de mitrailleuses, artillerie lourde, préparées par les Allemands entre la Sambre et la Moselle. Il en était résulté des pertes énormes et le rejet de nos forces sur la Meuse. Le général commandant en chef était donc justement préoccupé pour son aile gauche. Il marquait, dans ses télégrammes, son intention d'amener des renforts vers l'Ouest, au moyen de prélèvements faits sur nos troupes des Vosges et dû l'Alsace et d'ordonner un mouvement de recul vers le Sud.

Ce mouvement de retraite, qui nous faisait perdre la ligne de la Meuse et ouvrait à l'ennemi toute la région Nord de la France, était masqué par nos 'communiqués qui, depuis le commencement de la guerre, dissimulaient habilement nos insuccès et n'avaient nullement préparé le public à recevoir de fâcheuses nouvelles. Pour ne pas l'effrayer, on crut nécessaire de continuer dans la même voie, et les bulletins des derniers jours d'août ne pouvaient guère faire prévoir la retraite continue de nos armées et l'avance rapide des Allemands vers Paris

Le Ministre me fit connaître en même temps la situation défavorable du Camp retranché de Paris; on avait perdu un temps précieux depuis le premier jour de la mobilisation ; les forts et ouvrages n'étaient pas armés, les batteries extérieures des intervalles étaient à peine commencées et dans aucune les pièces n'étaient en place ; les abris à munitions n'existaient pas et les munitions elles-mêmes étaient toujours dans les magasins de secteurs, ne pouvant être transportées par la voie étroite en construction, à peine ébauchée ; les ouvrages d'infanterie, destinés à garnir les intervalles entre les forts et à couvrir les batteries, venaient à peine d'être piquetés sur le terrain.

De plus, les approvisionnements prévus par le journal de mobilisation de la place étaient insuffisants et il fallait encore plusieurs semaines pour les porter au complet ; enfin, et surtout, les 4 divisions et les 2 brigades territoriales, — une centaine de mille hommes — qui formaient la garnison du camp retranché, étaient des troupes sans cohésion, sans instruction militaire, insuffisamment encadrées et sur la valeur desquelles on ne pouvait guère compter si l'ennemi se présentait en force devant Paris ». (3)

 


 

Le jeudi 27 août 1914 les allemands approchent, (il y a des troupes anglaises à Senlis),

A noter pendant le séjour des troupes, la débauche de femme et de jeunes filles. La conversation des habitants roulera pendant de longs mois sur ce sujet. Une circulaire du Général Gallieni, annoncée par le garde champêtre, interdit la vente de toutes les boissons alcoolisées aux troupes du camp retranché de Paris. L’absinthe avait été supprimée au début de la guerre. (7)

Le 27 août 1914, le trafic ferroviaire est interrompu sur la ligne de Valmondois; le dernier train quitte Saint-Leu le soir, au milieu d’une foule affolée.

Le dernier train qui arriva à Saint-leu avec quatre heures de retard : « Perdu au milieu d’une foule très dense, qui attendait sur le quai encombré de colis à main de toutes sortes, emportaient ce qu’ils avaient de précieux, laissant derrière eux leur maison  et tout ce qu’ils aimaient. Un train composé de fourgons fut envahi par la foule, accrue à chaque station : le spectacle était lamentable. Ce voyage dura plus d’une heure. (7).

(Par la suite c’est par la ligne de Pontoise, station de Beauchamp, qu’il était possible de communiquer avec Saint-Leu).

Le jeudi 27 août 1914, le service des trains est supprimé, la Compagnie des chemins de fer du nord prit alors une mesure qui exerça sur le moral de la population de cette partie de la banlieue une influence déprimante : le personnel de la compagnie fut licencié ; les chefs de gare reçurent l'ordre de déménager leurs archives et d'enlever leur appareils télégraphiques. (7)

L'hôpital auxiliaire N°104 de Saint-Leu est sur le point de fermer. (7)

Le vendredi 28 août 1914, les journaux publièrent le fameux communiqué annonçant que le front s'étendait « de la Somme aux Vosges » ... optimistes, d’aucuns voulaient croire à une coquille et lisaient « au sommet des Vosges » !! …Il fallut se rendre à l’évidence …(2) 

Etonnement général. Commencement de la panique. Il arrive à Taverny quelques réfugiés de la région de Péronne. Un bruit fantaisiste circule : les allemands auraient pillé Lille et l’auraient incendié. (8)

Vendredi 28 août 1914 passent à Senlis deux régiments de tirailleurs marocains,

Samedi 29 août 1914 une patrouille d’Uhlans est venue jusqu'à Pont-Ste-Maxence

Le 29 août, je suis chez le Ministre à 8 h. 1/2. Il m'informe que la brigade de marins, malgré l'opposition de M. Hennion, est mise à ma disposition. J'écris au général Joffre pour lui exposer la situation du Camp retranché de Paris et ma manière de voir sur le rôle et sur la défense de la Place. J'insiste sur ce fait que, Paris n'étant nullement organisé au point de vue de sa défense, je ne puis espérer résister aux entreprises de l'ennemi qu'au moyen d'une armée active d'opération, dont je demande l'envoi d'urgence. (3)

J'avais convoqué pour 10 heures à mon Cabinet le général Désaleux, commandant l'artillerie du Camp retranché et l'intendant général Ducuing, directeur des ravitaillements.

Le premier ne me cache pas que la situation de son service est des plus précaires : les batteries ne sont point terminées, les pièces sont encore dans les forts, les munitions également, les moyens de transport manquent pour les amener dans les batteries, celles-ci sont généralement construites sur des emplacements mal défendus par les ouvrages d'infanterie, et, par suite, très exposées. Enfin, notre matériel d'artillerie de place, composé de pièces de 155, 120, 95 et 90, est suranné et porte à des distances bien inférieures à celles des pièces allemandes des parcs de corps d'armée. Si nous ne pouvons remédier à ce dernier et grave inconvénient, il est possible, au moins, de hâter la construction des ouvrages, la mise en place dos pièces et le transport des munitions. Je donne des ordres précis à ce sujet au général Désaleux et je prescris d'utiliser tous les moyens de transport disponibles, en réquisitionnant les autos et taxi-autos de la capitale. (3)

Mêmes instructions à l'intendant général Ducuing au sujet du ravitaillement de Paris ; les lignes de communication étant encore libres, il faut en profiter pour faire diriger sur la capitale le plus d'approvisionnements possible en vivres, charbon, etc. ; et à l'intendant général Burguet pour l'habillement, l'équipement, etc. En somme, au point de vue des vivres, avec la situation actuelle, Paris, s'il était investi, pourrait tenir trois mois. (3)

Dimanche 30 août 1914 on entend le canon, les troupes anglaises quittent Senlis et se dirigent sur Compiègne

Paris, le 30 août 1914. A Monsieur le Ministre de la Guerre,

« Monsieur le Ministre,

« Ayant été nommé, par décret de Monsieur le Président de la République du 26 août 1914, Gouverneur militaire de Paris et commandant des armées de Paris, j'ai pris mes fonctions le jour même.

«Vu que les événements paraissent vouloir se précipiter et que la situation pourrait devenir critique avant peu, je me dois à moi-même de vous faire connaître les conditions exactes du Camp retranché au moment de ma prise de pouvoir il y a 3 jours. J'ajoute immédiatement que, par là, je n'entends nullement me soustraire à ma responsabilité que je sais très lourde. Je ferai mon devoir, tout mon devoir, jusqu'au bout, mais il était nécessaire que cette situation fût précisée maintenant ; la voici :

« Garnison. — A ce moment-là, la garnison comportait :

« 1°

Quatre divisions et une brigade territoriales ;

« La 83 e occupe Paris intra-muros (enceinte des anciens forts) ; f]

« La 86 e occupe la région Nord (Q. G. Pierrefitte);

« La 85 e occupe la région Est (Q. G. Villiers-sur- Marne) ;

« La 89 e occupe la région Sud (Q. G. Versailles);

« La 185 e brigade occupe l'intervalle S. 0. (Q. G. Choisy-le-Roi).

« Chaque division dispose de deux escadrons de cavalerie et d'un groupe de batteries.

« Toutes ces troupes, employées surtout jusqu'à ce jour comme travailleurs, sont à peu près sans instruction. La plupart des unités n'ont pas encore tiré à la cible. |g

 «2°

10 escadrons de cavalerie en dehors des divisions.

«3°

6 groupes de batteries de sortie. Plusieurs batteries manquent encore des harnachements nécessaires pour les attelages. Ces troupes occupent des cantonnements relativement étendus, choisis surtout en vue des conditions hygiéniques et de manière à faciliter l'instruction des unités. Le service de garde y est réduit au cerclage des cantonnements.

« Il y a en outre, à Paris, les dépôts des régiments de cavalerie et d'artillerie qui se mobilisent dans le gouvernement militaire de Paris, et les dépôts du train des zouaves.

« Enfin 5.000 fusiliers marins ont été amenés pour renforcer les forces de police. Ils ne comptent pas jusqu'à présent pour la défense de Paris.

« Armement. — Le nombre de pièces est de 2.924 dont :

« 148 affectées aux équipages de siège;

« 72 aux batteries de sortie ;

« 908 à l'armement disponible.

« Les mitrailleuses sont au nombre de 276, dont 240 dans les corps et 36 en réserve d'armement. 144 sont en outre affectées à la défense fixe.

« Il existe un déficit de 77 mitrailleuses.

« Les armes portatives comportent :

« 50.553 fusils modèle. 1886 ;

« 36.059 fusils modèle. 1874 ;

« 6.582 carabines ou mousquetons ;

« 1.456 revolvers.

« Les munitions sont à peu près au complet comme nombre. Une dotation au titre des équipages de siège pourra venir en renforcement.

« Il y a quelques déficits sur les poudres et sur les fusées de diverses espèces. Les batteries, magasins à projectiles, etc. sont en construction. Mais leur état d'avancement est en retard sur les prévisions du journal de mobilisation.

« L'armement des batteries est rendu très difficile en raison de la pénurie presque complète des voies de 0,60. On s'occupe d'en réquisitionner les éléments disponibles dans divers endroits et d'en faire fabriquer de neufs ; mais il existe un gros déficit de ce côté. Beaucoup de batteries sont mal placées et insuffisamment protégées. Les communications téléphoniques n'existent pas.

« Travaux du génie. — Les travaux du génie sont en retard sur les prévisions du journal de mobilisation. On a opéré par marches conclus selon les formes du temps de paix ; les ouvriers manquent, quittent les chantiers pour aller ailleurs, etc., le travail n'avance pas. Le retard est surtout marqué dans le secteur Est.

 « Approvisionnement. — Les approvisionnements de siège se rassemblent à peu près suivant les prévisions du journal de mobilisation. Mais les transports de ces approvisionnements sont assez difficiles par suite des difficultés de se procurer du matériel roulant par les moyens ordinaires ou la réquisition. Il serait nécessaire de constituer des équipages de transport. De ce chef, certaines gares sont encombrées.

« L'approvisionnement des troupes en vivres est satisfaisant. Mais les ressources en habillement manquent. Des commandes importantes ont été faites. Les livraisons ont commencé. Elles deviendront abondantes vers le 31 août, où 30.000 collections environ seront disponibles.

« En résumé, les seules troupes dont nous disposons sont des troupes territoriales, elles n'ont encore ni instruction, ni cohésion. De plus, elles sont insuffisantes. On peut donc dire qu'à l'heure qu'il est les secteurs ne sont pas défendus et ne peuvent pas l'être.

« Les ouvrages de fortification sont loin d'être achevés. De plus, un bon nombre sont mal placés et en avant des centres de résistance. Il est trop tard pour remédier à cette situation. Les pièces ne seront prêtes à tirer que dans 5 ou 6 jours, et encore dans de très mauvaises conditions, puisqu'il n'existe ni planchettes de tir, ni les communications téléphoniques nécessaires. Enfin le matériel est ancien, démodé et les projectiles, pour la très grande majorité, en poudre noire. Les canonniers territoriaux sont sans instruction et peu préparés à leur rôle.

« J'ajouterai que toutes les mesures ont été prises pour remédier dans la mesure du possible à cette situation précaire qui ne pourra que s'améliorer si nous avons du temps devant nous, temps que j'évalue, pour les ouvrages et les batteries, à une quinzaine de jours au moins.

« En résumé, ce serait s'illusionner gravement que de croire que le Camp retranché de Paris serait capable actuellement de présenter une résistance sérieuse si l'ennemi se présentait d'ici peu de jours devant la ligne de nos forts extérieurs. J'ajoute d'ailleurs qu'il faudrait au moins 3 ou 4 corps d'armée de l'active pour faire une défense efficace qui pourrait être de grand secours pour le gros de notre armée.

« Signé : Gallieni. » (3)

La journée du 30 août fut une journée grave. Le matin, je suis convoqué de bonne heure par M. Millerand qui m'annonce que la situation devient mauvaise et que les Allemands s'approchent rapidement de Paris. Il me demande mon avis sur le moment auquel le gouvernement devra quitter Paris. Je lui demande à téléphoner avant tout au général Joffre. Celui-ci me dit que la situation, en effet, n'est pas bonne, que la 5 e armée a progressé hier, après avoir attaqué vigoureusement l'ennemi, mais que les Anglais n'ont pas bougé. Aujourd'hui, au contraire, ils attaquent à leur tour, mais ces actions décousues ne peuvent ralentir la poursuite de l'aile droite allemande. Je lui rends compte de la situation du Camp retranché qui n'est pas préparé à recevoir une attaque d'une certaine importance et de la nécessité de constituer une armée suffisamment forte pour pouvoir livrer bataille en avant de Paris, en même temps qu'on poussera avec la dernière urgence les travaux de défense sur tous les fronts. Il me répond qu'il ne peut me donner que 3 corps d'armée, et encore pas complets, et composés en grande partie de divisions de réserve. J'ai l'impression qu'il considère Paris comme sacrifié et qu'il ne veut pas se démunir des forces composant ses armées, poursuivies depuis la Belgique et la Meuse. (3)

Dans l'après-midi, je commence mes inspections dans le Camp retranché, accompagné du général Mercier-Milon, commandant la région Nord, aujourd'hui la plus menacée par l'ennemi ; je m'arrête d'abord à Pierrefitte, quartier général du général Meynial, commandant la division territoriale, auquel je donne mes instructions au sujet des travaux, de l'instruction intensive de tous et des mesures de surveillance à prendre contre l'ennemi. Je visite ensuite les forts de Saint-Denis et d'Ecouen. Partout, on travaille activement : on retire les pièces des casemates pour les diriger vers les batteries extérieures, on dégage les abords des ouvrages, on transporte les munitions. Tous les habitants des localités voisines, même les plus âgés et les moins aptes à ces travaux, sont réquisitionnés et manient la pioche et la hache- Mais nous sommes bien en retard. (3)

Je réunis à nouveau les chefs de services du Camp retranché pour les mettre au courant de la situation de plus en plus grave, et leur demander de hâter encore, en prenant les mesures les plus énergiques, les travaux dont ils sont chargés. Je suis convoqué à 3 heures à l'Elysée. Je suis reçu de suite par le Président. Il est toujours aussi froid et aussi réservé, mais il semble très préoccupé, inquiet même. Il me demande combien de temps Paris peut tenir et, à mon avis, à quel moment le gouvernement doit quitter la capitale. Je réponds, comme au ministre de la Guerre, que ]e Camp retranché, ayant été complètement négligé depuis le premier jour de la mobilisation, n'est nullement préparé à recevoir le choc d'un ennemi entreprenant, que les batteries ne sont pas armées, que les munitions ne sont pas en place, que les ouvrages d'infanterie sont à peine commencés, que le ravitaillement et les approvisionnements ne sont pas au taux fixé par le journal de mobilisation, que les troupes territoriales composant la garnison sont en nombre insuffisant et sans instruction militaire sérieuse; bref, que Paris n'est nullement préparé à soutenir un siège et qu'il est indispensable, ainsi que je l'ai déjà demandé plusieurs fois, de mettre à ma disposition une armée composée de troupes actives, peur livrer bataille en dehors des limites du camp retranché. De toute manière, le Gouvernement devait se tenir prêt à quitter Paris le plus tôt possible. (4)

Dans Paris, malgré le ton des communiqués toujours si optimistes, l'émotion commençait à se répandre. Les Invalides étaient assiégés par une foule de personnes demandant des laissez-passer pour partir. De longues queues de voyageurs se pressaient aux guichets des gares pour retenir leurs places. Les Compagnies, afin de pouvoir satisfaire aux demandes des voyageurs, se contentaient de faire des trains militaires avec une seule classe. C'est ainsi qu'il partit près de cinq cent mille personnes en moins d'une semaine. Ce qui contribua encore à augmenter le malaise dans la capitale, ce fut la venue des avions allemands. Le Grand Quartier Général avait jugé à propos d'enlever au Camp retranché les 2 escadrilles d'avions militaires qui y avaient été constituées, de sorte que les « tauben » avaient le champ libre pour leurs entreprises. Plusieurs bombes? furent lancées, tuant deux personnes. (3)


Le 30 août 1914 dans la journée un avion allemand « Taube » passe et va jeter des bombes sur Paris. Le soir nous apprenons le combat de Guise, ce qui donne beaucoup de lueur d’espoir, mais de courte durée. Il est facile de constater que les allemands avancent rapidement. (8)

Dès le 30 août 1914, un Taube (avion monoplan allemand) survole Paris, largue quatre bombes – qui ne feront ni mort ni blessé -, déverse de nombreux tracts et une oriflamme aux couleurs allemandes. (9)

La nuit, Paris a déjà pris l'aspect d'une ville en état de guerre. L'éclairage est réduit partout et, seuls, les projecteurs de la Tour Eiffel et des postes de l'enceinte percent l'obscurité au-dessus de la ville. (3)

Le lundi 31 août 1914 les allemands sont signalés à Roye et Noyon

Le 31 août 1914, les allemands sont du côté de Beauvais, Clermont, Compiègne et Villers-Cotterêts. La défense française s’organise autour de Creil et Pontoise. L’armée commandée par le général Maunoury se concentre sur cette position et les batteries d’artillerie de la zone fortifiée de Paris s’apprêtent à entrer en action. (7)

Le 31 août, à 7 heures du matin, je vais prendre le ministre de la Guerre et, accompagnés par les commandants du génie et de l'artillerie du Camp retranché et par les commandants des régions et de divisions territoriales qui les occupent, nous allons visiter la région nord, la plus menacée, les forts de Vaujours et d'Ecouen ainsi que les nombreux ouvrages, batteries, tranchées d'infanterie, qui garnissent les intervalles. On travaille partout avec la plus grande activité, mais ce n'est pas suffisant. Il faut se hâter encore, et c'est ce que tout le monde comprend, officiers, soldats et même les travailleurs civils réquisitionnés qui creusent la terre, abattent les arbres qui gênent la vue, posent les fils de fer, etc. Je donne sur place toutes les instructions pour augmenter encore le nombre des travailleurs et utiliser toutes les ressources comme moyens de transport, y compris les taxi-autos réquisitionnés. Il faut que nos batteries soient prêtes à tirer dans deux jours et qu'elles possèdent déjà un approvisionnement de munitions suffisant pour faire face à un tir d'une centaine de coups par pièce. On ne se doutera jamais de l'énorme effort qui aura été donné pendant ces quelques jours par tous sous la menace de l'approche des Allemands. (3)

Les convois de l'armée anglaise commençaient à se montrer sur la Basse Seine et le général Maunoury, avec la 6e armée, tenait le front Chaumont-en-Vexin-Compiègne. Et déjà, on commence à voir refluer vers Paris de nombreux convois de réfugiés ! (3)

L’avancée allemande

Le coup de boutoir de Guise paraît avoir désorienté le Haut Commandement allemand.

L'extrême droite, l'armée von Klück qui, jusqu'au 30 août 1914, marchait à grandes journées vers le sud-est, vers Paris, et était arrivée sur la ligne Amiens-Moreuil-Hangest en Santerre-Roye, fait un crochet, le 31 août 1914, et se dirige sur Compiègne et Meaux.

javascript:;L'affaire de Guise a prouvé qu'il ne saurait encore être question d'enlever Paris, mais qu'il faut, à tout prix, mettre hors de cause cette 5e armée française qui a eu assez de vigueur pour faire reculer la Garde. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914).

