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« L’Observateur »

Les aviateurs confirment le mouvement le 3 septembre: une reconnaissance aérienne du lieutenant Marie de Bazelaire de Ruppière distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville.

Maurice Schumann a relaté cette scène : « Paris s’attend à une attaque imminente. Un aviateur français survole l’avant-garde de l’armée Von Klück. Il constate que l’ennemi a changé d’orientation, donc de cible. Il se doit de transmettre son observation sans désemparer. Les techniques sont encore dans l’enfance. Le seul moyen qui s’offre à lui est d’atterrir à proximité d’un fort relié par le téléphone à l’état-major de Gallieni. L’officier supérieur devant lequel il prend le garde-à-vous lui tend l’appareil : « Appelez vous-même ! Moi, on risque de ne pas me croire. Je me nomme Alfred Dreyfus… » Il tient ce récit du commandant Paul-Louis Weiller un des grands pionniers de l’observation aérienne !

Le Lieutenant Marie Joseph Robert de Bazelaire de Ruppière (observateur en 1915 de l'escadrille MS 3 dite « des Cigognes » du futur capitaine Georges Guynemer) ne pourra pas attester cette anecdote car il sera tué un an après à Souain.

« L’Affaire »

Alfred Dreyfus est lui aussi rappelé au service actif en août 1914, il est affecté à la Zone Nord du camp retranché de Paris, en tant qu’adjoint au commandant d’artillerie, son quartier général étant basé à Montmorency sous les ordres du général Gallieni.

C’est précisément au fort de Domont qu’il se trouve le 3 septembre 1914 et il y observe le changement de direction des troupes allemandes qui abandonnent leur marche sur Paris par l’ouest, pour obliquer vers l’Est et le Sud-est pour tenter d’encercler les divisions françaises. Il en fait prévenir l’Etat-major de Gallieni.

C’est le prélude à la bataille de la Marne, dont Meaux sera l’un des principaux théâtres. Voilà ce qu’il écrit dans ses Souvenirs : « Au moment de la marche de Von Klück sur Paris, notre émotion fut intense. Nous savions que la défense de la ville était très précaire, mais nous étions tous résolus à faire bravement notre devoir pour notre chère patrie. Un matin que nous étions en observation au fort de Domont, nous vîmes les troupes de Von Klück déboucher de Luzarches et, au lieu de se diriger sur nous, obliquer vers l’est en direction de l’Ourcq. Ce fut un soulagement, c’était le prélude de la bataille de la Marne, victoire éclatante ».

C’est lui aussi qui aurait dont tiré la fameuse « salve de canon » qui peut-être déroutera von Gluck !

Ce n'est que le lendemain 4 septembre 1914 à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est.

« Le Rosbif »(the British Expeditionary Force =the BEF= les rosbifs)

Le maréchal French c'est lui qui commande le Corps expéditionnaire britannique (B.E.F.) est engagé sur le front belge et le Nord de la France lors de la Première Guerre mondiale. Homme de caractère le vieux maréchal est en guerre ouverte avec Joffre. Le maréchal est plus concerné avant tout par le souci de préserver ses troupes, il proposera même de les retirer vers les ports de la Manche, plutôt que de tenter d'aider les Français. Le 4 septembre il rencontre Gallieni qui lui présente Maunoury pour raviver l’entente cordiale. La visite était décisive pour la bonne synchronisation des deux armées alliées pour la suite des événements.

Le général Gallieni, qui n'a encore reçu aucune instruction de Joffre, a l'intuition de la manœuvre à réaliser. Sans perdre une minute, il informe le généralissime de ce qu'ont vu ses aviateurs et lui demande l'autorisation de lancer l'armée Maunoury dans le flanc de cette armée allemande qui défile si imprudemment devant lui.

Gallieniécrit en 1915 dans ses mémoires: « En résumé, à la date du 3 septembre et même du 4 septembre 1914, dans la matinée, c'est-à-dire au moment où, la marche de la I ère armée allemande vers le Sud-Est se confirmant, il me fallait prendre une décision sauvegardant avant tout les intérêts de la Capitale dont j'avais la charge, nos armées, y compris l'armée anglaise, avaient ordre de se replier derrière la Seine, et le Général en chef insistait pour que ce mouvement s'exécutât aussi rapidement que possible. Suivant moi, ce mouvement de repli était mauvais, parce que: premièrement il découvrait le Camp retranché de Paris ; deuxièmement Il ne tenait pas compte de l'ennemi ; troisièmement Il ne pouvait s'exécuter à temps et les têtes de colonnes allemandes seraient déjà certainement à Pont-sur-Yonne, Nogent-sur-Seine, etc., quand les troupes anglaises et françaises y parviendraient. Et quatrièmement il interdisait toute idée d'offensive immédiate, la retraite au delà de la Seine, l'organisation de la défensive, l'arrêt jusqu'à l'arrivée des renforts des dépôts, comportant bien un délai d'une douzaine de jours, pendant lequel les Allemands auraient eu le temps de terminer leur mouvement de débordement de notre aile gauche.

 

Toutes ces réflexions, je me les étais faites également. Toutes ces raisons, je me les étais données aussi et j'avais abouti à cette conclusion que, malgré le mouvement de repli ordonné par le Général en chef et la crainte d'enlever à Paris les forces appelées à le défendre, le salut de la Capitale, comme celui de nos armées et de la France entière, exigeait une décision énergique et immédiate, à savoir : le transport rapide contre le flanc droit de l'armée allemande de toutes les troupes dont je pouvais disposer.

En premier lieu, il fallait agir vite. Los circonstances étaient urgentes, les minutes étaient des heures, que dis-je, des jours et même des années. La 1ère armée allemande se hâtait pour en finir avec l'armée anglaise et la 5ème armée française, qu'elle comptait mettre hors de cause à compter du 6 septembre, en achevant le mouvement débordant qui devait isoler nos armées de Paris et du cœur de la France en les rejetant vers l'Est et vers la Suisse. Il ne fallait pas permettre que cette opération pût s'accomplir et, pour cela, il fallait, sans délai, sans perdre un moment, exécuter le changement de front qui devait nous porter sur le flanc droit de l'ennemi. D'autre part, cette menace contre le flanc et les communications de l'armée von Kluck devait être faite par des forces aussi nombreuses que possible. Il fallait que, de la Capitale, sortît une armée imposante, surprenant l'ennemi par son nombre et son irruption inattendue. Ce fut là le second point sur lequel je portais de suite tous mes soins ».

Le 4 septembre 1914 au soir, tout est prêt; et bien que le maréchal French hésite, ne croyant pas l'armée anglaise encore en état d'affronter la bataille, Joffre décide de saisir l'occasion que lui offre dans un plateau Gallieni. Il va arrêter la retraite et lancer toutes les armées à l'attaque, le 6 septembre 1914, au matin

 

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