Le 31 août, les Allemands sont signalés à Roye et Noyon. (Bataille de Senlis)

lundi 31 août 1914 l'affolement grandit, le soir le 13e territorial vient cantonner à Senlis en provenance de Compiègne,

Le lundi 31 août 1914, je vais à la mairie me faire délivrer deux sauf-conduits pour ma mère et moi. Nous nous rendons à Pontoise à l’enterrement d’un oncle. Il y a foule à la mairie pour demander des laissez-passer. Le public commence à quitter Taverny. A Pontoise, je remarque que la population est encore plus affolée ; tous les visages sont graves et tristes. Des chaines sont tendues rue de Gisors, pour arrêter les automobilistes, on trouve des espions partout. Dans la rue Basse nous voyons des Anglais qui se replient. Les Pontoisiens leur donnent des provisions et de l’argent. La gare de Pontoise est pleine de malles et de paquets. Une foule affolée part précipitamment. Des trains de fortune sont formés, nous assistons à l’embarquement de ces pauvres gens dans des fourgons à bestiaux. Des réfugiés belges sont réexpédiés plus loin. Un officier voyant l’aspect de la gare s’écrie : « On se sauve ici, tas d’idiots ». (8)

Le 31 août 1914 en fin de journée un avion « Taube » passe et va jeter des bombes sur Paris

Le but de ce raid n’est pas de faire des victimes (les bombes ne font que deux kilos), mais participe de ce qu’on appelle la « guerre psychologique ». (9)

Le conclave est réuni à Rome dans la Chapelle Sixtine à partir du 31 août 1914 pour l’élection d’un nouveau pape.

Le 1er septembre, après avoir bousculé les forces anglaises à Compiègne, les allemands sont aux portes de Senlis occupant Pont-Sainte-Maxence, Verberie, Béthisy, et Crépy en Valois.

La 56e Division d'Infanterie en position aux alentours de Senlis est menacée d’encerclement. Elle se replie alors sur Pontarmé-Mortefontaine, laissant la défense de Senlis à la seule 112e brigade positionnée sur une ligne Chamant-Mont l’Évêque.

Lorsque la présence de l’ennemi fut signalée à une dizaine de kilomètres de Taverny, beaucoup d’habitants de cette commune et des localités avoisinantes quittèrent la région pour aller soit à Paris, soit ailleurs afin de fuir l’envahisseur et d’éviter les conséquences d’une invasion possible. Au début de septembre, à Taverny, rue de Vaucelles, il restait cinq hommes seulement non mobilisables. Le grand nombre d’habitations abandonnées, les propriétés et les cultures sans surveillance avaient besoin d’être protégées. La municipalité fit appel à la bonne volonté des hommes que l’âge ou les infirmités tenaient éloignés des champs de bataille et chaque nuit, d’après un roulement établi, ils allaient, pour la plupart armés, faire des rondes à travers le pays afin de s’assurer que les malfaiteurs ne mettaient pas à profit l’absence des habitants pour s’emparer des choses ou des biens laissés à leur discrétion. Il convient de dire que jamais les miliciens n’eurent l’occasion de faire respecter les propriétés. Plus tard, quelques régiments territoriaux vinrent cantonner à Taverny et Saint-Leu ; des postes furent placés aux croisements des routes et aux passages à niveau des voies ferrées. Les nuits furent alors troublées par des appels des sentinelles : « halte-là - Qui vive ? ». Piétons et voitures étaient arrêtés et devaient, avant de poursuivre leur route, donner des explications satisfaisantes. On était en guerre ; la crainte des espions échauffait le cerveau de quelques exaltés qui en voyaient partout ; des précautions indispensables étaient nécessaires. L’état de siège était alors appliqué dans toute sa rigueur. (7)   

Le 1er septembre, je prends contact avec les troupes qui se rabattent sur Paris et qui, placées sous mes ordres directs, sont destinées à en former la garnison. Avant tout, il fallait étudier le terrain qui, au nord de Paris, pouvait servir de champ de bataille éventuel contre l'armée du général von Kluck, la 1ère armée, qui s'avançait, à marches forcées, vers la capitale. Accompagné du général Clergerie, mon chef d'Etat-major, du commandant Moreigne, chef de mon 3 e bureau, je me rends sur le massif de l'Hautil, longue croupe qui s'étend entre l'Oise et la Seine et constitue le réduit de la défense dans cette région. Après avoir exploré tout le massif, je me rends à Pontoise, déjà encombré par des détachements de toutes armes, circulant en désordre sur les routes, souvent sans chefs et sans liens tactiques. J'arrête ainsi un groupe d'hommes et je les interroge. Ils étaient dans les environs d'Arras, d'où, pour échapper à la poursuite de l'ennemi, ils s'étaient dirigés vers Paris, sans savoir où étaient leurs régiments et la division de réserve à laquelle ils appartenaient. Ce n'est qu'en approchant de Beauvais qu'ils avaient appris qu'il fallait se diriger sur Pontoise. (3)

Notre automobile s'engage d'abord sur la rive droite de l'Oise, mais, les uhlans étant signalés de ce côté, nous repassons sur la rive gauche. La plus grande émotion règne dans le pays. Nous rencontrons de nombreuses voitures portant des hommes, surtout des enfants et des femmes, avec des objets mobiliers, matelas, berceaux; des groupes de paysans poussent devant eux quelques bestiaux, tous portent sur le visage les signes de la terreur et du désespoir. On fuit devant l'invasion, devant les colonnes allemandes qui ont donné à la guerre ce caractère d'horreur et de cruauté que la postérité reprochera toujours à nos ennemis. (3)

Je trouve le général Maunoury à son quartier général, à la mairie de Creil. La ville est encombrée et tous les locaux de la mairie sont, comme à Pontoise, envahis par une foule de militaires et d'habitants qui gênent la circulation et nuisent au bon fonctionnement du service d'Etat-major.  Le désordre le plus complet règne partout : les escaliers sont encombrés, non seulement par les soldats de toutes armes, venus aux renseignements, mais encore par un nombreux public, que l'affolement a saisi et qui se prépare déjà à fuir Pontoise et l'ennemi qui approche. C'est moi qui dois donner l'ordre aux gendarmes de faire évacuer les escaliers et les locaux où se sont installés les bureaux de l’Etat-major. (3)

Je rentre rapidement à Paris, et me rends de suite chez le ministre de la Guerre. Celui-ci m'informe que le Gouvernement a décidé de quitter Paris le 2 septembre, me laissant tous les pouvoirs civils et militaires. Je lui demande s'il ne reste pas au moins un membre du Gouvernement. Je resterai seul, ayant pour collaborateurs le préfet de la Seine et le préfet de police, M. Laurent, qui venait de remplacer M. Hennion, démissionnaire pour raisons de santé. (3)

De suite après, je me mets en relations téléphoniques avec le général Joffre : il me confirme que nos armées battent en retraite devant les Allemands et que son aile gauche, 5 e armée, est menacée d'être débordée par suite de l'inaction des Anglais qui a ne veulent pas marcher ». Je lui rends compte encore une fois de l'état précaire du Camp retranché, qui va être découvert par suite du mouvement de retraite des Anglais. Il me dit qu'il met à ma disposition la 6 e armée (4 divisions de réserve, 1 division du 7 e corps et une brigade marocaine), plus, sur la demande du Conseil des Ministres, la 45 e division algérienne et le 4 e corps qui vient de Verdun et commencera à débarquer le 3 septembre dans le sud du Camp retranché. J'insiste encore sur la nécessité de nous donner les forces suffisantes pour couvrir défendre Paris. Le général Joffre me répond que, très pressé lui-même sur tout son front, il ne peut faire plus. (3)

Le mardi 1er septembre 1914, la moisson est faite pratiquement sans chevaux (réquisitionnés)

Le 1er septembre, après avoir bousculé les forces anglaises à Compiègne, ils sont aux portes de Senlis occupant Pont-Sainte-Maxence, Verberie, Béthisy, et Crépy en Valois.

La 56e Division d'Infanterie en position aux alentours de Senlis est menacée d’encerclement. Elle se replie alors sur Pontarmé-Mortefontaine, laissant la défense de Senlis à la seule 112e brigade positionnée sur une ligne Chamant -Mont l’Évêque. (Bataille de Senlis)

Mardi 1er septembre 1914 une patrouille d’Uhlans a été vue à Fleurines, le canon fait rage jour et nuit,

Mardi 1er septembre 1914 après avoir bousculé les forces anglaises à Compiègne, ils sont aux portes de Senlis occupant Pont-Sainte-Maxence, Verberie, Béthisy et Crépy en Valois,

La 56e division d'infanterie en position aux alentours de Senlis est menacée d'encerclement, elle se replie alors sur Pontarmé-Mortefontaine, laissant la défense de Senlis à la 112e brigade positionnée sur la ligne Chamant-Mont l'évêque.

Le mardi 1er septembre 1914 la VIe Armée Française prend position entre l’Oise et la Nonette. Pour couvrir le nœud ferroviaire de Pontoise, les 61e et 62e division de réserve s’y établissent et la ville connaît bientôt une confusion étonnante. Les Pontoisiens partent en exode. (4)

En passant devant la gare, je constate que le quai est noir de monde. Tous ces fugitifs sont chargés de paquets. (8)

Le 1er septembre 1914 en fin de journée encore un « Taube » passe et va jeter des bombes sur Paris

D’autres rares incursions aériennes auront lieu au-dessus de la capitale jusqu’en juillet 1915, elles ne feront pas de gros dégâts (les avions ne disposent pas encore d’appareil de visée), leur objectif consiste avant tout à démoraliser « l’arrière ». (9)

Joffre, dès le 1e septembre 1914, dans son Instruction générale, il dessine le cadre de la situation stratégique dans laquelle il compte, bon gré malgré, et quoi qu'il arrive, enfermer l'adversaire.

Avant tout, un cruel sacrifice s'impose : l'abandon délibéré à l'invasion d'une large zone du territoire national. Il faut, en effet, soustraire l'aile gauche de la 5e armée à l'enveloppement dont Klück la menace et reconquérir sa liberté de manœuvre en gagnant du champ.

On reculera donc on pivotera à droite sur le point fixe de Verdun et, par une vaste conversion, nos armées seront amenées, s'il le faut, jusque sur la ligne Pont sur Yonne-Nogent sur Seine-Arcis sur Aube-Bar le Duc, ligne sur laquelle les envois des dépôts et des arsenaux permettront la préparation d'une offensive décisive.

Qui ne voit le piège ?

Tout pas en avant va mettre l'ennemi dans une situation stratégique défavorable. S'il veut attaquer les grands camps retranchés de Paris et de Verdun qui appuient les ailes de la ligne française, il affaiblit son centre et l'expose à une attaque de rupture. S'il néglige ces camps retranchés pour attaquer la ligne française, il expose ses flancs à une double manœuvre enveloppante préparée à l'abri des forteresses

Trois dispositions rendent possible l'exécution de ce plan

1*  Verdun reçoit une garnison qui lui permettra de soutenir un siège;

2* Une 9e armée est créée, formée d'éléments puisés dans la 4e armée (9e et 11e Corps, 52e et 60e divisions réserve, 9e division de cavalerie) et dans la 3e armée (42e division)

Le général Foch la commandera et viendra l'intercaler entre les 4e et 5e armées, pour fortifier notre centre

3* Joffre demande et obtient que le camp retranché de Paris soit placé sous son commandement afin que l'unité de direction soit assurée sur ce point décisif.

Paris n'est pas encore en état de se défendre, mais on y travaille avec ardeur. Des milliers de travailleurs s'emploient à creuser des tranchées, à construire des épaulements, à créneler des murs. La garnison, nombreuse, est à pied d’œuvre ou va y être.

Ce sont les 83e, 85e, 86e, 89e, 92e divisions territoriales,  la 185e brigade territoriale, la brigade de cavalerie Gillet, les fusiliers marins venus des ports, la 45e division arrivée d'Algérie.

La 6e armée du général Maunoury y est appelée d'Amiens et doit être renforcée. Cette armée comprend pour le moment le 7e Corps et le groupe de Lamaze (une division active et trois divisions de réserve) et le Corps de cavalerie Sordet. Le groupe Ébener (61e, 62e divisions, de réserve) se reconstitue près de Pontoise. Mais, il y a homme à Paris un homme, une énergie, une flamme : c'est Gallieni (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)


 

Le 2 septembre 1914, les allemands occupent Chantilly, Senlis et Ermenonville ; une patrouille allemande se présente devant le pont de Creil. (7)

mercredi 2 septembre 1914 le canon fait rage, les allemands sont proches, à 14heures, arrivée des allemands dans Senlis par la route en provenance de Compiègne, premiers morts (obus) Accrochage dans Senlis avec la brigade Marocaine qui couvre l’arrière de l’Armée Française (55eDI & 56eDI + 361e RI) INCENDIE de la moitié de la ville de Senlis et prise en otage de 6 personnes ainsi que le maire monsieur Odent, ils seront exécutés dans la soirée à Chamant, (les pieds du maire sortent de la tombe creusée rapidement)

Le 2 septembre, les Allemands investissent Senlis après trois jours de combats acharnés et se livrent à des incendies et à des exécutions d’otages. Ils sont désormais à 40 kilomètres du centre de Paris (5)

Le 2 septembre 1914 un long convoi d’automobiles d »file. Nous voyons des autos de commerce, des camions et des autobus à étage. D’après les inscriptions, nous constatons que ces automobiles viennent du nord de la France. Le soir des Dragons font boire leurs chevaux à la fontaine en face de chez moi et sont heureux de nous faire voir des balles prussiennes. Un cheval est blessé d’un coup de lance à la tête. Ces cavaliers reviennent de Belgique. (7)

Nord de Paris, 2 septembre 1914 :

 « …Tous les habitants quittent leur pays pour échapper aux troupes allemandes. C’est un spectacle vraiment touchant de voir tous ces pauvres gens, vieillards se traînant péniblement, jeunes mères portant leurs enfants dans les bras ou les traînant dans une voiture sous une chaleur caniculaire.

Les vieux territoriaux organisent la défense de Paris ; des champs de poiriers tout entiers sont abattus pour faire un bouclier à nos fantassins.

On devine qu’on a l’intention d’arrêter l’invasion par là. »

Le 2 septembre 1914 l’affolement est à son comble à Taverny. La population diminue à vue d’œil. Il est vrai que  depuis quelques jours des émigrés défilent sans cesse. Toute la journée la journée la rue est pleine de voitures chargées de meubles et d’effets. Des femmes poussent des voitures d’enfant, non seulement chargées de leur progéniture, mais d’objets de première nécessité. Des hommes portent de lourds paquets. Des pauvres petits enfants pleurent et traînent la jambe. Je remarque que parmi ces voitures, camions, brouettes etc., il y avait beaucoup d’oiseaux dans les cages, des chiens, des chats et même des fleurs. Le spectacle est vraiment triste. La plupart de ses malheureux sont du département de l’Oise. Des semeurs  de panique passent et racontent des choses invraisemblables. Ces gens ont vu des prussiens partout à Creil, à Beaumont, à l’Isle-Adam et Auvers. Un commerçant de l’Isle-Adam vient en automobile annoncer que les Uhlans sont à Beaumont. (7)

Pour la quatrième fois, Paris est bombardé par un taube. (8)

La bataille de Senlis, dans l'Oise, qui eut lieu le 2 septembre 1914, est une bataille charnière entre la Grande Retraite et la première bataille de la Marne. Cette bataille, qui eu lieu aux portes de l’Île-de-France est indicatrice de la sauvagerie et des crimes de guerre qui eurent cours lors de cette Première Guerre mondiale et qui est très peu connue

Le 2 septembre au matin un combat d’artillerie a lieu entre les batteries françaises, placées sur les hauteurs au nord-est de Senlis, et les batteries du IVe corps allemand positionnées sur les hauteurs de Montépilloy, évacuées par les troupes anglaises.

En fin de matinée, sous le feu de l’ennemi, une partie de la 112e brigade se replie sur une ligne de défense comprenant 2 lignes de tranchées située au Sud de Senlis de part et d’autre de la Route nationale, un peu au Sud de l'hôpital.

En fin d’après-midi les dernières troupes françaises, qui ont repoussées plusieurs assauts, quittent Senlis en combattant suivies de près par l’avant-garde allemande. Celle-ci est accueillit par un feu nourrit du 350e Régiment d'Infanterie qui tient les tranchées au Sud de l'hôpital et est obligée de se retirer précipitamment.

Les Allemands surpris et enragés d’avoir eu affaire à forte partie, prennent des otages dont le maire.

Après avoir réuni une forte troupe, les envahisseurs sortent de Senlis, poussant devant eux un groupe d’otages civils français. Plusieurs otages ayant été touchés, les troupes françaises cessent alors de tirer, avant qu’un combat acharné commence. Les Français résistent courageusement, repoussent l’assaut et commencent un mouvement de repli faute de munitions.

Toutefois ce sont les Allemands qui sont obligés de reculer dans la ville après une contre-attaque du 350e Régiment d'Infanterie laissé en couverture.

Le 350e Régiment d'Infanterie, ayant accompli sa mission de couverture, se retire du front Senlis -Borest et s’installe dans la région de Dammartin en Goele.

Le 2 septembre 1914, en début d’après-midi, une mission de reconnaissance est réclamée d’urgence par le général Gallieni, Louis est abordé par le lieutenant Watteau qui cherche un pilote pour l’accompagner. Son avion est prêt ; il fait démonter la mitrailleuse trop lourde et embarque son observateur avec un fusil mousqueton pour toute arme. Louis fixe une carte sur son genou et trace l’itinéraire à suivre : forêt de Compiègne par Dammartin, Crépy-en-Valois, et retour par Villers-Cotterets et Meaux.

Décollage de Villacoublay et montée à 1200 mètres pour éviter le tir des mitrailleuses ennemies.

Louis raconte cette journée dans une lettre à son frère: « … En approchant de Meaux, nous apercevons se profilant dans le ciel, un biplan qui se dirige sur nous à notre hauteur. Est-ce un ennemi ? Je pique sur lui ; lorsqu’il est plus près, je constate qu’il s’agit d’un biplan à moteur avant. Les anglais en possèdent et je suppose que c’est un Bristol de l’armée britannique.

Arrivé à proximité, son équipage nous fait de grands signes de bras auxquels nous nous disposons à répondre également ; nous nous croisons de très près. Soudain, nous distinguons la croix noire peinte sur le flanc du fuselage.

Watteau saisit son mousqueton, l’épaule ; j’amorce un virage pour me lancer à la poursuite de l’ennemi ; mais il est déjà loin et fuit vers le Nord sans aucune velléité de combat.

C’était un Albatros qui venait de jeter deux bombes sur Paris.

Conformément aux ordres formels reçus au départ, nous n’engageons pas la poursuite, et nous rejoignons Villacoublay où un officier d’ordonnance du Général Gallieni, le capitaine Magnin, nous attend avec impatience…

Au sud de la forêt de Compiègne ils aperçoivent un nuage de poussière provoqué par les troupes allemandes qui font route vers l’Est, et semblent contourner Paris.

Cette reconnaissance historique qui provoque la réaction géniale de Gallieni : il réquisitionne les taxis parisiens qui, durant la nuit, transportent toutes les troupes disponibles pour attaquer par surprise le flanc de l’armée Von Klück et gagner la victoire de la Marne.

Louis reçoit les félicitations du gouverneur militaire de Paris et sera ultérieurement décoré de la Croix de Guerre.

La bataille de Senlis, dans l'Oise, qui eut lieu le 2 septembre 1914, est une bataille charnière entre la Grande Retraite et la première bataille de la Marne. Cette bataille, qui eu lieu aux portes de l’Île-de-France est indicatrice de la sauvagerie et des crimes de guerre qui eurent cours lors de cette Première Guerre mondiale et qui est très peu connue.

Lors de la bataille des Frontières, les troupes allemandes bousculent et désorganisent les troupes franco-anglaises qui sont contraintes de reculer. La Grande Retraite commence. Les troupes allemandes qui poursuivent les troupes alliées arrivent aux abords de Paris. (Bataille de Senlis)

Le 2 septembre au matin un combat d’artillerie a lieu entre les batteries françaises, placées sur les hauteurs au nord-est de Senlis, et les batteries du IVe corps allemand positionnées sur les hauteurs de Montépilloy, évacuées par les troupes anglaises.

En fin de matinée, sous le feu de l’ennemi, une partie de la 112e brigade se replie sur une ligne de défense comprenant 2 lignes de tranchées située au Sud de Senlis de part et d’autre de la Route nationale, un peu au Sud de l'hôpital.

En fin d’après-midi les dernières troupes françaises, qui ont repoussées plusieurs assauts, quittent Senlis en combattant suivies de près par l’avant-garde allemande. Celle-ci est accueillit par un feu nourrit du 350e Régiment d'Infanterie qui tient les tranchées au Sud de l'hôpital et est obligée de se retirer précipitamment.

Les Allemands surpris et enragés d’avoir eu affaire à forte partie, prennent des otages dont le maire.

Après avoir réuni une forte troupe, les envahisseurs sortent de Senlis, poussant devant eux un groupe d’otages civils français. Plusieurs otages ayant été touchés, les troupes françaises cessent alors de tirer, avant qu’un combat acharné commence. Les Français résistent courageusement, repoussent l’assaut et commencent un mouvement de repli faute de munitions.

Toutefois ce sont les Allemands qui sont obligés de reculer dans la ville après une contre-attaque du 350e Régiment d'Infanterie laissé en couverture.

Le 350e Régiment d'Infanterie, ayant accompli sa mission de couverture, se retire du front Senlis -Borest et s’installe dans la région de Dammartin-en-Goële. (Bataille de Senlis)

Le 2 septembre au soir, Senlis est aux mains de l’ennemi qui l’incendie. (Bataille de Senlis)

cartes

Les crimes de guerre et les boucliers humains

Les Boucliers de la Nationale 17 Messieurs Minouflet, Léon Audibert (chaudronnier), Georges Leymarie (19ans mécanicien dentiste), Jules Levasseur (22 ans, manouvrier) furent pris comme otage.

Les allemands arrivés à la limite de la ville, donnent l’ordre aux 4 otages de prendre le « pas de gymnastique » jusqu'à l'hôpital au milieu de la route.

Georges Leymarie tomba mortellement frappé par une balle française dans l’aine et Monsieur Minouflet, recevait une balle française dans le genou. Jules Levasseur aidé de Monsieur Minouflet, blessé, tirèrent le cadavre de Georges Leymarie afin qu’il ne soit pas piétiné sur la route par les troupes ennemies. Jules Levasseur atteint d’une balle française expira près du corps de Georges Leymarie. Léon Audibert s’était couché sur le trottoir pour échapper aux balles. Après une demi-heure de combat, celui-ci cessa. Un officier allemand s’avança et tira dans l’épaule de Léon Audibert, qui ne poussa pas une plainte. L’assassin le croyant mort, il se dirigea sur Monsieur Minouflet et lui tira un coup de revolver à bout portant, également dans l’épaule puis s'en alla froidement.

Les Boucliers humains de l’hôpital

Messieurs V.Painchaux (rentier), Maurice (employé de la Sous-Préfecture), Dupuy (caissier), Chastaing (membre de la Croix Rouge), Mesdames Painchaux (femme de Monsieur V Painchaux), la Concierge de Saint-Vincent avec sa petite fille âgée de 5 ans sont également pris comme otages après les précédents.

Un officier allemand déclara à ce groupe de sept personnes qu'on ne les fusillerait pas, mais que se seraient les français qui s’en chargeront. Il fit aligner les otages sur un rang et leur ordonna de marcher devant sa troupe.

Les allemands arrivés à la limite de la ville, se trouvent exposés au feu français. Ils rasent les maisons tout en ordonnant aux otages de garder le milieu de la chaussée et de continuer d'avancer. Après 400 mètres à découvert, la petite fille qui est légèrement blessée à la jambe trouve refuge à l’hôpital.

Les soldats français s’apercevant que les allemands s'étaient fait précéder des habitants, arrêtent le feu. Les 5 autres otages marchèrent alors sur l'accotement à l'abri des peupliers. Monsieur Painchaux fut atteint dans les reins par une balle allemande mais réussi comme les autres otages à gagner les lignes françaises ou il fut soigné.

Les incendies volontaires

Plus d’une centaine de maisons ont été incendiées volontairement par les allemands, en particulier après les durs combats autour de l’hôpital, ensevelissant sous leur maison incendiée Jules Barblu, 52 ans, charretier, et Mme Barblu, née Louise Maquin, 46 ans.

Les exécutions sommaires

Après s’être servi de civils comme bouclier humain, le 2 septembre, les Allemands exécutèrent 7 otages prétendant que des civils avaient tiré sur leurs troupes :

Romuald-Emile Aubert, 52 ans, ouvrier mégissier.

Jean-Stanislas Barbier, 66 ans, charretier

Arthur-Lucien Cottereau, 17 ans, plongeur.

Pierre Dewert, 45 ans, chauffeur.

Gabriel Mégret, 52 ans, exploitant d’un établissement de bains, est fusillé sans motif et sans jugement dans l'escalier de sa maison rue Vieille-de-Paris, en du Petit Quartier de cavalerie.

Eugène Odent, 59 ans, maire de Senlis

Jean-Baptiste Pommier, 67 ans, mitron.

Arthur Rigault, 61 ans, tailleur de pierres

Louis Simon, 36 ans, cafetier, est fusillé sans motif et sans jugement contre le mur en face de son débit situé place Saint-Martin, à l'angle des rues de la République et Vieille-de-Paris.

Suite et conséquences

Les forces françaises, inférieures en nombre et en matériel, ont démontré leur ténacité. Sur le plan militaire, l’armée française reflue toujours en bon ordre mais n’arrive pas à endiguer le flot de l’invasion de l’armée allemande, qui poursuit inlassablement sa route vers Paris.

Environ quatre semaines après avoir éclaté, la Première Guerre mondiale atteint le nord de l'Île-de-France le 1er septembre 1914. Au soir du 2 septembre, tout le monde s'attend à ce que l'armée allemande s'empare de Paris dès le lendemain. Le 3 septembre, l'avant-garde des colonnes s'étant dirigé vers Chantilly arrive à Luzarches; heureusement, il n'y a point d'actions de combat ; l'ennemi ayant apparemment changé de stratégie et ne continue pas sa marche sur Paris. C'est le point le plus avancé vers le sud que l'armée allemande atteint, avec Survilliers.

Une stèle commémore cet événement Le début de la Guerre de 1914 est marqué par la mort de De Saint-Genys, maréchal des logis, en reconnaissance, abattu par une patrouille allemande. Luzarches marque le point d’arrêt des troupes allemandes, le 3 septembre 1914. (LUZARCHES De la Première Guerre mondiale à aujourd'hui)

Le 2 septembre au soir, Senlis est aux mains de l’ennemi qui l’incendie 


 

Avec les Marocains de Poeymirau et de Juin, le 2 septembre 1914

Quittant Senlis, la 12e compagnie de chasseurs indigènes du régiment Poeymirau cantonne, le 2 septembre au soir, au Mesnil-Amelot, Q. G. du 5e groupe de division de réserve, commandé par le général de Lamaze. Le lendemain, le peloton du lieutenant Juin s'établit en grande-garde à l'est de Dammartin : " La grande plaine débouchant de Crépy-en-Valois et de Nanteuil-le-Haudoin, note le futur maréchal dans ses souvenirs, est recouverte d'un nuage de poussière se déplaçant vers le sud-est, indice d'un vaste mouvement de troupes dans cette direction. Il apparaissait nettement que, cette fois, l'aile droite allemande délaissait visiblement Paris (….). Je contemplais le spectacle qui se déroulait devant mes yeux quand arrivèrent des autos d'où sortirent quelques généraux. Je reconnus l'un d'eux, c'était Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Je le vis discuter longuement, puis, silencieusement, examiner l'horizon, cartes en main, toujours froid et concentré derrière soit binocle. J'eus l'impression qu'une grave décision s'élaborait. " (Le lieutenant Juin sera blessé le 6 septembre, près du bois de Penchard.)

Lorsqu’éclate la guerre de 1914, le maire de Saint-Leu M. Emile AIMOND, Sénateur depuis 1910, suit le Gouvernement et les Chambres à Bordeaux. Bientôt un grand nombre d’habitants, fuyant l’invasion, s’éloignent de Saint-Leu, M. Joseph LEBLOND, adjoint au maire reste cependant au poste. (1).

La nouvelle du départ du Gouvernement pour Bordeaux n’était rien de moins que rassurante, et on apprenait que, comme le Maire qui avait suivi le Sénat, dont il était membre, certains conseillers municipaux avaient quitté Saint-Leu avec leur famille, sans qu’il ait été jamais précisé s’il était parvenu, ou non, des instructions officielles pour l’évacuation de la population. (2)

La VIe Armée, dont le quartier général est maintenant à Ecouen, passe sous les ordres de Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Ses avant-postes s’établissent de Survilliers à Luzarches ; des territoriaux s’échelonnent entre Gonesse et Vaudherland; la  cavalerie s’arrête à Marines. (4)

Dans les premiers jours de septembre, le VIIe corps d’armée, commandé par le général PAU, ramené d’Alsace, débarquait à proximité de Beaumont-sur-Oise. Suivant une marche parallèle à celle de l’armée allemande qui avait atteint Senlis, il traversa Saint-Leu. Commencé avant le lever du jour, le défilé dura toute la matinée, terminé par le train des équipages, dont les conducteurs brandissaient fièrement quelques casques à pointe, par les voitures des pontonniers et par les autobus parisiens dont les vitres avaient été remplacées par de la toile métallique les transformant en d’immenses garde-manger roulants utilisés pour le ravitaillement en viande fraîche. (2)

Le mercredi 2 septembre 1914 l’armée fait sauter le pont de Boran-sur-Oise. (4)

« Le 2 septembre, je m'installe au nord d'Écouen, près du P. C. de l'armée. Mes reconnaissances montrent de façon évidente que le gros des Allemands a franchi l'Oise à Verberie et en amont, en direction du sud-est, mais, en fin de marche, leurs têtes de colonne sont orientées au sud, vers Paris. Le commandant D., qui connaît par le G. Q. G. la directive du 27 août dirigeant Kluck vers la basse Seine, refuse de me croire et m'ordonne d'explorer la zone à l'ouest de l'Oise (Mantes-Beauvais), où il est sûr que se trouvent les Allemands ... Le 3 au matin, en dépit de cette affirmation, renouvelée par le 2e bureau, je persiste à doubler les reconnaissances demandées par d'autres lancées vers l'est. La REP 15 me rend compte qu'une colonne allemande, venant de Senlis, arrive à Orry-la-Ville, mais la MF 16 me confirme que les colonnes de Kluck filent vers le sud-est et que les routes allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudoin et à l'est sont encombrées de troupes et de parcs. Il ne peut plus être question d'une attaque sérieuse sur Paris. Je saute en auto avec mes équipages chez D., qui, une fois de plus, se refuse à accorder foi à leurs témoignages. Même attitude du chef d'état-major ... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Mercredi 2 septembre 1914 une reconnaissance de l’aviation du camp Retranché de Paris sur avion Bréguet (équipage lieutenant Observateur WATTEAU et le pilote sergent Louis BREGUET) permet de distinguer une forte colonne d’infanterie allemande au nord de la forêt d’Ermenonville, les villages de Montlognon, Pont-l’Evêque, Fontaine sont en feu.

Quand la guerre éclate en août 1914, Jacques Bréguet est mobilisé comme lieutenant d’artillerie et Louis se retrouve seul avec vingt ouvriers. Il se rend au ministère de la Guerre pour demander ce qui est prévu pour les fabrications aéronautiques. Un colonel lui répond : « Nous n’avons pas besoin d’avions. Cette guerre ne durera pas plus de 6 mois ! »

Conscient des menaces d’invasion qui pèsent sur le nord du pays, Louis replie sa société sur Villacoublay dans trois hangars en bois. En même temps, il installe Nelly et ses trois enfants 25 boulevard Jules Sandeau à Paris.

Comme sergent pilote il est affecté à la défense du camp retranché de Paris, son escadrille est basée à Saint-Cyr et placée sous les ordres du général Gallieni.

La Marne, une victoire de l’aviation ?

La retraite puis l’offensive sur les positions de la Marne (septembre 1914) a permis d’arrêter l’invasion allemande.

On connaît les fameux « taxis de la Marne », mais le rôle de l’aviation dans l’arrêt de l’invasion allemande est tout aussi décisif.

Dans cet arrêt l’aviation a joué sa carte en signalant à plusieurs reprises les mouvements des troupes allemandes.

Le 2 septembre 1914, le caporal Breguet, sur un prototype de sa marque, a offert ses services au général Gallieni (Gouverneur de Paris), qui s'inquiète de l'avance des Allemands vers Paris; de ses missions (équipage Lieutenant observateur Watteau, pilote sergent Bréguet), il rapportera le 2 septembre des renseignements sur le changement de direction de l'armée de Von Kluck qui devait contourner Paris par le nord pour l'encercler, selon le fameux plan Schlieffen;une forte colonne d'infanterie allemande est repérée au Nord de la forêt d'Ermenonville, les villages de Montlognon, Mont-l'Evêque, Fontaine sont en feu. Voilà que Von Kluck oblique vers le sud-est, à l'est de Paris et défile ainsi présentant son flanc mal protégé aux troupes françaises; manœuvres audacieuses visant à éliminer le corps expéditionnaire britannique et à surprendre les Français en retraite. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

En même temps, le capitaine Bellenger, commandant l'aviation de la VIème armée du général Maunoury et qui dispose de deux escadrilles (REP 15 et MF 16) décèle, dès le 2 septembre, le changement de direction de l'armée de Von Kluck. Mais le commandant du 2ème bureau, qui possède, depuis le 27 août grâce à nos services secrets, les ordres donnés à Von Kluck, ne veut pas croire les rapports qu'on lui fait. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914, le Génie fait sauter tous les ponts sur l'Oise. Les trains sont supprimés. A Pontoise, il ne reste que 150 personnes. (6)

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914 le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. La panique s'installe.

L’arrivée des allemands s’annonce de bouche en bouche. Pendant la nuit du 2 au 3 septembre, il défile de l’infanterie qui prend la direction de Paris. (7)

La retraite après Guise.

Donc, nos armées reculent et, après un moment d'étonnement, les Allemands entament la folle poursuite.

Tout de même, le Corps de cavalerie de Von Richthoffen, qui a reçu l'ordre de se porter sur les derrières de la 5e armée, hésite à s'engager au milieu de nos colonnes. Il marche mollement et la 5e armée, à la tête de laquelle le général Franchet d'Espérey va succéder au général Lanrezac, se dégage et gagner du champ.

Dans la matinée du 3 septembre, la situation, encore si peu claire, va se modifier d'une manière si profonde dans le courant de cette journée que la décision jaillira. Paris est dans la fièvre. Le Gouvernement a quitté la capitale, la veille au soir, se rendant à Bordeaux, et Gallieni y est demeuré seul, avec l'ordre de la défendre. Du lycée Victor-Duruy, où il a installé son Quartier Général, le Gouverneur lance son ordre du jour laconique. C'est court, mais tout y est. Paris a frémi. Une âme forte a parlé. Des actes vont suivre. On les attend. Nos avions, dont le vrombissement remplit l'air, surveillent attentivement la marche de l'ennemi dont les avant-gardes étaient en vue du fort de Domont dans la matinée. Les portes de la capitale se hérissent de barricades contre les autos blindées, de réseaux de fil de fer, de mitrailleuses. C'est le branle bas de combat.

Cependant, l'attaque attendue de minute en minute ne se produit pas, et le 3 septembre 1914, au soir le doute n'est plus permis. Creil et Senlis sont en feu, mais il n'y a plus, dès 15 heures, aucune force importante au nord de Paris. A la tombée de la nuit, une colonne longue de 16 kilomètres a été vue entre Nanteuil-le-Haudouin et Lizy sur Ourcq, se hâtant vers le sud-est.

Tout de suite, Gallieni, qui n'a encore reçu aucune instruction de Joffre, a l'intuition de la manœuvre à réaliser. Sans perdre une minute, il informe le généralissime de ce qu'ont vu ses aviateurs et lui demande l'autorisation de lancer l'armée Maunoury dans le flanc de cette armée allemande qui défile si imprudemment devant lui. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le 3 septembre 1914 une partie du 7ème corps d’armée passe. (7)

Nous voyons des fantassins du génie avec le matériel des pontonniers, de l’artillerie, des chasseurs alpins avec des mulets, le service de ravitaillement avec les autobus. Nous remarquons des charrettes alsaciennes et du jura. Les habitants se mettent sur leur porte et donne du vin et des fruits. Pour que tous les hommes puissent se desaltérer, car il fait très chaud, les habitants versent du vin et de l’eau dans des seaux, chaque soldat en passant n’a qu’à plonger son quart dans les récipients. (8)

Je me renseigne auprès des soldats. Ces troupiers viennent de faire la campagne d’Alsace jusqu’à Mulhouse. Puis ces troupes reçurent l’ordre de se diriger vers le nord de la France. Mais à Creil arrive un nouvel ordre et ces soldats se replient sur Paris. Quelques troupiers me font voir des balles prussiennes, un livre de messe rapporté de Mulhouse, un fusil allemand et un casque d’officier qu’ils me chargent de réparer. (8)

Cette fois les habitants voyant passer l’armée en retraite, sont de plus en plus pessimiste. Les départs se multiplient ; la poste déménage sa caisse et sa comptabilité. La gare va fermer : le dernier convoi est annoncé pour l’après-midi. Nous apprenons que les ponts de Mériel et d’Auvers ont sauté. Creil est occupé par les Allemands. Les Uhlans sont signalés dans la forêt de Montmorency et dans la région d’Auvers. La situation est alarmante. (7)

Beaucoup d’habitants profitent du dernier train pour partir. Toutes ces personnes donnent leurs légumes, leurs fruits et leurs volailles aux soldats cantonnés à Taverny. Les territoriaux ne sont pas rassurés, car ils ne sont pas nombreux et mal armés. Le bruit court que les Allemands franchissent l’Oise dans la nuit et que les batteries installées dans la forêt ont l’ordre de tirer. Quelques batteries du 45ème d’artillerie de campagne et quelques sections de mitrailleuses se dirigent dans le bois. (8)

Il va sans dire que la garde civique n’existe plus, beaucoup de ses organisateurs sont partis. La mairie qui était assiégée depuis la guerre par les membres des commissions est déserte, car presque tous ont abandonné leur poste. Jusqu’aux Femmes de France qui paradaient avec leur médaille et qui maintenant ont disparu pour la plupart. Tant pis s’il y a des engagements dans la contrée et s’il arrive des blessés à l’hôpital de Saint-Leu. (7)

Le jeudi 3 septembre 1914, à l'issue du dixième tour de scrutin, le cardinal Giacomo Della Chiesa est élu pape. Il prit le nom de pape Benoît XV dans la plus totale indifférence. Du côté des puissances alliées, l'opinion est particulièrement choquée par la non-condamnation, par ce nouveau pape de l’invasion de la Belgique suite au plan Schlieffen, et des « atrocités allemandes » qui s’ensuivirent. En France, la déception est grande.  Le catholique et anticlérical Léon Bloy le rebaptise « Pilate XV » et Clemenceau « le pape boche »

Le 3 septembre 1914, mort du compositeur Albéric Magnard, surnommé le « Bruckner français » il fut tué après avoir tenté de repousser des Allemands de son manoir de Baron, dans l'Oise. (Dès le 1er août Magnard court de Senlis à Compiègne pour s'engager mais sans succès. Il conclut : " On reprendra l'Alsace et la Lorraine sans moi. " Le 29 août les Allemands sont à Compiègne et Baron va se trouver au centre des combats. Le même jour il envoie à Pantin, sa femme Julia et ses filles. Malgré leurs supplications, Magnard reste à Baron avec son beaufils René. Il a précisé à son entourage qu'il défendrait le Manoir s'il était attaqué, disant en montrant son pistolet : " Ici il y a six balles, cinq pour les Allemands, une pour moi. "Le 2 septembre, les Allemands occupent Baron et le 3 septembre le drame éclate. Sans doute à la suite d'une dénonciation, les Uhlans se présentent au manoir vers 8 heures 30. Heureusement René est à la pêche. Au moment des sommations, un coup de feu part de la troupe. Magnard dissimulé derrière les persiennes du cabinet de toilette riposte, tuant un soldat et en blessant un autre. Des tirs de salve sont immédiatement dirigés contre la maison. Des officiers se rendent alors chez le seul notable du village, le notaire et il est décidé que le village sera brûlé et ses habitants fusillées. Heureusement le notaire est assez éloquent et le "jugement" est modifié : seul le manoir sera incendié et son propriétaire fusillé. A 12 heures 45 le feu est mis au manoir où aucun signe de vie n'a été décelé durant la matinée. Vers 15 heures alors que le feu fait rage, un coup de feu est entendu. Un officier dit au notaire : " II a choisi la meilleure part. " En réalité, l'examen du pistolet retrouvé dans les ruines va montrer qu'il contenait six douilles sans balle, cinq étaient percutées, la sixième, non, et le chien était à l'armé. La dernière balle est donc partie sous l'effet de la chaleur. Il est probable que Magnard a été tué ou blessé mortellement lors des échanges du matin. Sa mort ne sera annoncée que le 21 septembre.)


Le 3 septembre 1914, la 5e armée borde la Marne, d'Epernay à Château-Thierry; et von Klück, qui avait mission de l'envelopper a bien son IXe Corps près de Château-Thierry, mais échelonne encore ses IIIe, IVe et IIe Corps respectivement à la Ferté Milon, à Betz et à Luzarches, d'où, à 13 kilomètres du Camp Retranché, il semble vouloir tenter une attaque brusquée sur Paris.

Trop tard !

Maunoury couvre déjà la capitale, de Mesnil-Aubry à Dammartin en Goële ; l'armée anglaise borde la Marne de Lagny à Signy-Signets ; et le vide de quelque vingt-cinq kilomètres, qui s'ouvre entre French et Franchet d'Esperey, est masqué par le Corps de cavalerie du général Conneau. De ce côté, la ligne est donc formée ; elle a échappé à l'étreinte ennemie; elle se soude, à l'abri des rivières.

Foch a réussi, lui aussi, à grouper les éléments de son armée derrière la Marne, d'Épernay à Châlons, sans être trop vivement pressé par la IIIe armée de Hausen ; mais de Langle de Cary se dégage plus difficilement de la IVe armée du duc de Wurtemberg.

Encore ce jour-là, le Corps colonial devait-il faire tête à Auve et à Saint-Rémy-sur-Bussy pour repousser les avant-gardes allemandes trop hardies. La fatigue des troupes est extrême.

Quant à Sarrail, dont l'armée a été affaiblie, d'abord de la 42e division donnée à Foch, puis du 4e Corps, qui va rejoindre Maunoury, il n'a plus que deux Corps d'armée (le 5e et le 6e) et un groupe de divisions de réserve pour enrayer les progrès de la Ve armée allemande, qu'aiguillonne l'ardente haine du Kronprinz d'Allemagne.

Celui-ci pousse nos colonnes avec quatre Corps d'élite, tandis qu'avec le Ve Corps il tourne par l'est l'obstacle de Verdun.

Malgré la faiblesse numérique de son armée, Sarrail à qui une note du 2 septembre 1914 a donné l'autorisation de se replier jusqu'à Joinville, au sud de Verdun, estime devoir faire tous ses efforts pour assurer jusqu'au bout à notre grande forteresse l'appui de son armée.

Dans ce but, il va laisser sa droite fixée au Camp retranché; mais comme, d'autre part, il a l'ordre formel de rester étroitement lié à gauche avec la 4e armée qui recule vers le sud, il va être obligé, pour concilier ces deux idées, de reculer en pivotant autour de sa droite et en étendant indéfiniment son front vers le sud, au gré du recul de la 4e armée. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Déjà, le 3 septembre 1914, tandis que sa droite est à 12 kilomètres au sud de Grandpré, sa gauche, collée à de Langle, a reculé de 25 kilomètres dans la direction de Revigny.

Opération effroyablement difficile ; l'immense ligne de nos armées, ligne de plusieurs centaines de kilomètres, recule donc, marchant et se battant jour et nuit, sans sommeil, souvent sans ravitaillement. De son Grand Quartier Général, qu'il a transporté de Vitry-le-François à Bar sur Aube, Joffre, le Généralissime responsable, dirige la manœuvre avec une force d'âme, une maîtrise, un calme imperturbable. C'est à ces qualités vraiment extraordinaires qui ne se sont peut-être jamais rencontrées à un pareil degré chez un homme de guerre, que l'on doit certainement le soin, la clarté, la précision, le fini avec lesquels les instructions furent données à tout le monde en temps voulu ; c'est par elles que toute imprudence fut évitée, que la bataille d'arrêt n'éclata que le jour où Joffre estima qu'il avait quatre-vingt-dix chances sur cent de la gagner; par elles, enfin, que la coordination la plus parfaite fut assurée entre les armées. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Les aviateurs confirment le mouvement le 3 septembre: une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la VI Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville. Bellenger ne peut convaincre ni le commandant du 2ème bureau, ni le chef d'état-major; il a plus d'échos auprès des officiers de liaison du général Gallieni et du général britannique French qui avertissent leur chef. "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

3 septembre 1914. « Estimant n'avoir pas le droit de laisser ignorer un changement si important de l'aile droite allemande, je guette en vain l'arrivée de Gallieni et de Maunoury, et offre mon information à qui veut l'entendre : c'est le cas des officiers de liaison de French et de Gallieni, qui avertissent aussitôt leurs chefs ... Morne matinée le 4 septembre: mes équipages, découragés, exécutent sans entrain leur mission et je n'ose plus dépasser les ordres reçus. Vers midi, coup de théâtre: tout change... Maunoury reçoit de Gallieni l'ordre de se tenir prêt à marcher à l'est, et moi celui de " reconnaître en direction de Château-Thierry ". La nouvelle épanouit le visage de mes aviateurs, qui, repartant cette fois pleins de confiance, vérifient que les avant-gardes de Kluck sont au sud de la Marne ... La menace sur Paris est écartée et mon personnel jubile... » "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Les aviateurs confirment le mouvement le 3 septembre: une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la VI Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville. Bellenger ne peut convaincre ni le commandant du 2ème bureau, ni le chef d'état-major; il a plus d'échos auprès des officiers de liaison du général Gallieni et du général britannique French qui avertissent leur chef.

Le 3 septembre 1914, au matin, en dépit de cette affirmation, renouvelée par le 2e bureau, je persiste à doubler les reconnaissances demandées par d'autres lancées vers l'est. La REP 15 me rend compte qu'une colonne allemande, venant de Senlis, arrive à Orry-la-Ville, mais la MF 16 me confirme que les colonnes de Kluck filent vers le sud-est et que les routes allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudoin et à l'est sont encombrées de troupes et de parcs. Il ne peut plus être question d'une attaque sérieuse sur Paris. Je saute en auto avec mes équipages chez D., qui, une fois de plus, se refuse à accorder foi à leurs témoignages. Même attitude du chef d'état-major ...
Estimant n'avoir pas le droit de laisser ignorer un changement si important de l'aile droite allemande, je guette en vain l'arrivée de Gallieni et de Maunoury, et offre mon information à qui veut l'entendre : c'est le cas des officiers de liaison de French et de Gallieni, qui avertissent aussitôt leurs chefs ... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

L’après-midi, l’ordre d’évacuation n’étant pas venu, je poussai, avec un ami, jusqu’à Bouffémont où les territoriaux occupaient, face au nord, une ligne de tranchées creusées à proximité des dernières maisons du village. En avant, dans la plaine, entre Baillet et Montsoult, d’autres territoriaux, déployés en tirailleurs, semblaient « balayer » le terrain, à la recherche d’une patrouille de « uhlands », nous dit un des occupants de la tranchée. (2)

Le 3 septembre 1914, les allemands atteignent la ligne Luzarches, Mortefontaine, Nanteuil-le-Haudoin, Lisy-sur-Ourq ; un combat de cavalerie a lieu sur la route de Luzarches et Champlâtreux. Les français font sauter les ponts de l’Oise au nord de celui d’Epluches—Chaponval. (7)

Le jeudi 3 septembre 1914 l’armée fait sauter le pont de Beaumont-sur-Oise, le pont de chemin de fer de Mours, le viaduc de Moulin-Neuf à Presles, les ponts de l’Isle-Adam, Stor, Mériel et Auvers-sur-Oise. Le trafic ferroviaire, déjà interrompu au-delà de Beaumont-sur-Oise, pour freiner l'exode les trains sont supprimés par ordre de Gallieni, (il ne reste que 150 personnes à Pontoise) dans un Saint-Leu-Taverny pratiquement déserté par ses habitants, ainsi passe à Saint-Leu le dernier train Beaumont-Paris ...

La journée du 3 septembre 1914 sera la plus critique de la crise à Taverny. En résumé, plus de communications par le chemin de fer, ni poste, les trois quarts des habitants émigrés et l’ennemi à quelques lieues. (8) (à une portée de canon)

Jeudi 3 septembre 1914 les allemands sont entrés à Creil, des patrouilles sont parvenues à Royaumont, Lamorlaye, Gouvieux. Quelques éclaireurs sont apparus à Luzarches, se dirigeant vers Champlâtreux (4)

Jeudi 3 septembre 1914 une reconnaissance aérienne du lieutenant Observateur Marie de Bazelaire de Ruppière (avion de la VIe Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d’infanterie et d’artillerie dans le village d’Orry-la-Ville. Anecdote  du commandant Alfred DREYFFUS au fort de Domont.

Le 3 septembre, Dreyfus se trouve au fort de Domont où il aurait recueilli un renseignement d’une grande importance. Maurice Schumann a relaté cette scène dans la préface du livre Moi, capitaine Dreyfus : Paris s’attend à une attaque imminente. Un aviateur français (Lieutenant Bazelaire de Ruppière - il appartient à la phalange des pionniers) survole l’avant-garde de l’armée Von Klück. Il constate que l’ennemi a changé d’orientation, donc de cible. Il se doit de transmettre son observation sans désemparer. Les techniques sont encore dans l’enfance. Le seul moyen qui s’offre à lui est d’atterrir à proximité d’un fort relié par le téléphone à l’état-major de Gallieni. L’officier supérieur devant lequel il prend le garde-à-vous lui tend l’appareil : « Appelez vous-même ! Moi, on risque de ne pas me croire. Je me nomme Alfred Dreyfus… »  Je tiens ce récit du commandant Paul-Louis Weiller. Que penser du témoignage de ce commandant ? Paul-Louis Weiller est un des grands pionniers de l’observation aérienne.

-le 3 septembre 1914, une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la VI°Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville

Si la cavalerie a abordé le département de l'ancienne Seine et Oise vers Luzarches (Val d'Oise actuel), je ne crois pas que l'infanterie ait dépassé  le Sud des forêts de Chantilly et d'Ermenonville. Un argument "frappant" s'oppose d'ailleurs à une progression inconsidérée au Sud de Luzarches, en effet au sud de ce village toute troupe abordant la "Plaine de France" à découvert serait entrée dans le champ de tir de l'artillerie des forts et batteries de Domont et d’Ecouen.


Mercredi 2 septembre 1914

Monsieur le Maire prend connaissance de la dépêche 107k arrivée la veille de monsieur le sous-préfet de Pontoise et donne l’ordre de se préoccuper de l’évacuation de la commune, si cela devient nécessaire.
Cette dépêche, mal interprétée et publiée par quelques maires des communes voisines provoque un commencement d’affolement.

Le soir les communes de Béthemont, de Chauvry sont évacuées par leur Maire, leurs voitures traversant la commune y provoque un commencement de panique.

Depuis le matin, les troupes du 7ème Corps défilent sans discontinuer sur l’Avenue de Paris se dirigeant sur Bondy.

Jeudi 3 septembre 1914

A 4 heures du matin les Avenue de Paris et Avenue de la République sont réveillées  par le bruit formidable produit par le défilé incessant du convoi du 7ème Corps d’Armée montant de Méry sur Bondy.

A 8 heures les batteries  d’artillerie de réserve du 45ème et 47ème font leur apparition. Le 47ème continue son chemin sur Saint-Prix. LE 45ème montant  la Grande-Rue vient prendre position sur les côtes de Béthemont et Villiers Adam ; ces 3 batteries, 41ème,42ème, 43ème sont appuyées par 2 ou 3 bataillons  du 29ème et 32ème d’infanterie territoriale (Argentan, Nogent le Rotrou et Dreux) Quelques compagnie du 31ème traversent également la commune pour se poster sur Baillet et Monsoult.

A 12 heures, un lieutenant vient déjeuner rapidement chez Mr le Maire, ayant sur lui des débris du Pont d’Auvers qu’il a fait sauter vers 11 heures.
Dans la journée tout le service d’approvisionnement de la 166ème brigade vient s’installer sur la place de la Mairie. Les officiers, sous-officiers et soldats cantonnent aux environs.

Le Général de Pélacot, commandant la 166ème brigade, fait préparer un logement chez Mr Albert Petit maire. Dans la soirée, jugeant la situation critique, les allemands se rapprochant de plus en plus en suivant la vallée de l’Oise, il fait prévenir Mr le Maire qu’il couche au milieu de ses troupes à Béthemont. 

A 7 heures du soir, 200 chevaux du 47ème d’artillerie de réserve,  avec leurs conducteurs, passent allant cantonner à Bondy ; mais hommes et chevaux exténués sont logés chez Mr Ham à Saint-Jacques pour s’y reposer.

A 9 heures du soir, Mr le Maire, Mr Poiret et Melle Fayolle institutrice, fatigués d’une journée aussi chargée, sont prêts à se retirer quand arrive un capitaine des 3 batteries du 43ème d’artillerie passées le matin. Avec ses maréchaux des logis fourriers et un adjudant il vient préparer le cantonnement des hommes, chevaux, caissons et canons qui seront là dans moins d’une heure.

C’est là une minute émouvante. Prenant le plan de la commune tout nouvellement dressé, il dicte ses volontés : les hommes et chevaux de la 41ème batterie rue de la Gare chez les cultivateurs, les hommes et chevaux de la 42ème batterie rue Saint-Gervais entre la rue de l’Ecole et la rue Prophète.

Les hommes et les chevaux de la 43ème batterie rue Madame , maisons Crassous, Ancel etc.

 Le parc d’artillerie est installé dans les terrains du bout de la rue Madame, lieu dit « le Clos ».

Le commandant Lavigne et ses 2 officiers de liaison : lieutenant de Mirepois et lieutenant Clair, logent chez Mr le Maire.

A minuit le capitaine Baille de la 2ème compagnie du 72ème territorial d’infanterie, détaché au pont de Mériel, annonce que ce pont-route et chemin de fer vient de sauter et que l’ennemi est proche. Le capitaine Baille passe la nuit chez Brachet pour rejoindre le lendemain son régiment à Saint Brice.

Ce jour là, il n’y a qu’un train ou deux pour Paris et le lendemain 4 septembre, la circulation sur notre ligne est complètement arrêtée. (10)

La préparation de la contre-offensive: Le 3 septembre, alors qu'à Paris on attend le choc, il apparait que Von Kluck ne foncera peut être pas vers la capitale. Les reconnaissances de cavalerie, les photographies aériennes et même les messages radios captés de la tour Eiffel confirment l'infléchissement de la 1ère armée allemande. Gallieni comprend qu'il s'agit là d'une opportunité: la 1ère armée allemande présente son flanc droit. Le lendemain à la première heure il envoie les escadrilles du camp retranché en reconnaissance; le mouvement vers le sud-est de Von Kluck est confirmé. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

En résumé, à la date du 3 septembre et même du 4 septembre 1914, dans la matinée, c'est-à-dire au moment où, la marche de la I ère armée allemande vers le Sud-Est se confirmant, il me fallait prendre une décision sauvegardant avant tout les intérêts de la Capitale dont j'avais la charge, nos armées, y compris l'armée anglaise, avaient ordre de se replier derrière la Seine, et le Général en chef insistait pour que ce mouvement s'exécutât aussi rapidement que possible. Suivant moi, ce mouvement de repli était mauvais, parce que:

1°il découvrait le Camp retranché de Paris ;

2° Il ne tenait pas compte de l'ennemi ;

3° Il ne pouvait s'exécuter à temps et les têtes de colonnes allemandes seraient déjà certainement à Pont-sur-Yonne, Nogent-sur-Seine, etc., quand les troupes anglaises et françaises y parviendraient. (D'après les dires du Commandant de la 5 e armée, le fait avait déjà eu lieu plusieurs fois lors de la retraite de cette armée de Charleroi vers l'Aisne) ;

4° Il interdisait toute idée d'offensive immédiate, la retraite au delà de la Seine, l'organisation de la défensive, l'arrêt jusqu'à l'arrivée des renforts des dépôts, comportant bien un délai d'une douzaine de jours, pendant lequel les Allemands auraient eu le temps de terminer leur mouvement de débordement de notre aile gauche. (3)

Toutes ces réflexions, je me les étais faites également. Toutes ces raisons, je me les étais données aussi et j'avais abouti à cette conclusion que, malgré le mouvement de repli ordonné par le Général en chef et la crainte d'enlever à Paris les forces appelées à le défendre, le salut de la Capitale, comme celui de nos armées et de la France entière, exigeait une décision énergique et immédiate, à savoir : le transport rapide contre le flanc droit de l'armée allemande de toutes les troupes dont je pouvais disposer. (3)

En premier lieu, il fallait agir vite. Los circonstances étaient urgentes, les minutes étaient des heures, que dis-je, des jours et même des années. La 1ère armée allemande se hâtait pour en finir avec l'armée anglaise et la 5ème armée française, qu'elle comptait mettre hors de cause à compter du 6 septembre, en achevant le mouvement débordant qui devait isoler nos armées de Paris et du cœur de la France en les rejetant vers l'Est et vers la Suisse. Il ne fallait pas permettre que cette opération pût s'accomplir et, pour cela, il fallait, sans délai, sans perdre un moment, exécuter le changement de front qui devait nous porter sur le flanc droit de l'ennemi. D'autre part, cette menace contre le flanc et les communications de l'armée von Kluck devait être faite par des forces aussi nombreuses que possible. Il fallait que, de la Capitale, sortît une armée imposante, surprenant l'ennemi par son nombre et son irruption inattendue. Ce fut là le second point sur lequel je portais de suite tous mes soins. (3)

Mais, vers midi, la situation changeait du tout au tout. Les renseignements de nos avions et de nos reconnaissances de cavalerie étaient formels : la première armée allemande, abandonnant la marche dans la direction de Paris, s'infléchissait vers le sud- est, sauf un corps, le 4 e corps de réserve, qui semblait devoir couvrir le mouvement, se dirigeant de Senlis vers Luzarches, où avait eu lieu un engagement de cavalerie, premier contact de l'ennemi avec les troupes du Camp retranché (3)

Les parisiens, nullement impressionnés, jumelles en mains, depuis leur balcon, guettaient chaque soir, vers 17heures, la venue des «Tauben », avions allemands de reconnaissance. (2)

On pourrait croire que ces premiers raids plongent la population parisienne dans la panique collective, mais il n’en est rien : « les Parisiens sont davantage dominés par la curiosité que par un sentiment de frayeur. Il sortent armés de jumelles et s’installent sur les bancs des squares et des boulevards pour attendre les assaillants. On fait même mieux ! Les points élevés de Paris sont envahis et sur la butte de Montmartre on loue des chaises et des longues-vues pour attendre l’apparition dans le ciel des Taubes quotidiens » (9)

Aussi, est-il prescrit aux escadrilles du Camp retranché d'envoyer leurs reconnaissances le lendemain 4 septembre 1914, à la première heure, pour explorer la région de Creil, Chantilly, Senlis, Nanteuil-le-Haudouin, Lizy-sur-Ourcq, Château-Thierry et Betz, ainsi que la vallée de l'Oise jusqu'à Villers-Cotterets et la vallée de la Marne jusqu'à Meaux et enfin la route de Compiègne et la vallée de l'Aisne jusqu'à Soissons. J'appelais l'attention de nos officiers aviateurs sur l'importance des renseignements qu'ils me rapporteraient et que je demandais avant 10 heures du matin. J'aurais, d'après eux, à prendre les plus graves décisions, au sujet desquelles je m'ouvrais, dès le 3 septembre au soir, à mon chef d'Etat-major, le général Clergerie : si la première armée allemande continuait sa marche vers le sud-est, elle offrait le flanc à l'attaque des armées de Paris. Je pensais donc, dès ce moment, à prendre l'offensive contre l'aile droite ennemie, malgré les risques que pouvait présenter cette opération, malgré les directives du général en chef, prescrivant aux armées de se replier au sud de la Seine et de l'Yonne. Je restai sur pieds à peu près toute la nuit, impatient de recevoir les renseignements qui devaient me fixer d'une manière définitive sur la situation et me dicter les dispositions à prendre. (3)

Le 4 septembre 1914, les reconnaissances de cavalerie quittent le Camp retranché avant le jour. Leurs renseignements confirment ceux déjà donnés la veille sur le changement de direction effectué par la 1ère armée allemande. La route de Senlis à Paris est vide d'ennemis ; Senlis est incendié, Creil aussi. Nanteuil-le-Haudouin et Crépy-en- Valois sont évacués. La région à l'ouest de la route de Paris à Senlis est libre. On signale simplement encore quelques patrouilles de cavalerie sur la rive droite de l'Oise et vers Beauvais. (3)

Gallieni ordonne immédiatement au général Maunoury, commandant la 6° armée, de se préparer à marcher vers l'est. Il met à sa disposition la 45° division algérienne. L'évidence d'une opportunité s'impose aussi à Joffre à son QG de Bar-sur-Aube. On se battra sur la Marne, et non sur la Seine, et on attaquera l'ennemi de flanc. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Ce n'est que le 4 septembre 1914, à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. La victoire de la Marne fait donc éclater de manière irréfutable les services que peut rendre l'aviation pour éclairer le commandement... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Morne matinée le 4 septembre 1914: mes équipages, découragés, exécutent sans entrain leur mission et je n'ose plus dépasser les ordres reçus. Vers midi, coup de théâtre: tout change... Maunoury reçoit de Gallieni l'ordre de se tenir prêt à marcher à l'est, et moi celui de " reconnaître en direction de Château-Thierry ". La nouvelle épanouit le visage de mes aviateurs, qui, repartant cette fois pleins de confiance, vérifient que les avant-gardes de Kluck sont au sud de la Marne ... La menace sur Paris est écartée et mon personnel jubile... "(Lieutenant-colonel BELLENGER.)

Le matin du 4 septembre 1914, Gallieni confirme que les troupes allemandes se dirigent vers Meaux et non plus vers Paris,

Vendredi 4 septembre, les troupes françaises prennent position sur la ligne Pontoise, Frépillon, Puiseux-en France, le Mesnil-Aubry, Montmélian, Dammartin-en-Geole. On observe ce jour que les allemands, au lieu de se diriger vers Paris, infléchissent leur marche vers l’Est. (7)

La 61ème division s’établit entre Attainville et Mareil-en-France (4)

Ce n'est que le 4 septembre 1914, à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. La victoire de la Marne fait donc éclater de manière irréfutable les services que peut rendre l'aviation pour éclairer le commandement. (3)

Vendredi 4 septembre 1914, des patrouilles sont signalées à Auvers, Saint-Leu-d’Esserent, Champagne, Viarmes, Asnières-sur-Oise. (4)

(…) une patrouille d’Uhlans est repoussée devant le pont de Chaponval, grâce aux observations effectuées du haut des forts de Domont et d'Ecouen(…)

Le 4 septembre 1914 une patrouille de huit Ulhlans est poursuivie à Auvers. (7)

Le 4 septembre, dans un Taverny pratiquement déserté par ses habitants, des terrassiers s’affairent à installer des redoutes. Celles-ci couvriront plus tard une grande partie des hauteurs du village, du camp des anglais, jusqu’à Montubois et au-delà. (6)

Vendredi 4 septembre 1914, plus de journaux. A dix heures le « petit journal » vint seul de tous les quotidiens. C’est en automobile maintenant que le service sera assuré. Les soldats et le peu de civils s’arrachent la feuille simple car depuis longtemps les journaux sont tirés sur 2 pages. Je m’assieds sur le pas de ma porte et je réfléchis à la situation :

  • La moitié des maisons sont closes.
  • Personne dans la rue.
  • Quelques chiens et chats abandonnés réclament à manger.
  • Où sont donc tous ses patriotards de la première heure, protestant à grands cris contre l’affaire du XVe corps et qui devant le danger encore éloigné, n’ont rien trouvé de mieux que de se sauver ?

A Champagne-sur-Oise, un paysan avait rencontré une patrouille de « uhlands », dont le chef se trouvait être un colporteur qui, avant-guerre, parcourait la région au service de la Société épicière »Le Planteur de Caïffa ». Après une courtoise reprise de contact, l’allemand avait contraint son ancien client à suivre la patrouille pendant plusieurs kilomètres pour l’empêcher de donner l’alarme. (2)

Le courrier de la poste arrive par Beauchamp. 


Approvisionnement en farine (CM du 4 septembre 1914) :

« M Leblond 1er adjoint (le maire étant parti à Bordeaux) donne connaissance au conseil d’une conversation qu’il a eue la veille avec M Gallais boulanger lui apprenant que par suite de présence dans la commune depuis un mois, de beaucoup de soldats son stock de farine est près de s’épuiser et que son fournisseur habituel à Etampes ne peut en ce moment continuer à l’approvisionner. M Leblond propose au conseil d’envoyer de suite un cycliste chez M Grangé meunier à Presles, demander si il a de la farine en magasin ».

Demande de remise en circulation de l’eau de l’Oise (CM du 4 septembre 1914) :

« M Leblond 1er adjoint (le maire étant parti à Bordeaux) donne connaissance au conseil de la visite qu’il a reçu d’un représentant de la Compagnie Générale des Eaux, le prévenant qu’en raison de la destruction du pont de Méry à Auvers et des conséquence qui en sont résultées la Compagnie ne pourra continuer à fournir l’eau à ses abonnés comme précédemment et que la consommation en sera réduite.

Le conseil en présence de l’état actuel de guerre et des nombreuses troupes cantonnées dans St-Leu et les communes voisines décide à l’unanimité de demander de suite et avec instances aux directeurs de la Compagnie Générale des Eaux de rétablir le matériel dans l’état primitif et de distribuer à ses abonnés et aux communes la quantité d’eau nécessaire aux particuliers pour leur usage personnel et aux communes pour la salubrité des rues et surtout afin de combattre avec efficacité les incendies toujours à craindre dans ces malheureux temps ».

Rétablissement des trains d’Ermont à Méry (CM du 4 septembre 1914) :

« Le conseil invite Mr le Président à envoyer une lettre à Mr l’Ingénieur en chef du chemin de fer du nord lui demandant (en raison de l’éloignement des allemands du camp retranché de Paris) de rétablir plusieurs trains par jour dans chaque sens d’Ermont jusqu’à Méry, ce qui faciliterait de beaucoup le service des postes, celui du ravitaillement et des voyageurs. »

Lorsque l’armée de Von Klück s’avança sur Paris, fidèles à leur tactique de reconnaissances dispersées, les allemands envoyèrent des patrouilles d’uhlans dans toutes les directions. Pour préciser, voilà les localités de l’arrondissement de Pontoise où vinrent ces patrouilles : Auvers-sur-Oise, Royaumont, Viarmes, Menouville, Luzarches, Bernes, Marine, Hérouville, Vallangoujard, Epiais-Rhus, Ronquerolles et Arronville. (La tribune du samedi 7 novembre 1914)

4 septembre 1914

Appel au calme

Mr le Maire de Bessancourt, suivant la dépêche officielle de 11h du matin de Mr le sous-préfet de Pontoise,  demande instamment à ses administrés d’avoir du calme et du sang-froid en cette période critique.

Les nouvelles sont tout à fait rassurantes et l’émigration inutile constituerait en ce moment une gêne considérable pour les opérations de l’armée.

Il ne doute pas du bon sens de la population pour écouter ces conseils de sagesse , sans toutefois abandonner les mesures de prudence. (10)

Vendredi 4 septembre

Vers 3 heures du matin, l’artillerie et l’infanterie qui l’accompagne vont reprendre leurs positions de combat sur les côtes de Villiers Adam et Béthemont. La journée se passe dans une agitation fébrile et l’émigration est plus  grande que jamais.

Le soir à 9 heures l’artillerie et l’infanterie reviennent prendre leur cantonnement de la veille. On remarque l’énervement de certains officiers. On s’attend au matin du samedi à un engagement.(10)

Le 4 septembre 1914 au soir, tout est prêt; et bien que French hésite, ne croyant pas l'armée anglaise encore en état d'affronter la bataille, Joffre décide de saisir l'occasion que lui offre Gallieni. Il va arrêter la retraite et lancer toutes les armées à l'attaque, le 6 septembre 1914, au matin. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

L'ordre d'offensive générale est expédié le 5 septembre 1914, à 5h00 du matin.

Cet ordre prévoit une attaque enveloppante de la 6e armée, partant de l’Ourcq, en direction de Château-Thierry. L'armée anglaise et la 5e armée appuieront cette attaque; l'armée Foch couvrira: la droite de la 5e armée. Dans la journée, des instructions aux armées de droite compléteront ces dispositions : la 4e armée doit faire tête à l'ennemi en se liant étroitement à la 3e armée qui attaquera le flanc gauche des armées allemandes, face à l'ouest. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Aux troupes, on lit cet ordre du jour

« Au moment où s'engage une bataille d'où dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis, et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. » JOFFRE.

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Situation le 5 septembre, veille de la bataille de la Marne:

Le 5 septembre 1914, l’armée Maunoury prend l’offensive sur l’Ourq au nord-ouest de Meaux ; c’est la première phase de la Bataille de la Marne qui va mettre Paris et ses environs au nord à l’abri de la menace allemande. (7)

Le 5 septembre 1914 au matin, Joffre rencontre French à Melun et réussit à emporter son adhésion pour la contre-offensive, jusque là incertaine (l'honneur de l'Angleterre est en jeu, monsieur le maréchal!).

Dès l'après-midi du 5 septembre 1914, l'armée Maunoury se déplaçait vers l'est, pour gagner l'Ourcq, d'où elle devait partir à l'attaque le lendemain, quand elle se heurta au IVe Corps de réserve allemand solidement retranché sur les hauteurs de Neufmoutiers, de Monthyon et de Saint-Soupplets où von Kluck l'avait placé en flanc-garde.

A droite, la 55e division, au centre la 56e, à gauche le 7e Corps se jettent en avant.

Nos soldats sont héroïques. Un moment, à Villeroy, sous les gros obus qui font rage, une section du 276e hésite:

«Nous n'avons rien pour nous protéger, disent les hommes, nous n'avons pas nos sacs! » Le lieutenant s'est levé, tout droit dans la rafale : « Ni moi non plus, je n'en ai pas ! Regardez moi donc ! »

Et au même instant, comme sa figure rayonnait, un obus l'abat.

C'était Charles Péguy, le délicieux poète, le fin polémiste des Cahiers de la Quinzaine, l'une des jeunes gloires de la France, qui venait de donner joyeusement sa vie pour elle.

Le soir, les nôtres ont atteint le pied des positions allemandes. L'assaut est prêt pour le lendemain matin.

Le samedi 5 septembre 1914

Charles Péguy est tué à Villeroy, près de Meaux, à la tête de sa compagnie d'infanterie.

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle

Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,

Couchés dessus le sol à la face de Dieu.

Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,

Parmi tout l'appareil des grandes funérailles. » Eve, 1913

Charles Péguy, poète, écrivain, mobilisé dès le premier jour de la guerre, passera sa dernière nuit à Montmélian-Saint-Witz à la limite de l’actuel Val d’Oise. Il mourra à Villeroy le 5 septembre 1914, premier jour de la bataille de la Marne. Voici le récit de cette mort :

«  Les balles sifflent au ras de nos têtes …. La voix jeune et claironnante du lieutenant Péguy dirige le feu, indique les hausses et les points de mire. Il est derrière nous, insoucieux des balles qui le visent et le frôlent dans un sinistre bourdonnement d’abeilles, courant de l’un à l’autre pour faire activer le tir, s’appuyant par instants, afin de reprendre son souffle, sur un rouleau agricole abandonné sur la route, debout, courageux, admirable… un premier bond, puis un deuxième nous portent 200mètres en avant. Mais aller plus loin pour l’instant, en unique vague d’assaut, sans une ligne de soutien en arrière, sur un terrain où la pente déclinante et la grande visibilité de nos uniformes font de nous autant de superbes cibles, avec à peine 150 cartouches par homme, et dans l’impossibilité d’en être ravitaillés, c’est une folie, un massacre certain et général. Nous n’arrivons pas à dix.

-« Couchez-vous ! Hurle Péguy, et feu à volonté ! » Nous lui, il reste debout, la lorgnette à la main, dirigeant notre tir, héroïque dans l’enfer… d’aucuns se plaignent : « nous n’avons plus de sac, mon lieutenant, nous allons tous passer ! »

-« ça ne fait rien, crie Péguy, dans la tempête qui siffle, moi non plus je n’en ai pas, voyez ! Tirez toujours ! » Et il se dresse comme un défi à la mitraille, semblant appeler cette mort qu’il glorifiait dans ses vers. Au même instant, une balle meurtrière brise ce noble front. Il est tombé, sur le côté, sans un cri, dans une plainte sourde, ayant eu l’ultime vision de la victoire tant espérée et enfin proche… » Victor Bourdon, avec Charles Péguy, 1916

Le samedi 5 septembre 1914 , le bataillon de Péguy s'élança à l'assaut baïonnette au canon sur un espace de près de 3 km, assaut caractéristique de 1914, en souvenir de Napoléon, l'assaut fut arrêté par les feux des fantassins allemands ; Péguy ordonna à ses hommes de se coucher, de s'abriter derrière leur sac et de tirer à volonté; En moins d'une heure la 19eme compagnie allait perdre 3 officiers et plus de 150 hommes; Cependant le lieutenant Péguy est toujours debout, devant les cris et les appels des blessés qui se font de plus en plus angoissés et pressants, il hurle avec une énergie rageuse : "Tirez! Tirez Nom de Dieu !!!" Certains hommes lui crient qu'ils n'ont plus de sac, qu'ils vont tous y passer; Mais Péguy, lui, va et vient la lorgnette à la main, il reste debout près de ses hommes, se porte à leur alignement, leur désigne les ennemis à viser; Soudain une balle atteint Péguy au front sur le coté gauche, il s'écroule d'un coup sur le flanc en murmurant " Ahh ! Mon Dieu ! Mes enfants ! "

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Samedi 5 septembre à 5h du matin le 316e régiment d’infanterie, se met en marche par Puiseux, Pontoise, St-Ouen-l’Aumône, St-Leu-Taverny, St-Prix, Domont, Ezanville, Ecouen et va cantonner à Mesnil-Aubry.

… sur le chemin du retour, nous pûmes bavarder avec des artilleurs, musant auprès de leurs pièces également braquées vers le nord. Les soldats conversaient sans méfiance avec les promeneurs, comme pendant les grandes manœuvres. Deux batteries étaient installées à droite et à gauche de la route de Chauvry sur le chemin allant de Bèthemont à Domont. Elles étaient constituées par des canons provenant du fort de Montlignon, -construit vers 1880, par le général Joffre, - et étaient reliées à ce fort par une voie de Décauville destinée à assurer le ravitaillement en munitions. (2)

Le « Petit Parisien » organise un service. Un habitant de Taverny vend la liberté tous les soirs. La situation reste la même pendant les jours qui suivent. (8)

Un détachement de fusiliers marins cantonne deux jours à Taverny et se rend à la bataille de l’Ourq. Je constate que la discipline est très sévère. Je répare pendant une journée des cartouchières qui ne sont pas neuves. Qu’importe l’équipement, car tous les marins ont l’air décidé de se trouver en face des boches. (8)

Argonne

En ce début septembre les unités se reconstituent à partir des dépôts, tandis que la distinction entre unités d'active et de réserve disparait progressivement. Le GQG s'est transporté à Châtillon sur Seine, entre Dijon et Troyes. Le front français est continu mais en deux parties: de Paris à Verdun, et de Verdun à Belfort. Pour l'instant le camp retranché de Maubeuge tient toujours.

La 6° armée Maunoury est sur l'aile gauche, dos à Paris, sur l'Ourcq. Elle représente une force importante mais hétérogène, avec une majorité d'unités de réserve, la 45° division algérienne (général Drude), la brigade marocaine et le corps de cavalerie Sorbet. La BEF est à sa droite, suivi de la 5° armée Franche d'Espéra auquel est associé le second corps de cavalerie qui vient d'être constitué. Ces trois armées attaqueront la 1ère armée allemande. La 6° armée française menant l'action principale en attaquant de flanc le corps allemand dirigé vers Paris.

Au centre, la 9° armée Foch et la 4° armée de L’angle de Carry devront contenir la poussée ennemie, tout en accompagnant le retour offensif de l'aile gauche française. A droite, tout en s'accrochant au camp retranché de Verdun, la 3° armée Sarrail devra compléter l'action de Maunoury en attaquant vers l'ouest.

Ces armées devront mener la contre-offensive d'ampleur destinée à forcer cinq armées allemandes à refluer vers le nord. Les forces s'opposant sont de 760.000 français et 82.000 britanniques, contre 680.000 allemands. Cet avantage numérique au profit des alliés devient très fort à l'est de Paris.

Sur l'aile droite les 2° armée Castelnau et 1ère armée Dubail mènent une bataille séparée dans les Vosges et en Lorraine contre les 6° et 7° armées allemandes qu'elles doivent contenir. Les armées bavaroises tenteront du 4 au 13 septembre de percer le rideau défensif aux hauteurs du Grand-Couronné, et de prendre les armées françaises en tenaille. Le front de Lorraine a cependant tenu. 

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 deploiment


Le 5 septembre: Averti des transferts de troupes de son adversaire, Von Moltke prend conscience du caractère aventureux du raid de Von Kluck. Envoyé par la direction suprême, le lieutenant-colonel Hentsch arrive au QG de la 1ère armée le 5 septembre 1914 au soir et informe Von Kluck de la situation. Celui-ci comprend le danger de sa position trop avancée, mais ne s'imagine pas l'imminence de la contre-offensive. Il décide donc de reculer en échelons progressifs de 20km jusqu'au nord de la Marne afin de se réaligner avec la 2° armée Von Bülow, et rédige ses ordres pour le lendemain.

Dans l'après-midi du 5 septembre, un accrochage a lieu entre une colonne d'infanterie du 55° régiment de réserve de la 6° armée et des unités du corps allemand de flanc-garde devant le village de Monthyon, sur la route de Meaux à Senlis. C'est au cours de cet accrochage que le lieutenant Péguy trouvera la mort. Les premiers coups de canons de la bataille de la Marne viennent d'être tirés. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Samedi 5 septembre 1914

A 3 heures du matin l’artillerie et l’infanterie vont reprendre encore une fois leurs positions de combat, une voiture est réquisitionnée avec deux brancards de la Croix Rouge de Saint-Leu. Une ambulance provisoire est établie dans la cabane de chasse de Mr Petit maire et de Désiré Langlois (route de Béthemont).

Vers 5 heures du matin, l’arrivée du corps de gendarmerie de l’Isle Adam et les paroles imprudentes d’un officier d’artillerie sèment la  panique dans la pays qui se vide d’habitants.

A 8 heures du matin, Mr le Maire, tout surpris, s’aperçoit que malgré ses conseils rassurants de la veille,  un quart des habitants reste seul dans la commune.
La journée se passe pourtant dans le plus grand calme et dès le soir on apprend que les troupes allemandes de Creil se portent dans la direction de l’Est.

Dans l’après midi vers le soir, l’artillerie va prendre son cantonnement à Saint-Leu, parc de la Chaumette , et le général de brigade de Pélacot vient se loger chez Mr le Maire avec son état-major. (10)

A la tête de la 5° armée, Franchet d'Esperay annonce qu'il est prêt à attaquer le 6 septembre 1914, comme Foch et Gallieni. Par ailleurs si la 6° armée Maunoury attaque au nord de la Marne, les anglais seront de la partie. Joffre prend donc la décision d'attaquer à l'aube du 6 septembre 1914. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

On a dit que la lutte allumée le 6 septembre 1914 au matin, de Paris à Verdun, ne fut pas une bataille unique, mais une série de batailles que chacune des armées mena pour son compte particulier, avec ses propres moyens ou grâce à l'appui des armées voisines, suivant les conceptions de chaque chef, l'inspiration et la valeur de chaque combattant.

Rien n'est plus inexact. La bataille de la Marne est un tout admirablement ordonné dont l'immensité seule empêche d'embrasser l'ensemble d'un seul coup d’œil. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le 6 septembre: Vers sept heures et demie, Joffre signait l'ordre du jour de la Marne:

"Au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles aucune défaillance ne peut être tolérée"

6septembre

Le 6 septembre 1914, au matin, Maunoury s'avance vers l'Ourcq. Il est rapidement arrêté par Von Kluck qui, averti de l'accrochage de la veille, vient de dérouter un de ses corps en renfort. En fin de journée Von Kluck en déroute deux autres pour déborder la 6° armée. Le rééchelonnement de la 1ère armée se poursuit, et les reconnaissances aériennes montrent d'ailleurs le mouvement de fortes colonnes remontant vers le nord. Ainsi Von Kluck positionne 3 corps d'armées face à Maunoury, tandis que deux autres résistent au sud à Franchet d'Esperay. En adoptant un dispositif en équerre, Von Kluck crée une brèche à l'angle, qu'il ne masque que par un corps de cavalerie. 

La BEF attaque à l'angle, mais c'est sans conviction qu'ils repoussent la cavalerie allemande jusqu'à Coulommiers. Plus à droite, la 5° armée n'avance que de quelques kilomètres, alors qu'avec l'équivalent de 5 corps, il aurait pu envelopper les 2 corps de l'aile gauche de Von Kluck. Deux occasions ratées par French et Franchet d'Esperay.

En revanche face à la 2° armée Von Bülow, la 9° armée Foch avance et s'assure des hauteurs au nord des marais de Saint-Gond. (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

Le dimanche 6 septembre 1914, nous entendons très distinctement le canon. Les troupes du camp retranché de Paris, prennent contact avec l’ennemi sur l’Ourcq et le Grand Morin je pars à bicyclette avec l’intention d’aller à Pontoise. Avant Pierrelaye je croise des Dragons qui m’avertissent que je ne passerai pas. Je remarque que les travaux de défense sont poussés activement ; des tranchées partout. A la Patte d’Oie, des arbres dans le milieu de la route enchevêtrés dans de longs chariots. Je vois un régiment de ligne qui marche sur Paris. Le canon s’entend de plus en plus. (8)

Dimanche 6 septembre 1914

Le  matin a lieu l’inspection de tous les cantonnements de la 166ème brigade par le général et Mr le Maire est invité à l’accompagner en auto. Les communes suivantes sont traversées :  Pierrelaye, Chennevière, Conflans, Maurecourt, Vincourt, Neuville, Ham, Cergy, Pontoise, Aumône, Epluches.

A Pierrelaye le général de Pélacot rencontre l’Etat Major du 7ème corps et le général Ebener revenant de la bataille de Bapaume et se dirigeant sur Bondy.

A Chennevière rencontre du 1er régiment de chasseurs à cheval de réserve, affecté à la 166ème brigade.

Tous les ponts traversés sont gardés militairement et sont minés par le génie en prévision de l’offensive possible des troupes allemandes.

La visite est continuée l’après-midi dans les communes de Béthemont, Chauvry (les batteries d’artillerie lourde dans la forêt), Villiers Adam, Méry, Mériel, Frépillon.

Toutes les communes sont occupées militairement par les troupes de la 166ème brigade (un régiment mixte a été formé à Paris avec une partie du 22ème d’infanterie territoriale et une partie du 29ème d’infanterie territoriale appartenant à la 165ème brigade). Les ponts sautés de Mériel et d’Auvers sont gardés par de l’infanterie et du génie.

Dans la journée une évacuation de malade installés dans la classe enfantine a lieu par le service de l’approvisionnement sur Montmorency

En revenant à Beauchamp, une patrouille de dragons me demande mes papiers. Je fais voir un sauf-conduit permanent de la mairie de Taverny. Le maréchal des logis me dit : « vous avez de la chance d’avoir un sauf conduit permanent, il ne vaut rien. Il vous faut un laissez-passer, visé sous les 48 heures. Marchez devant nous ». j’ai oublié de dire qu’ils avaient devant eux ? pas mal d’hommes et de jeunes gens. « Et ceci est-ce en règle ? » lui dis-je en montrant ma carte de garde civique. « Continuez votre route » me répondit-il. (8)

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Il existe malheureusement un vide à Mailly entre la 9° armée Foch et la 4° armée de Langle de Carry, vide dans lequel la 3° armée Von Hausen pourrait s'engouffrer dangereusement. Sollicité par la 4° armée duc de Wurtemberg et la 3° armée Von Bülow, Von Hausen se répartit entre ses ailiers et manque l'occasion. Le 21° corps de la 2° armée arrive alors à point nommé pour boucher le trou.

À droite, la 3° armée Sarrail attaque le flanc gauche de l'ennemi en s'appuyant sur Verdun, mais se fait ramener par la 5° armée du Konprinz impérial. Il existe là aussi un vide entre la 4° armée et la 3° armée à Révigny, vide que vient combler l'arrivée opportune du 15° corps de la 2° armée.

Le soir du 6 septembre, Joffre n'a pas emporté la décision, mais l'ennemi est surpris. Comment une armée qui retraite depuis dix jours a t-elle pu reprendre l'offensive? (La Bataille de la Marne 6 au 13 septembre 1914)

7 septembre 1914 le génie fait venir 800 ouvriers terrassiers. (6)

Le 7 septembre: Maunoury cherche enfin à déborder Von Kluck par le nord pendant que le reste de son armée pousse en direction de l'Ourcq. Les deux actions échouent. Von Kluck rappelle alors ses deux autres corps pour en finir avec Maunoury, quitte à agrandir la brèche existante et dégarnir l'aile gauche de Von Bülow. Risque considérable, mais la 6° armée ne peut tenir face à une 1ère armée allemande au complet. La brèche n'est masquée que par 2 corps de cavalerie et une division de flanc-garde. Or l'un de ces corps de cavalerie se replie, ouvrant carrément la voie aux britanniques. 

La BEF avance, mais sans connaitre l'existence de ce vide. Ils auraient pu prendre à revers le 2° corps allemand, autre occasion manquée. La 5° armée, épuisée, avance prudemment, franchit le grand Morin et s'arrête peu après.

Les 9°, 4° et 3° armées françaises résistent aux coups de butoirs allemands. 

Il n'y eut rien de décisif ce jour là. Le seul événement majeur est la chute du camp retranché de Maubeuge au terme de dix jours de siège, alors que la place aurait pu tenir plus longtemps si elle avait été mieux commandée. 

Le 8 septembre 1914, 1500 fusiliers marins logent à Taverny. (6)

Dans la plaine, entre Saint-Leu et le Plessis-Bouchard, étaient semblablement installés deux groupe de canons provenant du fort de Cormeilles-en-Parisis, auxquels ils étaient également reliés par voie Decauville. (2)

Il arrive à Taverny, pendant cette période, une armée de terrassiers recrutés pour la plupart à Paris. Pour activer les travaux de défense, le nouveau commandant du camp retranché de Paris, le général Gallieni qui succède au général Michel fait appel à la main d’œuvre civile. (8)

Un train spécial nous débarque plusieurs centaines d’hommes armés de pelles et de pioches et qui font pas mal de potin. Tous les commerçants ferment leur établissement. J’entends du bruit sur la place de la mairie. Je m’y rends et je vois le maire qui fait un discours à ces ouvriers de fortune. Il faut croire que ses paroles leur plaisent, car ils applaudissent fortement. Ces terrassiers sont divisés en plusieurs groupes et cantonnés dans le pays. Le lendemain ils seront sous les ordres de l’autorité militaire. Parmi les travaux de défense qui sont opérés à Taverny, je note :

Tranchées dans la plaine, dans le bois des Aulnaies et le bois de Boissy.

Meurtrières dans les murs des châteaux de Beauchamp et de Boissy.

Des travaux de défenses avancées ont lieu autour des forts qui nous environnent. (8)

Le génie qui a fait venir la veille 300 ouvriers terrassiers, en reçoit 500 de plus qu’il faut loger tant bien que mal. Les ouvriers qui n’ont pas été payés réclament bruyamment leur dû sous les fenêtres de la mairie. Le maire entame de difficiles pourparlers avec les délégués, car il n’a ni le pouvoir, ni les moyens de négocier. (6)

Enfin, les hommes pourvus chacun d’un acompte de 2.50 francs quittent la place de la mairie en manifestant leur satisfaction. (6)

Au total, 2300 hommes – soldats et ouvriers – sont cantonnés dans le village. Diriger le pays n’est pas une mince affaire. A plusieurs reprises, la salle du conseil est le témoin d’accrochages sérieux entre le maire et les officiers du Génie. (6)

Le plus curieux est qu’il fut révélé, après la guerre, que les rails Decauville, n’auraient à  transporter que quelques obus pour chaque pièce, et que, réduits alors à défendre la position le mousqueton à la main, les servants n’auraient disposé que de rares chargeurs de munition (2)

Le 8 septembre: Maunoury tente sa chance sur son aile droite, au sud, mais il s'enlise dans des combats frontaux alors qu'il doit passer à la défensive, étant débordé sur sa gauche. Gallieni se rend compte en début d'après-midi qu'il a en face de lui au moins trois corps d'armées dotés d'artillerie lourde. 

En revanche la brèche allemande s'agrandit. La cavalerie britannique s'engage timidement sans pousser tandis que la 5° armée franchit enfin le petit Morin et repousse la division allemande de flanc-garde. Particulièrement conscients de ce vide, Von Moltke envoie à nouveau Hentsch en mission. Von Bülow et lui se concertent et se convainquent de la nécessité d'un recul. 

Au centre cependant les assauts allemands mettent à mal les armées françaises. La 9° armée Foch vacille sous les assauts, le 11° corps sur sa droite recule au delà de Fère-Champenoise tandis que la division marocaine au centre est refoulée sur Mondement. À droite, Langle de Carry tient bon, mais Sarrail se voit sur le point de perdre à nouveau contact avec lui. Joffre autorise donc Sarrail à se replier vers le sud et à abandonner Verdun (camps retranché qui peut résister).

Joffre ne désespère cependant pas de réussir sur l'aile droite de Maunoury ce qu'il n'a pu réussir sur sa gauche, et prescrit pour le lendemain d'accentuer l'effort de la BEF et de la 5° armée, même s'il n'a pas encore conscience de la brèche laissée par les allemands.

Ainsi, la contre offensive de Joffre ne tient elle pas encore ses promesses, le 8 au soir, mais commence à faire perdre les initiatives à l'ennemi.

9septembre


 

Le 9 septembre: Von Kluck parvient enfin à déborder l'aile gauche de Maunoury sur l'Ourcq et à le contraindre à reculer. Paris s'attend à la bataille pour le 10. Mais alors que la 6° armée est sur le point de plier Von Kluck apprend que les anglais ont franchi la Marne à la Ferté sous Jouarre. Même si une fois de plus les britanniques n'exploitent pas l'occasion, leur simple présence dans le dos de la 1ère armée crée un choc aux stratèges allemands.

En remarquable tacticien, Von Kluck décide de faire reculer son aile gauche en garde face au sud tout en espérant obtenir la décision sur sa droite. Averti du recul de Von Bülow, et bien que se sentant très prés du but, Von Kluck n'a d'autre choix que de reculer pour ressouder les 1ère et 2° armées allemandes. Or celles-ci prennent des directions opposées qui agrandissent encore la brèche!

Pendant ce temps la 3° armée Von Hausen mène encore la vie dure à la 9° armée Foch, qui accomplit des prouesses pour tenir. Von Hausen sent la victoire à portée de main, lorsqu'il reçoit en début d'après-midi l'ordre de retraite.

Par effet de continuité, les autres armées allemandes doivent en effet suivre le mouvement, qui devient général le 10, afin de conserver leur alignement. Elles retraitent cependant méthodiquement, en bon ordre, et il faut bien le dire, à leur rythme. 

Fatiguées, les armés françaises ne suivent que mollement, sans se rendre toujours compte que l'ennemi retraite plus qu'il ne combat.

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Le 10 septembre: French et Maunoury se rendent compte vers midi que le terrain est libre et que le contact est perdu, la 1ère armée allemande s'étant retiré de nuit. La 9° armée Foch remonte vers le nord, traverse Fère-Champenoise et s'arrête au delà des marais de Saint-Gond. Joffre a compris que le sort des armes vient de basculer, et prescrit pour le lendemain une poursuite frontale. 

Le 11 septembre: Les alliés avancent prudemment et suivent plus qu'ils ne poursuivent. A gauche le corps de cavalerie atteint Verberie, sur l'Oise, la 6° armée traverse la forêt de Villers-Cotterêts, la BEF est à Fère-en-Tardenois, le 2° corps de cavalerie et la 5° armée s'arrêtent au sud de la Vesles, la 9° armée borde la Marne d'Epernay à Chalons.

L'ennemi recule, plus du fait du haut commandement allemand que de la poussée des alliés. Von Kluck franchit l'Aisne entre Archery et Soissons. Von Bülow se retire derrière la Vesle. La brèche créée au sud de la Marne existe encore au niveau de Fismes, masquée par deux brigades d'infanterie seulement. Se rendant pour la première et dernière fois sur le front Von Moltke ordonne un recul supplémentaire. 

Se rendant compte que l'ennemi n'est pas en déroute et que continuer à le suivre revient à l'affronter prochainement, Joffre décide de le déborder par la gauche et donne ses ordres en conséquence. Les 9° et 4° armées devront repousser l'ennemi vers le nord-est, tandis que la 3° poussera vers le nord. La 6° et 5° armée ainsi que la BEF devront déborder l'ennemi, avec en renfort le 15° corps prélevé sur l'armée de Sarrail. 

Joffre rédige le soir même un premier bulletin de victoire qui sera connu des unités le lendemain, 12 septembre:

"La bataille qui se livre depuis cinq jours s'achève sur une victoire incontestable... La reprise vigoureuse de l'offensive a déterminé le succès. Tous, officiers, sous-officiers et soldats, vous avez répondu à mon appel. Vous avez bien mérité de la Patrie"

Le 12 septembre: Von Kluck qui avait franchit l'Aisne s'établit en défensive. Von Bülow se retranche sur la Vesle à l'est de Reims, laissant ainsi la brèche ouverte. Les britanniques traversent alors la Vesle à Braine, tandis que la 5° armée la traverse à Fismes. Von Bülow recule à nouveau sur l'Aisne tandis que la brèche existe encore.

Pourtant les allemands attendent eux aussi de pouvoir se rétablir, et attendent en particulier le corps libéré de Maubeuge et un autre qui a été pris à gauche à la 7° armée.

Assez rapidement la fameuse brèche est comblée et le front devient infranchissable.

Le 13 septembre: Maunoury cherche à déborder l'aile droite de Von Kluck, mais se heurte après avoir franchi l'Aisne à un corps placé en retrait. French est lui aussi bloqué. Au centre Franchet d'Esperay entre en triomphe dans Reims, mais ne peut dégager complètement les alentours de la ville. Quand Franchet d'Esperay découvre enfin la fameuse brèche, il est trop tard, elle se referme déjà, et son 18° corps ayant franchit l'Aisne se heurte au corps libéré de Maubeuge. 

Le 2° corps de cavalerie traverse également l'Aisne et poursuit plein nord jusqu'à Sissonne. Le 4° groupement de divisions de réserve pourrait s'engager pour exploiter au-delà de Berry-au-Bac, mais n'ose poursuivre, étant en pointe et sans soutien. Von Bülow dirige sur ces deux formations ses propres réserves et le corps de la 7° armée. Le corps de cavalerie et le groupement de divisions de réserve doivent battre en retraite le lendemain. 

13 septembre 1914

"Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout l'ennemi est en retraite. Partout les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées surexcitées par le succès exécutent une poursuite sans exemple par son extension... Le gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée." (La 1ere bataille de la marne : 5 - 12 septembre 1914) Communiqué de JOFFRE au Ministère de la Guerre
Les 14 et 15 septembre: trois nouveaux corps allemands pris sur les 3°, 4° et 5° armées et placés sous les ordres du général Von Steinmetz arrivent par le pont de Neuchâtel et verrouillent enfin la brèche. Les 9° et 4° armées françaises sont stoppées devant les positions allemandes organisées mais solides. La contre-offensive de la Marne vient de s'achever. 

Conclusion: Redressement inattendu, le miracle de la Marne a montré le courage et la valeur du soldat français. Rendue possible par les erreurs du commandement allemand, cette victoire est de façon tragique une succession d'occasions manquées par les vainqueurs, qui n'ont pas saisi les opportunités qui se présentaient par manque d'audace ou du fait de reconnaissances insuffisantes. Les allemands aussi ont du reculer alors qu'ils étaient très proche d'une victoire. Si Von Moltke s'était comporté en chef ou si Von Bülow avait eu plus d'audace, le sort des armes aurait sans doute été différent. 

Charleroi a marqué la fin du plan XVII, la Marne celle du plan Schlieffen. La course à la mer a été une défaite pour les deux camps qui ont du s'enterrer pendant plus de trois ans.

tranchee

Du 6 au 14 Sept 1914 Bataille de la marne, à l'issue de laquelle l'armée française qui s'est ressaisie, ouvre une brèche de 80 km entre les 1ère et 2e Armée allemande,

La cathédrale de Reims a été qualifiée de « cathédrale martyre » car, en 1914, peu après le début des hostilités, elle commence à être bombardée par les Allemands. Les premiers obus tombent sur la ville de Reims et sur la cathédrale le 4 septembre 1914, juste avant l'entrée dans la ville des troupes allemandes. En urgence, les abbés Jules Thinot et Maurice Landrieux installent un drapeau blanc pour faire cesser les bombardements.

Le 13 septembre, l'armée française reprend la ville, mais les Allemands se sont solidement retranchés aux environs immédiats de Reims et les bombardements reprennent le 14.

Le 19 septembre 1914, vingt-cinq obus touchent la cathédrale

Sur le front, à partir du 13 septembre 1914, chacune des deux armées tente de déborder l'autre par l'ouest, aucune n'atteint son but,

Mémoires de Gallieni

Le général Joffre m'a prévenu de ne plus communiquer moi-même de renseignements sur les opérations ni au gouvernement à Bordeaux, ni à la presse ; je crois que cela vaut mieux ainsi, car il est mieux placé pour savoir ce qu'il faut et ce que l'on peut dire. C'est donc à titre confidentiel et personnel que je vous envoie les renseignements ci-joints.

En somme, jusqu'à minuit, la situation semble assez favorable de notre côté. Elle se résume ainsi : la 6 e armée (2 divisions de réserve de Lamaze, 1 division 7 e corps, 1 brigade marocaine, 2 divisions de réserve Ebener) s'était repliée un peu hâtivement et avec de nombreux éléments en fort mauvais état, vers le Camp retranché de Paris, craignant d'en être coupée par la marche rapide des Allemands vers la Marne et au delà.

Je me suis occupé, avec les ressources très médiocres d'ailleurs que j'ai pu trouver ici, de lui envoyer officiers, hommes, chevaux, etc. Puis, pensant que nous avions une bonne occasion de coincer les six corps allemands qui, depuis si longtemps, accrochaient notre aile gauche (5 e armée), à défaut d'indications nettes du G. Q. G. j'ai aiguillé cette armée sur notre front est, avec objectif général l'Ourcq. Mais pour que l'action combinée pût réussir, il était indispensable que l'armée anglaise prît elle aussi l'offensive. J'ai donc multiplié les démarches auprès du maréchal French. Je ne le connaissais pas personnellement, mais j'avais été en relation avec plusieurs de ses officiers, alors qu'il opérait au Transvaal et que j'étais moi-même à Madagascar. Bref, il a consenti à marcher, mais à la condition formelle d'avoir ses flancs appuyés. C'est ainsi que j'ai dû, à "mon corps défendant, diriger au sud de la Marne la 8 e division du 4 e corps qui venait à peine de débarquer, et qui eût été bien mieux placée sur le flanc gauche de la 6 e armée, pour agir sur les lignes de retraite des Allemands. En même temps je m'ingéniai pour expédier en toute hâte au général Maunoury (6 e armée) tous les renforts, troupes dont je pouvais disposer, au fur et à mesure de leur débarquement, très retardé par l'encombrement des lignes ferrées. Par chemin de fer, par tous les taxi-autos de Paris réquisitionnés, j'ai pu ainsi pousser jusqu'au front, sur l'aile gauche Maunoury, vers Nanteuil-le-Haudouin, la 7 e division, bien réduite malheureusement, une division de réserve du général Ebener, la cavalerie, etc. Je vous envoie copie de l'ordre d'opérations avec un croquis vous indiquant bien la situation au moment où je vous écris. J'ai passé ces deux dernières journées sur le front. Hier, j'ai poussé jusqu'à la ligne de feu, un peu au delà de Monthyon.

Tout allait bien, mais nous avons déjà des pertes considérables : 55 e division de réserve, réduite à peine à un régiment, brigade marocaine, division algérienne. Il faut bien se rendre compte qu'après ces rencontres les troupes qui y ont pris part ont besoin immédiatement d'être reconstituées surtout en cadres. 11 est vrai que les Allemands sont peut-être encore plus exténués que nous. Hier Un convoi de prisonniers vers Monthyon marchait tout seul sans être gardé, les hommes saluant, mais ne cherchant nullement à s'échapper. Ils paraissent exténués, ne songeant qu'à dormir. C'est le moins épuisé et celui qui saura le mieux réparer ses pertes et ses forces qui aura raison de l'autre. Je vous remercie pour la solution de l'incident Doumer. Je vous serai reconnaissant de dire à M. Viviani que j'ai compris ses instructions et m'y conformerai. M. Doumer n'existe pas comme personnage officiel. Il n'agit qu'en mon nom et par mon ordre. C'est un anonyme.

Moi, mes fonctions militaires, mes préoccupations de commandant d'armée sont tout aujourd'hui. Et d'autre part, je tiens à diriger moi-même, de haut et avec l'impulsion rapide qu'il convient aujourd'hui, tous les services dits civils. Pour cela il me fallait un homme que j'ai cherché et n'ai pas trouvé. C'est pour cela que j'ai accepté de suite, après vous avoir consulté, les services que m'offrait M. Doumer qui, une heure après votre avis, avait déjà organisé ses services. M. Delanney, que j'avais prévenu, s'est montré très satisfait de cette solution. J'ai vu hier M. Albert Thomas, qui m'a présenté M. Renaudel, que j'ai assuré de tout mon concours et que j'ai remercié pour le sien. Comme je vous l'ai dit, Monsieur le Ministre, je ne fais pas de politique, qui n'est pas de ma compétence. Je ne m'occupe que de la mission que vous m'avez donnée.

Enfin je vous demanderai de ne pas oublier que Paris, ^avec ses territoriaux en nombre insuffisant, avec ses ouvrages médiocres et très exposés, avec son matériel d'artillerie démodé (nos pièces ne portent qu'à 8 kilomètres contre les pièces allemandes portant à 14 kilomètres), ne peut se défendre longtemps et dans de bonnes conditions. Il est donc indispensable, quoi qu'il arrive, que l'armée d'opérations le défende. Aujourd'hui je me suis démuni de tout pour le front. Il est bon de savoir cela. Constamment, quoi qu'il arrive, Paris doit toujours être couvert par l'armée.

Veuillez agréer, monsieur le Ministre, l'hommage de mon respectueux dévouement.

Signé : Gallieni. (3)

Nous apprenons que la bataille de la Marne est gagnée par nos vaillantes troupes. Les visages sont souriants, ce qui était devenu très rare depuis quelques semaines. Les journaux annoncent que les ajournés, exemptés, réformés et service auxiliaire devront passer une nouvelle visite. (8)

-Repli du front allemand qui met Paris à l'abri de la menace jusqu'en 1918,

Puis c’est le redressement et la victoire de la Marne, les Chambres reviennent à Paris et les habitants de Saint-Leu regagnent leurs demeures. (1)

Les communications ferroviaires sont rétablies : un pont de péniches est installé sur l’Oise, à Beaumont. (4)

Au lendemain de la victoire de la Marne, Gallieni organise le camp retranché de Paris, en prévision d’un retour offensif allemand.  On peut lire dans ses carnets à la date du 22 septembre 1914 : « avec Sembat et Briand, tournée dans la région Nord, pour montrer nos travaux, dont ils se montrent très satisfaits. On a fourni un effort gigantesque. Visite au Fort de Domont, à Ecouen, où sont les fusiliers marins, aux batteries, à l’Orme de Morlu, etc. Nos visiteurs, que j’essaie d’animer, ne me donnent pas l’impression d’être de nouveaux Gambetta. Les Allemands reculent partout, abandonnant des prisonniers, des obusiers, des amoncellements de munitions, etc. Malgré la victoire, il ne faut pas négliger Paris. Je prescris l’installation de quelques batteries d’artillerie de marine ». (4)

D’après une lettre du conservateur du Musée Jean-Jacques-Rousseau à Montmorency : « le fort de Domont est le seul fort de la ceinture de Paris à tirer sur l’armée allemande en 1914 » Resté sur place à Montmorency, avant de partir à son tour, M. ROWE a visité les tranchées de Gallieni creusées le long de la route de Domont à Bouffémont ».(4)

Disons tout de suite, que la vallée de Montmorency ne fut pas investie : l’extrême avance des reconnaissances allemandes au nord de Paris (les 3 et 4 septembre 1914) se situe à la sortie sud de Luzarches, près du château de Champlâtreux, à 10km de notre village. Rien d’important n’aura lieu dans notre région jusqu’à l’armistice. (4)

Depuis le 16 septembre 1914, où les Allemands refoulés jusqu’à l’Aisne sont dans l’impossibilité de reprendre l’offensive , la situation à Taverny revient à peu près normale.3 petit à petit la population rentre dans ses foyers. (8)

7 octobre 1914 visite du président de la république Raymond Poincarré au 32 RIT en forêt de Montmorency

 14septembre

general

 20septembre

 coursemer

La course à la mer

Les offensives des belligérants sur le front ouest - La stabilisation du front - Chaque camp rassemble ses ressources en vue d'une guerre longue - les adversaires qui croyaient à une guerre éclaire commencent à s'enterrer,

L’armée allemande stoppée, le front fut constitué, de la Mer du Nord à la trouée de Belfort, par deux lignes de tranchées que ne séparaient le plus souvent que quelques mètres (2)

Lundi 7 septembre 1914

Au matin, les soldats du génie embauchent des ouvriers de la commune et des environs pour les tranchées et ouvrages de fortifications à exécuter sur le territoire de la commune.

Mardi 8 septembre 1914

Des chants populaires annoncent bruyamment  l’arrivée de 172 terrassiers envoyés par la Bourse du Travail de Paris et habitant Paris, Montreuil, Bagnolet , etc  qui viennent procéder aux tranchées et abattages d’arbres.

Mr le Maire d’accord avec le général prend toutes les dispositions nécessaires pour loger ces hommes dans l’école de filles en construction. Pour pouvoir les surveiller et prévenir toute déprédation dans la commune une garde de 40 hommes est demandée à la 7ème compagnie du 29ème logeant au château Saint-Jacques par ces précautions des propriétés de la commune sont sauvegardée (10).

Mercredi 9 septembre 1914

Les ouvriers terrassiers et une foule d’autres sillonnent les rues de la commune pour chercher à s’y loger et s’y approvisionner.. la population qui reste et les hommes du 29ème suffisent à maintenir le bon ordre (10).

Jeudi 10 septembre 1914

Des reconnaissances et patrouilles fouillent les forêts de l’Isle Adam et de Montmorency pour y rechercher des uhlans et hommes de convois égarés du gros de l’armée allemande (10).


Vendredi 11 septembre 1914

Le beau temps et la chaleur font place à une pluie diluvienne.

Le terrassement et l’abattage d’arbres s’exécutent depuis l’extrémité Sud du territoire. Lieu dit : bois des Boulins de Madame, de Rosière. Ils sont surtout désastreux dans les lieux dits : « les Poquettes », les « Brosses », les « Coupillers », les Titous et « la pointe des Hivets » où les pommiers et autres arbres fruitiers sont pour la plupart détruits (10

Vendredi 11 septembre 1914

Revue de toutes les troupes sur leur emplacement de combat par le Général Gallieni Gouverneur de Paris. Le chemin vicinal de Montubois et de Béthemont est resté occupé toute la matinée par la cavalerie du 1er chasseur et 25ème dragon. La 45ème d’artillerie avait repris ses emplacements de combat de la semaine précédente. L’infanterie avait occupé les tranchées nouvellement faites de la côte de Montubois. (commune de Béthemont, Chauvry etc ) (10)

Sur le front, à partir du 13 septembre, chacune des deux armées tentent de déborder l’autre par l’ouest. Aucune n’atteint son but. (6)

Le conseil municipal (CM du 14 septembre 1914 – [15 conseillers présents sur 24]) :

« Leblond 1er adjoint , donne lecture d’une lettre qu’il a reçue de Mr Aimond, maire-sénateur, datée de Paris du 3 septembre et arrivée à St-Leu, le 7 du même mois et dont voici la copie :

« Sénat – 3 septembre 1914-

Mon cher Leblond

Hier; en rentrant de St-Leu, j’ai trouvé une dépêche de la Présidence qui m’invitait à partir avec le gouvernement par le train spécial.

Mes fonctions à la commission des finances ne permettent pas de décliner une pareille invitation et il ne m’est plus possible de rester à vos côtés dans la crise que nous traversons.

Je persiste à croire que les horreurs de la guerre seront évitées à notre vallée et que les renseignements que je reçois ce matin, bien que le pont de Méry soit coupé par nous, ne font que confirmer dans mes opinions.

Quoiqu’il en soit, je vais où le devoir m’appelle en vous souhaitant à vous et à tous bonne chance  et bon courage. Signé : E. Aimond ».

Vote d’un crédit de 5000 francs pour payer les réquisitions (CM du 14 septembre 1914)

« Le conseil vote un crédit de cinq mille francs à prendre sur l’emprunt de soixante dix mille francs pour permettre de payer les réquisitions de toute nature faîte pour l’armée ».

Nettoyage des classes (CM du 14 septembre 1914)

« Attendu la mobilisation de l’adjudicataire des travaux d’entretien de peinture et à l’urgence qu’il y a de procéder à la mise en état des classes des garçons et des filles, après le cantonnement des troupes, autorise le Maire à faire exécuter ces travaux, sous la surveillance, par les ouvriers chômeurs de la commune ».

Dimanche 19 septembre 1914

Une annonce est faite aux propriétaires d’arbres fruitiers pour qu’ils viennent faire déclaration des dommages causés aux récoltes et aux arbres (10)

Au début, pendant quelques mois, des territoriaux avaient cantonné à Saint-Leu et aux environs. (2)

Loin du front, Saint-Leu demeura à l'abri de l'agitation et des dangers qui régnaient dans la Zone des Armées (2)

L’autorité militaire interdit la circulation après huit heures du soir. (4)

Les chemins et les rues n’étaient plus éclairés la nuit à cause de la rareté du charbon et de son prix élevé qui restreignaient la fabrication du gaz ; nos départements du Nord et du Pas-de-Calais où sont situés nos plus importants charbonnages, et la Belgique, occupée par l’ennemi, ne pouvaient plus exploiter leurs mines ; la houille était fournie par l’Angleterre, mais les moyens de transport suffisants faisaient défaut. (7)

On saurait, pourtant, passer sous silence l'angoisse que connurent parents, épouses, enfants, tous ceux qui avaient vu partir les leurs : réservistes, dès le premier jour, puis, petit à petit, les classes de 14 à 18, dont l'appel était avancé, Pendant ces quatre longues années, on épia la venue du facteur apportant une courte lettre, écrite à la hâte, qui constituait le certificat de vie que ne recevaient plus hélas !... tant de parents, d'amis, de voisins !...(2)

Les dix derniers jours de septembre, des mouvements de troupe sans précédent agitent Taverny. (6)

Le 22 septembre 1914, le 45e d'artillerie territoriale vient faire le cantonnement pour 3 batteries d'artillerie, soit au total 8 officiers et plus de 150 sous-officiers et hommes de troupe. (6)

Le 23, une compagnie du 32ème RIT vient loger au château de la Tuyolle à Vaucelles,. (6)

Depuis le 25 septembre 1914 quelques jours, quatre trains circulant de Paris à Méry assuraient le service des voyageurs. Les haltes étaient supprimées celle de Vaucelles comprise, il fallait donc prendre le train à St-Leu. (7)

Le 28 septembre 1914, 95 artilleurs territoriaux arrivent en renfort. Le lieutenant d’Etat-major Clerc vient inspecter les postes de garde de la forêt. (6)

                                              Paris

Le 2 octobre, ils quittent, sous les acclamations de Parisiens, le Grand Palais pour s'en aller dans le secteur nord-ouest de la défense, vers le fort de Gonesse. Dans le nord, les Allemands menacent de bousculer les défenses belges, la défense de Paris n'est plus à l'ordre du jour ; la brigade doit se porter au-devant de l'ennemi dans les Flandres pour bloquer le passage vers la mer.

Le vendredi 2 octobre 1914, nous réintégrons Taverny après un mois d’absence; quoique la vie dans la capitale fût assez agréable, nous retrouvâmes avec joie le confort d’une maison installée suivant nos goûts ; peu d’habitants avaient regagné la localité à cette époque et la vie y était peu animée ; la nuit venue, un silence profond régnait, et l’éclairage des rues étant supprimé, on apercevait guère que les projecteurs des forts qui promenaient sur les nuages des rayons lumineux à la recherche d’avions ou de dirigeables ennemis qui pouvaient surgir et menacer Paris. (7)

Le temps était froid et humide, mais on s’en plaignait peu, en songeant à nos soldats qui affrontaient les rigueurs  de la température à peine abrités dans les tranchées. Un grand élan se manifesta en France envers ces braves qui luttaient sans défaillance pour l’indépendance de la patrie. La presse fit appel à toutes les bonnes volontés, et notamment aux femmes et aux jeunes filles pour confectionner des passe-montagnes, des gants, des tricots à envoyer à nos soldats. De tous côtés les dons affluèrent, les mains travaillèrent, et des automobiles rapides partirent sur le front pour répartir aux régiments, sous le feu, des vêtements chauds que le patriotisme avait réunis. (7)

Le 7 octobre, sept trains emportent les fusiliers marins de Saint-Denis et de Villetaneuse vers le front, en Flandres. A peine arrivée à Dunkerque, la brigade repart vers Anvers. A Gand, elle reçoit l'ordre de descendre du train, la voie étant coupée au delà.

Au début de vives critiques étaient formulées contre le service de l'aviation. Les boches venaient tranquillement jeter des bombes sur Paris sans être poursuivis par nos aéroplanes. Mais maintenant un service d'avions fonctionne nuit et jour. Nous entendons journellement le ronflement des moteurs. (8)

A partir du 8 octobre 1914 est lancé un programme d'augmentation du nombre d'escadrilles et de standardisation des appareils. Le nombre d'escadrilles est d'abord porté à 65 :

16 escadrilles d'Arme sur Morane-Saulnier (MS), Voisin (V) et Maurice Farman (MF).

30 escadrilles de Corps d'Armée sur Caudron (C).

3 Escadrilles de Cavalerie sur Blériot(BL).

16 escadrilles de Bombardement sur Voisin et Maurice Farman (MF)

Les fusiliers marins se battent les 9, 10 et 11 octobre pour protéger la retraite des troupes qui évacuent Anvers, puis décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante. Poursuivis par cinquante mille allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur le pont de leurs bateaux, fournissent des marches de trente et quarante kilomètres. Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine établie que les Allemands déclenchent à 16 heures leur première attaque par artillerie et infanterie. Les combats pour la possession de Dixmude viennent de commencer, opposant les 6 000 marins de l'Amiral Ronac'h et les 5 000 belges du Général Meiser à trois corps d'armées allemands, sous les ordres du Prince de Würtemberg.

Le 10 octobre 1914 nous apprenons la prise d’Anvers par les Allemands. Le Roi Albert 1er, sa famille et son gouvernement sont installés au Havre. (8)

Le 11 octobre 1914 plusieurs avions allemands jettent 20 bombes sur Paris. (8)

Le 13 octobre les Allemands occupent Lille. (8)

A la mi-octobre, les alliés envoient des renforts en Flandre pour aider l’armée belge menacée d’encerclement et pour barrer la route de Dunkerque.

La bataille de l’Yser entre Nieuport et Dixmude est le théâtre des pires affrontements entre les Allemands et les 6 000 fusiliers marins de l’amiral Ronarc’h renforcés par deux bataillons de tirailleurs sénégalais.

L’Yser doit être la barrière que viendront renforcer les troupes françaises. Á Dixmude, la brigade des fusiliers marins constitue un point d’ancrage d’une grande robustesse.

Le 3 novembre 1914 nous apprenons sans surprise que la guerre est déclarée entre la Turquie et la Triple Entente. (8)

Presles

Le 32e RIT à Presles, 7 novembre 1914 :

le 32e RIT. d'Argentan, dont deux bataillons ont cantonné à Presles en octobre-novembre 1914. Qui sont ces hommes ?

La réponse est « des hommes du 32e RIT », des hommes âgés de plus de 40 ans en général, souvent mariés, qui ne sont pas destinés à être en première ligne. Il est possible d'en dire un peu plus en s'attardant sur les détails de l'image.
Au centre, un lieutenant, à sa droite un sergent, deux caporaux, l'effectif pour l'encadrement d'une demi-section. Seul le nombre d'hommes ne correspond pas à l'effectif théorique qui devrait être de 27 hommes. Ici, ils ne sont que quinze.

 hommes

 conpagnons

Une correspondance incomplète :

Les écrits sont souvent très riches. Hélas, si cela semblait être le cas ici, on ne saura jamais tout ce qu'il y avait car la carte introduisait une lettre perdue.

"Presles, le 7 Novembre en forêt,

Ma Chère Petite,
J'ai reçu une carte de toi hier qui m'a fait bien plaisir. Tu as dû recevoir plusieurs lettres dont une écrite au crayon. Je te donnais aussi l'adresse des gens chez qui j'habite que tu me réclamais avec tant d'insistance et ne me parle plus de rien. Je t'envoie une photo assez mal faite du reste qui a été prise le lendemain de la Toussaint où nous avons eu un peu de repos, chose bien rare. J'ai l'épaule droite complètement prise par les rhumatismes et je souffre énormément ; dis moi comment il se fait que tu...
J'espère que tu as reçu l'adresse en question, [M. ?] Compagnon 12 rue de Paris, Presles.
"

Le parcours du 32e RIT en 1914

Mobilisé à partir du 2 août 1914, à son départ d'Argentan vers Paris, le régiment compte 3 bataillons à 4 compagnies. Ses effectifs sont de 48 officiers, 198 sous-officiers et 2676 soldats.
Tout le mois d'août, les bataillons du 32e RIT occupent des forts de Paris. Le régiment appartient à la 166e brigade d’infanterie, elle même composante de la 83e Division d'infanterie territoriale qui est intégrée au Camp Retranché de Paris.
L'approche des troupes allemandes de Paris début septembre entraîne la formation du Corps d'Armée Mercier-Milon (86e DIT, 92e DIT, 166e BI - dont les 1er et 2e bataillons du 32e RIT complétés par le 2e bataillon du 29e RIT - Brigade des fusiliers marins). Le régiment est en position autour de Mériel et Villiers-Adam.
Fin septembre, le régiment fournit des travailleurs, participe à des manœuvres. Cette dernière activité est liée à la note confidentielle n° 1993 9/11 du ministère de la guerre qui vise à prélever des hommes des plus jeunes classes de territoriaux pour compléter les effectifs des régiments de réserve. Il convient donc de ne pas entraîner les territoriaux qu'à des activités liées à la guerre de siège, mais aussi de leur faire exécuter des marches et des exercices pour les préparer à la guerre de campagne.
Du 5 au 21 octobre, le régiment participe à la mise en place d'une ligne de défense entre Villiers-Adam, Bessancourt et Taverny. Le 21, le régiment change de cantonnement. Les 2e et 3e bataillons sont à Presles, le 1er à Nerville. Du 22 octobre au 30 novembre, ce sont de nouveaux travaux de défense qui sont au programme. Le régiment quitte ce secteur le 11 décembre 1914

 vie

Tricot du soldat (CM du 3 novembre 1914 avec la présence du maire de retour de Bordeaux)

« Le conseil vote une somme de 150 francs à Mme Cochois Directrice de l’école communale des filles pour commencer l’œuvre du tricot du soldat ».

Eclairage (CM du 3 novembre 1914)

« La commune étant privée d’éclairage, le conseil décide de supprimer le cours d’adultes, les études surveillées et les cours de dessin ».

Marché (CM du 3 novembre 1914)

« le conseil décide de reprendre provisoirement l’administration du marché pendant la période de guerre. L’appariteur percevra les droit ».

4 novembre 1914

Le maire rappelle à ses administrés que les dégâts occasionnés par eux dans les ouvrages et travaux de défense du Camp Retranché les rendraient passible du Conseil de Guerre (10).

Répression des fausses nouvelles :

Le maire rappelle aux habitants de la commune que toute personne surprise à répandre ou à colporter des bruits faux ou présumés tels seront arrêtés dès que les autorités civiles ou militaires en auront connaissance. (10)

Augmentation du prix du gaz (CM du 14 novembre 1914)

« Mr le Président donne connaissance au conseil d’une lettre de MM Georgi et Cie propriétaires de l’usine à Gaz de Taverny par laquelle ils annoncent que le prix du mètre cube de gaz est, à la date du 1er novembre courant augmenter de 10 centimes.

Le Conseil considérant :

1/ que la compagnie du gaz a en départ une somme de 30.000 francs de laquelle elle ne paye aucun intérêt. (Cette somme étant constituée par les versements des abonnés) ;

2/ qu’avec cette somme elle aurait pu constituer des réserves de charbon

3/ qu’elle a augmenté les prix du coke de 25%.

Le conseil refuse l’augmentation du prix du gaz fixé par la Compagnie Georgi et compagnie ».

Envoi de vêtements chauds aux soldats (CM du 14 novembre 1914)

« Le conseil vote une somme de cent francs accordée à Monsieur Lecoq, Directeur des écoles publiques de garçons pour l’envoi de vêtements chauds aux soldats mobilisés de Saint-Leu ».

Bureau de bienfaisance (CM du 14 novembre 1914)

« Mr le Président expose que le bureau de bienfaisance ayant épuisé toutes les ressources et ne pouvant plus faire face aux dépenses extraordinaires de secours occasionnés par la guerre, il y a lieu pour la commune de prendre ces dépenses à sa charge. Le Conseil après délibération vote à l’unanimité une somme de 7000 francs pour faire face aux dépenses diverses courantes et aux secours de toute nature aux "nécessiteux ".


15 novembre 1914, vu la rareté du charbon, le fournisseur habituel de la commune ne peut procurer le combustible pour les classes des écoles. On s’est adressé directement à l’usine de Gennevilliers pour obtenir du coke, mais cet établissement exige le paiement immédiat. (4)

Le droit à l’allocation de secours ne sera pas ouvert aux employés et ouvriers dont les salaires seraient maintenus par leurs employeurs. (4)

Le 17 novembre 1914, le front s’étend de la frontière suisse jusqu’à la mer. Les adversaires qui croyaient à une guerre éclair commencent à s’enterrer. (6)

Alors qu’au front les deux armées se font une guerre de positions, à l’arrière, la vie reprend progressivement son cours. Taverny a retrouvé ses habitants. Le village est devenu une garnison et, à l’exemple de toutes les villes de garnison, le quotidien est parfois ponctué d’accrochages entre la troupe et la population. (6)

23/11/1914 : Création du 1er groupe de bombardement (GB 1) avec les escadrilles VB1, VB2 et VB3.
L'appellation de ces escadrilles est formée à partir de la lettre initiale de l'appareil utilisé suivi du B pour bombardement. Ceci entraîne parfois la même numérotation pour 2 ou 3 escadrilles différentes. Cet état de fait sera réglé par diverses remises en ordre de la numérotation tout au long de la guerre.

Mort de Jean de La Ville de Mirmont, poète et homme de lettres français né à Bordeaux le 2 décembre 1886 et mort pour la France le 28 novembre 1914 à Verneuil sur le Chemin des Dames. En 1914, il fut mobilisé avec le grade de sergent au 57e régiment d'infanterie. Il mourut enseveli par un obus en novembre de la même année. Le corps fut exhumé puis rapatrié de l'Aisne par sa famille en 1920.

18 décembre 1914, le charbon a été acheté dans de bonnes conditions à 1,60F l’hectolitre. (4)

20 décembre 1914 : « Journée du drapeau belge » : la vente de petits drapeaux par des jeunes filles a produit 320f ; la municipalité ajoute un crédit de 100F à cette somme. (4)

L’alerte de début septembre a été très chaude. Il faut donc renforcer au plus vite le dispositif de protection de Paris. Dreyfus s’y emploie. Votre bonne lettre me distrait des tracas et divers travaux auxquels je suis astreint. Quelle différence entre la situation des travaux de défense de Paris, à l’heure actuelle, et l’état dans lequel ils étaient encore au moment critique, le 3 septembre ! Ils n’étaient guère avancés à cette date.

Désormais, des barbelés, des tranchées et des amoncellements de rails constituent des obstacles nouveaux s’ajoutant aux forts d’artillerie existants.

Mais une tournée d’inspection de travaux peut aussi réserver à Dreyfus une agréable surprise qu’il fait partager à son amie dans cette même lettre du 8 octobre :

Hier, en allant voir des positions en avant de Villiers-le-Bel, je suis passé devant une petite église gothique ravissante et je me suis arrêté pour la visiter. Est-ce que cette église n’a pas une histoire ? N’y avait-il pas une abbaye très florissante à Villiers-le-Bel ?

Il espère toujours partir en première ligne, mais tant que les combats restent très incertains au nord et à l’est du pays, le camp retranché de la zone Nord de Paris et son dispositif d’artillerie sont maintenus. Dreyfus reste donc sur place et dans les mêmes fonctions. Il semble vivre au jour le jour et s’impatiente. (5)

10 novembre 1914. « Nous en sommes toujours au même point, au même endroit depuis bientôt deux mois ; c’est presque la vie de garnison […] Je travaille beaucoup, car je veux, si la guerre dure longtemps et si je suis appelé un jour à commander une batterie, remplir efficacement mon rôle… ». (5)

30 novembre 1914. Alfred Dreyfus est maintenant conscient, et il le répète souvent, que la guerre sera longue et difficile : « C’est long, terriblement long, et je crains bien que nous n’en ayons pour un bon bout de temps ». (5)

En décembre 1914, le gouvernement revient à Paris.

Le 9 décembre 1914 le gouvernement quitte Bordeaux et rentre à Paris, ce qui rassure beaucoup de monde. (8)

Mort de l’écrivain Louis Codet. Dandy parisien, Louis Codet était l'ami des artistes, il s'était lié d'une sincère et grande amitié avec Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin. Sous-lieutenant au 90e territorial, il fut blessé à Steenstrate, dans les Flandres belges, par un obus le 5 novembre 1914 et mourut, au Havre, à 38 ans, le 27 décembre 1914 auprès de sa femme.

Le 27 décembre 1914. « Chaque jour, nous nous attendons à partir, dans l’espoir d’une avancée qui permette de lever la défense de Paris, et chaque jour notre espoir est déçu. Nous nous impatientons ici et nous voudrions bien prendre notre part du bon combat ». (5)

1915

Nous avons suivi depuis la victoire de la Marne, les péripéties de la longue ligne de bataille qui part de Belgique jusqu'en Alsace par Lille, Arras, Soissons, Reims et Verdun.

En lisant les récits des batailles de l'Aisne, des Flandres, de l'Yser, de l'Argonne et des Hauts de Meuse, nous constatons que l'armée française a été au-dessus de sa tâche. Il est certain que la Belgique est presque complètement envahie et que 18 départements français subissent le joug des envahisseurs, mais les habitants de Taverny ont le ferme espoir que notre prochaine offensive délivrera la Belgique et rejettera hors des frontières nos oppresseurs actuels. (8)

Nous apprenons avec peine la mort de beaucoup de nos amis. Nous avons le plaisir de serrer la main à quelques Tabernatiens blessés ou malades, qui viennent passer quelques jours de convalescence. (8)

Tous les mois l'appariteur David annonce dans le pays le jour où les femmes des mobilisés doivent se rendre chez le percepteur pour toucher les allocations, 1,25 francs pour la femme et 0,50 francs par enfants et par jour. (8)

La guerre nous réservera la suppression de la liberté de la presse. Les journaux qui sont contrôlés, sont très souvent caviardés. La censure est sévère et supprime même   jusqu'à des articles entiers. Les journalistes critiquent en dérision, les ciseaux d'Anasthasie. Plusieurs journaux sont frappés d'interdiction pour quelques jours. « L'homme libre de Clémenceau » fut interdit ; son directeur le fit paraître le lendemain sous le titre de « L'homme enchaîné ». (8)

La police est bien faite dans la contrée, à part les gendarmes, nous voyons passer régulièrement le service de la prévôté et des agents de la sûreté qui demandent les papiers à tout homme en âge de porter les armes. (8)

17 janvier 1915. « Ce sera long, ce sera dur, il ne faut pas se payer d’illusions » (5).

25 janvier 1915. « Nous sommes toujours ici, rongeant notre frein. Quand partirons-nous ? Nous n’en savons rien ». (5)

on n'a pas prévu dans une localité du canton d'Ecouen, à Fontenay-en-Parisis, il y a un boulanger unique, il est seul depuis la guerre, comme avant, pour assurer le pain aux communes de Fontenay, ¨Plessis-Gassot, Bouqueval, Puiseux et le hameau de la Chapellerie à Goussainville, le boulanger a été mobilisé ; sa femme, restée seule, a pu assurer le fonctionnement de la boulangerie avec des commis, mais les classes ont été appelées les unes après les autres et il ne reste plus d'ouvrier boulanger, impossible d'en trouver. Les maires des communes ont demandé le retour du boulanger parce qu'il n'y a pas de moyen de se fournir ailleurs, ces localités étant loin de tout, perdues dans les terres. La réponse se fait attendre. J'ai bien peur qu'elle soit négative malgré la bonne volonté du sous-préfet et du préfet. (La tribune samedi 16 janvier 1915)

A Saint-Leu, un observatoire de DCA est installé «  au chalet des gardes ». Des lignes télégraphiques relient tous les postes d’observation aux batteries d’artillerie, disséminées sur les hauteurs de la forêt de Montmorency. (6)

Le 28 janvier 1915 je vais à Paris pour la première fois depuis la guerre. A première vue Paris ne me semble nullement changé. Les boulevards ont la même animation. Ce qui me donne le plus l’idée de la guerre, ce sont les pauvres blessés, la plupart mutilés, que l’on rencontre un peu partout. La suppression des autobus et la fermeture de quelques maisons de commerce. Dans la gare du Nord, je vois des officiers et des soldats français, belges et anglais. Dans la salle des pas perdus je remarque beaucoup de belges, des hommes et jeunes gens civils qui restent inactifs discutant les dernières nouvelles. Dans les rues les camelots vendent les photographies des généraux Joffre, Foch, Pau, D’Urbal, De Castelnau, Franchet d’Espérey, De Maudhuy, Maunoury, Gallieni etc.… Des gravures humoristiques sur le kaiser Guillaume FF et surtout sur son fils, le kronprinz. Déjà beaucoup de personnes sont en deuil. (8)

Début février : les boulangers ont porté le prix des 2kg de pain de 0.85 à 0.90F. La population proteste : on décide de maintenir le prix de 0.85F, mais les boulangers pourront « revendiquer leurs droits à l’augmentation s’ils démontrent avec preuves à l’appui qu’ils ne peuvent céder le pain au prix fixé par la taxe ». (4)

4 février 1915, le maire de Taverny Octave Dubois assiste à une manœuvre d’artillerie anti-aérienne mettant en œuvre mitrailleuses et projecteurs. Le capitaine Boulanger, commandant le détachement du 4ème RAT a été bien inspiré d’avoir organisé cette répétition générale, car dans la nuit du 21 mars 1915, les batteries anti-aériennes doivent intervenir contre deux zeppelins allemands qui effectuent un raid sur Paris et la banlieue. Les deux dirigeables, quoique pris à parti par d’autres batteries de la région, bombardent Argenteuil et rejoignent leurs base intacts. (6)

7 février 1915, « la journée du 75 », créée par le Touring-Club de France pour « l’œuvre du soldat au front », consiste en vente d’insignes qui a rapporté 350 F. La municipalité ajoute 150F. (4)

8 février 1915 : « Je suis toujours à Montmorency, ce qui prouve qu’on ne juge pas prudent de dégarnir le camp retranché de Paris […] Maintenant, encore de la patience, toujours de la patience…3. (5)


 

01/03/1915 : Création de l'aviation de chasse avec le rééquipement en chasseurs de l'escadrille " 12 " du 5° C.A. par le commandant de Rose.

L'affaire des caporaux de Souain (Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard et Lucien Lechat), fusillés pour l'exemple, est un des cas parmi les plus flagrants et les plus médiatisés de l'injustice militaire durant la Première Guerre mondiale. En Champagne, le 10 mars 1915 à cinq heures du matin, après deux mois d'accrochages sans résultat tangible dans le secteur et deux récentes attaques infructueuses, les poilus de la 21e compagnie du 336e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre d'attaquer de nouveau à la baïonnette et de reprendre les positions ennemies établies au nord du village de Souain (Marne).

Devant eux, le terrain est déjà jonché de cadavres et se trouve directement pris sous le feu des mitrailleuses allemandes. De plus, la préparation d'artillerie habituelle avant l'attaque, au lieu de secouer les positions allemandes, envoie ses obus sur la tranchée française et laboure le terrain d'assaut. Dans ces conditions, les hommes de la 21e compagnie, épuisés après plusieurs jours de tranchée, démoralisés par les précédents insuccès, et ayant sous les yeux le spectacle des cadavres de leurs camarades tombés dans les fils de fer intacts, refusent, ce jour-là, de sortir des tranchées.

À cet instant précis, il est clair qu'ils anticipent l'échec et l'inutilité d'une attaque qui les voue à une mort certaine. Tout soldat paraissant sur le parapet étant immédiatement atteint par les balles. Plus tard, le bombardement des tranchées françaises fera l'objet d'une polémique, à la suite d'un témoignage : le général Réveilhac, qui avait ordonné l'attaque, aurait demandé à l'artillerie de pilonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées1.

Suite à la désobéissance des hommes de la 21e compagnie, le général Réveilhac exige des sanctions. Le capitaine Equilbey, commandant de la compagnie, est alors tenu de transmettre à ses supérieurs une liste portant les noms de 6 caporaux et de 18 hommes de troupe, choisis parmi les plus jeunes, à raison de deux par escouade. Le 15 mars, le général donne l'ordre de mise en jugement directe des 24 hommes désignés.

Le 16 mars 1915, les inculpés comparaissent devant le Conseil de guerre de la 60e division demandé par le général Réveilhac avec ce motif : « refus de bondir hors des tranchées ».

« Quiconque montait devait être fauché littéralement soit par les nôtres, soit par le feu des mitrailleurs allemands. », déclare le caporal Maupas lors de son interrogatoire.

Le lendemain, 17 mars 1915, en début d'après-midi et deux heures environ avant que n'arrive le recours en grâce qui commuait la peine en travaux forcés, les quatre caporaux sont fusillés par leurs camarades et devant le 336e régiment d'infanterie :

  • Théophile Maupas, 40 ans, instituteur du Chefresne, marié, deux enfants ;
  • Louis Lefoulon, 30 ans, cheminot aux Chemins de fer de l'Ouest à Caen, originaire de Condé-sur-Vire, vivant en concubinage, un enfant ;
  • Louis Girard, 28 ans, horloger, originaire de Blainville résidant à Paris 17e arrondissement, marié, un enfant ;
  • Lucien Lechat, 23 ans, garçon de café à Vitré, originaire du Ferré, célibataire

17 mars 1915 : « La guerre sera longue, très longue ». […] « Cette guerre qui est certainement loin de sa fin ». (5)

La visite des zeppelins C'est à minuit 47, dans la nuit du 20 et 21 mars, que l'alarme a été donnée à tous les postes par téléphone et partout artilleurs et mitrailleurs ont immédiatement pris leurs dispositions pour combattre les dirigeables dont l'approche était signalée,,, il était exactement 1h32 lorsqu'on aperçut, dans la direction du château d'Auvers, puis au-dessus de Sognolles, à environ 1 200 mètres de hauteur, la silhouette d'un premier zeppelin : il avançait sur le plateau en paraissant vouloir éviter les forts de Montmorency, de Domont et de Cormeilles. Les mitrailleuses tirèrent les premières, puis les pièces de 75. il était alors 1h35 et, dans l'espace de 20 minutes, une cinquantaines d'obus furent lancés. Le feu s'arrêta lorsque le zeppelin fut à la hauteur de Sannois ; mais il avait certainement été atteint, car une explosion se produisit à son avant. A ce moment, le zeppelin releva le nez et tourna vers Argenteuil où le projecteur du plateau le perdit de vue. A 2h22, un second zeppelin est signalé dans la direction de Montlignon, se dirigeant vers le nord. Immédiatement, il est pris par le projecteur, qui le suit jusqu'au-dessus de Domont; il est arrosé d'une quarantaine de projectiles tirés par les « 75 », il est perdu de vue à 2h29. Enfin, à 2h37, un autre zeppelin est signalé dans la direction du nord-est se dirigeant vers le nord ; il est encore pris par le projecteur et une vingtaine de projectiles lui sont expédiés, puis il s'éloigne dans la direction de Belloy et on le perd de vue à 2h41 . (La Tribune du samedi 3 avril 1915)

Les allemands certifiaient depuis longtemps qu’ils viendraient bombarder Paris avec leurs Zeppelins, mais ce fut une véritable surprise d’être réveillé par le canon dans la nuit du 20 au 21 mars 1915. Un peu avant minuit, les 75 commencent à cracher. Je me réveille et je suppose à devient plus intense ; je me lève et je vois le ciel illuminé par des projecteurs. Plus de doute, ce sont les Zeppelins. Je m’habille en hâte et sors dans la rue. Il fait un temps superbe,  assez clair, mais il ne fait pas chaud. Tous les projecteurs sont en mouvement et fouillent en tous sens, sauf trois qui tiennent un Zeppelin et qui ne le quittent pas. Je m’en vais rue du midi, pour mieux voir. Il y a peu de personnes dehors. Les canons des forts et les batteries des environs tirent sans discontinuer. Je vois bien l’éclatement des obus autour du monstre qui semble argenté et qui se tient à une très grande hauteur. Puis le Zeppelin disparait et va faire sur Paris (quartier de Clignancourt, les Epinettes et les Batignoles) et la banlieue (Neuilly, Asnières, Courbevoie, Colombes, Enghien, et Saint-Germain) sont ignoble besogne. J’attends le retour ! Au bout d’une heure la canonnade s’approche et je vois réapparaître un Zeppelin. Est-ce le même ? Je l’ignore. Certaines personnes de Taverny dignes de foi en ont vu deux. Le tableau est magnifique quoiqu’impressionnant. Au milieu de tous les projecteurs, nous suivons l’éclatement des obus tirés en tous sens et la marche continuelle du Zeppelin qui regagne sa base. Je remarque que la batterie Frépillon tire très juste et à certain moment le Zeppelin pique du nez. Est-il touché ? Dans tous les cas il continue sa route, salué par nos artilleurs. Tout le monde est surpris de l’absence de nos aéroplanes. Les aviateurs l’ont peut-être été les premiers. (8)

21 mars 1915 bombardement de Paris par des dirigeables allemands, modèle dit « zeppelin » première incursion des zeppelins sur Paris et sa banlieue. (voir Gérard)

Dans la nuit du 21 mars 1915 deux zeppelins lâchent leurs bombes sur Argenteuil ; des maisons sont touchées rue de Sartrouville, quai de Seine et rue d’Epinay. Une bombe explosive tombe rue Dulong, au bas du talus de la Grande Ceinture, à quelques mètres d’une rame de wagons de voyageurs arrêtés sur une voie de garage. Un des wagons est soulevé par l’explosion. Les mitrailleuses, installées sur la tour du Moulin D’Orgemont ? Et les canons du Mont-Valérien tentent d’abattre les deux zeppelins qui parviennent à s’échapper, mais trois obus de 75 retombent sur Argenteuil faisant un blessé et causant d’importants dégâts boulevard Thiers, rue des Grandes-Fontaines et rue de Sannois. (LE COURRIER D’ARGENTEUIL…  

Dans la nuit du 20 au 2& mars, nuit particulièrement claire et calme, mais très froide, 2 zeppelins se dirigeant sur Paris, sont passés à Bessancourt vers 1h30 du matin.

Les batteries de Puiseux  (Pontoise), Cormeilles , Domont et Frépillon (bassin des Eaux) ainsi que les mitrailleuses (Frépillon id) ont essayé de les atteindre sans pouvoir arrêter leur course vers Paris.

A 1h45 les zeppelins repassaient à Bessancourt, ayant jeté leurs bombes dans Paris et les environs. Une violente canonnade les attendait là ; l’un fût même touché, mais ils continuèrent leur route dans la direction de Compiègne.

Les habitants qui s’étaient levés ont pu jouir d’un admirable spectacle. Les zeppelins brilllamment éclairés, poursuivis par les projecteurs, une douzaine environ, qui se croisaient sur lui et par les obus qui éclataient dans le ciel comme un remarquable feu d’artifice.

Le tir des canons de Frépillon, bien dirigés était malheureusement trop bas, les obus éclataient en avant ou au-dessous du dirigeable. (10)

 

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